WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La réinsertion familiale des enfants de la rue dans la ville de Ndjaména au Tchad: Etat des lieux et perspectives

( Télécharger le fichier original )
par Jacob NOUBATOINGAR LOGTO
Ecole des Cadres Supérieurs en Travail Social de Ouagadougou- Burkina - faso - Diplôme d'Etat d'Inspecteur d'Education Spécialisée 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2. Interprétation des résultats

Après la présentation et l'analyse des résultats, il s'agit ici de les interpréter qualitativement et de les confronter à la réalité des faits pour donner un sens aux informations en relation avec nos hypothèses et objectifs de recherche. Ainsi, il sera interprété sur le plan sociodémographique et socioculturel les éléments qui peuvent être à la base du succès ou de l'échec de la réinsertion familiale des enfants de la rue de N'djamena.

3.2.1 Au plan sociodémographique et socioprofessionnel

L'enquête a révélé du point de vu de la tranche d'âge, que 80% des « enquêtés » ont moins de 17 ans. Ils ont, à l'exception de celui qui a 8 ans l'âge de la puberté où on parle de l'adolescence et de sa crise. L'adolescence est une période que tous les spécialistes de l'enfance reconnaissent comme la période la plus difficile et complexe pour certains enfants. L'enquête révèle que la plupart des enfants ont fréquenté l'école avant de décrocher autour de l'âge de 9 ans.

On peut donc conclure que leur présence massive dans la rue constitue un réel danger pour eux-mêmes.

Danger pour les enfants eux-mêmes car la rue et son milieu constitue un facteur de risque, de criminalité par l'influence qu'elle exerce sur les adolescents par le jeu des interactions génératrices de délinquance.

La fréquence et l'intensité des relations de l'enfant avec ses pairs, l'assiduité de sa fréquentation sont surtout fonction de la qualité de l'ambiance parentale par rapport à la convivialité habituelle avec les compagnons. Le groupe de pairs surtout quand il est vaste, peut jouer un rôle important dans l'influence antisociale de l'adolescent lorsque ses pairs sont des marginaux, des asociaux centrifuges.

Du point de vue de l'origine géographique des « enquêtés » :

L'enquête a révélé que les enfants de la rue viennent de toutes les villes du pays mais surtout des grandes villes et cet état de fait vient confirmer l'étude sur l'ampleur du « phénomène enfant de rue au Tchad, menée par le gouvernement du Tchad et l'UNICEF entre novembre 2002 et Avril 2003.

- Du point de vue raison de la présence des « enquêtés » à N'djamena :

Un des faits révélateurs de cette présente recherche est que 50% des « enquêtés » sont venus rester chez des familles ou amis des parents. Si on ajoute les enfants qui ont suivi les maîtres coraniques à N'djamena pour se retrouver finalement dans la rue, on peut parler de 75% des « enquêtés » qui sont des enfants confiés.

On peut donc conclure que le « confiage » des enfants à des familles ou à des amis qui habitent en ville pour être scolarisés est un danger et un problème majeur qu'il faut remédier en créant des cadres de vie acceptables tels que des écoles, des dispensaires, des centres sociaux, des centres culturels dans les campagnes pour amoindrir le désir d'envoyer les enfants en ville où ils se retrouvent souvent dans à la rue à cause du mauvais accueil ou la maltraitance. Pour ces enfants, les risques de marginalisation sont énormes s'ils ne trouvent pas de structures de prise en charge à N'djamena où s'ils ne trouvent pas les moyens d'assurer leurs besoins de base tels que se nourrir, se vêtir et se soigner. L'enquête nous a permis de constater que beaucoup d'enfants souffrent à cause du « confiage », c'est les cas de deux enfants frères âgés respectivement de 9 et 12 ans, issus d'une famille nombreuse qui ont été confiés par leur père à un ami. Les deux enfants dormaient dans un poulailler parce que la femme de leur tuteur ne voulait pas qu'ils partagent la chambre et la natte avec son fils sous prétexte qu'ils sont des enfants de mère sorcière.

- Du point de vue durée de la présence dans la rue des « enquêtés »

L'enquête révèle que 70% des enquêtés ont passé plus de 3 ans dans la rue sans discontinuité. Cette situation montre combien ils sont exposés aux risques de déviance et de délinquance et peuvent basculer vers le grand banditisme.

Leur présence quasi-permanente dans la rue expliquerait d'une part l'incapacité des parents et tuteurs d'assumer leur responsabilité de les maintenir au foyer et d'autre part l'inefficacité des stratégies des structures de prise en charge devant les aider à sortir de la rue.

La stratégie selon le dictionnaire petit Larousse 1999 est « l'art de coordonner les activités, de les manoeuvrer habilement pour atteindre un but ». Les structures de prise en charge des enfants de la rue à l'instar de L'ATAD sont faibles en matière de rééducation et de réinsertion familiale des enfants vivant dans la rue. Leurs approches sont simplistes et basées sur la morale. Elles ont plutôt tendance à travailler avec des enfants ne présentant pas de graves problèmes de comportement. Les objectifs qu'elles assignent aux activités dites de rééducation et de réinsertion ne sont pas préalablement et formellement définies encore moins évaluées. Les ressources humaines sont inexistantes voire inadaptées. En conclusion nous disons qu'il y a inefficacité de l'art de coordonner des actions des structures de prise en charge des enfants de la rue.

- Du point de vue du degré d'intégration des « enquêtés » après leur retour en famille :

L'enquête a révélé que sur 5 enfants réinsérés en famille par l'ATAD, 3 soit 60°/° ne sont pas bien acceptés dans leurs familles comme des membres à part entière. L'enfant de la rue est stigmatisé et doigté comme un voleur. Le fait de séjourner dans la rue pendant des années produit chez les familles en général un sentiment d'échec et d'impuissance. C'est ce qu'exprime le père de Hamid B. de la manière suivante : « ...si vous voulez en savoir plus, demander aux voisins qu'est-ce -que je n'ai pas fait pour que cet enfant ne reparte pas dans la rue ? mais toujours est il que depuis qu'il est revenu il n' y a pas grand changement car il disparaît de la maison et ne revient que la nuit... pourtant il a tout ce qu'il veut à la maison.... je suis d'une famille noble et cet enfant nous déçoit.... Commissaire de police de mon état, c'est avec impuissance que j'observe le comportement d'Hamid car parfois certains enfants de la rue qui connaissent mon fils me narguent... »

A travers ces propos, on remarque que le père d' Hamid n'arrive pas à comprendre que lui, commissaire de police respecté de tous, ait son fils dans rue. Une présence dans la rue susceptible de ternir l'image de la famille

- Du point de vue proportion d'enfants réinsérés durant les trois dernières années :

L'enquête révèle un faible taux de réinsertion des enfants par l'ATAD. L'effectif cumulé de 2006-2007 laisse apparaître que sur cinquante cinq (55) enfants accueillis pendant cette période, sept (07) seulement soit 12,7% sont accompagnés en famille. Ce faible taux peut trouver son explication dans le manque de préparation des retours en famille mais aussi l'absence de budget destiné à cette même activité. En effet, l'ATAD comme la plupart des associations oeuvrant en faveur des enfants de la rue est confronté à des défis économiques et financiers. Cette situation empêche la réussite de la réinsertion familiale en terme d'impact et d'effet observable.

- par rapport au projet d'avenir des « enquêtés »

L'enquête fait ressortir que la majorité des « enquêtés » treize (13), soit 65% désirent retourner en famille contre 30% qui souhaite rester dans un centre pour bénéficier d'une formation professionnelle.

En dehors du un (1) qui représente 5% de l'échantillon, qui veut rester dans la rue, le constat qu'on peut faire est que la plupart des enfants qui vivent dans la rue ont le désir de retourner en famille mais ne savent pas comment renouer avec leur parent ou bien n'ont pas les moyens de retourner en famille ; surtout pour les enfants confiés qui se sont retrouvés dans la rue.

Il faut donc impérativement leur proposer de sortir de la rue et c'est le devoir des pouvoirs publics et des associations de la société civile.

- Du point de vue présence des professionnels des structures privées d'encadrement des enfants, on note la faible capacité de la plupart des associations enquêtées en gestion financière des projets ; les associations sont fortement dépendantes de l'aide extérieure (absence d'une stratégie claire d'autofinancement) et ont trop tendance à négliger leur propre contribution. Certains partenaires ne sont pas exigeants en la matière. Le jour où le robinet se ferme, le projet lui aussi s'arrête.

La plupart des associations vivent des projets ponctuels. Cette situation empêche la réussite des projets en terme d'impacts et d'effets observables. Cette observation est surtout valable pour les projets destinés aux enfants vivant dans la rue ;

Les dirigeants des associations rencontrés pour la plupart, utilisent leurs structures comme de simples instruments pour obtenir de financements extérieurs au détriment d'une vie associative réelle et dynamique ; l'absence des échanges entre les associations travaillant dans les mêmes domaines ; les actions ou les projets sont identifiés sans études préalables et donc sans connaissance du milieu et du domaine d'intervention. Associations et bailleurs sont plus préoccupés par la réalisation d'activités. C'est la quantité qui importe pour justifier les fonds débloqués mais non la qualité à produire ;

Les projets des associations tendent beaucoup plus vers la réparation que vers la prévention des phénomènes. De plus ils sont réalisés dans des centres fermés n'accueillant qu'un nombre limité d'enfants en difficulté.

L'analyse de l'enquête a établi que les difficultés de la réinsertion familiale des enfants de la rue de N'djamena sont liées à la pauvreté dans laquelle vivent la plupart des familles Tchadiennes. Elles résultent de la mutation de la société traditionnelle, mutation qui se traduit par un certain nombre de dysfonctionnements sociaux et psychologique de la famille et aussi du fait du manque d'organisation et de complémentarité des différentes structures de prise en charge fréquentées par les enfants de la rue. Elles sont liées au manque cruel de personnels qualifiés (éducateurs spécialisés) dans la plupart des structures de prise en charge des enfants de la rue. Elles sont également liées au non respect des règles ou normes qui régissent la procédure de base en matière de retour des enfants en famille par les acteurs sociaux.

Retour à nos Hypothèses :

Nous tirons le constat que nos hypothèses sont confirmées dans les cas présents que nous avons étudiés. Il est donc établi que :

- Le faible rendement des interventions en matière de réinsertion familiale des enfants de la rue s'explique par l'inefficacité des stratégies et des actions mises en oeuvre par les différents intervenants ;

- La faible qualification des intervenants ne permet la mise en oeuvre d'actions éducatives efficaces ;

- Les stratégies et actions développées par les intervenants sont insuffisantes.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius