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La réinsertion familiale des enfants de la rue dans la ville de Ndjaména au Tchad: Etat des lieux et perspectives

( Télécharger le fichier original )
par Jacob NOUBATOINGAR LOGTO
Ecole des Cadres Supérieurs en Travail Social de Ouagadougou- Burkina - faso - Diplôme d'Etat d'Inspecteur d'Education Spécialisée 2005
  

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3.1.2.3 Situation des « enquêtés » suivant leur projet pour l'avenir

Tableau n°11 : Répartition des « enquêtés » selon leur projet pour

l'avenir

PROJET POUR L'AVENIR

EFFECTIF

POURCENTAGE

Retour en famille

13

65%

Rester dans le centre pour bénéficier d'une formation professionnelle

6

30%

Rester dans la rue

1

5%

TOTAL

20

100%

Source : Enquête de terrain mars 2008

Le tableau n°11 fait apparaître que treize (13) enfants soit 65% de l'échantillon souhaitent retourner en famille, six (06) enfants soit 30% optent pour rester dans un centre pour enfants et ainsi bénéficier d'une formation professionnelle ou aller à l'école ; un (01) enfant soit 5% de l'échantillon souhaite rester dans la rue car il n'a pas de famille et ne sait ou retourner.

Le tableau n°11 nous fait dire que la majorité des enfants qui vivent dans la rue ont un réel désir de retourner en famille mais ne savent pas comment renouer le « fil » qu'ils ont rompu.

Ce tableau nous montre que la plupart des enfants de la rue aspirent à retrouver une vie conforme au modèle qu'ils ont de la société : aller à l'école, apprendre un métier, fonder une famille et s'occuper de leurs enfants mieux qu'on ne l'a fait pour eux.

3.1.2.4 Durée de la présence des « enquêtés » dans la rue de

N'djamena

Tableau n°12 : Répartition des « enquêtés » suivant la durée de leur

séjour dans la rue de N'djamena

DUREE DE SEJOUR DANS LA RUE

EFFECTIF

POURCENTAGE

6 mois

1

5%

1 an

1

5%

2 ans

4

20%

3 ans

7

35%

4 ans

5

25%

5 ans

0

0%

6 ans et Plus

2

10%

Total

20

100%

Source : enquête de terrain mars 2008

Le tableau n° 12 nous montre que dix huit (18) enfants soit 90% de l'échantillon ont passé au moins 2 ans dans la rue. Cela nous fait dire que la rue compte tenu des  avantages  (liberté, argent) qu'elle offre aux enfants constitue un obstacle à la réinsertion familiale. Hamid A déclare « je ne veux pas retourner en famille, au marché je gagne beaucoup d'argent en transportant des oignons des commerçantes ». Les activités menées par les enfants dans les rues leur procurent des revenus assez substantiels les mettant souvent à l'abri des besoins tels que se nourrir et se vêtir.

3.1.2.5 Situation des « enquêtés bénéficiant des prestations de

L'ATAD

Les enfants bénéficiant des prestations de l'ATAD et concernés par notre étude sont au nombre de dix (10).

Tableau n°13 : Répartition des « enquêtés » suivant la durée de leur

prise en charge par l'ATAD

DUREE DE PRISE EN CHARGE

EFFECTIF

POURCENTAGE

6 mois

1

10%

1 an

0

0%

2 ans

3

30%

3 ans et plus

6

60%

TOTAL

10

100%

Source : enquête de terrain mars 2008

Les données ci-dessus montrent que les enfants dont la prise en charge sont de trois (03) ans et plus sont au nombre de six (06) soit 60%. Ceux qui ont deux (02) ans de prise en charge sont au nombre de trois (3) soit 30% ; un (01) enfant a une durée de prise en charge de six (06) mois, c'est d'ailleurs le plus jeune huit (08) ans placé au centre par décision judiciaire suite à un conflit concernant sont adoption.

Il y a lieu de noter que sur les dix (10) enfants huit (08) au moins ont mis trois (03) ans dans la rue avant d'être accueillis dans les structures de l'ATAD.

Selon le président de l'Association, la durée de prise en charge dans les structures de l'ATAD est de 26 à 36 mois. Une durée qui à notre avis est très longue pour des enfants qui ont déjà passé de longues années dans la rue avant d'être pris en charge.

La longue durée de séjour à l'ATAD pourrait aussi avoir son explication dans l'absence d'un programme clair de réinsertion familiale et /ou socioprofessionnelle des enfants.

Le tableau n°13 montre donc les facteurs principaux de la prise en charge prolongée à l'ATAD sont : l'absence de programme clair de réinsertion familiale, absence de personnels compétents. La séparation enfant/parent est une rupture dont personne ne guérit. Les institutions de prise en charge sont incapables d'individualiser les réponses des enfants qui leur sont confié, chaque enfant est noyé dans une collectivité.

Tableau n°14 : situation des enfants réinsérés durant les 3

dernières années par l'ATAD

ANNEE

EFFECTIF ACCUEILLI

EFFECTIF REINSERE EN FAMILLE

POURCENTAGE

2006

35

5

14,28%

2007

20

2

10%

Janvier/février2008

7

0

-

TOTAL

62

7

11,45%

Source : Enquête de terrain mars 2008

Le tableau ci-dessus montre que sur un effectif de trente cinq (35) enfants accueillis en 2006 par l'ATAD, cinq (05) seulement ont été réinsérés en famille au courant de la même année soit quatorze (14), 28%. En 2007, vingt (20) enfants ont été accueillis, deux (02) seulement sont réinsérés en famille soit 10°/°. En janvier et février 2008, à notre arrivée sur le terrain, sept (07) enfants ont été accueillis et aucune réinsertion n'a été faite.

Selon le président de l'ATAD, en moyenne l'Association accueille neuf (09) enfants par mois. Ceux qui choisissent de rester au centre y restent et ceux qui désirent repartir dans la rue sont libres de repartir. La majorité des enfants qui fréquentent l'ATAD viennent d'eux-mêmes poussés par la crainte d'être « raflés » par la police, ou pour se faire soigner gratuitement.

Tableau n° 15 : Degré d'intégration des enfants en famille

DEGRE D'INTEGRATION

EFFECTIF

POURCENTAGE

Bonne

2

40%

Mauvaise

3

60%

TOTAL

5

100%

Source enquête de terrain mars 2008

Au regard de ce tableau on peut dire que tous les enfants ne sont pas bien réinsérés dans leur famille. Trois (03) enfants sur les cinq (05) réinsérés soit 60% ne sont pas acceptés comme membres à part entière de la famille. Les membres des familles se plaignent de leurs comportements déviants et délinquants En outre, des efforts ne sont pas accomplis par les enfants eux même sur le plan de la stabilité dans les comportements pour mériter cette réinsertion.

Il s'agit de violence, de vols, de vagabondage et d'inattention accordée aux conseils et remarques faits à leur égard. Il convient de souligner que nous nous sommes entretenus avec les membres des familles respectives de ces enfants qui se sont plaints des récidives des uns et des progrès accomplis par les autres depuis leur retour en famille.

Dans les années 1990 avec l'avènement de la démocratie en Afrique, beaucoup d'associations de la vie civile ont vu le jour au Tchad. A N'djamena une centaine d'associations oeuvrant en faveur des enfants ont été autorisées de fonctionner par le Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité Nationale. Mais force est de constater que beaucoup ont eu juste le temps de naître et après sont mortes d'elles - mêmes, faute de moyens de fonctionnement car ne comptant que sur l'aide extérieure. Beaucoup n'ont donc pas pu survivre longtemps car l'apport en terme de contribution financière des membres adhérents est presque inexistant. Aussi, beaucoup fonctionnaient comme des clubs d'amis avec le seul souci d'attirer l'aide extérieure des bailleurs de fonds et se la partager.

Sur une soixantaine d'associations oeuvrant en faveur des enfants que nous a présentées la Direction de l'Enfance du Ministère de l'Action Sociale et de la Famille, nous avons retenu au hasard vingt (20) qui ont fait objet de notre « enquête ». L'objet de notre enquête visait à identifier le profil du personnel intervenant au sein desdites associations dans l'encadrement des enfants. Nous nous sommes intéressés aux intervenants des associations qui accompagnent les enfants au quotidien, mais aussi aux fondateurs ou aux membres de conseil d'administration ou encore aux bureaux directeurs.

Notre « enquête » révèle la situation suivante :

Associations

Présence de professionnels signalée au sein du personnel d'encadrement

Effectif

LUTTE (Association de Lutte Contre la Torture et le Trafic des Enfants

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

01

0

0

ARJR (Association pour la Réinsertion des Jeunes de la Rue)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

Association Centre Yalna (Centre nos enfants)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

Village d'enfants SOS

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

01

01

0

0

01

Orphelinat Béthanie

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

01

0

0

0

ATAD (association tchadienne les amis des drogués

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

BETHESDA (Centre de Récupération et d'encadrement des enfants de la rue)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

01

01

0

01

CEVIFA (Centre à la vie Familiale)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

02

0

0

0

AMH (association maison humanitaire)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

FEJET (Foyer Evangélique pour les Jeunes et Enfants Démunis)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

CRSED (Centre de Réinsertion Sociale des Enfants Délaissés du Village Ngonba

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

01

0

0

0

SCPEDT(Association service Chrétien pour le développement

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

ANADET (Association National des Amis de l'Enfant au Tchad)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

RASTER (Réseau des Associations et Structures Travaillant avec les enfants de la Rue)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

J Juristes

Psychologues

Sociologues

0

04

0

0

0

CNJP (Commission Nationale Justice et Paix)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

03

0

0

ALCAE (Association de Lutte Contre l'Abandon des Enfants)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

01

0

01

ARJR (Association pour la Réinsertion des Jeunes de la rue

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

APERT (Association pour la Protection des Enfants de la Rue au Tchad)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

01

0

01

0

0

AEFEDT (Association d'Entraide en Faveur des Enfants en détresse au Tchad)

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

01

01

0

01

CAMOJET (Collectif des Associations et Mouvements des jeunes du Tchad

Educateurs Spécialisés 

Assistants Sociaux 

Juristes

Psychologues

Sociologues

0

0

0

0

0

Tableau n°16 : Proportion des professionnels encadreurs dans les

structures d'encadrements privés des enfants à N'djamena

PROFIL DES INTERVENANTS

EFFECTIF

POURCENTAGE

Educateurs Spécialisés

2

0,1%

Assistants sociaux

10

0,5%

Sociologues

3

0,15%

Psychologues

0

0%

Juristes

8

0,4%

TOTAL

23

1,15%

Source : enquête de terrain mars 2008

Le tableau n° 16 révèle qu'il manque énormément de professionnels dans les structures d'encadrement des enfants au Tchad et plus particulièrement dans celles prenant en charge les enfants de la rue. Sur les vingt (20) associations qui ont fait l'objet de notre étude, on constate la présence de seulement deux éducateurs spécialisés sur le terrain, 10 assistants sociaux, trois (3) sociologues et de huit (08) juristes.

Le pourcentage des éducateurs spécialisés par rapport à l'effectif des associations enquêtées est de 0,1% Cette absence notoire d'éducateurs spécialisés s'expliquerait par le fait que très peu de jeunes s'intéressent au domaine de l'éducation spécialisée.. Il en est de même pour le profil des sociologues qui recherchent des carrières plus prometteuses dans d'autres ministères tel que celui de l'agriculture qu'auprès des enfants de la rue.

L'absence des psychologues dans les structures de prise en charge des enfants pourrait avoir son explication dans le choix de carrière comme celui des sociologues. Si les sociologues préfèrent les Ministères tels que celui de l'agriculture, les Psychologues préfèrent plus l'enseignement. 0,5% de taux de présence des assistants sociaux dans les vingt (20) associations « enquêtées »,

Pourrait avoir son explication dans la mauvaise utilisation des ressources humaines au Tchad et surtout dans le domaine social. Sinon, comment comprendre que chaque année, une soixantaine d'Assistants sociaux et d'Adjoints est formée et il y a manque de corps dans les structures d'encadrement des enfants ?

Enfin, huit (8) Juristes soit 0,4% de l'effectif des associations qui ont fait l'objet de notre études laisse apparaître le conflit des compétences entre les différents intervenants.

On ne sait jamais qui fait quoi. Dans le domaine de l'enfant, tout le monde se fait appeler travailleur social, pourvu d'avoir une idée et de créer sa propre association.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo