3.1.2.3 Situation des
« enquêtés » suivant leur projet pour
l'avenir
Tableau
n°11 : Répartition des
« enquêtés » selon leur projet pour
l'avenir
PROJET POUR L'AVENIR
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Retour en famille
|
13
|
65%
|
Rester dans le centre pour bénéficier d'une
formation professionnelle
|
6
|
30%
|
Rester dans la rue
|
1
|
5%
|
TOTAL
|
20
|
100%
|
Source : Enquête de terrain mars
2008
Le tableau n°11 fait apparaître que treize (13)
enfants soit 65% de l'échantillon souhaitent retourner en famille, six
(06) enfants soit 30% optent pour rester dans un centre pour enfants et ainsi
bénéficier d'une formation professionnelle ou aller à
l'école ; un (01) enfant soit 5% de l'échantillon souhaite
rester dans la rue car il n'a pas de famille et ne sait ou retourner.
Le tableau n°11 nous fait dire que la majorité des
enfants qui vivent dans la rue ont un réel désir de retourner en
famille mais ne savent pas comment renouer le « fil »
qu'ils ont rompu.
Ce tableau nous montre que la plupart des enfants de la rue
aspirent à retrouver une vie conforme au modèle qu'ils ont de la
société : aller à l'école, apprendre un
métier, fonder une famille et s'occuper de leurs enfants mieux qu'on ne
l'a fait pour eux.
3.1.2.4 Durée de la présence des
« enquêtés » dans la rue de
N'djamena
Tableau
n°12 : Répartition des
« enquêtés » suivant la durée de leur
séjour dans la rue de
N'djamena
DUREE DE SEJOUR DANS LA RUE
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
6 mois
|
1
|
5%
|
1 an
|
1
|
5%
|
2 ans
|
4
|
20%
|
3 ans
|
7
|
35%
|
4 ans
|
5
|
25%
|
5 ans
|
0
|
0%
|
6 ans et Plus
|
2
|
10%
|
Total
|
20
|
100%
|
Source : enquête de terrain mars
2008
Le tableau n° 12 nous montre que dix huit (18) enfants
soit 90% de l'échantillon ont passé au moins 2 ans dans la rue.
Cela nous fait dire que la rue compte tenu des avantages
(liberté, argent) qu'elle offre aux enfants constitue un obstacle
à la réinsertion familiale. Hamid A
déclare « je ne veux pas retourner en famille, au
marché je gagne beaucoup d'argent en transportant des oignons des
commerçantes ». Les activités menées par les
enfants dans les rues leur procurent des revenus assez substantiels les mettant
souvent à l'abri des besoins tels que se nourrir et se vêtir.
3.1.2.5 Situation des « enquêtés
bénéficiant des prestations de
L'ATAD
Les enfants bénéficiant des prestations de
l'ATAD et concernés par notre étude sont au nombre de dix
(10).
Tableau
n°13 : Répartition des
« enquêtés » suivant la durée de
leur
prise en charge par
l'ATAD
DUREE DE PRISE EN CHARGE
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
6 mois
|
1
|
10%
|
1 an
|
0
|
0%
|
2 ans
|
3
|
30%
|
3 ans et plus
|
6
|
60%
|
TOTAL
|
10
|
100%
|
Source : enquête de terrain mars
2008
Les données ci-dessus montrent que les enfants dont la
prise en charge sont de trois (03) ans et plus sont au nombre de six (06) soit
60%. Ceux qui ont deux (02) ans de prise en charge sont au nombre de trois (3)
soit 30% ; un (01) enfant a une durée de prise en charge de six
(06) mois, c'est d'ailleurs le plus jeune huit (08) ans placé au centre
par décision judiciaire suite à un conflit concernant sont
adoption.
Il y a lieu de noter que sur les dix (10) enfants huit (08)
au moins ont mis trois (03) ans dans la rue avant d'être accueillis dans
les structures de l'ATAD.
Selon le président de l'Association, la durée de
prise en charge dans les structures de l'ATAD est de 26 à 36 mois. Une
durée qui à notre avis est très longue pour des enfants
qui ont déjà passé de longues années dans la rue
avant d'être pris en charge.
La longue durée de séjour à l'ATAD
pourrait aussi avoir son explication dans l'absence d'un programme clair de
réinsertion familiale et /ou socioprofessionnelle des enfants.
Le tableau n°13 montre donc les facteurs principaux de la
prise en charge prolongée à l'ATAD sont : l'absence de
programme clair de réinsertion familiale, absence de personnels
compétents. La séparation enfant/parent est une rupture dont
personne ne guérit. Les institutions de prise en charge sont incapables
d'individualiser les réponses des enfants qui leur sont confié,
chaque enfant est noyé dans une collectivité.
Tableau
n°14 : situation des enfants
réinsérés durant les 3
dernières
années par l'ATAD
ANNEE
|
EFFECTIF ACCUEILLI
|
EFFECTIF REINSERE EN FAMILLE
|
POURCENTAGE
|
2006
|
35
|
5
|
14,28%
|
2007
|
20
|
2
|
10%
|
Janvier/février2008
|
7
|
0
|
-
|
TOTAL
|
62
|
7
|
11,45%
|
Source : Enquête de terrain mars
2008
Le tableau ci-dessus montre que sur un effectif de trente cinq
(35) enfants accueillis en 2006 par l'ATAD, cinq (05) seulement ont
été réinsérés en famille au courant de la
même année soit quatorze (14), 28%. En 2007, vingt (20) enfants
ont été accueillis, deux (02) seulement sont
réinsérés en famille soit 10°/°. En janvier et
février 2008, à notre arrivée sur le terrain, sept (07)
enfants ont été accueillis et aucune réinsertion n'a
été faite.
Selon le président de l'ATAD, en moyenne l'Association
accueille neuf (09) enfants par mois. Ceux qui choisissent de rester au centre
y restent et ceux qui désirent repartir dans la rue sont libres de
repartir. La majorité des enfants qui fréquentent l'ATAD viennent
d'eux-mêmes poussés par la crainte d'être
« raflés » par la police, ou pour se faire soigner
gratuitement.
Tableau n°
15 : Degré d'intégration des enfants en
famille
DEGRE D'INTEGRATION
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Bonne
|
2
|
40%
|
Mauvaise
|
3
|
60%
|
TOTAL
|
5
|
100%
|
Source enquête de terrain mars 2008
Au regard de ce tableau on peut dire que tous les enfants ne
sont pas bien réinsérés dans leur famille. Trois (03)
enfants sur les cinq (05) réinsérés soit 60% ne sont pas
acceptés comme membres à part entière de la famille. Les
membres des familles se plaignent de leurs comportements déviants et
délinquants En outre, des efforts ne sont pas accomplis par les enfants
eux même sur le plan de la stabilité dans les comportements pour
mériter cette réinsertion.
Il s'agit de violence, de vols, de vagabondage et
d'inattention accordée aux conseils et remarques faits à leur
égard. Il convient de souligner que nous nous sommes entretenus avec les
membres des familles respectives de ces enfants qui se sont plaints des
récidives des uns et des progrès accomplis par les autres depuis
leur retour en famille.
Dans les années 1990 avec l'avènement de la
démocratie en Afrique, beaucoup d'associations de la vie civile ont vu
le jour au Tchad. A N'djamena une centaine d'associations oeuvrant en faveur
des enfants ont été autorisées de fonctionner par le
Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité
Nationale. Mais force est de constater que beaucoup ont eu juste le temps de
naître et après sont mortes d'elles - mêmes, faute de moyens
de fonctionnement car ne comptant que sur l'aide extérieure. Beaucoup
n'ont donc pas pu survivre longtemps car l'apport en terme de contribution
financière des membres adhérents est presque inexistant. Aussi,
beaucoup fonctionnaient comme des clubs d'amis avec le seul souci d'attirer
l'aide extérieure des bailleurs de fonds et se la partager.
Sur une soixantaine d'associations oeuvrant en faveur des
enfants que nous a présentées la Direction de l'Enfance du
Ministère de l'Action Sociale et de la Famille, nous avons retenu au
hasard vingt (20) qui ont fait objet de notre
« enquête ». L'objet de notre enquête visait
à identifier le profil du personnel intervenant au sein desdites
associations dans l'encadrement des enfants. Nous nous sommes
intéressés aux intervenants des associations qui accompagnent
les enfants au quotidien, mais aussi aux fondateurs ou aux membres de conseil
d'administration ou encore aux bureaux directeurs.
Notre « enquête »
révèle la situation suivante :
Associations
|
Présence de professionnels signalée au
sein du personnel d'encadrement
|
Effectif
|
LUTTE (Association de Lutte Contre la Torture et le Trafic des
Enfants
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
01
0
0
|
ARJR (Association pour la Réinsertion des Jeunes de la
Rue)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
Association Centre Yalna (Centre nos enfants)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
Village d'enfants SOS
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
01
01
0
0
01
|
Orphelinat Béthanie
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
01
0
0
0
|
ATAD (association tchadienne les amis des drogués
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
BETHESDA (Centre de Récupération et
d'encadrement des enfants de la rue)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
01
01
0
01
|
CEVIFA (Centre à la vie Familiale)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
02
0
0
0
|
AMH (association maison humanitaire)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
FEJET (Foyer Evangélique pour les Jeunes et Enfants
Démunis)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
CRSED (Centre de Réinsertion Sociale des Enfants
Délaissés du Village Ngonba
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
01
0
0
0
|
SCPEDT(Association service Chrétien pour le
développement
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
ANADET (Association National des Amis de l'Enfant au Tchad)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
RASTER (Réseau des Associations et Structures
Travaillant avec les enfants de la Rue)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
J Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
04
0
0
0
|
CNJP (Commission Nationale Justice et Paix)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
03
0
0
|
ALCAE (Association de Lutte Contre l'Abandon des Enfants)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
01
0
01
|
ARJR (Association pour la Réinsertion des Jeunes de la
rue
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
APERT (Association pour la Protection des Enfants de la Rue au
Tchad)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
01
0
01
0
0
|
AEFEDT (Association d'Entraide en Faveur des Enfants en
détresse au Tchad)
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
01
01
0
01
|
CAMOJET (Collectif des Associations et Mouvements des jeunes
du Tchad
|
Educateurs Spécialisés
Assistants Sociaux
Juristes
Psychologues
Sociologues
|
0
0
0
0
0
|
Tableau
n°16 : Proportion des professionnels encadreurs
dans les
structures d'encadrements
privés des enfants à N'djamena
PROFIL DES INTERVENANTS
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Educateurs Spécialisés
|
2
|
0,1%
|
Assistants sociaux
|
10
|
0,5%
|
Sociologues
|
3
|
0,15%
|
Psychologues
|
0
|
0%
|
Juristes
|
8
|
0,4%
|
TOTAL
|
23
|
1,15%
|
Source : enquête de terrain mars
2008
Le tableau n° 16 révèle qu'il manque
énormément de professionnels dans les structures d'encadrement
des enfants au Tchad et plus particulièrement dans celles prenant en
charge les enfants de la rue. Sur les vingt (20) associations qui ont fait
l'objet de notre étude, on constate la présence de seulement deux
éducateurs spécialisés sur le terrain, 10 assistants
sociaux, trois (3) sociologues et de huit (08) juristes.
Le pourcentage des éducateurs spécialisés
par rapport à l'effectif des associations enquêtées est de
0,1% Cette absence notoire d'éducateurs spécialisés
s'expliquerait par le fait que très peu de jeunes s'intéressent
au domaine de l'éducation spécialisée.. Il en est de
même pour le profil des sociologues qui recherchent des carrières
plus prometteuses dans d'autres ministères tel que celui de
l'agriculture qu'auprès des enfants de la rue.
L'absence des psychologues dans les structures de prise en
charge des enfants pourrait avoir son explication dans le choix de
carrière comme celui des sociologues. Si les sociologues
préfèrent les Ministères tels que celui de l'agriculture,
les Psychologues préfèrent plus l'enseignement. 0,5% de taux de
présence des assistants sociaux dans les vingt (20) associations
« enquêtées »,
Pourrait avoir son explication dans la mauvaise utilisation
des ressources humaines au Tchad et surtout dans le domaine social. Sinon,
comment comprendre que chaque année, une soixantaine d'Assistants
sociaux et d'Adjoints est formée et il y a manque de corps dans les
structures d'encadrement des enfants ?
Enfin, huit (8) Juristes soit 0,4% de l'effectif des
associations qui ont fait l'objet de notre études laisse
apparaître le conflit des compétences entre les différents
intervenants.
On ne sait jamais qui fait quoi. Dans le domaine de l'enfant,
tout le monde se fait appeler travailleur social, pourvu d'avoir une
idée et de créer sa propre association.
|