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Gouvernances des établissements secondaires (EPLE) : vers un nouveau modèle public ?

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par Alain VENART
Université du sud Toulon Var - IAE - Master Recherche management, Finance et Contrôle stratégiques 2008
  

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2. Nécessité d'un code déontologique au sein des EPLE : l'indispensable et le possible.

Un des préoccupations majeures dans la rédaction de ce Mémoire de recherche est la mise en place d'un questionnement spécifiquement managérial dans le cadre de la mise en oeuvre de cette gouvernance spécifique. Quel outil, valorisant ce caractère unique, cette institution organisation, cet espace, creuset de valeurs et de réseaux, pourrait rendre lisible sa démarche éthique ?

S'il n'apparaît pas clairement dans les sources mentionnées, le Code déontologique dont nous nous proposons de tracer les grandes lignes, se retrouve dans les différentes analyses menées sur la place et le rôle des parties prenantes au sein de son environnement opérationnel.

Nous allons le définir sous l'angle d'une série d'assertions sur sa genèse, sa fonction, sa place symbolique et fonctionnelle. Ces critères sont au nombre de six et se conçoivent en boucle, comme dans une

Quelle gouvernance pour l'EPLE : de l'institution à l'organisation, vers un nouveau
modèle public ?

chambre d'écho s32.

· Le code déontologique dépasse le cadre du manager, il s'applique a chacun des membres du Réseau EPLE ;

· Le code déontologique est un outil de reliance, c'est ce qui fonde sa valeur éthique.

· Le code déontologique transcrit des valeurs spécifiquement Ressources Humaines -- c'est sa fonction première ;

· Le code déontologique est un mètre étalon pour ce qui concerne les fonctions de Représentation de l'État -- Il est un code éthique dans un ensemble plus vaste qu'est l'espace Républicain ;

· Le code déontologique implique un « retour » d'information, un contrôle extérieur à son Réseau d'application -- contrôle permettant une mise à distance de son fonctionnement.

· Le code déontologique n'est pas un contrat, il est une donnée

préalable au fonctionnement du réseau EPLE. Il est la transcription

fonctionnelle d'un corpus éthique propre à cette institution

organisation qu'est l'EPLE.

C'est un axe possible de mise en oeuvre de schémas éthiques spécifiques au Réseau EPLE. D'autres voies visant à mieux corréler l'espace éthique de l'EPLE à son fonctionnement quotidien pourraient être étudiées. Présenter un code unique est-il en adéquation avec cet environnement complexe, mouvant, où le concept de rupture est permanent ?

32 Nous reprendrons les termes essentiels du Protocole - référentiel - régissant le métier de personnel de direction (2002). Nous prêterons une attention particulière aux fonctions RH.

Quelle gouvernance pour l'EPLE : de l'institution à l'organisation, vers un nouveau
modèle public ?

A ce stade de notre analyse la gouvernance de l'EPLE devient un système original. Nous pourrions la définir comme une méthodologie pragmatique de gestion de réseau(x), mettant un mouvement un cadre éthique unique dans un espace territorial, véritable noeud de conflits et creuset de compétences. Le caractère politique du concept apparaît comme primordial. La gouvernance de l'EPLE, parce qu'elle est un levier d'arbitrage au sein du réseau, préserve l'équilibre de l'environnement de l'EPLE.

Ce modèle est-il transférable, différent de la gouvernance du Secteur Hospitalier par exemple ou à d'autres systèmes territoriaux ?

Un certain nombre d'invariants de ce modèle de gouvernance nous semblent digne d'intérêt ; tous méritant une analyse approfondie afin de répondre à une seule question : comment dépasser cette opposition public/privé dans la gestion des structures publiques éducatives locales ? Quelles spécificités pour le modèle éducatif français dans son organisation territoriale dans un contexte concurrentiel aiguë ?

Trois invariants sont susceptibles d'investigation :

· La notion de creuset de compétences culturelles.

· La notion de Réseau de Réseau : maintient de l'équilibre du système.

· Cette notion (à développer) d'institution organisation, structure hybride.

Quelle gouvernance pour l'EPLE : de l'institution à l'organisation, vers un nouveau
modèle public ?

Ce modèle pourrait être mis en forme de la façon suivante :

Code Déontologique
(Unité)

Creuset de valeurs Institution Réseau de réseaux

Publique

Organisme
Public
Territorial
Déconcentré

Organisation-Institution

Ce temps d'analyse sur les fondements éthiques de la gouvernance de l'EPLE nous a permis de compléter notre éclairage de ce mode de pilotage propre à l'Etablissement Public Local d'enseignement. Elle a mis en exergue son caractère unique mais a renforcé ce creuset de réseaux qui a été un des fils conducteurs de notre analyse.

Quelle gouvernance pour l'EPLE : de l'institution à l'organisation, vers un nouveau
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C'est une réalité ternaire qui a présidé à notre investigation, se proposant d'expliciter les formes de gouvernances propres aux organismes publics déconcentrés. L'établissement secondaire en est un archétype possible : une gouvernance spécifique le met en mouvement ; cette dernière elle-même caractérisée par la mise en réseaux de territoires protéiformes (espace associatif, politique, institutionnel) dont l'aspect significatif est leur interpénétration constante : une gouvernance, un espace aux territorialités multiples, un noeud décisionnel.

Il résulte donc de cette étude, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, que l'EPLE est un réseau en lui-même bien plus qu'un simple partenaire éducatif. Les modalités d'une gouvernance partenariale font de lui une organisation apprenante au sens plein du terme (apprendre, donner à apprendre, apprendre à apprendre) mais n'en donnent pas la clef, ne disent rien de sa spécificité organisationnelle. Il est donc, comme structure, comme acteur, comme organisation, un espace imprécis dans ses missions, ses territoires ; ceux qu'il influence, ceux qui l'influencent, ceux qu'il doit préserver. Objet en construction, territoire en devenir, objet flou par excellence, au sens de Pesqueux, il se projette et se vit, dans ses nouvelles missions, comme un véritable espace de conflit et de tension(s). Tel est bien là le coeur de cette première approche.

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Fruit d'une éthique républicaine, organisation en quête d'une visibilité territoriale, il fait exister au quotidien la dualité (que certains qualifieront de caricaturale) entre la firme en devenir que le donneur d'ordre principal espère et l'espace éthique, neutre (politique, social, référentiel) que le corps social appelle : l'idéal républicain de formation et de socialisation. Cette problématique a permis de dévoiler, tant dans le domaine éthique que dans le domaine organisationnel, le passage d'un modèle historique, reproductible dans les différents temps et espace sociaux, à un objet de complexité, fragmenté et flou. C'est ce dernier qui conduit dans la littérature à une exploration fonctionnelle naissante, afin de qualifier sa gouvernance.

Un hiatus apparaît cependant dans cette même littérature ; hiatus qui pourrait former le terreau d'une possible recherche. L'objet en lui- même est étudié sous l'angle managérial, territorial au sens géographique du terme, voire même, social. Cependant ses modalités de gouvernance ne sont que peu étudiées en termes de territoires de décision(s). Hors tout n'est-il pas décision(s) dans cette structure qui préside au devenir de la nation en termes d'éducation ? Quels schémas organisationnels se dessinent derrière ces espaces fragmentés ? Cette notion de réseau est-elle pertinente pour dessiner une cartographie signifiante au-delà du territoire géographique, du lieu d'enseignement ? Voilà les questions ouvertes qui émergent d'une lecture critique de la littérature.

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Analysée avec pour point focal les référents de gouvernance de la firme et les spécificités de l'organisation éducative publique, cette même littérature met en lumière ce que nous appellerons une territorialité active où s'entrecroisent et se fécondent des enjeux stratégiques qui dépassent l'établissement en lui-même. La notion de lieu unique apparaît alors comme caduque. C'est une organisation en quête de définition mais qui possède déjà un nouvel espace d'enjeux. Paradoxe du discours qu'elle produit certes où bien paradoxe quand à la nature même de l'organisation EPLE ?

Il nous apparaît donc que les sciences de gestion constituent un outil puissant et atypique de description de cet espace constamment scruté sous l'angle éducatif et social. C'est le concept de gouvernance, dans une optique partenariale et cognitive, qui est à même de proposer cette nouvelle grille de lecture de l'EPLE. Il permet de dépasser l'objet établissement secondaire pour décrire un nouvel un actant polymorphe, évoluant dans un nouvel espace décisionnel et symbolique signifiant, au sein de la cité.

Un angle complémentaire d'analyse émerge de la littérature : l'établissement secondaire, depuis les textes de 2004, est un objet de discours. Comme tout objet social dira-t-on. Bien plus encore. Il devient un objet de discours organisationnel dans sa tension permanente entre le principe et le résultat. S'il s'empare d'outils de pilotage qui orientent sa politique interne tout comme sa communication externe vers une efficience toujours mieux maîtrisée, on le pense encore comme une organisation fruit de valeurs

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atemporelles qui obèreraient la naissance d'une entité moderne sur la scène publique.

Entre la gestion du quotidien et l'impératif des missions républicaines, on voit alors émerger des paradigmes d'investigation dont les lignes de fuite oscillent entre la permanence et la modernité. Le conflit au sein de l'établissement secondaire n'est pas fonctionnel, il est bel est bien celui de la cité, politique. C'est en cela qu'il intéresse les sciences de gestion. Il pose, nous semble-t-il, une question de nature épistémologique quand à l'existence même de l'organisation publique. Certes le cadre éthique est pérenne, il demeure ; républicain. Cependant une problématique différentielle est particulièrement prégnante : cette institution est-elle toujours une donnée immuable qui façonne l'architecture politique d'une société ? Pourrait-elle, par apprentissage organisationnel se transformer et transformer l'espace qu'elle investit ? Peut-il véritablement apprendre et donc se re-construire, se re-définir, s'appréhender comme une organisation aux principes éthiques qui définissent un espace de décision et d'influence autre?

Cette première approche de la littérature nous interroge par ailleurs sur une organisation en devenir dont on questionne la « performance » sans jamais questionner l'existence même. Tout est analyse de fonction, de lieu, de place. Mais qu'en est-il de ce qui sera son fondement dans un contexte sociétal tendu ? En quoi les apports des sciences des organisations analysés sous l'angle du concept de gouvernance re-définssent-ils sa place dans l'espace public ? Il y a

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dans ses pistes de lecture, et c'est probablement un biais culturel européen, confusion entre l'objet -- qui se transforme -- et les représentations sacralisées que les parties prenantes s'en font.

Au-delà de la représentation que les acteurs politiques se font de l'EPLE, l'objet lui-même révèle une capacité à mettre en oeuvre des processus de changement et d'innovation. Ce dernier, tout en se transformant, change son propre environnement, voire même le recrée. Il peut alors projeter l'image naissante d'un modèle d'organisation autre : un espace symbolique, un kaléidoscope de territoires où se met en oeuvre un protocole éthique qui fusionne l'institution, l'Ecole, et le modèle en devenir, l'Organisation. Un objet public à naître.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo