III.2.2. Le rejet des eaux usées
Situé en zone irrégulière, le quartier
ne dispose d'aucun système aménagé pour
l'évacuation des eaux usées. Les pratiques des ménages en
matière de gestion de ces eaux peuvent être regroupées en
trois catégories (Tableau 11).
Tableau 11 : Modes de
rejet des eaux usées des ménages enquêtés à
Yamtenga
Lieux de rejet des eaux usées
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Effectif
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Pourcentage
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Rue
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67
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83,75
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Concession
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10
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12,5
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Puisard
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3
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3,75
|
Total
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80
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100
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Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
Pour la grande majorité des ménages, le recours
à la rue pour l'évacuation des eaux usées produites au
cours de la vaisselle, de la lessive ou de la cuisine semble être l'une
des solutions les mieux adaptées. Seulement 3,75% des ménages
disposent de puisard pour l'évacuation des eaux usées.
Quant aux eaux usées issues des douches, elles sont
généralement rejetées dans un puisard à travers un
trou petit trou creusé à la base du mur qui ceinture les
habitations. Le plus souvent, il s'agit d'une simple excavation d'une
profondeur de moins de 2 mètres recouverte dans le meilleur des cas de
matériaux de récupération (vieilles tôles,
planchettes, bidon, etc.). Généralement de faible
capacité, ces puisards se remplissent rapidement et nécessitent
une vidange, ce qui ne va pas sans soulever des difficultés du fait du
coût de l'opération qui s'élève à environ 2
000 francs CFA. Faute d'entretien, le puisard déborde et répand
son contenu sur la voie publique en dégageant des odeurs
nauséabondes (Photo11). En saison sèche, ces puisards attirent
les animaux tels que les porcs à la recherche d'humidité. Ils
deviennent ainsi des vecteurs potentiels de dissémination d'agents
pathogènes par contact avec les gobelets ou les plats qui traînent
sur le sol. Les enfants en bas âge sont les plus exposés aux
risques sanitaires liés à ces pratiques.
Photo 11: Eaux de
douche recueillies dans un puisard non recouvert
(Cliché Kombasséré, juillet 2006)
III.2.3. L'élimination des excrétas humains
Sur les 80 ménages qui ont fait l'objet de notre
enquête, 88,75% disposent de latrines dans leur concession tandis que
11,25% ont recours aux cours voisines ou aux espaces vacants
(bancôtières, parcelles et maisons inhabitées).
D'un point de vue sanitaire, l'évacuation
hygiénique des selles est probablement l'aspect le plus important au
niveau domestique. Selon l'OMS et l'UNICEF (2006), si les déchets et les
eaux usées peuvent être rejetés dans la rue en l'absence de
système de gestion adéquat, la défécation dans la
nature est une source importante de maladies diarrhéiques et de
gêne dans la vie quotidienne. L'exposition aux risques de contracter les
maladies diarrhéiques est d'autant plus importante que les enfants en
bas âge défèquent dans la concession ou dans la rue. En
effet, nous avons vu dans certaines cours que les selles des enfants
traînaient sur le sol. Ces selles sont généralement
recouvertes avec des cendres avant d'être évacuées au cours
du balayage. Les enfants qui marchent ont, quant à eux, le plus souvent
recours aux tas d'immondices les plus proches de la concession (Photo 12).
Photo 12 :
Décharge publique à proximité des concessions
(Cliché Kombasséré, juillet 2006).
Cette méthode s'avère facile puisque l'enfant
peut aller où il veut quand il veut, ce qui n'implique pas de travail
supplémentaire à la mère qui n'a alors rien à
laver.
La proximité des concessions avec les selles, au
delà des désagréments liés aux odeurs
pestilentielles, peut constituer un risque de diarrhées à travers
les mouches également. Ces insectes sont susceptibles d'emporter les
agents pathogènes sur leurs pattes, leurs tubes digestifs et les rejeter
ensuite sur l'eau ou les aliments (OOKHIN N. et al., 1989 ;
ESREY S.A., 1991).
La propreté tant revendiquée par les populations
en termes de bienséance ou de santé publique (thématique
de plus en plus abordée par les ménages suite à
l'épidémie de choléra de 2005) ne se traduit donc pas dans
les actes. Le quartier est dans une situation de pollution permanente et les
conditions d'hygiène qui y prévalent sont très
préoccupantes. Conscients de cette pollution, certains responsables
d'associations avec lesquelles nous nous sommes entretenus ont entrepris des
campagnes de sensibilisation afin de convaincre les populations de changer de
comportements. Mais leurs efforts sont restés vains jusqu'alors.
Nous avons donc pu constater la faiblesse de l'accès
à l'eau favorisait l'apparition de risques sanitaires. En effet, 38,75%
des ménages sont exposés à un risque sanitaire
élevé, 60% à un risque faible et seulement 1,25% des
ménages à un risque très faible. Manifestement, de
nombreux facteurs s'ajoutent à Yamtenga aux faiblesses des volumes
moyens de consommation d'eau pour favoriser l'apparition et la propagation des
diarrhées. Ces facteurs sont les modes de gestion de l'eau, la faiblesse
du niveau d'éducation des populations et la dégradation du cadre
de vie.
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