I.2.2. Les modes de conservation de l'eau
Tous les ménages enquêtés procèdent
à un stockage de l'eau avant sa consommation. Les récipients
utilisés pour ce faire diffèrent d'un ménage à
l'autre et se répartissent selon le tableau 9.
Tableau 9 :
Répartition des modes de stockage de l'eau de boisson
Récipient de stockage de l'eau de boisson
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Effectif des ménages
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Pourcentage
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Jarre en terre
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70
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83,33
|
Barrique en plastique
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9
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10,71
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Plat
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2
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2,38
|
Bidon de 20 litres
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2
|
2,38
|
Réfrigérateur
|
1
|
1,19
|
Total
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84
|
100
|
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
Le stockage de l'eau de boisson constitue une étape
importante dans la préservation ou la dégradation de la
qualité de l'eau. Selon MONJOUR L. (2006), si l'eau est potable à
la collecte au niveau des points d'eau potable (0 CF/100 ml), elle devient un
véritable bouillon de culture microbien dans les jarres de stockage
(30 000 CF/100 ml). Une étude réalisée en 1985 a
révélé que 100% des récipients de puisage et 62%
des récipients de stockage présentaient un taux de pollution en
coliformes fécaux de plus de 206 unités pour 100 millilitres,
malgré un approvisionnement en eau potable (REQUILLART J.C., 1985).
Selon OUEDRAOGO F.C. (1993), c'est l'homme qui par son ignorance et/ou par le
manque d'hygiène qui assure directement et indirectement la pollution ou
la contamination de l'eau.
L'observation des conditions de conservation parmi les
ménages que nous avons enquêtés révèle que
13,75% des récipients de stockage de l'eau de boisson ne sont pas
couverts et sont donc exposés aux facteurs de pollution tels que le
vent, la poussière, les mouches et d'autres insectes (Photo 10). Plus de
la moitié des ustensiles servant à puiser l'eau de boisson
n'étaient pas à l'abri de la saleté (déposé
à terre ou sur un tabouret), ustensiles qui sont
généralement plongés dans le récipient sans lavage
préalable. On constate en outre qu'environ un ménage sur quatre
(22,25%) ne fait pas de différence entre le récipient de stockage
de l'eau de boisson et celui servant à l'eau pour les usages
domestiques. Cette indifférence montre que la population n'est pas assez
informée des risques encourus.
En terme de risque lié au stockage prolongé de
l'eau de boisson, on constate que plus de deux ménages sur trois (76,5%)
stockent l'eau de boisson pendant plus de 24 heures. Or, de nombreuses
études montrent qu'il y a un lien entre la durée de stockage et
la pollution de l'eau. En effet, des recherches effectuées en 1988 par
le ministère de l'eau du Burkina Faso ont révélé
qu'au bout de 18 heures de stockage, tous les récipients de stockage
présentent un taux moyen de coliformes fécaux supérieur
à 22 unités par 100 millilitres, quelque soit le récipient
utilisé pour le transport et le stockage (Ministère de l'eau,
1988). Parallèlement à ces pratiques à risques, on notera
en outre que 15% des ménages ne lavent les récipients de stockage
qu'une fois tous les trois jours.
Photo 10: Une jarre
en terre non couverte pour le stockage de l'eau de boisson
(Cliché Kombasséré, juillet
2006)
Au sein des ménages qui résident à moins
de 200 m de leur point d'approvisionnement en eau, plus de la moitié
(55%) conserve l'eau deux jours durant et même plus alors que parmi les
ménages qui résident à plus de 200 m de leur point
d'approvisionnement en eau, la part des ménages qui conservent l'eau
plus de 2 jours au moins s'élève à 67%.
La répartition spatiale des ménages selon la
durée de stockage de l'eau permet de bien apprécier la relation
entre le temps de conservation et l'éloignement du ménage (Carte
10). L'éloignement du point d'eau apparaît comme un facteur
prolongeant la durée de stockage de l'eau ce qui suggère que les
ménages qui sont à plus de 100 mètres de leur point d'eau
sont plus exposés aux risques de diarrhées liées à
un stockage prolongé de l'eau de boisson que ceux disposant d'un point
d'eau plus proche.
Carte 10 :
Répartition des ménages selon la durée de stockage de
l'eau de boisson
Les facteurs de risque de pollution fécale de l'eau de
boisson qui ont été recensés à Yamtenga peuvent
être résumés dans la Figure 1.
Figure 1 : Facteurs de
risque de pollution de l'eau de boisson à Yamtenga
(Inspiré du schéma de BARNEL S., 1990,
cité par ROMBA N., 2005)
Nous pouvons établir une cartographie des
ménages les plus exposés aux risques de diarrhée, en nous
appuyant sur les pratiques à risque de diarrhée telles que :
§ L'usage de bassines comme récipients de collecte
de l'eau de boisson au lieu d'une barrique
§ Le fait de ne pas couvrir le récipient de
stockage de l'eau de boisson
§ Le fait de ne pas ranger l'ustensile servant à
puiser l'eau de boisson à l'abri de la saleté
§ Le fait de ne pas faire de différence entre le
récipient de stockage de l'eau de boisson et celui servant à
conserver la ressource destinée aux autres usages domestiques
§ Le fait de stocker l'eau de boisson pendant une
durée supérieure ou égale à deux jours
§ Le fait d'avoir un volume moyen de consommation d'eau
inférieur à 20 litres par personne et par jour,
Nous avons choisi de représenter les ménages en
fonction du nombre de facteurs à risque de diarrhée. (Carte 11).
De prime abord, on constate que les ménages les plus
exposés au risque de diarrhée sont concentrés dans la
partie sud de Yamtenga. La majorité de ces ménages (83%)
fréquente les bornes fontaines 8 et 9. On remarque par ailleurs que la
moitié des ménages qui a recours à un forage
équipé d'une pompe à motricité humaine est
exposée à un fort risque de diarrhée. En terme de
distance, les ménages plus exposés aux risques liés
à la diarrhée, sont globalement situés à plus de
200 mètres de leurs points d'eau. On peut donc dire que
l'éloignement de la source d'approvisionnement favorise l'adoption des
comportements à risque de diarrhée.
Carte 11 :
Répartition des ménages selon leur degré d'exposition au
risque de diarrhée
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