II.2.
Les risques liés aux modes de gestion de l'eau
Les modes de gestion de l'eau sont tributaires des normes et
valeurs spécifiques à chaque société. L'eau
considérée comme étant potable à la sortie des
canalisations suit un parcours susceptible d'altérer sa qualité
et d'exposer les populations aux risques de diarrhée.
II.2.1. La collecte et le transport
Le risque de pollution de l'eau est principalement lié
à la nature du récipient de collecte et aux mesures
d'hygiènes qu'adoptent les individus aux points d'eau. Nous pouvons
ainsi citer les multiples transvasements qui contribuent à augmenter le
contact mains sales-eau pour les ménages (18%) qui utilisent les
récipients ouverts (seaux et bassines) (Photo 8 et 9).
Photo 8 : Vue des
récipients de collecte de l'eau au forage
(Cliché Kombasséré, juillet 2006)
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Photo 9 :
Aperçu sur les conditions de collecte de l'eau au forage (Cliché
Kombasséré, juillet 2006)
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A ce niveau il est important de souligner que même si la
collecte de l'eau de pluie n'apparaît pas comme une source
d'approvisionnement en eau de boisson, son utilisation reste
développée et constitue un risque de consommation d'eau
polluée surtout pour les ménages qui ne font pas de
différence entre le récipient de stockage de l'eau de boisson et
celui de l'eau servant aux usages domestiques.
Le risque de pollution au cours de la collecte et du
transport est d'autant plus élevé que 34,24% des mères
ayant au moins un enfant de moins de cinq ans déclarent ne pas se laver
les mains au savon après la toilette anale de leurs enfants. Selon
CURTIS V. et al. (1995), ces enfants sont à double titre le
groupe le plus vulnérable aux diarrhées.
L'usage des bassines auxquelles la majorité des
ménages (83,33%) qui s'approvisionnent à des forages
équipés d'une pompe à motricité humaine recourt,
constitue un risque de pollution de l'eau puisque n'étant pas couverts,
ces récipients sont exposés à la poussière et aux
mouches. Généralement dépourvus d'anses, ils sont
hissés sur la tête de sorte que des doigts peuvent souiller l'eau.
Cette pratique exposant l'eau à une pollution d'origine fécale
peut constituer un risque de diarrhée. En effet, une étude
récente entreprise auprès de 400 ménages d'un camp de
réfugiés au Malawi a indiqué que le seul fait d'utiliser
un récipient couvert muni d'un bec diminuait considérablement la
contamination de l'eau et réduisait de 31% les cas de maladies
diarrhéiques chez les enfants de moins de cinq ans (OMS, 2007). On peut
ainsi conclure que le risque diarrhéique est très
élevé chez les ménages qui s'approvisionnent au forage.
Il est par ailleurs fréquent de voir les tuyaux de
prise de l'eau à la borne fontaine traîner à même le
sol. Le rinçage auquel le gérant et les clients affirment avoir
recours n'est pas capable d'éliminer tous les agents pathogènes
qui s'y sont peut-être accrochés.
L'usage des barriques par les ménages et les
revendeurs présente des risques qu'il convient également
d'évoquer :
§ La vidange incomplète des barriques favorise
l'accumulation de traces d'eau susceptibles d'entraîner des
réactions avec le métal et de conserver les germes
pathogènes (CREPA, 1997).
§ Les tuyaux raccordés à la barrique sont
rarement bouchés, ce qui favorise le dépôt d'une couche
noire de déchets polluant l'eau.
Nos observations sont confirmées par une étude
réalisée en 1997 par le Centre Régional pour l'Eau Potable
et l'Assainissement à faible coût (CREPA), sur la variation de la
qualité de l'eau dans les barriques des revendeurs au secteur 28 de
Ouagadougou. Cette étude a révélé que le taux de
coliformes fécaux (CF) atteignait 32 unités pour 100 ml, tandis
que celui des streptocoques fécaux (SE) s'élevait jusqu'à
29 unités pour le même volume (CREPA, op. cit.), 1997).
Alors que selon les normes internationales de l'OMS, une eau est potable si
CF=0 et SF=0 pour 100ml d'eau (MONJOUR L., 2006).
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