II.
Les volumes moyens de consommation individuels et quotidiens
L'adage « L'eau, c'est la vie » montre
à quel point l'eau est une ressource essentielle et indispensable
à la vie humaine. C'est pourquoi le droit pour chaque être humain
de disposer pour son usage personnel et domestique d'eau en quantité
suffisante et de qualité acceptable, à laquelle il peut
facilement accéder, a été reconnu comme droit fondamental
en 2002 par les Nations Unies. HOWARD G. et BARTRAM J. (2003) estiment qu'une
consommation minimale de 4,5 litres par jour et par personne est
nécessaire à un adulte pour maintenir une bonne hydratation. Ce
minimum vital atteint 20 litres si l'on tient compte des besoins liés
à l'hygiène personnelle (lavage des mains et toilette) et
à la cuisson des aliments. Ce volume est présenté par
l'OMS comme « suffisant » pour définir
l'accès à l'eau mais d'autres auteurs proposent des
quantités plus élevées : FEACHEM R.G. (1995, cité
par ROMBA N., 2005) l'évalue à 25 litres tandis GLEICK P. H.
(1996) estime qu'il en faut deux fois plus (50 litres).
Les résultats de notre enquête montrent que la
quantité moyenne d'eau consommée par personne et par jour est de
23,9 litres, ce qui est donc légèrement supérieur aux
normes de l'OMS. Les ménages qui s'approvisionnent à la borne
fontaine consomment en moyenne plus d'eau (24,3 litres) que ceux qui ont
recours au forage équipé d'une pompe à motricité
humaine (19,3 litres) mais près d'une personne sur deux consomme moins
de 20 litres par jour (Graphique 12).
Graphique 12 :
Répartition des quantités d'eau par personne et par
jour
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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Sur la base d'une comparaison avec les volumes moyens de
consommation d'eau Taabtenga et Wemtenga (34 litres/personne/jour), on peut
dire que les habitants de notre zone d'étude consomment globalement
moins d'eau. Cette faiblesse des volumes d'eau consommés par personne et
par jour met en évidence l'acuité des problèmes
d'approvisionnement en eau que nous avions développés dans la
partie précédente. La carte 8 permet de mieux apprécier la
répartition spatiale des volumes moyens de consommation d'eau. Sa
lecture révèle par ailleurs que les ménages qui ont
recours aux forages ont de faibles volumes moyens de consommation. Les
ménages dont la population a un volume moyen de consommation
supérieur à 30 litres ont dans la majorité des cas recours
aux barriques pour la collecte de l'eau. La moitié de ces ménages
s'approvisionnait personnellement. La distance moyenne qui les sépare de
leurs points d'eau est de 526 mètres.
Carte 8 : La
consommation d'eau journalière moyenne par personne au sein des
ménages enquêtés
En ce qui concerne la distance parcourue, nos résultats
montrent que les volumes moyens de consommation d'eau augment globalement
jusqu' à une distance de 1200 mètres. Après ce seuil, les
volumes consommés baissent sensiblement. La distance peut donc
être considérée comme un facteur limitant l'accès
à l'eau dans une certaine mesure seulement à Yamtenga.
Graphique 13 :
Répartition des volumes moyens de consommation en fonction des distances
réellement parcourues
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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Dans le but de faire une typologie des ménages selon
leur accès à l'eau, nous nous sommes intéressés
à des caractéristiques telles que la fréquence et le mode
d'approvisionnement, la nature du récipient de collecte et
l'activité du chef de ménage.
§ En terme de fréquence, on remarque que les
ménages qui s'approvisionnent une seule fois par jour collectent plus
d'eau que ceux qui ont une fréquence d'approvisionnement
supérieure ou égale à deux fois par jour (Graphique 14).
Graphique 14 : Evolution
du volume d'eau consommée selon la fréquence de
l'approvisionnement
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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On peut ainsi dire qu'il y a une relation entre les
quantités d'eau consommées par personne et par jour au sein du
ménage et la fréquence de l'approvisionnement. La
répartition spatiale des ménages permet de mieux comprendre cette
relation (Carte 9).
La carte nous permet de voir que les ménages qui
s'approvisionnent aux forages équipés d'une pompe à
motricité humaine collectent l'eau plus de trois fois par jour. Ceci
peut s'expliquer par le fait que ces ménages situés à
proximité de leur point d'eau, prennent le minimum d'eau dont ils ont
besoin puisqu'ils peuvent se réapprovisionner facilement. En revanche,
les ménages qui sont éloignés de leur point d'eau
s'approvisionnent généralement une seule fois par jour en
collectant une grande quantité d'eau afin de ne pas avoir à
effectuer une deuxième collecte. La distance limiterait donc la
fréquence de l'approvisionnement en eau.
Carte 9 : La
fréquence de l'approvisionnement en eau des ménages
enquêtés
§ Nous avons pu constater par ailleurs que le niveau de
consommation par personne et par jour variait selon la nature du
récipient de collecte de l'eau (Graphique 15). Les ménages qui
utilisent la barrique comme récipient de collecte de l'eau consomment en
moyenne plus d'eau (25,7 litres par personne et par jour) que les autres. Or,
les ménages qui utilisent les barriques peuvent être
considérés comme ayant un niveau de vie relativement
supérieur aux autres compte tenu du coût d'une barrique. Leur
niveau de vie leur permettrait donc de consommer plus d'eau.
Graphique 15 : Evolution
du volume d'eau consommé selon le récipient de collecte
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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§ Le mode d'approvisionnement en eau joue
également un rôle sur les volumes moyens d'eau consommés
par personne et par jour comme nous l'avions déjà constaté
en nous intéressant aux contraintes économiques. Le niveau de
consommation moyen des ménages qui ont exclusivement recours aux
revendeurs pour s'approvisionner est de 26,3 litres tandis que celui des
ménages qui s'approvisionnent personnellement s'élève
à 22,6 litres. On constate cependant que ce sont les ménages qui
alternent l'approvisionnement personnel et le recours aux revendeurs qui
consomment en moyenne le plus d'eau (27,6 litres) par rapport aux deux autres
catégories. Les ménages qui ont recours aux revendeurs ne sont
donc pas forcements les plus aisés.
§ En terme d'activité du chef de ménage, la
répartition des volumes moyens de consommation d'eau par personne et par
jour montre que les ménages dont le chef de ménage dispose d'un
revenu mensuel stable (salarié) ont un meilleur accès à
l'eau (Graphique 17).
On peut ainsi dire que l'accès à l'eau à
Yamtenga est lié au niveau de vie des ménages.
Graphique 16 : Evolution
du volume moyen de consommation d'eau par personne et par jour selon
l'activité du chef de ménage
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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§ Notre deuxième hypothèse selon laquelle
les difficultés en matière d'approvisionnement en eau potable
contribueraient à réduire les volumes d'eau consommés par
personne et par jour trouve des pistes de vérification dans
l'évolution des volumes moyens de consommation en fonction de la
provenance (Graphique 18). Les ménages dont le chef est né dans
le quartier enregistrent les plus faibles volumes moyens de consommation d'eau.
D'une manière générale, on peut retenir
que les populations ont une préférence pour les bornes fontaines
à cause de la qualité de l'eau et des facilités qu'offre
cette infrastructure en terme de collecte (facilité de remplissage). Les
principales contraintes évoquées sont les temps d'attente et le
prix de l'eau. La distance moyenne qui sépare les ménages de
leurs points d'eau est de 388 mètres. Bien que l'on soit en ville, 15%
de la population parcourent quotidiennement une distance supérieure ou
égale à 2000 mètres pour pouvoir s'approvisionner. La
faiblesse de l'accès à l'eau témoigne d'une manière
générale de l'indigence des ménages. Disposer de
quantités d'eau satisfaisantes représente un combat quotidien
pour beaucoup et cette situation n'est pas sans conséquences sur la
santé de la population
Ainsi aborderons nous dans le chapitre suivant, les risques de
diarrhées liés à la faiblesse des niveaux de consommation,
à la qualité de l'eau de boisson et plus
généralement aux comportements des populations en matière
d'approvisionnement en eau.
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