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L'accès à  l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou: Les cas de Yamtenga

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par Appolinaire KOMBASSERE
Université de Ouagadougou - Maitrise de Géographie 2007
  

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II. Les volumes moyens de consommation individuels et quotidiens

L'adage « L'eau, c'est la vie » montre à quel point l'eau est une ressource essentielle et indispensable à la vie humaine. C'est pourquoi le droit pour chaque être humain de disposer pour son usage personnel et domestique d'eau en quantité suffisante et de qualité acceptable, à laquelle il peut facilement accéder, a été reconnu comme droit fondamental en 2002 par les Nations Unies. HOWARD G. et BARTRAM J. (2003) estiment qu'une consommation minimale de 4,5 litres par jour et par personne est nécessaire à un adulte pour maintenir une bonne hydratation. Ce minimum vital atteint 20 litres si l'on tient compte des besoins liés à l'hygiène personnelle (lavage des mains et toilette) et à la cuisson des aliments. Ce volume est présenté par l'OMS comme « suffisant » pour définir l'accès à l'eau mais d'autres auteurs proposent des quantités plus élevées : FEACHEM R.G. (1995, cité par ROMBA N., 2005) l'évalue à 25 litres tandis GLEICK P. H. (1996) estime qu'il en faut deux fois plus (50 litres).

Les résultats de notre enquête montrent que la quantité moyenne d'eau consommée par personne et par jour est de 23,9 litres, ce qui est donc légèrement supérieur aux normes de l'OMS. Les ménages qui s'approvisionnent à la borne fontaine consomment en moyenne plus d'eau (24,3 litres) que ceux qui ont recours au forage équipé d'une pompe à motricité humaine (19,3 litres) mais près d'une personne sur deux consomme moins de 20 litres par jour (Graphique 12).

Graphique 12 : Répartition des quantités d'eau par personne et par jour

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet 2006

Sur la base d'une comparaison avec les volumes moyens de consommation d'eau Taabtenga et Wemtenga (34 litres/personne/jour), on peut dire que les habitants de notre zone d'étude consomment globalement moins d'eau. Cette faiblesse des volumes d'eau consommés par personne et par jour met en évidence l'acuité des problèmes d'approvisionnement en eau que nous avions développés dans la partie précédente. La carte 8 permet de mieux apprécier la répartition spatiale des volumes moyens de consommation d'eau. Sa lecture révèle par ailleurs que les ménages qui ont recours aux forages ont de faibles volumes moyens de consommation. Les ménages dont la population a un volume moyen de consommation supérieur à 30 litres ont dans la majorité des cas recours aux barriques pour la collecte de l'eau. La moitié de ces ménages s'approvisionnait personnellement. La distance moyenne qui les sépare de leurs points d'eau est de 526 mètres.

Carte 8  : La consommation d'eau journalière moyenne par personne au sein des ménages enquêtés

 

En ce qui concerne la distance parcourue, nos résultats montrent que les volumes moyens de consommation d'eau augment globalement jusqu' à une distance de 1200 mètres. Après ce seuil, les volumes consommés baissent sensiblement. La distance peut donc être considérée comme un facteur limitant l'accès à l'eau dans une certaine mesure seulement à Yamtenga.

Graphique 13 : Répartition des volumes moyens de consommation en fonction des distances réellement parcourues

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet 2006

Dans le but de faire une typologie des ménages selon leur accès à l'eau, nous nous sommes intéressés à des caractéristiques telles que la fréquence et le mode d'approvisionnement, la nature du récipient de collecte et l'activité du chef de ménage.

§ En terme de fréquence, on remarque que les ménages qui s'approvisionnent une seule fois par jour collectent plus d'eau que ceux qui ont une fréquence d'approvisionnement supérieure ou égale à deux fois par jour (Graphique 14).

Graphique 14 : Evolution du volume d'eau consommée selon la fréquence de l'approvisionnement

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet 2006

On peut ainsi dire qu'il y a une relation entre les quantités d'eau consommées par personne et par jour au sein du ménage et la fréquence de l'approvisionnement. La répartition spatiale des ménages permet de mieux comprendre cette relation (Carte 9).

La carte nous permet de voir que les ménages qui s'approvisionnent aux forages équipés d'une pompe à motricité humaine collectent l'eau plus de trois fois par jour. Ceci peut s'expliquer par le fait que ces ménages situés à proximité de leur point d'eau, prennent le minimum d'eau dont ils ont besoin puisqu'ils peuvent se réapprovisionner facilement. En revanche, les ménages qui sont éloignés de leur point d'eau s'approvisionnent généralement une seule fois par jour en collectant une grande quantité d'eau afin de ne pas avoir à effectuer une deuxième collecte. La distance limiterait donc la fréquence de l'approvisionnement en eau.

Carte 9 : La fréquence de l'approvisionnement en eau des ménages enquêtés

 

§ Nous avons pu constater par ailleurs que le niveau de consommation par personne et par jour variait selon la nature du récipient de collecte de l'eau (Graphique 15). Les ménages qui utilisent la barrique comme récipient de collecte de l'eau consomment en moyenne plus d'eau (25,7 litres par personne et par jour) que les autres. Or, les ménages qui utilisent les barriques peuvent être considérés comme ayant un niveau de vie relativement supérieur aux autres compte tenu du coût d'une barrique. Leur niveau de vie leur permettrait donc de consommer plus d'eau.

Graphique 15 : Evolution du volume d'eau consommé selon le récipient de collecte

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet 2006

§ Le mode d'approvisionnement en eau joue également un rôle sur les volumes moyens d'eau consommés par personne et par jour comme nous l'avions déjà constaté en nous intéressant aux contraintes économiques. Le niveau de consommation moyen des ménages qui ont exclusivement recours aux revendeurs pour s'approvisionner est de 26,3 litres tandis que celui des ménages qui s'approvisionnent personnellement s'élève à 22,6 litres. On constate cependant que ce sont les ménages qui alternent l'approvisionnement personnel et le recours aux revendeurs qui consomment en moyenne le plus d'eau (27,6 litres) par rapport aux deux autres catégories. Les ménages qui ont recours aux revendeurs ne sont donc pas forcements les plus aisés.

§ En terme d'activité du chef de ménage, la répartition des volumes moyens de consommation d'eau par personne et par jour montre que les ménages dont le chef de ménage dispose d'un revenu mensuel stable (salarié) ont un meilleur accès à l'eau (Graphique 17).

On peut ainsi dire que l'accès à l'eau à Yamtenga est lié au niveau de vie des ménages.

Graphique 16 : Evolution du volume moyen de consommation d'eau par personne et par jour selon l'activité du chef de ménage

Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet 2006

§ Notre deuxième hypothèse selon laquelle les difficultés en matière d'approvisionnement en eau potable contribueraient à réduire les volumes d'eau consommés par personne et par jour trouve des pistes de vérification dans l'évolution des volumes moyens de consommation en fonction de la provenance (Graphique 18). Les ménages dont le chef est né dans le quartier enregistrent les plus faibles volumes moyens de consommation d'eau.

D'une manière générale, on peut retenir que les populations ont une préférence pour les bornes fontaines à cause de la qualité de l'eau et des facilités qu'offre cette infrastructure en terme de collecte (facilité de remplissage). Les principales contraintes évoquées sont les temps d'attente et le prix de l'eau. La distance moyenne qui sépare les ménages de leurs points d'eau est de 388 mètres. Bien que l'on soit en ville, 15% de la population parcourent quotidiennement une distance supérieure ou égale à 2000 mètres pour pouvoir s'approvisionner. La faiblesse de l'accès à l'eau témoigne d'une manière générale de l'indigence des ménages. Disposer de quantités d'eau satisfaisantes représente un combat quotidien pour beaucoup et cette situation n'est pas sans conséquences sur la santé de la population

Ainsi aborderons nous dans le chapitre suivant, les risques de diarrhées liés à la faiblesse des niveaux de consommation, à la qualité de l'eau de boisson et plus généralement aux comportements des populations en matière d'approvisionnement en eau.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe