I.2.3. Les contraintes
liées à la distance
Avant tout propos, il convient de préciser que 83% des
ménages qui s'approvisionnent à des forages sont situés
à moins de 200 mètres de leurs points d'eau. Nos analyses sur les
distances ne tiennent donc pas compte d'eux. En terme d'accessibilité,
on se rend compte que la distance moyenne entre les ménages et leur
point d'approvisionnement en eau potable est de 388 mètres : un
tiers à peine des ménages à sa source d'eau dans un rayon
de 200 mètres (Graphique 10). En comparant cette distance moyenne avec
la norme OMS (200 mètres), on peut dire que l'accessibilité des
ménages de Yamtenga aux points d'approvisionnement en eau potable est
peu aisée alors que nous sommes en milieu urbain réputé
plus favorable que le milieu rural, notamment pour la question de
l'approvisionnement en eau potable. Si l'on se réfère à la
typologie de HOWARD G. et BARTRAM J. (2003), selon laquelle une
accessibilité raisonnable ou relativement bonne à l'eau se
définit comme le fait de disposer d'un point d'eau potable à 100
mètres, on trouve alors qu'environ un ménage sur 10 (9%)
seulement accède facilement à l'eau potable.
A titre de comparaison, l'étude réalisée
à Ouagadougou par DOS SANTOS S. (2005) a révélé que
les ménages parcouraient en moyenne 350 mètres pour
s'approvisionner directement au point d'eau collectif. Les deux
résultats ne sont pas très différents l'un de l'autre.
Graphique 10 :
Répartition des ménages en fonction de la distance qui les
sépare de leur
point d'eau.
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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Si l'on tient compte de la fréquence de
l'approvisionnement par jour, la moyenne des distances parcourues par les
ménages pour s'approvisionner en eau potable s'élève
à 1,1 kilomètre. Cette moyenne cache des disparités
importantes puisque les extrêmes vont de 114 mètres à 7,7
kilomètres. Environ un ménage sur deux (51,5%) parcourt une
distance supérieure ou égale à un kilomètre par
jour (Graphique 11). On peut au regard de ces chiffres conclure que les
ménages de Yamtenga parcourent de longues distances pour pouvoir
disposer d'eau potable.
Graphique 11 :
Répartition des ménages selon les distances réellement
parcourues
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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Si dans la majorité des études qui ont
été menées dans le domaine de l'accès à
l'eau, la distance entre le service et l'habitat est l'une des normes les plus
utilisées, force est de reconnaître que son application dans une
zone à forte densité de population telle que Yamtenga
présente des limites certaines qu'il convient d'aborder. La distance
entre le point d'eau et la concession est différemment vécue par
les ménages du fait des disparités socio économiques et
démographiques entre ceux-ci. A niveau d'éloignement égal,
un ménage aisé qui dispose d'un pousse-pousse ou d'un vélo
ne percevra pas de la même manière la distance parcourue qu'un
ménage où la personne chargée de la collecte d'eau est
obligée de porter son récipient sur la tête. En outre, un
ménage qui était par exemple habitué à parcourir un
kilomètre pour s'approvisionner en eau potable (comme c'est le cas de
nombreux ménages en provenance du milieu rural), percevra un
éloignement de la borne fontaine de 400 mètres, comme un
privilège que lui offre la ville. Les opinions sur les distances
parcourues peuvent aussi varier en fonction du nombre de femmes dans le
ménage.
Toutes les contraintes auxquelles les ménages sont
confrontés quotidiennement se répercutent sur la quantité
d'eau réellement consommée par jour et par personne. Or la
faiblesse des volumes moyens de consommations a d'importantes
conséquences sanitaires, notamment diarrhéiques.
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