I.2.
Les contraintes de l'approvisionnement en eau
Les habitants du quartier sont confrontés à
plusieurs contraintes qui sont susceptibles de réduire le volume d'eau
consommé par personne et par jour. Environ 95% des ménages
enquêtés ont affirmé rencontrer des difficultés dans
leur approvisionnement en eau. Les différentes contraintes
évoquées ont été regroupées en cinq grandes
catégories qui se repartissent selon le graphique 8.
Graphique 8 : Les
difficultés d'approvisionnement évoquées par les
ménages
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., Juillet
2006
|
Le graphique révèle que le temps d'attente et le
prix de l'eau sont les principales contraintes évoquées par les
ménages. Nous analyserons ces contraintes par ordre d'importance. Faute
de données, nous n'évoquerons pas celles liées aux
coupures et aux baisses de pression.
I.2.1. Les contraintes liées au temps
Le temps mis pour la collecte de l'eau est
évoqué par un ménage sur trois (36%). Cette
déclaration illustre parfaitement l'insuffisance du nombre de points
d'eau dans un quartier où la densité de population est
élevée. Les difficultés d'exhaure de l'eau au forage
peuvent être considérés comme un facteur aggravant cette
insuffisance. A titre d'exemple, le temps moyen de remplissage d'un bidon de 20
litres au forage est estimé à deux minutes contre 20 secondes
à la borne fontaine. Les longues files d'attente que l'on observe au
niveau des bornes fontaines ou des forages équipés d'une pompe
à motricité humaine sont synonymes de perte de temps et de
fatigue, particulièrement pour les femmes qui sont le plus souvent
chargées de la corvée de l'eau. Outre son corollaire de sous
consommation, cette perte de temps empêche les femmes de vaquer à
d'autres occupations susceptibles d'améliorer leurs conditions de vie.
Les longs temps d'attente et la volonté de s'approvisionner rapidement
sont à l'origine des multiples querelles que l'on observe
fréquemment au niveau des points d'eau.
A ces contraintes s'ajoutent celles liées au prix de
la ressource.
I.2.2. Les contraintes
économiques
Elles représentent un facteur important dans
l'approvisionnement en eau du quartier. L'accessibilité
économique à l'eau potable dépend des capacités
économiques des ménages. Dans un quartier où la
majorité des chefs de ménage mène des activités
informelles et précaires, on imagine à quel point la
cherté de l'eau évoquée par un ménage sur quatre
(27.2%) représente une forte contrainte.
Selon les entretiens que nous avons pu conduire, le bidon de
20 litres coûte 15 francs en zone non lotie au lieu de 10 francs en zone
lotie, tandis que la barrique de 200 litres passe de 60 à 65 ou
même 75 francs. Il ressort des entretiens que cette majoration servirait
à compenser les pertes liées au déversement de l'eau au
cours de la collecte et à payer du pétrole pour éclairer
les lieux la nuit.
VENNETIER P. (1988), en évoquant les conditions
d'accès à l'eau dans les quartiers irréguliers, affirme
que la quête de l'eau se solde généralement par la mise en
place d'un système de revente en cascade qui entraîne une hausse
sensible de son prix. En effet, le prix de l'eau à la borne fontaine est
parfois supérieur à celui pratiqué dans les quartiers
lotis. Pour les ménages qui ont recours aux revendeurs, la contrainte du
coût de l'eau se pose avec plus d'acuité puisque qu'il varie selon
la distance et la saison (Tableau 7).
Tableau 7 : Evolution du
prix de la barrique d'eau en francs CFA avec un revendeur
Distance
|
Saison sèche
|
Saison pluvieuse
|
Inférieure à 500 m
|
210
|
205
|
Comprise entre 500 et 1000 m
|
260
|
250
|
Supérieure à 1000 m
|
290
|
280
|
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A.,
juillet 2006
La baisse des prix en saison des pluies peut s'expliquer par
le fait que les ménages collectent l'eau de pluie pour les
activités domestiques ce qui contribue à faire baisser la demande
en eau et donc son prix. Faute de données sur le revenu des
ménages enquêtés, il nous est impossible d'évaluer
la part que représente le budget de l'eau au sein des dépenses de
la famille. On peut cependant imaginer que pauvreté va de pair avec
manque d'eau à Yamtenga.
L'évolution du prix de la barrique d'eau de 200 litres
est intimement liée à l'activité des revendeurs d'eau.
L'activité des revendeurs d'eau est très importante dans le
quartier puisque 37,8% des ménages ont recours à leurs services.
Ceci n'a d'ailleurs pas échappé à la municipalité
qui les taxent de 3 000 francs CFA par an. La revente d'eau s'est
développée du fait de l'incapacité financière de
certains ménages à se procurer le matériel de collecte de
l'eau. Le type d'équipement couramment utilisé est un ensemble
composé d'une barrique de 200 litres issue de la
récupération, montée sur un châssis muni de deux
roues au minimum (Photo 7). La revente de l'eau est une activité qui
occupe un grand nombre de femmes et de jeunes. Sur les quatorze revendeurs que
nous avons rencontrés, la moitié était des femmes
âgées en moyenne de 33 ans.
Photo 7 : Vue d'un
pousse-pousse (Cliché Kombasséré, juillet
2006)
Les ménages que nous avons enquêtés
dépensent en moyenne 2 230 francs CFA par mois pour l'achat de l'eau.
Cette moyenne cache de fortes disparités puisque les budgets vont de 210
à 7 500 francs CFA. Environ un ménage sur trois (40%) consacre
plus de 2 000 Francs CFA par mois à l'achat d'eau (Graphique 9).
En effet, les budgets alloués à l'achat de l'eau
par mois varient selon le mode d'approvisionnement. Les ménages qui
s'approvisionnent personnellement dépensent en moyenne moins (2 180
francs CFA) que ceux qui alternent un approvisionnement personnel et un recours
aux revendeurs (2 230 francs CFA). Les ménages qui achètent l'eau
exclusivement chez les revendeurs dépensent un peu plus que les deux
autres catégories (2 290 francs CFA).
Graphique 9 :
Répartition des ménages selon le budget mensuel alloué
à l'eau
Source : Enquêtes de terrain, KOMBASSERE W.A., juillet
2006
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Dans un milieu où la majorité des chefs de
ménages mène des activités précaires, on peut
imaginer à quel point le coût de l'eau peut représenter une
contrainte pouvant contribuer à réduire les volumes moyens d'eau
consommés par personne et par jour.
Les
données collectées au cours de nos entretiens avec les revendeurs
d'eau révèlent en outre que les ménages situés
à moins de 200 mètres de leur point d'eau qui recourent à
des revendeurs, dépensent en moyenne 3 310 francs CFA par mois tandis
que ceux qui sont au delà de cette distance dépensent 3 780
francs CFA. Le prix de l'eau augmentant avec la distance, on peut affirmer que
la proximité d'une borne fontaine présente un avantage certain en
terme de dépenses liées à l'achat d'eau.
La précarité de la situation économique
des ménages explique assez bien le fait que le prix de l'eau soit
considéré comme la deuxième principale contrainte en
matière d'accès à l'eau.
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