III.
L'inégal accès à l'eau potable
Les inégalités en matière d'accès
à l'eau à Ouagadougou peuvent être perçues en termes
de niveau d'équipement et de distances parcourues, mais aussi en termes
de coût et de quantité d'eau consommée par les
ménages.
III.1.
Les disparités spatiales
Pour bien comprendre l'inégal équipement de la
ville, il importe de rappeler que tous les investissements en matière
d'approvisionnement (installation de bornes fontaines, de postes d'eau
autonomes, de branchements privés ou semi privés) reposent sur la
différenciation de l'espace en zone lotie (reconnue et
équipée) et non lotie (non reconnue et non
équipée). Cette dualisation de l'espace en matière
d'approvisionnement en eau potable trouve ses origines dans le
développement centrifuge de la ville de Ouagadougou. En effet, le noyau
urbain grandit du centre vers la périphérie. Le réseau se
construit en suivant la dynamique spatiale de la ville. L'équipement de
la ville se fait en fonction des moyens dont disposent les autorités
chargées de l'approvisionnement en eau. Les zones anciennement loties
sont généralement prioritaires par rapport aux espaces
nouvellement lotis. C'est ce qui explique que les points d'eau potable ne
s'étendent pas au delà de la limite de la zone lotie (Carte 3).
La première conséquence de cette situation est la polarisation
des bornes fontaines et des postes d'eau autonomes, situés à
proximité de la zone irrégulière qui sont
sollicités par les ménages des deux types de zone. Selon les
données de l'UR CTEM collectées en 2003, les bornes fontaines
représentent 73% des modes d'approvisionnement collectifs contre 21%
pour les forages équipés d'une pompe à motricité
humaine.
Cet inégal équipement oblige les ménages,
ceux vivant en périphérie irrégulière surtout,
à parcourir de longues distances pour avoir de l'eau potable.
Carte 3 :
Répartition des modes collectifs d'approvisionnement en eau de la
ville
D'après les données fournies par l'enquête
nationale « Dynamique migratoire, insertion urbaine et environnement
au Burkina Faso » (EMUIB) menée en 2000, les ménages
qui s'approvisionnent aux points d'eau collectifs parcourent en moyenne 700 m
pour atteindre le point d'eau potable le plus proche (DOS SANTOS S., 2005). Du
centre à la périphérie non lotie, les distances moyennes
parcourues évoluent sensiblement. La moitié des ménages en
zone régulière disposent d'un point d'eau à 200
mètres ou moins de leur résidence, alors qu'en zone
irrégulière, cette valeur médiane est de 400
mètres.
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