L'accès à l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou: Les cas de Yamtenga( Télécharger le fichier original )par Appolinaire KOMBASSERE Université de Ouagadougou - Maitrise de Géographie 2007 |
II.3. Les politiques en matière d'approvisionnement en eauPour comprendre la situation actuelle à l'eau potable dans la ville de Ouagadougou, il est indispensable de décrire et d'analyser les différentes orientations qui l'ont sous-tendu. II.3.1. Une politique en faveur des branchements particuliers.La croissance démographique que la ville de Ouagadougou a connu au lendemain des indépendances était telle que les barrages intra urbains s'avérèrent insuffisants pour satisfaire la demande sans cesse croissante en eau. La digue du réservoir de Loumbila fut rehaussée en 1970 afin d'accroître la capacité de stockage et d'améliorer l'approvisionnement en eau de la capitale (CECCHI P., 2004). Dans le même temps, la Société Nationale des Eaux (SNE) fut mise en place afin de rentabiliser le service d'approvisionnement en eau. Durant ses sept années d'existence, la SNE a en effet privilégié les branchements particuliers aux dépens des bornes fontaines (L'HUISSIER A.M., 1997). Cette politique s'est traduite spatialement par la densification du service dans les quartiers centraux, puisque selon la même source, 65% des branchements y étaient localisés en 1978. Cette politique désavantageait ainsi donc aussi bien les ménages démunis des quartiers centraux que ceux vivant dans les quartiers périphériques et irréguliers. II.3.2. De la recherche d'un équilibre subtil à une véritable politique socialeAprès sept ans de fonctionnement de la SNE, l'idée d'une réorientation de la politique en matière d'approvisionnement en eau potable s'est imposée aux autorités. En effet, la politique qui a sous tendu la création de l'Office National de l'Eau (ONE) va permettre de desservir les quartiers périphériques réguliers par des bornes fontaines et des postes d'eau autonomes dès 1977. L'intégration des quartiers périphériques dans le schéma d'approvisionnement de la ville tient plus de la recherche d'un équilibre entre la faiblesse de la capacité financière à étendre le réseau de branchements privés et la rareté de la ressource dont les signes étaient déjà perceptibles. En effet, à la fin des années 1970, la majorité des ménages disposant d'un branchement privé se plaignait de fréquentes baisses de pression de l'eau à la sortie des canalisations. C'est ainsi que les autorités optèrent pour la desserte du plus grand nombre par le biais des équipements collectifs (borne fontaine et poste d'eau autonome). JAGLIN S. (1995) parle d'une gestion partagée de la pénurie d'eau. Il a fallu cependant attendre le début des années 1990, pour que l'équipement des quartiers périphériques réguliers en infrastructures collectives d'approvisionnement en eau potable prenne une ampleur plus grande. L'évolution du nombre des bornes fontaines dans la ville illustre assez bien notre propos (Graphique 3). Graphique 3 : Evolution du nombre de bornes fontaines de 1972 à 2007 Sources : JAGLIN S., 1995 et LE PAYS, 20044(*) On constate qu'à partir de 1994, le nombre de bornes fontaines a considérablement évolué. Cette évolution est le résultat d'un programme d'urgence visant à accroître l'offre en infrastructures collectives d'approvisionnement en eau potable. Après ce programme, plusieurs autres actions ont été entreprises afin d'améliorer le niveau de l'accès à l'eau. La politique nationale de l'eau est élaborée en 1998 avec pour objectif de satisfaire de façon durable les besoins en eau - en quantité et en qualité - d'une population croissante et d'une économie en développement (MEE, 2000). Le projet de renforcement du réseau d'approvisionnement en eau potable de la ville de Ouagadougou a été mis en oeuvre en 2004 grâce au barrage de Ziga. Ce projet a porté la capacité de stockage de l'ONEA à 40 millions de m, ce qui donne une capacité de production de 2 400 m/h contre 900 m/h auparavant. On estime à 50 000 branchements sociaux et 400 nouvelles bornes fontaines, les réalisations rentrant dans le cadre du projet et directement profitables aux populations (LE PAYS, 2004). Parallèlement, de nouvelles approches devraient être expérimentés dans les zones irrégulières sur financement de l'Agence Française de Développement (AFD). Il s'agit principalement d'une part d'inclure les branchements privés à moindre coût et d'autre part de déléguer le service à un opérateur privé chargé d'acheter l'eau en grande quantité à l'ONEA pour la revendre aux ménages des quartiers irréguliers. Cette campagne de branchements sociaux qui comporte des avantages certains, peut cependant susciter des interrogations au regard d'un certain nombre de constats. Dans une ville où la population s'est paupérisée et où la vulnérabilité des ménages s'est accrue selon LACHAUD D. (2003, cité par DOS SANTOS S., 2005), on est en droit de se demander si le seul fait de disposer d'un robinet peut contribuer à accroître les volumes moyens de consommation d'eau par personne et par jour. A Ouagadougou, la conservation d'un branchement privé ou semi privé est en effet une bataille permanente pour certains ménages. Selon l'ONEA (2002), près de 30% des abonnés particuliers ont vu leur livraison d'eau potable suspendue temporairement ou définitivement en 2002 par manquements successifs au paiement de la facture. Ce chiffre montre que pour améliorer le niveau d'accès à l'eau, il est indispensable de baisser son prix. Si le nombre des actions entreprises est important, dans la réalité il parait insuffisant. En effet, la répartition spatiale des infrastructures mises en place à Ouagadougou à la faveur de ces politiques fait ressortir de grandes disparités spatiales intra urbaines qui impliquent un accès inéquitable en eau potable. * 4 Le chiffre de 2007 est une projection. |
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