L'accès à l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou: Les cas de Yamtenga( Télécharger le fichier original )par Appolinaire KOMBASSERE Université de Ouagadougou - Maitrise de Géographie 2007 |
II. Les contraintes et les politiques en matière d'approvisionnement en eauII.1. Les contraintes d'ordre naturelLa nature du climat est l'une des principales contraintes en matière d'approvisionnement en eau de la ville de Ouagadougou. Caractérisé par une longue saison sèche d'octobre à mai et une saison pluvieuse de juin à septembre, le climat conditionne le remplissage des barrages et la réalimentation de la nappe phréatique. La ville a reçu en moyenne 720 mm d'eau par an entre 1988 et 1998, selon les données fournies par la station météorologique de l'aéroport international de Ouagadougou. Au regard de ces données, on remarque qu'il y a une baisse tendancielle des apports pluviométriques (Graphique 1). On constate par ailleurs de grandes variabilités interannuelles. Si les précipitations évoluent globalement à la baisse, les températures par contre ont sensiblement augmenté entre ces deux dates (Graphique 1). Cette hausse qui peut s'expliquer par le réchauffement climatique à l'échelle mondiale, est susceptible de réduire par évaporation les apports pluviométriques dont dépend l'approvisionnement en eau de la ville de Ouagadougou. Selon CECCHI P. et al. (2005), cette réduction atteint la valeur de 84%. A ces difficultés s'ajoutent celles liées à la nature du socle. Graphique 1: Pluviométrie et température moyennes annuelles de Ouagadougou entre 1988 et 1998
Sur le plan géologique, Ouagadougou repose sur un socle granito gneissique précambrien recouvert par des cuirasses ferrugineuses. Cette structure implique l'affaiblissement de la recharge phréatique déjà évoqué. Toutes ces difficultés dans la mobilisation de la ressource entretiennent le spectre d'une pénurie d'eau à Ouagadougou. Eu égard aux conditions d'urbanisation de la ville, le risque de la pénurie d'eau est d'autant plus réel. II.2. Le poids de l'urbanisationPour bien comprendre la pression qu'exerce la croissance urbaine sur les ressources en eau, il est indispensable de décrire l'évolution spatiale et démographique de la ville. II.2.1. Accroissement démographique urbainDu bourg qu'elle était il y a un peu plus d'un siècle, Ouagadougou est devenue progressivement une agglomération importante même si elle n'égale pas les autres capitales de la sous région telles que Dakar et Abidjan. La croissance démographique qu'elle connaît peut être appréhendée à travers le tableau 2 suivant. Tableau 2 : Evolution de la population de 1960 à 2003
Source : INSD, 20003(*) La lecture du tableau révèle que Ouagadougou double presque son effectif tous les dix ans. La décennie 1975-1985 constitue le véritable moment de l'accélération du processus de peuplement de la ville avec un taux de croissance moyen de l'ordre de 9,4%. Cet accroissement s'explique par les sécheresses qu'ont subi les pays sahéliens au début des années 1970. La ville a en effet suscité alors de nombreux espoirs pour les immigrants (en provenance des villages et des centres urbains secondaires) qui affluèrent en masse dans la capitale à la recherche d'un mieux être dans un milieu plus diversifié. Ce phénomène contribua à porter l'effectif de la ville à 441 514 habitants en 1985. Aujourd'hui, la population de Ouagadougou est plus de vingt fois supérieure à ce qu'elle était à la veille de l'indépendance avec 1 060 000 habitants. Quoiqu'en baisse depuis 1985, le taux d'accroissement moyen (4,4%) demeure élevé et permettrait à la ville de compter près de 2 546 000 d'habitants en 2015 selon la révision 2000 des perspectives mondiales des Nations Unies (ONU, 2005). La traduction la plus visible et la plus évidente de cette impressionnante croissance démographique, réside dans le phénomène d'expansion spatiale qui caractérise la ville. * 3 Les chiffres de 2003 sont des projections. |
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