3. Les réponses des populations
Les réponses des populations se résument d'une
part au remblaiement et à la modification des constructions et d'autre
part au déménagement.
Concernant les remblais, les populations utilisent les
ordures, les résidus de bois et le sable. Elles dépensent des
sommes importantes pour acheter du sable ou payer des charretiers pour
acheminer les ordures servant au remblaiement : « rien que
pour l'année 2002, mon mari a dépensé plus de 150 000F CFA
pour l'achat de charges de sable. Toutes ses économies sont
parties » nous a dit une femme de Darou Salam IV/C. Ces efforts
accentuent la paupérisation des populations qui vivent dans des
situations précaires et qui ont déjà investi dans
l'acquisition de la parcelle et sa construction. Elles s'appauvrissent
d'avantage avant d'aller trouver une autre maison qui dans la plupart du temps
est en location.
La modification des habitations est aussi une réponse
apportée par les personnes qui ont choisi de rester sur le site. Elle
consiste à augmenter chaque année de quelques centimètres
la hauteur de la maison en ajoutant des rangées de briques et en
remblayant le plancher. Ce sont des surcoûts que les populations sont
obligées de supporter pour pouvoir continuer à vivre sur le
site.
La stagnation permanente des eaux oblige certaines familles
à se déplacer. Ainsi d'après le
délégué de quartier, à Médina Gazon, 400
personnes ont déjà déménagé depuis 2000. Ce
déménagement n'est que l'ultime étape du processus car les
chefs de ménage déploient beaucoup de stratégies avant de
se résigner à quitter les lieux.
Le déménagement entraîne la dislocation du
tissu social. En effet l'une des caractéristiques de l'habitat
irrégulier est la solidarité qui trouve son explication dans les
origines de l'occupation. Les populations se sont regroupées par
affinités ou par relations ethnico-religieuses et finissent quelque fois
par reconstituer les liens du lieu d'origine. Le départ de quelques
familles crée une rupture mal vécue.
4. Les stratégies des autorités locales
La gestion de ce type de phénomènes pose
problèmes aux collectivités locales. En effet, malgré le
décret n° 96-1134 du 27 décembre 1996 portant application de
la loi sur le transfert de compétence aux régions, aux communes
et aux communautés rurales en matière d'environnement et de
gestion des ressources naturelles, les autorités municipales sont
impuissantes. La commune d'arrondissement de Yeumbeul Nord en particulier se
trouve être désarmée face à l'ampleur et à la
complexité des inondations qui concrètement dépassent
leurs moyens d'intervention et leur compétence territoriale :
« les populations ne peuvent pas comprendre que la mairie n'a
pas les moyens de lutter contre ces inondations »
d'après le maire de Yeumbeul Nord. En dehors des
remblaiements et de la désinfection effectués de façon
très ponctuelle et localisée avec l'appui des populations, elles
n'ont pas pu mener des actions d'envergure car les niayes en
général constituent un système qui s'étalent sur
plusieurs unités administratives et il n'y a pas de cadre de
concertation pour discuter de ce problème et essayer de trouver des
solutions durables.
La particularité de la région de Dakar en
général est cependant pris en compte dans le plan directeur
d'urbanisme de 2001, qui malgré le transfert de cette
compétence, est prise en charge par l'Etat. L'autre espoir est que l'un
de ces objectifs de ce plan est de créer un cadre pour l'harmonisation
des actions des différents acteurs et faciliter la prise en charge des
problèmes environnementaux.
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