TROISIEME PARTIE :
LES PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX LIES AUX CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU
SOL
L'extension des zones d'habitations dans la région de
Dakar a influencé négativement le cadre de vie des populations.
Il est certes difficile d'analyser tous les problèmes mais certains
d'entre eux sont directement et quotidiennement vécus par les
populations. Nous analyserons dans cette partie : les problèmes
liés aux inondations, à l'assainissement et à la gestion
des ordures ménagères ainsi qu'à la santé des
populations. Pour ce dernier aspect le cas de Yeumbeul sera uniquement
traité du fait de la remise en eau des dépressions depuis 2000.
Chapitre I : LES
INONDATIONS DES SITES D'HABITATIONS
Les inondations sont certes observées dans les deux
sites mais présentent des caractéristiques différentes. La
« recolonisation » des dépressions par l'eau
n'aurait pas été un problème en soi si la niaye en
question n'avait pas fait auparavant l'objet d'une occupation pas le
bâti.
I. LE CAS DE LA GRANDE NIAYE DE
PIKINE
La Grande Niaye comprend à ce niveau des sous
ensembles : la Grande Niaye de Pikine et la Niaye de Hann Maristes, et le
couloir inondable de Dalifort (PASDUNE, 2004).
1. La situation topographique
Dans la Grande Niaye de Pikine, les altitudes varient de 0
à 25 m. La dune qui surplombe dans sa partie Nord et Nord-Est la
dépression de Guenou Mbaw, a une altitude de 16 m, c'est
la dune de Tounde Ndargou ; le site de la Patte d'Oie a une altitude
de 19 m. Le quartier Khar Yalla qui constitue la limite occidentale de cette
niaye, se trouve entre 22 à 25 m d'altitude. Dans la limite
méridionale de la Niaye des Maristes, l'altitude est comprise entre 9 et
16 m.
Au coeur de ces dépressions les altitudes varient de 0
à 8 m ; les parties les plus élevées étant
des lambeaux de dunes ogoliennes. Les dénivellations sont plus
importantes dans la partie septentrionale de la dépression où
elles varient de 19 à 25 m. Le centre est occupé par un plan
d'eau salé. Cette grande dépression située au coeur de la
capitale, était un exutoire d'eaux de ruissellement et d'infiltration.
Avec l'évolution actuelle, elle se trouve enserrée dans
l'étau que constituent les quartiers des départements de Dakar,
Pikine et Guédiawaye.
2. Les inondations dans la Grande Niaye : cas de la
cité Belle Vue
La cité Belle Vue se trouve au Nord Est du parc
zoologique de Hann, au sud de l'autoroute et du quartier de Grand Yoff. Sa
topographie est fortement modifiée par le remblaiement, elle se trouve
entre 9 et 16 m d'altitude soit à la même altitude que la zone de
captage de Grand Yoff mais à une altitude plus élevée que
la zone du parc qui est comprise entre 2 et 8 m. C'est une zone de transition
entre les dunes qui jouxtent la Niaye des Maristes et la dépression du
parc de Hann. La cité Belle Vue est un quartier résidentiel
où toutes les habitations ont au minimum deux niveaux. La cité,
constituée d'une soixantaine d'habitations, est occupée par des
nationaux et des expatriés.
De l'autre côté de l'autoroute, se trouve la zone
de captage qui dans tous les plans directeurs de la capitale est
considérée comme une zone d'infiltration des eaux pluviales.
C'est une zone non aedificandi situé au coeur du
département de Dakar. Elle a la vocation naturelle de collecter les
eaux pluviales et de recharger la nappe phréatique. Cette vocation
conférée d'abord par sa position topographique et de sa situation
géographique était très capitale parce qu'empêchant
à une bonne partie de Dakar d'être inondée en saison des
pluies.
L'inondation de la cité Belle Vue est un fait assez
exceptionnel et même accidentel. En effet, la région de Dakar a
enregistré des pluies exceptionnelles de 255 mm en deux jours (20-21
août 2005). Ces précipitations se sont déroulées en
un moment où la capitale est le réceptacle d'un ensemble de
travaux visant d'une part à améliorer la mobilité urbaine
et d'autre part la disponibilité en logements. Les constructions
produisent un tassement du sol qui entrave l'infiltration des eaux pluviales.
Elles sont aussi, quelque fois exécutées dans des zones impropres
à l'habitat et dont l'aménagement nécessite des
remblaiements. Ces opérations effectués dans la zone de captage,
ont obstrué le passage les eaux de pluies et freiné leur
infiltration. La concentration en un temps réduit de cette
pluviométrie exceptionnelle, a accéléré le
ruissellement d'importants flux vers la cité Belle Vue où dans
certains points bas l'eau est arrivée à plus d'un mètre du
sol (photo 3). La cité se trouve en altitude par rapport au parc de Hann
ce qui explique l'écoulement et la stagnation des eaux dans le parc de
Hann.
L'analyse de ce qui s'est passé à la cité
Belle Vue en 2005, illustre cette pensée de Claval (1986) :
« l'articulation spatiale une fois fixée, dans un
système juridique de monde plein (limites de la mise de valeur
atteinte), il devient difficile de le modifier, car toutes les modifications
intervenues sur les limites d'une aire se répercutent sur les parcelles
voisines, menace leur équilibre... ». En effet, pendant
ces dernières années avec la pression de la demande
foncière et la responsabilisation des collectivités locales, il
se pose un problème de conflits de compétence qui font que
malgré l'opposition affichée de la Direction de l'Urbanisme, des
constructions ont été exécutées dans la zone de
captage. Ces changements ont rompu un équilibre préservé
pendant de longues années. La situation qui en découle
reflète d'une part l'existence de relations de dépendance entre
les zones contiguës et d'autre part l'impact négatif que peut avoir
le manque de coordinations des actions des différents acteurs dans un
même écosystème. La fragilité des équilibres
nécessite donc une prise en considération dans les études
d'impact, des multiples relations qui peuvent exister dans un espace
donné et le respect des règles d'aménagement.
Photo 3: Inondation de la
cité Belle Vue en août 2005
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