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Dynamique de l'occupation sol dans des niayes de la région de Dakar de 1954 à  2003: exemples de la grande niaye de Pikine et de la niaye de Yembeul

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par Aminata DIOP
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - DEA 2006
  

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2. L'impact des plans d'urbanisme sur les changements d'occupation du sol

Les différents plans se sont traduits de façon concrète par l'extension des zones d'habitat et des infrastructures. A partir du plan de 1946 déjà, on assiste à une urbanisation vers l'est de la ville de Dakar et au « grignotage » de l'espace rurale par la ville. L'histoire du peuplement de Pikine est liée à celle de Dakar avec la création de Pikine Dagoudane en 1952 sur un terrain de 223 ha à la suite de déguerpissements de populations à Dakar. Pikine qui s'étendait sur 30 ha en 1954 a vu sa superficie multiplier par plus de quatorze fois en atteignant 433 ha en 1960 (PDU, 1980). Cette tendance s'est maintenue jusqu'en 1968 car avec la saturation du site loti de ICOTAF en 1964, une occupation irrégulière de zones impropres à l'habitat a finit par faire la jonction entre Pikine et les villages traditionnels de Thiaroye et Yeumbeul.

De 1961 à 1980 un certain nombre de zone d'habitations sont aménagées pour satisfaire la demande croissante de logements. La cité Patte d'Oie est crée en 1969 par une société américaine (Builders) après l'achat du titre foncier en 1963 (TF 6800). Elle est suivie de la construction d'un ensemble d'infrastructures sur le site. Ensuite, l'opération initiale Parcelles Assainies est lancée sur 400 ha , un second projet est programmé sur un terrain de 200 ha à Guédiawaye, sur un autre de 100 ha à Dalifort et sur un troisième de 300 ha à Keur Massar (PDU, 1980).

A partir des années 1980, les programmes se multiplient et se concrétisent avec la création des cités SOPRIM, Impôts et Domaines en 1987, de la cité Keur Damel en 1990. En 1992, la cité SOPRIM extension est crée et la cité Al Amal en 1993. Ces créations ont complètement changé l'occupation du sol dans la zone d'étude. Elles posent aussi le problème de leur extension vers les niayes qui se trouvent enserrées dans cet espace. La SCAT Urbam a construit entre 1995 et 2000, 4250 unités d'habitation à Hann Bel Air (IAGU, 2005).

La structure spatiale de la région de Dakar a ainsi fortement changé de 1980 à 2001. En effet, sur un espace de 53640 ha, l'habitat est passé de 9,94 % à 36,29 % ; les espaces boisés, agricoles, inondables et vacants de 78,16 % à 50,81 % (PDU, 2001).

3. Les limites de la planification urbaine

Les différents plans sont confrontés à des contraintes naturelles mais surtout des contraintes foncières vu la particularité du système foncier de Dakar marqué par l'existence d'anciens villages traditionnels.

La mise en pratique et le respect du plan d'urbanisme constituent des faiblesses de la planification. En effet dans tous les plans directeurs, les niayes sont considérées comme des zones non aedificandi du fait de son humidité, de sa vulnérabilité aux inondations et du rôle important qu'elles jouent dans la recharge de la nappe phréatique. Cependant, les anciens propriétaires terriens ont procédé à des ventes de terrains non immatriculées ou dans des zones impropres à l'habitat. Aussi avec la création de quartiers de déguerpis, d'autres établissements humains de type irrégulier se sont développés et bénéficient paradoxalement d'électricité, du téléphone, d'infrastructures sanitaires et éducatives qui finissent par pérenniser leur occupation. Dans le cadre de la décentralisation, quelques quartiers irréguliers sont même érigés en communes d'arrondissement. C'est ainsi que les autorités ont adopté maintenant les opérations de restructuration et de régularisation foncière afin de conformer ces installations aux normes d'urbanisme.

La vocation commune à ces différents plans, est de créer une structure urbaine structurée et équilibrée et qui répond aux besoins d'une population très dynamique. Cependant, son exécution ne manque pas de poser des problèmes vu l'importance des contraintes naturelles et foncières mais aussi par rapport à la multiplicité des acteurs qui agissent et interagissent sur un même espace.

La principale conclusion qu'on peut retenir des changements d'occupation pour les deux zones d'étude est l'avancée du front d'urbanisation matérialisée d'une part par l'extension de l'habitat et, d'autre part par le développement des infrastructures routières. Cependant, ces changements ne se sont pas opérés à un même rythme. La période 1954-1978 est marquée par la prépondérance du facteur naturel qu'est la sécheresse et les mutations sont plus rapides. De 1978 à 2005, la progression du bâti est certes ralentie par la saturation des sites mais s'est faite au détriment de toutes les autres classes d'occupation du sol.

Dans le site de la Grande Niaye, l'extension spatiale dans la dépression est moins importante, le type d'habitat régulier, planifié y est plus répandu. Cependant, les moyens utilisés pour le remblaiement sont plus importants. Par exemple dans la Niaye des Maristes, 23 ha ont été remblayés entre 1998 et 2003 par une société immobilière. Ce qui reste de la niaye est placé sous l'autorité de la Direction des Eaux et Forêts et est ceinturée par une route destinée à la protéger.

Dans le site de Yeumbeul, d'importantes portions de niayes sont occupées par les habitations. Les remblaiements se font de façon individuelle et localisée par les populations. C'est une zone marquée par l'habitat irrégulier. La niaye ne fait l'objet d'aucune protection de la part des autorités administratives et les règles d'urbanisme ne sont pas respectées. Il y a aussi une revitalisation des niayes qui fait que sur de vastes espaces, les habitations sont occupées par les eaux.

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