3. Les perceptions des populations
Les perceptions des niayes sont diverses et restent
liées au niveau de vie des populations et à l'utilisation
qu'elles font de l'écosystème. Ainsi, à Hann Mariste, les
deux catégories de personnes interrogées, résidents et
maraîchers, ont une perception positive de la niaye
considérée comme un espace vert à protéger
malgré certains désagréments (moustiques). Des actions de
surveillance du site par l'interdiction de coupes d'arbres, de constructions
illicites et de dépôts d'ordures sont même établies
par la Direction des Eaux et Forêts, les maraîchers et les
résidents.
Les maraîchers de la Grande Niaye et de Yeumbeul que
nous avons interrogés, soutiennent que la disparition de la niaye
signifierait la perte de leurs activités économiques en pleine
expansion. Dans le contexte actuel de pauvreté, la niaye joue un
rôle primordial parce que les populations ont la possibilité de
pratiquer à la fois et sur un même espace plusieurs
activités. Sur le site de Yeumbeul, certaines femmes rencontrées
se sont organisées en vue de mettre en valeur la zone inondable du lac
Ouarouaye. A cet effet, elles ont suivi une formation en agriculture
au centre horticole de Cambérène. Dans le même ordre
d'idées, les maraîchers de la niaye des Maristes se sont aussi
regroupés en GIE (And SoukhaliNiaye) pour défendre leur
activité.
L'autre perception est très négative pour
l'avenir de la niaye. Pour une partie des résidents, la niaye ne
présente aucun intérêt, dès l'instant qu'ils n'en
tirent pas profit. Ils la considèrent alors comme un endroit qui
n'appartient à personne, un dépotoir d'ordures et qui doit
même disparaître parce que devenue une zone gênante et source
de désagréments. Cette même catégorie soutient que
face à la demande de logement, il est impératif de remblayer la
niaye et d'en faire des zones d'habitations. Cette préoccupation est
ressortie dans le groupe de discussion des hommes à Yeumbeul, dans un
guide d'entretien du quartier Aïnoumadhi II et dans les quatre guides
d'entretien administrés auprès des résidents de Darou
Salam IV/C et V de Yeumbeul. Cette perception négative se reflète
dans l'état actuel des niayes à Yeumbeul, devenues des espaces
rébarbatifs à cause des ordures, des odeurs et des mouches.
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