Chapitre III : LES
FACTEURS ASSOCIES AUX CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU SOL
Dans ce chapitre, les facteurs naturels,
socio-économiques, politiques et administratifs seront analysés.
Il y a cependant une certaine imbrication entre ces différents
facteurs.
I. LES FACTEURS NATURELS
1. La sécheresse
L'évolution des précipitations de 1954 à
2003 indique une très grande variation des précipitations autour
d'une moyenne de 437 mm. Elle fait ressortir l'existence de deux grandes
périodes : une humide de 1951 à 1969 ; une autre plus
sèche de 1970 à 2000 (figure 5). Les déficits les
plus marqués sont survenus pendant la décennie 70-79 avec une
moyenne de 310,07 mm soit 126 mm de moins que la moyenne de la période
de référence. L'année 1972 s'individualise par la
faiblesse de la pluviométrie avec 116.7 mm de pluie. La comparaison
entre la moyenne de la période 1950-2002 et les moyennes
décennales montrent en fait que depuis 1960 toutes les moyennes
décennales sont inférieures à la moyenne 1950-2002, ce qui
confirme la tendance à la baisse.
2. Les conséquences de la baisse des
précipitations
Ø Assèchement de la dépression au cours
des années de sécheresse
Les quantités d'eaux reçues dans les
dépressions par infiltration et par ruissellement ont
considérablement diminué avec la baisse des pluies. Le niveau de
la nappe a donc baissé parce que cette dernière est
essentiellement alimentée par les eaux pluviales. Les inondations des
bas fonds se sont par conséquent estompées. Les sols de la
dépression qui sont habituellement hydromorphes, ont retrouvé
leurs caractéristiques primaires ce qui confirme le caractère
secondaire de l'hydromorphie. Les habitants du quartier Darou Salam IV/C
soutiennent qu'à leur installation en 1985, les sols étaient
très fins et sablonneux.
Ø Dégradation de la couverture
végétale
L'altération des conditions climatique et
édaphique, a entraîné la régression des
espèces ayant des exigences plus grandes en eau. Ce processus s'explique
par la succession d'années sèches qui ont fini par entamer la
résilience de certaines espèces et leur capacité de
régénération. En effet, pendant la période
1969-1985, la sécheresse est devenue un phénomène quasi
persistant (une seule année est excédentaire sur cette
série de 15 ans) hypothéquant ainsi la remise en eau de ces
cuvettes pour de longues années.
La régression des espèces guinéennes est
fortement accentuée par la coupe occasionnée par l'installation
des nouveaux quartiers. En effet les populations de Darou Salam IV/C ont dit
que beaucoup de palmiers situés autour de la dépression ont
été coupées lors de leur installation exposant ainsi les
terres à l'érosion.
Ø La reprise de l'érosion éolienne
Le couvert végétal joue un rôle essentiel
dans la fixation du sol et dans l'infiltration de l'eau de pluies grâce
au développement du système racinaire. La couverture foliaire
sert d'écran à la déflation éolienne et à
l'érosion pluviale protégeant le sol contre l'effet de battance.
Ces éléments favorisent ainsi l'infiltration des eaux aux
dépens du ruissellement. Avec la diminution du couvert
végétal, le sol est devenu de plus en plus exposé à
ces différents agents d'érosion aussi bien en saison sèche
qu'en hivernage. C'est ainsi que les particules sableuses, meubles et pauvres
en matières organiques des dunes sont facilement transportées par
les vents vers les cuvettes. Cet ensablement est un phénomène
très négatif sur le plan agronomique car les dunes sont
constituées de sols très pauvres en matières organiques
surtout dans les horizons de surfaces (PAEP, 2002).
Les effets induits par la sécheresse ont donc
entraîné la libération de vastes espaces nus ou à
très faible couverture végétale. Cette situation survenue
dans un contexte d'afflux de populations vers la capitale et par
conséquent de forte demande foncière a favorisé la vente
de ces espaces et leur occupation à des fins d'habitation.
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