2. La période 1978-2003
Ce sont les dunes, le bâti et les sols nus qui ont
progressé sur les autres classes (figure 12). La progression du
bâti est remarquable avec une hausse de 324 ha soit 144,31 %. L'habitat
s'est étendu et densifié jusque en direction des plans d'eau dont
les surfaces ont augmenté de 46,9 %. Cette hausse s'explique par remise
en eau des mares. Cette revitalisation est confirmée par l'abandon
d'habitations situées dans la cuvette. Le bâti a enserré
les plans d'eau et leur zone d'inondation qui ont perdu 69,11 % de leur
superficie de 1978 à cause des remblaiements. Dans les zones inondables
des lacs Ouarouaye et Youi, se développent
riziculture, maraîchage et arboriculture grâce aux lentilles d'eau
douce dont l'alimentation dépend des fluctuations de la nappe.
Cependant, les espaces cultivés ont régressé de 41,86 %.
Les cultures sur dunes ont disparu le long de la route des niayes, l'espace est
entièrement occupé par les constructions, il ne subsiste que
quelques exploitations dans les petites dépressions.
La végétation située dans la niaye a
aussi diminué de 25,54 ha : les palmiers qui se trouvaient autour
du plan d'eau ont fortement reculé avec l'occupation humaine ; on
ne retrouve plus que quelques individus. Avec la remise en eau de certaines
cuvettes et la stagnation des eaux, il y a une prolifération de
Typha sp jusque dans les habitations.
La superficie des sols nus s'étend au nord des lacs
Tiourour et Ouarouaye, dans l'ancien centre ASECNA et dans le
camp de la Marine. Cependant, ces espaces sont destinés à
l'habitation dans le cadre du relogement des populations des zones
inondées et des attributions de parcelles aux agents de l'ASECNA.
3. L'évolution de l'occupation du sol de 1954 à
2003
Les changements sont marqués par la conquête de
l'espace par le bâti dont la surface s'est accrue de 501 ha soit
près de 12 fois sa surface en 1954, ce qui représente un taux de
croissance de 1072,80 % de la surface bâtie entre 1954 et 2003 ( figure
13). Le bâti couvre désormais les zones dunaires dont la
couverture végétale a diminué de 441 ha soit une baisse de
96,72 % par rapport à la surface de 1954. Il a aussi occupé des
zones inondables qui ont régressé de 44,03 %. Des mares
situées au sud de la route des niayes ont été en partie
remblayées ce qui fait que la superficie des plans d'eau a
diminué de 36,77 ha soit une baisse de 52,88 %.
Au cours de cette évolution, il y a eut une
diversification des types d'habitat. En effet, d'après Wade (1998), il y
a :
- un type villageois autour du noyau traditionnel qui, sur
8 ha, compte quatre quartiers (Santhiaba, Darou Salam,
Ndiobène, Mbayène) et regroupe 5% de la
population ;
- Des lotissements réguliers à
Bène Baraque et Wakhinane et à la cité
SONATEL, sur 75 ha avec 25% de la population de la commune
d'arrondissement ;
- Une zone non lotie dominée par l'habitat
spontané qui en 1996 couvrait une superficie de 160,5 ha et regroupait
70% de la population de Yeumbeul Nord.
Cette situation montre une densification de la population et
du bâti qui occupe plans d'eau et zones inondables. Le plan d'eau est
ainsi enserré par les constructions ; certaines habitations se
trouvant à l'intérieur même de la mare et
entièrement inondées (figure 14). En 2005, trois nouveaux
quartiers se sont ajoutés aux quatre vingt de 1996.
La figure 13 montre l'avancée du bâti d'abord sur
la dune, le long des axes routiers et ensuite vers les dépressions dont
certaines font l'objet d'une occupation effective entre 1978 et 2003.
Figure 13: Progression des
surfaces bâties dans la zone de Yeumbeul de 1954 à
2003
La végétation de la niaye et notamment Elaeis guinensis a subi un grand dommage dans le
processus d'assèchement et d'occupation des anciennes
dépressions par le bâti. Cette unité a ainsi perdu 55,6 ha
soit 58,87 % de sa superficie. D'après le communicateur traditionnel
interrogé à Yeumbeul, ce serait à cause de l'importance
des palmiers à huile que Dialy Bakeu, le fondateur du village avait fait
venir des Mandiagues pour l'exploitation de l'huile de palme. En 1954, la niaye
à Elaeis guinensis était encore humide en saison
sèche (UICN, 2002). Les photos 1 et 2 montre l'état des
palmeraies dans les années 1920 et sa situation actuelle (juin 2005)
Photo 1: Palmeraie dans la
zone périurbaine de Dakar dans les années 1920
Photo 2: Situation
actuelle des palmeraies de Yeumbeul (juin 2005)
.
Figure 14: Etat de
l'occupation de la Niaye de Yeumbeul
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