Chapitre II :
L'EVOLUTION DE L'OCCUPATION DU SOL DU SITE DE YEUMBEUL
I. LES RESULTATS CARTOGRAPHIQUES
La zone cartographiée couvre sur une superficie de 1003
ha, les dunes littorales, le périmètre de reboisement, les lacs
et mares mais aussi des zones de dunes intérieures et une partie du
village de Yeumbeul (figure 11). L'option de cartographier une zone qui
dépasse largement les niayes, répond à une volonté
de montrer l'avancée du front à partir des dunes qui constituent
une menace réelle pour la dépression.
Figure 11: Cartes
d'occupation du sol de la zone de Yeumbeul en 1954 (a), en 1978 (b), et en 2003
(c)
II. LES CHANGEMENTS
D'OCCUPATION DU SOL DANS LA ZONE DE YEUMBEUL
Il s'agit d'établir ici les superficies des
différentes classes d'occupation du sol (tableau 3) et de
procéder à l'analyser de l'évolution entre 1954 et 1978,
1978 et 2003 et 1954 et 2003.
Le tableau 3 représente les superficies
calculées à partir des cartes d'occupation du sol. Il fait
ressortir d'une part les superficies des classes et leur valeur relative par
rapport à la superficie totale de la zone d'étude et, d'autre
part les taux de croissance des différentes classes d'occupation de sol
pour la période 1954-1978, 1978-2003 et 1954-2003.
Tableau 3:
Evolution spatiale des classes d'occupation du sol dans la zone de
|
occsol 1954
|
occsol en 78
|
occsol en 2003
|
TC 1978-1954
|
TC 2003-1978
|
TC 2003-1954
|
type
|
surf en ha
|
%
|
surf en ha
|
%
|
surf en ha
|
%
|
%
|
%
|
%
|
dunes littorales
|
78,55
|
7,84
|
1,00
|
0,10
|
1,81
|
0,18
|
-98,73
|
81,00
|
-97,70
|
bâti
|
46,77
|
4,67
|
224,52
|
22,38
|
548,52
|
54,71
|
380,05
|
144,31
|
1072,80
|
cultures
|
136,61
|
13,66
|
316,16
|
31,52
|
183,8
|
18,33
|
131,43
|
-41,86
|
34,54
|
végétation sur dune
|
456,23
|
45,48
|
227,28
|
1,50
|
14,97
|
1,49
|
-50,18
|
-93,41
|
-96,72
|
végétation de la niaye
|
94,51
|
9,42
|
52,20
|
3,79
|
38,87
|
3,88
|
-44,77
|
-25,54
|
-58,87
|
plan d'eau
|
69,53
|
6,93
|
22,30
|
2,22
|
32,76
|
3,27
|
-67,93
|
46,91
|
-52,88
|
zone inondable
|
67,56
|
6,74
|
122,41
|
12,20
|
37,81
|
3,77
|
81,19
|
-69,11
|
-44,03
|
sol nu
|
39,96
|
3,99
|
14,16
|
7,70
|
77,17
|
7,70
|
-64,56
|
444,99
|
93,12
|
périmètre de reboisement
|
12,99
|
1,30
|
23,19
|
6,68
|
66,96
|
6,68
|
78,52
|
188,75
|
415,47
|
Total
|
1003
|
100
|
1003
|
100
|
1003
|
100,00
|
|
|
|
Yeumbeul de 1954 à 2003
Occsol : occupation du sol
TC : taux de croissance
1. La période 1954 -1978 :
La superficie des surfaces bâties, des zones de
cultures, des zones inondables et du périmètre de reboisement,
s'est considérablement accrue face au recul des espaces couverts par les
dunes littorales, la végétation sur dunes intérieures, la
végétation de la niaye, les plans d'eau et les sols nus (figure
12).
Le bâti a augmenté de 177,8 ha soit 380,05 %, le
long de la route des niayes, sur une dune cernée par deux
dépressions. Cette dune était occupée en 1954 par les
cultures pluviales et par une végétation constituée
d'euphorbiacées (d'après le délégué
de quartier de Aïnoumadhi I). Cette dernière unité a ainsi
perdu 50,18 % de sa superficie de 1954. La poussée du bâti
s'explique par la forte pression démographique. En effet, d'après
Wade (1996) la population de Yeumbeul est passée de 1164 en 1949,
à 3368 en 1970 à 7615 habitants en 1975. Toujours d'après
la même source, la superficie de Yeumbeul a connu la même tendance
évolutive avec 6,80 ha en 1952 et 43,75 ha en 1975.
L'extension des zones de cultures est un fait marquant, 131,43
%. Toutes les zones inondables des lacs sont occupées par les cultures
qui sont étendues sur les espaces dunaires où la nappe est
subaffleurante à certains endroits. Cette avancée est à
mettre en relation avec l'extension du périmètre de reboisement
dont la superficie a augmenté de 78,52 %. Des cuvettes
maraîchères ont ainsi pu être
récupérées et exploitées. Il y a aussi un facteur
socio-économique important évoqué au quartier
Aïnoumadhi II et au cours du groupe de discussion des hommes du quartier
de Aïnoumadhi I. Il s'agit de l'arrivée des migrants agriculteurs
au début des années 1970 et qui faisaient du maraîchage
dans toutes les zones inondables. La superficie de cette dernière
unité a progressé de 81,19 % à la faveur du retrait des
plans d'eau de 67,93 % de sa superficie en 1954. Dans la zone de Yeumbeul, les
lacs et mares étaient assez nombreux avant les années de
sécheresse : les lacs Tiourour, Ouarouaye,
Youi vers l'océan Atlantique ;
Reumbeut, Ganar, Yawax et
Ndianax étaient des marigots situés au sud-est des
lacs. Les anciens marigots sont asséchées et ont
libéré des espaces progressivement occupés par les
cultures et le bâti. Ainsi, le quartier Médina Gazon est construit
dans une partie du lit de l'ancien marigot de Yawax et le
quartier Darou Salam VI dans celui du Reumbeut (après le
communicateur traditionnel interrogé). Les marigots situés
à l'intérieur ont toutes disparu mais l'humidité du sol
est attestée sur la photographie aérienne, par la teinte
foncée des dépressions. Cependant, les personnes
interrogées (5) affirment qu'en 1978, le sol des dépressions
était fin et sec et que l'eau de pluie s'infiltrait facilement
« tout juste après les pluies l'eau, s'infiltrait, il ne
restait que de petites flaques, en saison sèche, le sable était
fin et facilement mobilisé par le vent ». Ils soulignent
même que la dépression était un point de passage qui
abritait même un marché aujourd'hui disparu et une école
abandonnée.
Figure 12: Variation des
classes d'occupation du sol dans la zone de Yeumbeul de 1954 à
2003
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