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Dynamique de l'occupation sol dans des niayes de la région de Dakar de 1954 à  2003: exemples de la grande niaye de Pikine et de la niaye de Yembeul

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par Aminata DIOP
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar - DEA 2006
  

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Chapitre II : L'EVOLUTION DE L'OCCUPATION DU SOL DU SITE DE YEUMBEUL

I. LES RESULTATS CARTOGRAPHIQUES

La zone cartographiée couvre sur une superficie de 1003 ha, les dunes littorales, le périmètre de reboisement, les lacs et mares mais aussi des zones de dunes intérieures et une partie du village de Yeumbeul (figure 11). L'option de cartographier une zone qui dépasse largement les niayes, répond à une volonté de montrer l'avancée du front à partir des dunes qui constituent une menace réelle pour la dépression.

Figure 11: Cartes d'occupation du sol de la zone de Yeumbeul en 1954 (a), en 1978 (b), et en 2003 (c)

II. LES CHANGEMENTS D'OCCUPATION DU SOL DANS LA ZONE DE YEUMBEUL

Il s'agit d'établir ici les superficies des différentes classes d'occupation du sol (tableau 3) et de procéder à l'analyser de l'évolution entre 1954 et 1978, 1978 et 2003 et 1954 et 2003.

Le tableau 3 représente les superficies calculées à partir des cartes d'occupation du sol. Il fait ressortir d'une part les superficies des classes et leur valeur relative par rapport à la superficie totale de la zone d'étude et, d'autre part les taux de croissance des différentes classes d'occupation de sol pour la période 1954-1978, 1978-2003 et 1954-2003.

Tableau 3: Evolution spatiale des classes d'occupation du sol dans la zone de

 

occsol 1954

occsol en 78

occsol en 2003

TC 1978-1954

TC 2003-1978

TC 2003-1954

type

surf en ha

%

surf en ha

%

surf en ha

%

 %

%

%

dunes littorales

78,55

7,84

1,00

0,10

1,81

0,18

-98,73

81,00

-97,70

bâti

46,77

4,67

224,52

22,38

548,52

54,71

380,05

144,31

1072,80

cultures

136,61

13,66

316,16

31,52

183,8

18,33

131,43

-41,86

34,54

végétation sur dune

456,23

45,48

227,28

1,50

14,97

1,49

-50,18

-93,41

-96,72

végétation de la niaye

94,51

9,42

52,20

3,79

38,87

3,88

-44,77

-25,54

-58,87

plan d'eau

69,53

6,93

22,30

2,22

32,76

3,27

-67,93

46,91

-52,88

zone inondable

67,56

6,74

122,41

12,20

37,81

3,77

81,19

-69,11

-44,03

sol nu

39,96

3,99

14,16

7,70

77,17

7,70

-64,56

444,99

93,12

périmètre de reboisement

12,99

1,30

23,19

6,68

66,96

6,68

78,52

188,75

415,47

Total

1003

100

1003

100

1003

100,00

 

 

 

Yeumbeul de 1954 à 2003

Occsol : occupation du sol

TC : taux de croissance

1. La période 1954 -1978 :

La superficie des surfaces bâties, des zones de cultures, des zones inondables et du périmètre de reboisement, s'est considérablement accrue face au recul des espaces couverts par les dunes littorales, la végétation sur dunes intérieures, la végétation de la niaye, les plans d'eau et les sols nus (figure 12).

Le bâti a augmenté de 177,8 ha soit 380,05 %, le long de la route des niayes, sur une dune cernée par deux dépressions. Cette dune était occupée en 1954 par les cultures pluviales et par une végétation constituée d'euphorbiacées (d'après le délégué de quartier de Aïnoumadhi I). Cette dernière unité a ainsi perdu 50,18 % de sa superficie de 1954. La poussée du bâti s'explique par la forte pression démographique. En effet, d'après Wade (1996) la population de Yeumbeul est passée de 1164 en 1949, à 3368 en 1970 à 7615 habitants en 1975. Toujours d'après la même source, la superficie de Yeumbeul a connu la même tendance évolutive avec 6,80 ha en 1952 et 43,75 ha en 1975.

L'extension des zones de cultures est un fait marquant, 131,43 %. Toutes les zones inondables des lacs sont occupées par les cultures qui sont étendues sur les espaces dunaires où la nappe est subaffleurante à certains endroits. Cette avancée est à mettre en relation avec l'extension du périmètre de reboisement dont la superficie a augmenté de 78,52 %. Des cuvettes maraîchères ont ainsi pu être récupérées et exploitées. Il y a aussi un facteur socio-économique important évoqué au quartier Aïnoumadhi II et au cours du groupe de discussion des hommes du quartier de Aïnoumadhi I. Il s'agit de l'arrivée des migrants agriculteurs au début des années 1970 et qui faisaient du maraîchage dans toutes les zones inondables. La superficie de cette dernière unité a progressé de 81,19 % à la faveur du retrait des plans d'eau de 67,93 % de sa superficie en 1954. Dans la zone de Yeumbeul, les lacs et mares étaient assez nombreux avant les années de sécheresse : les lacs Tiourour, Ouarouaye, Youi vers l'océan Atlantique ; ReumbeutGanar, Yawax et Ndianax étaient des marigots situés au sud-est des lacs. Les anciens marigots sont asséchées et ont libéré des espaces progressivement occupés par les cultures et le bâti. Ainsi, le quartier Médina Gazon est construit dans une partie du lit de l'ancien marigot de Yawax  et le quartier Darou Salam VI dans celui du Reumbeut (après le communicateur traditionnel interrogé). Les marigots situés à l'intérieur ont toutes disparu mais l'humidité du sol est attestée sur la photographie aérienne, par la teinte foncée des dépressions. Cependant, les personnes interrogées (5) affirment qu'en 1978, le sol des dépressions était fin et sec et que l'eau de pluie s'infiltrait facilement « tout juste après les pluies l'eau, s'infiltrait, il ne restait que de petites flaques, en saison sèche, le sable était fin et facilement mobilisé par le vent ». Ils soulignent même que la dépression était un point de passage qui abritait même un marché aujourd'hui disparu et une école abandonnée.

Figure 12: Variation des classes d'occupation du sol dans la zone de Yeumbeul de 1954 à 2003

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