3. L'évolution de l'occupation du sol sur l'ensemble
de la période 1954-2003
Le fait marquant est le recul de la totalité des
unités naturelles au profit des unités artificielles (figure 8).
C'est une anthropisation de l'espace qui aboutit à la croissance du
bâti de 1237 ha soit un taux de croissance de 678 % et 8 fois la surface
bâti de 1954 (figure 9). Ce taux de croissance résultant cache une
différence entre les deux périodes. Le taux exponentiel de la
première période s'explique par la non saturation du site et par
la disponibilité d'espace habitable. Par contre, entre 1978 et 2003, le
taux de croissance est plus réduit car l'ensemble des espaces aptes
à l'habitat sont déjà occupés par le
bâti ; les possibilités d'extension sont limitées par
le manque d'espace. La seule alternative reste la densification et les
constructions en hauteur. C'est ainsi qu'émergent les innombrables
immeubles dans presque tous les quartiers de Dakar. Cette situation
obéit à la loi de croissance des populations en présence
d'un facteur limitant évoqué par Ramade (2003). Dans ce contexte,
le facteur limitant pourrait être le manque d'espace habitable.
Figure 9: Evolution des
surfaces bâties dans la Grande Niaye de Pikine de 1954 à
2003
Les plans d'eau avec un taux de croissance résultant de
- 80,36 %, sont marqués par une régression constante sur toute la
période. Cette régression connaît une accentuation au cours
de la deuxième phase (1978- 2003). Les plans d'eau sont
fragmentés et séparés par les cultures, les constructions,
les sols nus et les zones inondables. Cette dernière classe n'a pas eu
une évolution homogène, son extension pendant la période
1954-1978 est surtout le fait de la sécheresse tandis qu'au cours de la
seconde phase l'importance des remblaiements par les sociétés
immobilières a réduit sa superficie.
La végétation de la niaye a augmenté de
25,59 %. Cette croissance liée à la prolifération du
Typha témoigne du changement de qualité des plans d'eau
confirmé par les maraîchers. En effet, avec l'isolement des
niayes il y a une réduction de la recharge et la nappe est
exposée à la forte évaporation qui accroît la
concentration du sel.
Dans la Grande Niaye de Pikine, les utilisations du sol en
2003 sont diverses et posent de plus en plus le problème de sa
conservation (figure 10).
La figure 10 illustre la diversité des utilisations de
la niaye. Il constitue aussi un exemple de niaye amputée par les
infrastructures routières et grignotée par les habitations.
Figure 10: Formes
d'utilisation d'une niaye exemple de la Patte d'Oie et de Hann
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