Chapitre 2 : La représentation des femmes dans
les institutions publiques, les partis politiques et les associations
Les femmes constituent 50.13 % de la
population nigérienne mais elles ne
représentent que 26 % des effectifs de la fonction
publique.
La représentation des femmes est essentielle pour
atteindre un plus grand respect de la dignité humaine et un meilleur
équilibre social. Le Préambule de la CEDEF rappelle à
juste titre que « la discrimination à l'encontre des femmes
viole les principes de l'égalité des droits et du respect de la
dignité humaine, qu'elle entrave la participation des femmes, dans les
mêmes conditions que les hommes, à la vie politique, sociale,
économique et culturelle de leur pays, qu'elle fait obstacle à
l'accroissement du bien- être de la société et de la
famille et qu'elle empêche les femmes de servir leur pays et
l'humanité dans toute la mesure de leurs
possibilités.»
Selon l'article 21, paragraphe 1 de la Déclaration
universelle des droits de l'homme, « Toute personne a le droit de
prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit
directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement
choisis. » Et le paragraphe 2 du même article d'ajouter :
« toute personne a droit à accéder, dans des conditions
d'égalité, aux fonctions publiques de son pays. » Si la
représentation est une nécessité sociale, elle s'appuie
donc sur des droits fondamentaux reconnus aux femmes. Ces droits sont
déclinés par l'article 7 de la CEDEF : « Les Etats
parties prennent toutes les mesures appropriées pour éliminer la
discrimination à l'égard des femmes dans la vie politique et
publique du pays et, en particulier, leur assurent, dans des conditions
d'égalité avec les hommes, le droit :
a) de voter à toutes les élections et dans
tous les référendums publics et être éligibles
à tous les organismes publiquement élus;
b) de prendre part à l'élaboration de la
politique de l'Etat et à son exécution, occuper des emplois
publics et exercer toutes les fonctions publiques à tous les
échelons du gouvernement;
c) de participer aux organisations et associations non
gouvernementales s'occupant de la vie publique et politique du pays.
»
La représentation des femmes dans la
société nigérienne d'une manière
générale est un indicateur pertinent du niveau
d'équité entre les genres dans le partage des rôles et
responsabilités.
Il est particulièrement intéressant à ce
stade de notre étude de jeter un regard sur la représentation des
genres qui nous aidera à mieux appréhender les résultats
concrets, les effets réels des droits politiques reconnus aux femmes
surtout en matière de participation à la gestion des affaires
publiques. Cela permet non seulement d'évaluer la mise en oeuvre des
lois consacrant ces droits politiques mais également d'identifier et
d'apprécier les facteurs d'équité ou de discrimination
à l'endroit des femmes.
Cette analyse nous permettra par la suite de mettre un accent
sur les obstacles majeurs à une représentation plus
équilibrée des genres dans les institutions et les emplois
publics, les partis politiques et associations. Ce qui facilitera la mise en
perspective de quelques pistes d'amélioration sous forme de
recommandations.
Ainsi pour examiner la représentation des femmes du
point de vue de leurs droits politiques, nous mettrons en lumière leur
représentativité au sein de l'administration publique, les
institutions de la République, dans les partis politiques et les
associations d'une part (Section1) et les défis et perspectives
d'amélioration d'autres part (Section 2)
Section - 1 Les femmes dans les emplois publics, les partis
politiques et les associations
Le troisième des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) est de promouvoir l'égalité des sexes
et l'autonomisation des femmes. Selon le Rapport sur les OMD, « donner
aux femmes un pouvoir égal d'intervention dans les décisions qui
influent sur leur vie, du sein de la famille aux instances les plus
élevées du gouvernement, c'est leur donner la clef de leur
autonomie. Or, bien que leur représentation dans les parlements
nationaux augmente régulièrement depuis 1990, elles n'occupent
encore que 16 % des sièges parlementaires dans le monde.
»61
Au Niger, sous la Ve République, la
représentation des femmes a connu une progression dans certains domaines
grâce notamment à la loi sur le quota et à une culture
démocratique qui se renforce de plus en plus en faisant de l'espace aux
associations et ONG de promotion des droits de la femme. Mais cette progression
est encore insuffisante car le rapport entre hommes et femmes, du point de vue
de la participation à la prise de décision,
61 Nations Unies, Objectifs du Millénaire
pour le Développement Rapport 2005, New York 2005, p 14
tant à l'échelle locale qu'au niveau national,
demeure inéquitable. Les hommes étant largement plus
représentés dans les principaux centres décisionnels.
La faible représentation des femmes se remarque aussi
bien au niveau de l'administration et des institutions publiques (A) que dans
les partis politiques et associations (B)
A- Les femmes dans l'administration et les
institutions de la République
Selon les résultats du dernier Recensement
Général de la Population et de l'Habitat 2001, les femmes
représentent 50,13% de la population nigérienne. « Si le
taux actuel de croissance démographique de 3,1% l'an se maintient, la
population féminine atteindrait 8 503 937 en 2015 sur une population
projetée de 16 544 625 habitants. »62 La
représentation des femmes dans les emplois publics ne reflète pas
du tout leur poids démographique dans le pays. Cela influence, du coup,
négativement leur participation à la prise des décisions
et à l'élaboration des politiques même lorsque celles-ci
les concernent comme le montre l'Indicateur de la Participation de la Femme
(IPF) qui mesure la maîtrise que les hommes et les femmes peuvent exercer
sur leur destinée dans les domaines politique et économique .
Selon le cinquième Rapport National sur le
Développement Humain, Niger 2004 du système de Nations Unies
(RNDH), « l'Indicateur de la Participation des Femmes (IPF), qui
traduit les inégalités entre les hommes et les femmes, est
estimé à 0,157 dans le [Rapport National sur le
Développement Humain 2003] (...) L'indice de parfaite
égalité est égal à un. »63
Pour mieux cerner cette réalité, nous allons
examiner la représentation des femmes dans l'administration
générale, les emplois supérieurs de l'Etat, les
collectivités décentralisées et les institutions de la
République.
1) Les femmes dans l'administration publique et les
collectivités locales :
Les femmes représentent 26 % des effectifs de la
fonction publique et 21.7 % des travailleurs du secteur privé et
para-public.64 Mais comme on peut le constater dans le tableau
ci-dessous, elles sont plus représentées dans les fonctions
d'exécution. Selon une étude du Ministère du
Développement Social, de la Population, de la Promotion de la Femme et
de la Protection de l'Enfant (MDS/P/PF/PE), « la "masculinisation" des
responsabilités de l'administration nigérienne est l'expression
du caractère très élevé de l'analphabétisme
des femmes ».65
62 Système des Nations Unies au Niger, 5ème Rapport
National sur le Développement Humain, Niger 2004, p45
63 Ibid.
64 Ibid. p 46
65 MDS/P/PF/PE, Rapport de l'analyse approfondie des
principaux indicateurs de la base de données
désagrégée par sexe, CIERPA-Le Pharaon, Niamey, 2003,
p21
Proportion des femmes selon la catégorie dans la
fonction publique
Catégorie
|
% femmes
|
% hommes
|
Observations
|
Cadres A1
|
12,7
|
87,3
|
Cadres supérieurs
|
Cadres A2
|
21,7
|
78,3
|
Cadres A3
|
18,8
|
81,2
|
Cadres B1
|
21,5
|
78,5
|
Agents d'exécution
|
Cadres B2
|
37,8
|
62,2
|
Cadres C1
|
33,3
|
66,7
|
Cadres C2
|
34,9
|
65,1
|
Cadres D1
|
30,4
|
69,6
|
Cadres D2
|
22,7
|
77,3
|
Auxiliaires
|
21,3
|
78,7
|
|
Source : MDS/P/PF/PE, Rapport de l'analyse
approfondie des principaux indicateurs de la base de données
désagrégée par sexe, janvier-février 2003
L'on remarque aisément que la proportion des femmes est
beaucoup plus importante dans les catégories B2 à D1
correspondant à la majorité des agents d'exécution sans
formation de niveau supérieur. Les femmes sont moins présentes
dans les catégories les plus élevées. Elles ne
représentent que 12 % des A1, la catégorie la plus
élevée, la mieux rémunérée avec plus
d'opportunités d'accéder aux plus hautes responsabilités
et donc les centres de décision de conception et d'élaboration
des politiques.
La loi sur le quota a permis d'assurer une certaine proportion
de femmes dans les conseils municipaux. Le taux de 10 % exigé par la loi
demeure largement insuffisant. Au niveau des emplois supérieurs de
l'Etat, le quota de 25 % n'est pas toujours réalisé. Le tableau
suivant nous donne une idée des écarts par rapport à la
loi sur le quota.
Proportion de femmes dans certains emplois supérieurs
et les collectivités locales
Postes
|
Effectifs
|
Femmes
|
Quota exigé par la loi
|
Sources
|
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Ambassadeurs
|
21
|
3
|
14,29%
|
25%
|
5ème RNDH, Niger 2004
|
Secrétaires Généraux de
Ministère
|
26
|
1
|
7.69 %
|
25%
|
5ème RNDH, Niger 2004
|
Directeurs centraux
|
189
|
35
|
18,52%
|
25%
|
5ème RNDH, Niger 2004
|
Conseillers à la Présidence de la
République
|
19
|
1
|
5,26%
|
25%
|
5ème RNDH, Niger 2004
|
Conseillers des Ministères
|
39
|
6
|
15,38%
|
25%
|
MDS/P/PF/PE, 2003
|
Inspecteurs des Ministères
|
46
|
6
|
13,04%
|
25%
|
MDS/P/PF/PE, 2003
|
Gouverneurs de Région
|
8
|
0
|
0,00%
|
25%
|
5ème RNDH, Niger 2004 et Décret 2006-144 du
05/04/2006
|
Préfets de Département
|
36
|
0
|
0,00%
|
25%
|
5ème RNDH, Niger 2004 et Décret 2006-147 du
05/04/2006
|
Chefs de Postes Administratifs
|
24
|
0
|
0,00%
|
25%
|
5ème RNDH, Niger 2004 et Décret 2006-148 du
05/04/2006
|
Conseillers municipaux
|
3748
|
661
|
17,64%
|
10%
|
CARE International au
Niger, Stratégie d'accompagnement des femmes
élues, 2005
|
Maires
|
265
|
6
|
2,26%
|
Non déterminé
|
CARE International au
Niger, Stratégie d'accompagnement des femmes
élues, 2005
|
Ce tableau nous donne une idée de la proportion de
femmes dans les emplois supérieurs de l'Etat. La représentation
des femmes y est faible voire trop faible en violation de la loi sur le quota.
L'administration territoriale (Gouverneurs de région, Préfets de
département et Chefs de postes administratifs) est complètement
masculinisée. Sous la Ve République une seule femme a
brièvement occupé le poste de Préfet de Région
(actuellement appelé Gouverneur de Région). Elle sera
remplacée par un homme. Depuis, la branche moderne de l'Administration
territoriale ne fait pas mieux que la chefferie traditionnelle, qui elle, est
entièrement contrôlée par les hommes.
Dans un grand nombre de profession, la dispersion
géographique des postes de responsabilité limite leur
accès aux femmes. En effet, « Lorsqu'elles sont mariées,
les femmes ne peuvent plus librement choisir leur domicile ou résidence.
Ce choix revient au mari. »66
66 Ibid. p 63
L'article 15 paragraphe 4 de la CEDEF qui reconnaît
à l'homme et à la femme le droit de « choisir leur
résidence ou domicile » a d'ailleurs fait l'objet d'une
réserve du Gouvernement de la République du Niger qui «
déclare qu'il ne pourrait être lié par les dispositions
de ce paragraphe [article 15 paragraphe 4] notamment qui concernent le
droit de la femme de choisir sa résidence et son domicile, que dans la
mesure où ces dispositions ne concernent que la femme
célibataire. »67 Par cette
réserve, le Niger maintient non seulement les conditions
défavorables à l'accession des femmes à certains postes de
responsabilités géographiquement dispersés, mais il
institue une discrimination entre la femme mariée et la femme
célibataire qui seule, peut décider de changer de
résidence pour par exemple occuper un poste de
responsabilité.
L'on constate que le quota est respecté au niveau des
conseillers municipaux mais avec seulement 2.26 % de femmes au poste de maire,
il est donc aisé de comprendre que les femmes ne disposent pas d'un
poids réel dans la gestion des commune. Cela constitue une des
grandes faiblesses de la loi sur le quota qui n'a pas créé les
conditions d'une plus grande équité entre les genres au niveau
des organes exécutifs des communes. D'ailleurs même au niveau de
l'organe délibérant où le quota est exigé, la
proportion des femmes demeure insuffisante pour influer de façon
significative les choix des conseils qui prennent leur décision à
la majorité, c'est-à-dire avec l'accord des hommes.
L'Analyse du Professeur Abdou Hamani au sujet de la
capacité réelle des femmes ministres à influencer les
décisions du Gouvernement est tout aussi valable au niveau des Conseils
municipaux : « Le nombre est décisif et une petite
minorité de femmes se heurte souvent à de grandes
difficultés dès qu'elle veut se faire entendre
»68.
2) Les femmes dans les institutions de la République :
Il faut rappeler que la loi sur le quota impose un seuil
minimal de représentation des genres au niveau du Gouvernement (25%) et
de l'Assemblée nationale (10%). Les autres institutions ne sont pas
concernées par le quota. Le mode de désignation des membres de
ces institutions obéit souvent à des critères d'ordre
professionnel (Cour Suprême) ou le plus souvent des critères
complexes comportant une phase d'élections à l'intérieur
de structures associatives et professionnelles en dehors du contrôle de
l'autorité de nomination (Conseil Supérieur de la Communication,
Conseil Economique et Social, etc.).
Cela rendrait difficile l'application d'un quota.
Néanmoins, pour garantir une meilleure représentation des femmes,
il est tout à fait concevable de réserver des places aux
67 JORN n°19 du 1er octobre 1999, p
845
68 Hamani Abdou, Op. cit. p 61
organisations féminines ou d'autres structures
représentant les intérêts de la femme comme c'est le cas de
la composition de la Commission Nationale des Droits de l'Homme et des
Libertés Fondamentales.
- Représentation des femmes au Gouvernement
Périodes
|
nombres de Ministres
|
Femmes
|
Sources
|
Nombre
|
Pourcentage
|
1999- 2002
|
23
|
2
|
8,70%
|
MDS/P/PF/PE, 2003
|
2002- 2004
|
28
|
4
|
14,29%
|
Décrets n°2002- 263 /PRN du 08/11/2002 et
n°2003- 284/PRN du 24/10/2003
|
2004 - avril 2006
|
26
|
6
|
23,08%
|
Décret n °2004- 404/PRN du
30/12/2004
|
L'on note une progression constante de la
représentation des femmes dans les différents Gouvernements
successifs de la Ve République qui passe de 8, 7 % en 1999 à
23,08% à partir de la deuxième législature. Il n'en
demeure pas moins que la proportion des femmes ministres est toujours en
dessous du quota légal de 25 %.
En outre, cette progression de la représentation des
femmes au Gouvernement en nombre et en valeur relative ne doit pas cacher la
réalité plus nuancée dans le partage du pouvoir au sein
même du Gouvernement. Il faut constater avec Abdou Hamani que «
les hommes occupent généralement des portefeuilles relatifs
à la production (Finances, Commerce, Transport, Industrie, Mines...) et
les femmes des portefeuilles relevant de la reproduction sociale
(éducation, santé, affaires sociales). Nouvelles venues, elles
sont soumises à des fortes pressions pour accepter les priorités
et les points de vue de la majorité masculine. »69
Le poste de Premier Ministre n'a jusqu'ici été occupé par
une femme.
Sous la Ve République, la présence
prolongée et remarquable d'une femme au portefeuille stratégique
des Affaires Etrangères et de la Coopération mérite
d'être relevée comme une avancée dans la confiance
placée aux femmes.
Les femmes au Gouvernement sont
généralement plus qualifiées que la moyenne des
nigériens et ont toujours au moins une formation ou une
expérience pertinente dans leur domaine d'activité. L'on ne peut
en dire pareillement pour les hommes ministres dont l'accès au
Gouvernement semble plus facile et échappe en tout cas aux exigences
(non écrites) de qualification et d'aptitude auxquelles les femmes sont
apparemment soumises. En l'absence d'une évaluation des
performances ou de mécanismes de sanction de
69 Hamani Abdou, Op. cit. pp 60 - 61
la performance nos ministres (comme dans les grandes
démocraties) il est difficile d'avancer plus loin dans la
comparaison.
- Les femmes au parlement :
Périodes
|
nombre députés
|
femmes
|
nombre
|
Pourcentage
|
Première législature de la Ve République :
1999 - 2004
|
83
|
1
|
1,20%
|
Deuxième législature de la Ve République :
2004 - 2009
|
113
|
14
|
12,39%
|
Les femmes sont 50, 13 % de la population
mais
12.39 % seulement de la
représentation nationale Au parlement
également la présence des femmes a
nettement tendance à s'améliorer. La
première assemblée de la Ve République installée
avant l'adoption de la loi sur le quota ne laissait qu'une seule place aux
femmes. Grâce à la loi sur le quota la proportion de femmes
députées passe de 1,2 % à 12,39 %. Même si ce
rapport est conforme à loi sur le quota, le Niger se situe en dessous de
la moyenne en Afrique Subsaharienne qui est de 14 % de femmes parlementaires en
2005 et de la moyenne mondiale de 16 %70 . La loi sur le
quota est ici respecté mais les résultats ne sont pas
satisfaisants. En effet il y a un vrai problème d'équité
lorsque 50.13 % de la population ne représente que 12.39 % des
députés à l'Assemblée nationale, haut lieu de
représentation du peuple.
La répartition des pouvoirs au sein du parlement montre
une fois de plus que les femmes ne contrôlent pas les décisions
même lorsque le quota légal est réalisé. Le
Président et les Vice-présidents de l'Assemblée ainsi que
les Présidents des groupes parlementaires sont actuellement tous des
hommes. Toutefois deux (2) des sept (7) commissions permanentes de
l'Assemblée sont présidées par des femmes. Il s'agit de la
Commission des Affaires Sociales et Culturelles (CAS/C) et la Commission des
Affaires Générales et Institutionnelles (CAG/I). La Commission
des Affaires sociales et Culturelles comprend à elle seule six (6)
femmes et aucun homme ne siège en son bureau. Cela confirme une certaine
tendance à confiner les femmes dans les activités de
reproduction.
B - Les femmes dans les associations et les partis politiques
L'ouverture démocratique consolidée par la Ve
République a fortement favorisé l'engagement des citoyennes et
des citoyens dans les partis politiques et associations. Les
70 Voir notamment, Nations Unies, Objectifs du
Millénaire pour le Développement Rapport 2005, New York
2005, p 16
femmes, compte tenu de leur capacité de mobilisation et
d'animation sont beaucoup sollicitées par les organisations politiques
et de la société civile. Il faut, à ce niveau, noter une
grande évolution de la position des femmes dans la société
civile où elles contrôlent un grand nombre d'association alors que
dans les partis politiques elles sont plus des mobilisatrices
d'électeurs que des leaders capables d'influencer significativement les
décisions stratégiques. L'analyse de la position des femmes dans
les organes dirigeants des différentes structures nous permet ainsi
d'apprécier le niveau d'équité entre les genres dans la
société civile et la classe politique.
1) Représentation des femmes dans les bureaux des ONG et
associations
Fonctions
|
effectifs
|
Femmes
|
nombre
|
pourcentage
|
Président
|
229
|
45
|
19,65%
|
Vice-président
|
110
|
22
|
20,00%
|
Secrétaire Général
|
160
|
28
|
17,50%
|
Secrétaire Général Adjoint
|
90
|
21
|
23,33%
|
Trésorier Général
|
169
|
59
|
34,91%
|
Trésorier Général Adjoint
|
93
|
29
|
31,18%
|
Secrétaire chargé des relations
extérieures
|
34
|
7
|
20,59%
|
Secrétaires Adjoints chargés des relations
extérieures
|
15
|
4
|
26,67%
|
Source : MDS/P/PF/PE, Rapport de l'analyse
approfondie des principaux indicateurs de la base de données
désagrégée par sexe, janvier -février 2003
L'on remarque que selon les données disponibles, les
femmes sont moins représentées que les hommes dans les postes les
plus importants. Cela se traduit par le nombre important d'organisations
contrôlées par les hommes. Toutefois le nombre important
d'associations et ONG féminines a eu pour effet de donner plus de
visibilité aux femmes au sein de la société civile. Ces
associations sont essentiellement constituées de femmes et se
préoccupent surtout de la promotion de la femme. Cette concentration des
femmes dans la promotion de leurs droits et intérêts leur permet
de se faire entendre mais elle a l'inconvénient de les isoler du reste
de la société civile qui a tendance à reléguer les
droits de la femme au second plan de leurs préoccupations.
Les organisations dites féminines « sont
essentiellement tournées vers la promotion de la femme, qu'elles
considèrent comme un objectif qu'elles ne peuvent réaliser que
dans le cadre d'organisations regroupant des personnes proches d'un point de
vue biologique c'est-à-dire
des femmes. Cette concentration des femmes dans des
organisations féminines s'est faite au détriment de la
participation des femmes aux activités des autres associations et ONG.
»71
2) Représentation des femmes dans les bureaux de cinq (5)
partis politiques représentés à l'Assemblée
Nationale
Fonctions
|
effectifs
|
Femmes
|
nombre
|
pourcentage
|
Membres des bureaux politiques
|
712
|
99
|
13,90%
|
Présidents
|
5
|
0
|
0,00%
|
Vice-présidents
|
39
|
2
|
5,13%
|
Secrétaires Généraux et Secrétaires
aux élections
|
18
|
0
|
0,00%
|
Trésoriers Généraux et Adjoints
|
19
|
2
|
10,53%
|
Secrétaires à l'organisation
|
24
|
1
|
4,17%
|
Source : MDS/P/PF/PE, Rapport de l'analyse
approfondie des principaux indicateurs de la base de données
désagrégée par sexe, janvier -février 2003
La sous représentation des femmes dans les instances
dirigeantes des partis politiques les plus influents est criarde. Minoritaires
dans les bureaux politiques, leur proportion baisse encore au fur et à
mesure que l'on monte dans la hiérarchie. Comme au Gouvernement, les
femmes occupent essentiellement des fonctions considérées comme
féminines (affaires sociales, promotion de la femme, santé,
éducation, etc.). Pour mieux détourner les femmes de la conduite
des orientations et décisions stratégiques, certains partis ont
créé des organisations des femmes dont la présidente est
généralement Secrétaire à la promotion de la femme
dans le bureau politique.
Structures de masse, ces organisations qui sont plus actives
en période électorale et à l'occasion des congrès
sont surtout des structures d'animation et de mobilisation d'électeurs.
Loin de la conception des programmes, elles excellent dans l'organisation des
manifestations folkloriques et récréatives (soirées
culturelles, concerts, tam-tam, etc.) destinées à accroître
la visibilité du parti à travers danses, chants, exhibition
d'habits aux couleurs du parti et souvent à l'effigie de son leader,
etc. Les organisations de femmes de partis s'appuient presque toujours sur les
réseaux sociaux des femmes et leurs familles pour mobiliser des
électrices et électeurs pour les partis.
71 MDS/P/PF/PE, Op. Cit. p 19
Ainsi, « en investissant l'espace public par le code
vestimentaire (boubou avec effigie), par le bruit (musique, chants, ...),
[la femme] participe à la théâtralisation de la
politique, à son inscription symbolique dans le réalité du
terroir en activant comme toujours les leviers de la solidarité, de la
parenté, du voisinage. Mais cette forme de transaction qui relève
de l'initiative des hommes (...) montre que la théâtralisation que
nous avons mentionnée tient beaucoup plus du jeu de marionnette.
»72
Les femmes aident les partis à remplir les salles de
congrès et les bureaux de vote mais c'est aux hommes qu'il appartient de
décider du partage des responsabilités et de l'attribution des
postes acquis grâce à l'effort collectif.
La sous représentation des femmes dans les bureaux
politiques participe du même processus plus général qui a
pour résultat la limitation de l'accès des femmes aux instances
de prise de décision dans la société. Ce processus est
culturel et mental avant d'être politique et social. C'est le principal
défi à relever pour tendre vers une meilleure participation
politique de la femme nigérienne.
|