2.2 L'économie polynésienne: une
économie touristique?
2.2.1 Poids moyen du secteur dans l'emploi
Le secteur touristique employait, en 2006, 14 % de l'emploi
non marchand déclarés à la Caisse de prévoyance
sociale (CPS), contre 12,4 % en 1996. Par ailleurs, la branche «tourisme
» totalisait plus de 17 % de l'ensemble des emplois du secteur tertiaire,
premier employeur local (79% de l'emploi) , ce qui la place en troisième
position derrière l'administration publique et le commerce.
Fig. 9 Part du secteur dans l'emploi
Primaire Industrie Construction
Tourisme
Tertaire Hors tourisme, Hors APU
10%
11%
59%
14%
6%
Source : ISPF- Graphique de l'auteur
2.2.2 Poids faible du secteur dans le PIB
polynésien
Le chiffre d'affaire de l'industrie touristique
(communément appelé recettes touristiques), constitué de
l'hébergement, de la restauration, du transport aérien, de la
location de véhicules et de diverses activités
récréatives ne représente en 2005 que moins de 10% du PIB
marchand de la Polynésie. A titre de comparaison, ce n'est qu'un peu
plus du quart de la part du chiffre d'affaire du commerce dans le PIB
marchand.
En outre, on constate une importance amoindrie du secteur
touristique dans le PIB marchand.
Fig. 10 Part du secteur dans le PIB marchand
18,00%
16,00% 14,00% 12,00% 10, 00% 8,00% 6,00% 4,00% 2,00% 0,00%
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Source : ISPF. Graphique de l'auteur
Avec des recettes touristiques représentant seulement
12 % du PIB et 14 % de l'emploi marchand en 2004, l'économie
polynésienne n'apparaît pas une économie touristique. Une
observation rigoureuse de l'économie polynésienne laisse
apparaitre une grande dépendance vis-à-vis des versements publics
de la Métropole qui représentent 30% du PIB.
Pourtant le gouvernement et le monde économique
polynésiens considèrent le tourisme comme un moteur de
l'autonomie et du développement économique polynésien.
2.2.3 Une vision territoriale du développement
focalisée sur ce secteur
Dans cette sous-partie nous présentons la vision
territoriale du développement afin de comprendre la logique de promotion
du secteur touristique comme moteur de l'autonomie et du développement
économique polynésien. En effet, les politiques d'incitation
fiscale à l'investissement s'appuient sur l'idée selon laquelle
le tourisme représente une part importante des ressources
extérieures ayant un impact non négligeable sur
l'évolution du PIB.
Cette idée est fondée sur les résultats
d'une étude sectorielle des déterminants du développement
économique polynésien. Le schéma suivant
élaboré par C.Vernaudon au cours d'une analyse de
l'économie polynésienne représente le fil conducteur des
politiques de développement mises en place. De cette étude
comptable, les auteurs identifient un certain «coefficient multiplicateur
» des ressources extérieures qui serait compris entre 2.5 et 2.7.
Dans cette optique, le tourisme semblerait donc avoir un impact important sur
le développement
12
polynésien puisqu'il représente 35,4% des
ressources extérieures . Dès lors, le tourisme et les transferts
de l'Etat sont considérés comme les moteurs principaux du
développement économique polynésien. Or, dans une
volonté d'autonomie politique et économique, le tourisme apparait
-compte tenu des ces calculs comptables- comme la réponse aux
problématiques de développement du Pays.
Alors que la Polynésie Française n'apparait pas
comme une économie touristique -en comparaison avec les principales
destinations concurrentes où les touristes sont trois fois plus nombreux
pour des recettes touristiques représentant au moins 30% du PIB marchand
(IEOM rapport 2008)-, les politiques de développement s'orientent vers
une extension du secteur. Ceci est justifié par un calcul comptable qui
donne un poids déterminant au tourisme.
Fig. 11 La vision territoriale de l'économie
Polynesienne
Source : Le développement du tourisme en Polynésie
Française - Présentation 2008
12 Notons que les retraités sont considérés
dans cette étude comme des touristes à l'année.
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