1.2 Défiscalisation locale: la loi Flosse (1995)
1.2.1 Motivations
Du fait du bilan mitigé concernant le dispositif de
défiscalisation métropolitaine en Polynésie, la mise en
place d'un dispositif local s'est imposée. En effet, il semblerait que
celui-ci pourrait être un moteur indispensable, notamment en
intégrant les entreprises polynésiennes à l'effort
d'investissement.
1.2.2 Principes
Le texte de la Loi Flosse est intégré dans le
"Code des Contributions Directes de la Polynésie Française"
(Articles 911.1 à 930.25). Cette loi permet à des
sociétés ou personnes soumises à l'impôt (sur les
sociétés ou sur le CA) en Polynésie française et
investissant dans des projets éligibles de bénéficier d'un
crédit d'impôt proportionnel à leur investissement. Ainsi,
investisseurs et promoteurs se partagent ce crédit d'impôt
accordé par le Territoire. Cet avantage fiscal proportionnel au montant
de l'investissement permet de récupérer entre 15 et 70% de
l'investissement HT réalisé selon les textes en vigueur, en
cumulant les deux dispositifs de défiscalisation.
Le crédit d'impôt bénéficie aux
personnes physiques ou morales redevables de l'impôt sur les
bénéfices des sociétés ou de l'impôt sur les
transactions (impôt sur le CA) qui réalisent un financement dans
un projet d'investissement relevant des secteurs d'activité
éligibles.
Les projets d'investissement doivent faire l'objet d'un
agrément accordé par le Président du gouvernement
après avis de la commission consultative des agréments
fiscaux.
Le crédit d'impôt est imputable dans la limite de
65% de l'impôt sur les sociétés ou de l'impôt sur les
transactions dû, établi au titre de l'exercice de
réalisation du financement. Le solde éventuel du crédit
d'impôt est imputable dans la même limite sur les cinq exercices
suivants.
Notons que tous les projets sont désormais soumis à
un agrément préalable prenant en compte leur intérêt
économique, leur impact sur l'emploi et sur l'environnement en plus des
conditions initiales d'éligibilité.
a. Secteurs éligibles
La défiscalisation locale constitue un crédit
d'impôt pour le financement de tout projet d'investissement
réalisé en Polynésie française dans les secteurs
:
- de la construction de logements et de résidences pour
les personnes âgées,
- de la construction de logements intermédiaires
destinés à l'accession directe à la
propriété,
- de la construction de logements intermédiaires
destinés à la location,
- de la construction, de la rénovation ou de
l'agrandissement d'hôtel,
- de la construction de parking,
- des autres constructions immobilières,
- de la construction de navire de croisière, - de la
création de golf international,
- de la construction de clinique privée, - de l'industrie
extractive,
- de l'industrie agroalimentaire,
- de l'aquaculture et de la pisciculture,
- de la construction de navires de pêche.
b. Modalités d'investissement
Pour ouvrir droit au crédit d'impôt, le montant du
financement réalisé dans le projet d'investissement
agréé doit être égal ou supérieur
à:
- 10 millions de francs CFP pour les personnes soumises à
l'impôt sur les bénéfices des sociétés; - 5
millions de francs CFP pour les personnes soumises à l'impôt sur
les transactions.
c. Avantages de la loi Flosse
Secteur éligibles
|
Seuil d'investissement
|
Crédit d'impôt
|
Avantage minimum promoteur
|
Construction de logement et de résidences pour personnes
âgées
|
1 milliard (hors foncier)
|
30%
|
18%
|
Construction de logements intermédiaires destinés
à l'accession directe à la propriété
|
150 millions
|
45%
|
27%
|
Construction de logements intermédiaires
destinés à la location
|
150 millions
|
45%
|
27%
|
Construction, agrandissement et rénovation
d'hôtels
|
Construction: 1 milliard (hors terrain)
|
60%
|
36%
|
|
Rénovation: 200 millions
|
|
|
Construction de parking
|
100 millions
|
Aérien : 40%
|
24%
|
|
|
Souterrain:
|
36%
|
|
|
60%
|
|
Autres constructions immobilières
|
500 millions hors foncier plusieurs tranches possibles
|
30%
|
18%
|
Construction de navires de croisière
|
<50 millions par cabine <2 milliards
|
40%
|
24%
|
Construction de golf international
|
1 milliard (assise foncière incluse)
|
50%
|
30%
|
Construction de clinique privée
|
1 milliard cinq cent millions
|
40%
|
24%
|
|
(hors terrain)
|
|
|
Investissement dans l'aquaculture et la pisciculture
|
100 millions terrain pris pour 1/4 du montant gloabl
|
40%
|
24%
|
Investissement dans l'industrie extractive
|
1 milliard (hors foncier)
|
40%
|
24%
|
Investissement dans l'industrie agroalimentaire
|
300 millions (hors terrain)
|
40%
|
24%
|
Construction de navires de pêche
|
100 millions
|
25% si = 20
|
15%
|
|
|
mètres
|
30%
|
|
|
50% si >20 mètres
|
|
1.2.3 Les conditions d'application du dispositif «
Flosse » au secteur hôtelier
Le financement réalisé dans un projet de
construction, d'agrandissement, de rénovation, d'amélioration, de
transformation ou de modernisation d'hôtel ouvre droit à un
crédit d'impôt représentant 60 % du montant de
l'investissement. Toutefois, l'obtention d'un tel crédit d'impôt
est soumise à certaines conditions. Le coût total du projet, hors
la valeur du terrain qui n'est pas prise en compte, doit être égal
ou supérieur à un milliard de F CFP pour la construction d'un
hôtel et à 200 millions de F CFP pour ce qui concerne les
dépenses de rénovation, d'amélioration, de transformation,
ou de modernisation de la structure hôtelière existante. En outre,
tout projet d'agrandissement d'hôtel existant doit porter sur la
construction de 20 % au moins de chambres supplémentaires.
L'investissement ouvrant droit à crédit
d'impôt comprend le coût du terrain ou la valeur cumulée sur
les cinq premières années des loyers et du droit d'entrée
en cas de location du terrain, la construction, l'installation, les
agencements, le mobilier et les matériels concourant à
l'exploitation, mais ne comprend ni le mobilier de loisirs, ni les
matériels de transport et de loisirs. Le bénéfice du
crédit d'impôt est par ailleurs subordonné à
l'engagement pris par la société réalisant le projet de
maintenir l'affectation de l'immeuble à sa destination
hôtelière pendant une période minimum de cinq années
suivant celles du début de son exploitation.
Lorsque des investissements sont réalisés dans
le cadre de la loi de défiscalisation métropolitaine Girardin, la
société polynésienne qui exploite effectivement
l'hôtel (directement, au travers d'un contrat de location ou d'un mandat
de gestion) peut obtenir une exonération du paiement de l'impôt
sur les transactions, de l'impôt sur les sociétés ou de
l'impôt minimal forfaitaire. Cette exonération s'applique au
résultat induit par l'opération de cession initiale de l'ensemble
immobilier achevé, aux produits de gestion de l'hôtel
et aux produits financiers6.
1.2.4 Le mécanisme-type du dispositif «
Flosse » appliqué à un projet hôtelier
Une société « investisseur »,
détentrice de positions fiscales significatives, se rapproche d'un
promoteur polynésien réalisant un projet d'investissement
hôtelier éligible au dispositif «Flosse ».
Une convention est signée entre les deux parties :
l'investisseur s'engage d'une part à investir une certaine somme dans le
projet, en contrepartie de laquelle il obtient un crédit d'impôt
correspondant à son investissement, et d'autre part à abandonner
une fraction de cet investissement au profit du promoteur. Le
bénéfice du crédit d'impôt est acquis au titre de
l'année au cours de laquelle l'investissement est
réalisé.
Il convient de noter que l'investisseur est tenu de maintenir
son investissement jusqu'à réception du certificat de
conformité. Dès la réception de ce certificat,
l'investisseur rétrocède au promoteur la totalité des
actions ou du compte courant représentatif de son investissement
moyennant une décote permettant ainsi le partage de l'avantage fiscal
entre le promoteur et l'investisseur.
Ainsi, l'investisseur qui désire
bénéficier de ce crédit d'impôt prend une
participation minoritaire dans une société hôtelière
et le promoteur du projet s'engage à racheter, dès la fin de la
construction, les actions de la société « investisseur
» à un prix fixé par contrat (environ 68 % de la somme
investie) de telle sorte que l'investisseur gagne 60 % de crédit
d'impôt moins 32% (100 - 68=3 2) et la société
hôtelière 32 % de la somme provisoirement investie par
l'investisseur.
L'intervention de l'investisseur n'est que provisoire puisqu'il
cède ses parts à la fin de la construction. Elle aura permis de
réduire le coût de l'investissement de 32 %.
Normalement, afin d'optimiser le bénéfice de ces
opérations, les sociétés apportent leur financement en fin
d'année afin de pouvoir imputer directement le crédit
d'impôt obtenu. Mais d'autres modalités peuvent être
envisagées comme celle qui prévoit un investissement quelques
semaines voire quelques jours avant la délivrance du certificat de
conformité. Ainsi, à quelques jours de l'échéance,
le risque de non-aboutissement du projet est quasi -nul et l'obtention du
crédit d'impôt devient donc immédiatement
définitive.
6 Seuls les produits financiers générés par
les sommes données en garantie et prévues dans l'agrément
bénéficient de cette exonération
De 1996 à 2003, les investisseurs ont pu
bénéficier d'un montant global de crédits d'impôt
dans le secteur de l'hôtellerie de 28,95 milliards de F CFP, soit plus de
65 % de l'ensemble des crédits tous dispositifs compris. En 2003, 249
millions de F CFP de crédits d'impôt ont été
autorisés dans le cadre de l'application du dispositif «Flosse
» au secteur de l'hôtellerie, soit près de 90 % de l'ensemble
des crédits tous secteurs confondus.
Source : IEOM- Les notes de l'institut d'émission- Le
tourisme en Polynésie Française de 1996 à 2003
1.2.5 Cumul défiscalisation métropolitaine
et défiscalisation locale
Ainsi un promoteur pourra bénéficier d'une aide
allant jusqu'à 66% de son investissement. Les 34% restants devant
être financés par ces propres moyens (fonds propres, emprunts,
É).
On constate dans les deux cas, que les secteurs qui en profitent
le plus sont: l'hôtellerie et les activités liées au
tourisme, l'industrie, la pêche, les transports, le logement et les
énergies renouvelables.
Notons que les dispositifs de défiscalisation ne sont
pas simultanés: si l'aide locale arrive au début des travaux,
l'aide métropolitaine se manifeste à la fin (sauf exception faite
par la DGI). En outre, compte tenu des contraintes territoriales, si
l'enveloppe consacré à la défiscalisation et trop
importante, l'ensemble des fonds liés à la défiscalisation
locale risque d'être débloqués sur plusieurs
année.
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