Chapitre 4 : Méthodologie de recherche
Le chapitre 4 renseigne sur les différents outils et
méthodes utilisés pour collecter les données et analyser
les résultats de recherche.
4.1 Phases de l'étude
La démarche méthodologique qui a conduit aux
résultats de cette étude comporte essentiellement trois phases
complémentaires :
- la phase documentaire ;
- la phase exploratoire ou pré-enquête ;
- la phase d'enquête fine.
4.1.1 Phase documentaire
Cette étape a été consacrée
à la collecte, à l'exploitation, à l'analyse et à
la synthèse de la documentation disponible sur la consommation des
cultures maraîchères en Afrique et au Bénin. Elle a permis
de faire le point des connaissances sur le maraîchage en
général et sur la consommation maraîchère au
Sud-Bénin en particulier. Cette phase s'est étalée sur
toute la période d'étude. Plusieurs bibliothèques et
centres de documentation ont été mis à contribution pour
la collecte de l'information afin de rédiger une revue de
littérature sur le thème de la recherche. Il s'agit entre autres
du centre de documentation de l'IITA, la bibliothèque de la FSA (BIDOC)
et les bibliothèques du Ministère de l'Agriculture de l'Elevage
et de la Pêche (MAEP), du centre culturel américain et de
l'Institut National de la Recherche Agronomique du Bénin (INRAB).
L'internet a été une source d'informations très importante
tout au long de cette étude.
4.1.2 Phase exploratoire
Au cours de cette phase, les principaux sites de production du
Sud-Bénin ont été visités. Des entretiens de groupe
ont été organisés avec des maraîchers des
différents villages et villes visités, afin de recueillir des
informations générales sur les types de légumes qu'ils
cultivent et surtout sur les clients (revendeurs et consommateurs) qui viennent
s'approvisionner chez eux. Quelques entretiens individuels avec des acheteurs
s'approvisionnant sur les sites de production nous ont permis
d'améliorer le questionnaire afin de mieux l'affiner pour la phase
d'enquête. Ces entretiens ont également permis d'identifier les
principales caractéristiques des légumes et de connaître
leurs lieux de vente dans les
différentes localités. Les structures
d'encadrement telles que les Centres Communaux et Régionaux pour
Promotion Agricole (CeRPA et CeCPA) ont été sillonnées
pendant cette phase afin d'avoir des informations complémentaires sur la
production et la consommation des légumes. Les résultats de
l'étude documentaire et de la phase exploratoire ont été
exploités dans l'élaboration du questionnaire administré
aux consommateurs, au cours de la phase d'étude approfondie.
4.1.3 Phase d'enquête fine
Elle a duré un mois et demi (Juillet à mi-
Août), et a été consacrée à la collecte des
données auprès des consommateurs des villages et quartiers de
villes retenus. Il s'agit des informations qualitatives et quantitatives,
collectées auprès des consommateurs individuels,
sélectionnés suivant des critères définis à
l'issue de la phase exploratoire.
Les informations recueillies lors de la phase exploratoire
sont analysées pour servir d'indicateurs pour l'élaboration du
questionnaire, principal outil de la collecte des données. Le
questionnaire exécuté lors de cette première phase
concerne les consommateurs des légumes. Les principales informations
recueillies durant la phase de collecte des données se rapportent aux
caractéristiques socio-économiques des consommateurs, à
leurs perceptions sur les légumes consommés, leur connaissance
sur les différentes méthodes de lutte (pesticides chimiques et
botaniques) utilisées par les producteurs contre les ravageurs, leur
préférence et leur consentement à payer les légumes
sains.
4.2 Echantillonnage et choix des unités de recherche
L'échantillonnage représente une étape
cruciale de toute recherche socio-économique, car il conditionne la
validité des résultats. L'exigence de la
représentativité de l'échantillon impose une rigueur dans
le choix des unités de recherche. Pour la présente étude
dont le domaine de validité s'étend à l'ensemble du
Sud-Bénin, le choix des unités d'enquête a
été raisonné de façon à prendre en compte la
diversité des situations géographiques et des types de
consommateurs.
4.2.1 Choix des villages et villes d'étude
Les études antérieures sur le maraîchage au
Sud-Bénin (PADAP, 2003 ; Adorgloh-
Hessou, 2006 ; Assogba-Komlan et al., 2007),
distinguent globalement trois grandes zones de production
maraîchère et par conséquent de consommation en se basant
sur des critères tels que le site agro écologique, les
caractéristiques socio-économiques du milieu, les principales
spéculations développées, etc. Ces résultats ont
été confirmés par la phase exploratoire.
L'échantillonnage comporte trois zones de consommation de légumes
:
- la zone de bas-fonds, regroupant la Vallée de
l'Ouémé, et représentée par la commune d'Adjohoun
et la zone rurale de la commune de Grand Popo ;
- la zone côtière située dans la zone des
pêcheries et qui regroupe les communes de SèmèPodji, et de
Grand-Popo.
- La zone intra-urbaine du sud du Bénin et qui concerne
les villes de Cotonou située dans la zone des pêcheries et de
Porto-Novo située dans la zone des terres de barre.
Ce découpage a servi de point de départ pour
l'échantillonnage. Il a permis de choisir les localités devant
servir de cadre pour les enquêtes. Les principaux critères de
choix des villages et des villes sont :
- la zone de production : ce critère
répond à la nécessité de représentation des
catégories retenues à l'issue du découpage. Il offre une
garantie suffisante de fiabilité et de validité des
résultats.
- l'importance relative du maraîchage au niveau des
villages ou des villes : cette importance est appréciée
à partir de la combinaison de deux paramètres à savoir les
superficies exploitées et le nombre d'exploitations
maraîchères.
- la demande des produits maraîchers par les
consommateurs : la demande de plus en plus forte en produits
maraîchers en raison de la croissance démographique (Cotonou) et
de la proximité des zones productrices avec le Nigeria (Adjohoun, de
Porto-Novo et de Sèmè) et avec le Togo ou le Ghana (Grand-Popo)
constituent d'énormes potentiels marchés régionaux
à part les marchés nationaux. Selon Adorgloh-Hessou (2006), la
demande de légumes subit un accroissement de 3% toutes les
années. Cette situation confère à la production de
légumes, une grande place dans l'économie nationale. Ainsi il y a
une clientèle potentielle qui achète et consomme des gammes
variées de légumes (exotiques et/ou locaux) dans les
différentes zones enquêtées.
Par ailleurs, le choix de ces trois grandes zones nous
permettra d'éviter les effets d'homogénéité qu'on
rencontre souvent avec une seule zone et qui porterait des limites aux
résultats escomptés de la recherche.
4.2.2 Choix des consommateurs de légumes
Il a été demandé à chaque
fournisseur de légumes de donner une liste exhaustive de ses clients
fidèles. Le choix des consommateurs a été fait de
façon raisonnée pour prendre en compte la diversité des
types de légumes consommés dans les différentes
localités. Pendant la phase d'enquête fine, une
pré-typologie a été systématiquement
élaborée au niveau de chaque village ou ville pour identifier les
types de consommateurs en se basant sur des critères tels que,
l'âge et le sexe des consommateurs, leur lieu de résidence qui
témoigne de leur niveau d'aisance, le lieu d'approvisionnement. Les
unités de recherche ont été choisies de façon
aléatoire à l'intérieur des catégories
identifiées. Il s'avère que les consommateurs fidèles sont
pour la plupart des femmes.
A l'issue de la phase d'enquête, au total cent quarante
(140) consommateurs de légumes ont été
enquêtés dans les trois zones sus-indiquées à raison
de soixante dix sept (77) dans la zone intra-urbaine, vingt deux (22) dans la
zone de bas-fonds et quarante et un (41) dans la zone du cordon littoral. Le
tableau suivant présente la répartition de l'échantillon
selon les localités retenues.
Tableau 4 : Répartition des unités
de recherche par zones d'étude
Zones d'étude Communes Quartiers Nombre
d'enquêtés
|
|
Chapitre 4 : Méthodologie de recherche
|
|
|
|
|
|
|
Akpakpa
|
13
|
|
Cotonou
|
Saint Michel
|
14
|
Intra urbaine
|
|
Vèdoko
|
13
|
|
|
Cadjèhoun
|
12
|
|
|
Avakpa
|
7
|
|
Porto novo
|
Akron
|
8
|
|
|
Ouando
|
10
|
|
|
Ekpè
|
10
|
Cordon littoral
|
Sèmè- podji
|
Sèmè gare
|
10
|
|
Grand popo
|
Grand popo
|
21
|
|
|
Adjohoun
|
7
|
Bas-fonds
|
Adjohoun
|
Agonli-lowé
|
5
|
|
Grand popo
|
Gnito
|
10
|
TOTAL 140
Source : Enquêtes, Juillet-Août
2008
4.3 Méthodes et outils de collecte des données
La qualité des données obtenues dépend
des méthodes et outils mis en oeuvre pour la collecte. Ainsi, dans le
cadre de cette étude, différentes méthodes faisant appel
à des outils variés ont été utilisées pour
la collecte des données, compte tenu du degré de précision
escompté.
- Les entretiens non structurés
: cette méthode de collecte ne nécessite pas un
outil particulier et permet d'obtenir des informations d'ordre
général sur un groupe. Elle a été utilisée
pendant la phase exploratoire pour recueillir des informations d'ordre
général auprès des maraîchers ou des agents des
Centres Régionaux de Promotion Agricole (CeRPA), des Centres Communaux
de Promotion Agricole (CeCPA) ou autres structures d'encadrement des
maraîchers afin d'aboutir aux consommateurs, objets de cette
étude.
- Les entretiens semi-structurés
: ils exigent comme outil, le guide d'entretien qui comporte les
principaux thèmes à aborder avec l'enquêté ou le
groupe d'enquêtés. Cette méthode a été
surtout utilisée pour les entretiens de groupe réalisés
avec les différents acteurs de la filière pendant la phase
exploratoire. Exploitant minutieusement les résultats de la revue
documentaire et les termes de référence, deux guides d'entretien
semistructuré ont été confectionnés. L'un à
l'endroit des maraîchers et des consommateurs (en
focus-group), et l'autre à l'endroit des structures
d'interventions identifiées dans les différentes zones.
- Les entretiens structurés :
cette méthode consiste en l'élaboration préalable d'un
questionnaire qui sera strictement suivi lors de l'entretien. Cette
méthode a été utilisée au cours de la phase de
collecte des données. Elle permet d'obtenir des données d'un
niveau de précision plus élevé, auprès des
consommateurs individuels (voir questionnaire en Annexe 1).
4.4 Méthodes et outils d'analyse des données
Les données collectées ont été
saisies et traitées par le chercheur à l'aide des logiciels
suivants : Excel 2007, SPSS 16.0 et STATA 9. Toutes les productions
statistiques (les fréquences, les tableaux croisés, les moyennes,
les écarts - types, les sommes, les minima et les maxima), ont
été calculés avec le logiciel SPSS (Statistical Package
for Social Sciences). Les graphiques ont été produits grâce
au logiciel Excel. L'analyse des données s'est basée surtout sur
des méthodes économétriques notamment, le modèle de
régression logistique (Modèle Probit). Le logiciel
économétrique STATA a été utilisé pour
estimer le modèle. On s'intéresse, aussi, à la validation
du modèle, aux signes attendus, à la valeur des coefficients
ainsi qu'aux variables jugées significatives dans le modèle.
L'interprétation du modèle retenu a été faite pour
conclure notre analyse.
4.4.1 Hiérarchisation des attributs
Au niveau de chaque consommateur, les attributs ont
été hiérarchisés en utilisant le rang moyen. Le
test de concordance de Kendall a été utilisé pour
confirmer les choix des consommateurs. Si la valeur coefficient de Kendall
s'approche de 1, on peut conclure que les classements concordent plus.
4.4.2 Modèle d'analyse du consentement à payer
La théorie du bien-être permet de savoir à
quoi correspond le consentement à payer (CAP) maximal de l'individu,
pour un accroissement de la fourniture d'un bien (Brown & Champ, 1996). Le
CAP est égal au surplus compensateur, c'est-à-dire à la
diminution de revenu qui permet de conserver le niveau d'utilité
initial, lorsque la quantité et/ou la qualité d'un bien augmente
(Blamey & Common, 1995). Il peut être recueilli à l'aide de
plusieurs procédés : soit par une question ouverte, soit par une
question fermée, soit enfin par un système d'enchères. Le
choix de l'une ou de l'autre de ces procédures conditionne le
traitement
des données. Cette étude détermine les
facteurs qui influencent le CAP des consommateurs pour les légumes sains
afin de réduire les risques de maladies. A cet effet, le modèle
économétrique Probit a été utilisé.
4.4.2.1 Le modèle Probit
Divers modèles économétriques peuvent
être utilisés, pour identifier les déterminants du
consentement à payer les légumes sains. Le modèle le plus
utilisé pour analyser les consentements, exprimés sous forme de
variable binaire (Oui ou Non), est le modèle Probit. Il a
été utilisé auparavant pour les études biologiques,
mais il a un champ d'application très vaste : sociologie, psychologie et
plus récemment en économie (Maddala, 1983 ; Gourieroux, 1989 et
Doucouré, 2001). Houéyissan (2006) a utilisé le Probit
pour analyser le consentement à payer les semences des
variétés améliorées de riz dans le
département des Collines au Bénin. Coulibaly et
al., (2006) ont appliqué le Probit pour évaluer les
perceptions des producteurs de légumes au Bénin et leur
consentement à payer les biopesticides.
Pour mieux expliciter ce modèle, considérons un
individu i cherchant à opérer un choix entre deux
produits (légumes sains et légumes traités aux produits
chimiques). L'individu choisit le produit qui optimise sa fonction objectif
Ui. Cette fonction (Ui) peut être l'utilité, le
gain espéré, le profit ou un autre indicateur d'objectif selon
l'application particulière.
Posons Yi=1 si l'individu a un consentement à
payer le légume sain et Yi=0 dans le cas contraire;
Ui1 la valeur de l'objectif dérivée du choix
du légume traité au biopesticide et Ui0 celle
dérivée du choix alternatif. Pour un individu rationnel, la
décision de choix s'opère de la manière suivante :
1 si Ui1 = Ui0
Yi = (1)
0 si Ui1 = Ui0
Ui n'est pas observable. Notons-le par un indice de gains
Id (utilité ou profit).
Id â i X iK (2)
=
k
XiK est la valeur de la variable k pouvant
déterminer le choix fait par i. On a :
Pi = F(Xi'â) ; avec F, le symbole d'une fonction
de probabilité appropriée ; Pi, la probabilité pour que
l'individu i choisisse l'alternative 1, en l'occurrence, le légume sain
; 0 =
Pi = 1.
La référence théorique ci-dessus
présentée est fondée sur le principe de
rationalité. En fait, on parle de Probit lorsque la loi de
probabilité utilisée est la loi normale. Dans le cadre de la
présente étude, le modèle Probit est utilisé pour
estimer les déterminants du consentement des consommateurs à
payer ou non les légumes sains.
De façon mathématique le modèle Probit est
représenté comme suit :
â X i 2
1 - t
ö â
( )
X = exp dt (3)
i 2 Ð 2
- 8
Où (ßXi) représente, suivant la loi
de distribution normale, la probabilité que l'individu i paye
pour le légume sain ;
ß est un vecteur de coefficients à estimer ;
Xi est un vecteur de caractéristiques de
l'individu i ;
t est une variable aléatoire distribuée suivant une
loi normale ; exp est une fonction exponentielle.
La probabilité de payer les légumes sains suit
la distribution normale qui s'allonge entre - 8 et ß Xi. Plus
grande est la valeur de ßXi, plus il est possible pour un
consommateur d'avoir une bonne volonté à payer le légume
sain.
Soit l'équation de régression logistique suivante
:
Y= bo + b1X1 + .... + bnXn + åi = f(Xi, åi) (4)
Où
Y est la variable dépendante
Xi est la matrice des variables susceptibles d'expliquer la
variation de Y, i est l'exploitant. åi est l'erreur logistique de la
distribution.
L'analyse des résultats de ce modèle porte
essentiellement sur la détermination de la qualité du
modèle et la signification des coefficients estimés.
4.4.2.1 Qualité du modèle
Plusieurs techniques sont utilisées pour juger de la
qualité du modèle. Contrairement aux régressions
classiques où un test unique F suffirait pour tester la qualité
de l'estimation,
pour le Probit et le Logit, il n'existe pas de test unique
optimal (Amemiya, 1981). Ce dernier conseille alors de choisir 2 à 3
tests parmi les tests disponibles et de comparer les statistiques pour
décider de la spécification donnant la meilleure estimation. Dans
le cadre de cette étude, nous utiliserons les tests tels que : le test
du Ratio du Maximum de Vraisemblance (RMV) ou LR test (likelihood
ratio test), et le coefficient de détermination R2. La
méthode du maximum de vraisemblance (RMV) ou LR test telle que
définie par Greene (2003), sera utilisée pour estimer le
modèle Probit. Ainsi, elle peut être donnée par la
vraisemblance du modèle qui suit une loi de Chi-deux. Le modèle
est dit globalement bon, lorsque la valeur de la vraisemblance est
supérieure à celle du Chi-deux au même degré de
liberté à un seuil donné (1%, 5% ou 10%), ou directement
lorsque la probabilité de LR est inférieur au seuil de
signification choisi.
Le test RMV est basé sur l'hypothèse selon
laquelle, tous les coefficients (à l'exception de la constante) sont
égaux à zéro. Dans ce cas le RMV est donné par :
RMV=- 2 [(LogL(0) -
LogL(â)].
Cette statistique suit la loi de Khi-deux à k
degrés de liberté (avec, k est le nombre de
variables introduites dans le modèle). Le critère de
décision est : « si RMV > ÷2 de la
table,
alors on rejette l'hypothèse selon laquelle tous les
coefficients ân sont égaux à zéro.
Pour le coefficient de détermination multiple
R2, plus R2 est élevé, plus l'estimation
est meilleure, c'est-à-dire plus les variables incluses dans le
modèle expliquent les variations de la variable dépendante.
4.4.2.2 Signes et signification
Les signes indiquent dans quel sens la variation de la
variable explicative influe sur la variation de la variable expliquée. A
chaque signe des coefficients, est associée une signification qui
revêt une grande importance. Le test sur les signes permet de
vérifier si les signes des paramètres concordent avec ceux
prédits par la théorie ou les hypothèses de base.
4.4.2.3 Spécification du modèle
La variable dépendante est si oui ou non le
consommateur est disposé à choisir les légumes sains afin
de réduire les risques de maladie. Pour les légumes sains, cette
variable est notée SAFELEG. SAFELEG prend la valeur 1 pour un
consommateur qui consent à payer un légume sains afin
d'éviter les intoxications et 0 dans le cas contraire.
Dans l'étude de la demande, plusieurs auteurs ont
distingué diverses catégories de facteurs pouvant influencer la
décision des consommateurs. Verbeke (2000), dans son modèle de
comportement du consommateur face à un aliment distingue trois
catégories de facteurs qui influencent la décision du
consommateur. Il s'agit des facteurs environnementaux, les facteurs relatifs
à la personne et les propriétés liées à
l'aliment. De plus, le processus de prise de décision, de jugements et
de choix, est affecté par la variété des stimuli venant de
l'environnement, aussi bien par les processus internes que par les
caractéristiques des consommateurs eux-mêmes.
D'après la FAO (1995) et Amoussouga (2000), la demande
d'un produit alimentaire est fonction de plusieurs variables: le prix du
produit considéré, les prix des produits complémentaires
ou de substitution, les revenus, certains paramètres
démographiques, les goûts et habitudes et les
caractéristiques liées au produit. En fait, le nombre de
catégories de facteurs distingués, dépend du type de
produit étudié. Ainsi, pour cette étude, nous distinguons
deux catégories de facteurs :
- les facteurs propres aux consommateurs enquêtés
(facteurs socio-économiques) - les facteurs liés aux produits
(évaluation des caractéristiques du légume par les
consommateurs).
Les différentes variables considérées,
leur niveau de mesure ainsi que les signes espérés pour le
consentement à payer les légumes traités aux biopesticides
(SAFELEG), sont présentés dans le tableau 5.
Tableau 5 : Liste des variables
indépendantes
Variables Désignation Mesure Explication et
niveau de mesure Signes attendus
Sexe de l'enquêté SEX Binaire 1=homme; 0=femme -
Age de l'enquêté AGE Continue Mesure en nombre
d'années de vie +
Taille du ménage FSIZE Continue Mesure en nombre de
bouches à nourrir +
Zone agro écologique ZAGROC Nominal 1= bas-fonds ;
2=cordon littoral ; 3=intra urbaine +
Revenu mensuel du ménage REVMENS Ordinale 1=<20000;
2=20000-40000; 3=40000-100000; +
4=100000-150000; 5=>150000
Niveau d'éducation INSTRU Nominal 0=non scolarisé ;
1= primaire ; 2=secondaire ; +
3=supérieure
Origine du consommateur ORIGIN Nominal 1=autochtone ;
0=allochtone +
Statut matrimonial MSTAT Binaire 1=marié ; 0= veuf ou
célibataire ou divorcé +/-
Importance accordée au prix des légumes
Importance accordée au légume frais
Importance accordée à l'apparence du
légume
Importance accordée à la disponibilité du
légume Importance accordée au goût des légumes
Expérience dans la consommation de légumes
PRICE Binaire 0= non ; 1=oui +
IMPLEFRA Binaire 0= non ; 1=oui +
IMPAPAR Binaire 0= non ; 1=oui +
IMPDISPO Binaire 0= non ; 1=oui +
IMPGOU Binaire 0= non ; 1=oui +
EXPCONS Continue Mesure en nombre d'années +
Facilité à préparer IMPCOOK Binaire 0= non ;
1=oui +
Importance accordée à la taille des TAILLE Binaire
0= non ; 1=oui +
légumes
Importance accordée à la couleur COULEUR Binaire 0=
non ; 1=oui +
des légumes
Réduction des risques de maladies RISK Binaire 0= non ;
1=oui +
Source : Enquête Juillet-Août 2008
SEX : variable muette qui indexe le genre du
consommateur. Il prend la valeur 1 si le consommateur est un homme, et 0 si
c'est une femme. Selon la littérature, la femme est
souvent victime de discrimination en ce qui concerne
l'accès à l'information et aux inputs externes (Dey, 1981). Il
est émis l'hypothèse que le sexe peut influencer
négativement le consentement à payer les légumes puisse
que ce sont les femmes qui achètent le plus souvent les
légumes.
AGE : cette variable continue mesure
l'âge du chef de ménage. Plus ce dernier est âgé,
plus il aura conscience des avantages liés à la consommation des
légumes sains et le souci de préservation de sa santé et
de celui de son ménage en réduisant les risques d'intoxication.
Il est émis l'hypothèse selon laquelle l'âge est
positivement corrélé à l'utilisation des légumes
sains.
FSIZE : Mesure la taille du ménage de
la personne enquêtée. Une grande famille a souvent assez de
bouches à nourrir. Avec une grande taille de ménage le chef de
ménage aurait plus tendance à privilégier la
quantité plutôt que la qualité (légumes sains). Un
signe négatif est donc attendu à ce niveau.
REVMENS : cette variable ordinale mesure le
revenu mensuel de chaque consommateur. Selon PAPA (2006), plus le revenu d'un
consommateur est élevé plus il aura tendance à consommer
les légumes sains. Alors, un signe positif est donc attendu pour cette
variable.
INSTRU : c'est une variable nominale qui
meure le niveau d'instruction des consommateurs. Plus le consommateur est
instruit, plus il sera adverse aux risques de maladies et aura tendance
à consommer les légumes sains. Selon Allomasso et al.,
(2006) cette variable influence négativement l'acceptation des
légumes sains.
ORIGIN : cette variable binaire nous indique
si le consommateur est un autochtone ou un allochtone. Des études ont
montré que les autochtones ont surtout tendance à adopter les
innovations (Nkamleu and Adesina, 1998). Il est émis l'hypothèse
que la variable ORIGIN est positivement liée à l'utilisation des
légumes sains.
MSTAT : cette variable désigne le
statut matrimonial du consommateur. Il s'agit d'une variable binaire qui prend
la valeur 1 si le consommateur est marié et 0 si le consommateur est
soit célibataire, divorcé ou veuf. Selon Allomasso et
al., (2006), cette variable peut affecter positivement ou
négativement le consentement à payer les légumes sains.
ZAGROC : cette variable muette identifie les
zones agro écologiques enquêtées. Elle prend la valeur 1
au niveau des bas-fonds, 2 au niveau du cordon littoral et 3 au niveau intra
urbain. Les individus situés dans les milieux ruraux ont plus
tendance à privilégier la quantité de
nourriture plutôt que la qualité. Il est alors
émis l'hypothèse que le choix des légumes sains sera plus
élevé en milieu urbain qu'en milieu rural.
EXPCONS : c'est une variable continue qui
mesure le niveau d'expérience des consommateurs dans la consommation des
légumes. Plus le nombre d'années de consommation est
élevé, plus l'individu aura l'aptitude de juger de la
qualité du légume. Comme l'ont notifié Coulibaly et
al (2006), un signe positif est attendu pour le compte de cette
variable.
PRICE : c'est une variable binaire qui prend
la valeur 1 si le consommateur accepte de payer plus cher le légume sain
et 0 dans le cas contraire. Un signe positif est attendu car un légume
sain contribue à éviter les maladies (PAPA, 2006).
Les variables suivantes représentent les
caractéristiques propres aux légumes. Il s'agit de la
fraîcheur du légume (IMPLEFRA), de son apparence
(IMPAPAR), de son goût (IMPGOU), de son
aptitude à vite cuire (IMPCOOK), de sa taille
(TAILLE) et de sa couleur (COULEUR). Ce sont
toutes des variables binaires qui prennent la valeur 1 si le consommateur les
choisit comme attribut qu'il préfère au niveau du légume
et 0 dans le cas contraire. Selon PAPA (2006), un signe positif est attendu
pour chacun des attributs car, si un individu préfère un produit,
il le choisit.
4.5 Limites de la recherche
Les problèmes majeurs rencontrés lors de la
collecte des données sont relatifs à la méfiance et la
disponibilité des consommateurs. Les consommateurs sont plus
réticents et méfiants à donner des informations. En effet,
ils pensent qu'ils ne gagnent rien en retour et parfois certains pensent qu'il
s'agit d'une enquête pour le compte des services d'impôts. Les
informations recueillies dans le cadre de cette étude proviennent
essentiellement des déclarations des enquêtés. Il
paraît important de préciser que les consommateurs
interviewés sont ceux qui étaient présents sur le terrain
lors de l'enquête et disposés à fournir des informations.
Pour contourner ces problèmes, beaucoup de consommateurs ont
été questionnés afin d'avoir une gamme variée
d'opinions à propos de la perception des consommateurs sur les
légumes sains.
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80 70 60 50 40 30 20 10 0
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Femme Homme
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Bas-fonds Cordon littoral Intra urbaine
Zones agro écologiques
54
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