B. Le Lodévois : Un territoire en
reconversion.
Dès la fermeture de l'usine de la Cogema en 1997, le
Lodévois plonge dans une crise socio-économique profonde. Mais
cette crise n'est pas la première qui fragilise Le lodévois...
Pour comprendre la situation de actuelle du Lodévois, il est
nécessaire d'étudier les bases de sa construction.
a. Une construction territoriale héritée d'un
passé industriel.
Lodève est une ville de 7000 habitants, sous
préfecture du département de l'Hérault. Elle a, comme de
nombreuses petites villes languedociennes, une position géographique
médiane entre arrière pays (au pied du Larzac) et avant pays
(45min de la mer).
Les limites naturelles, historiques ou administratives du
territoire lodévois se recoupent. Ainsi, les limites naturelles sont
généralement celles du bassin hydrologique de la Lergues, qui
correspondent, à peu près, à l'ancien
évêché ou à l'arrondissement actuel de
Lodève. Ainsi, la plaine alluviale de l'Hérault fait office de
limite au sud et le Pas de l'Escalette et la « frontière
départementale » avec l'Aveyron en est la limite nord.
Les prémisses de l'époque industrielle de
Lodève apparaissent au XIIIe siècle. Lodève était
à l'époque une place stratégique et le lieu d'importants
marchés avec des produits céréaliers de la plaine et les
produits issus de l'élevage au nord. C'est cette position qui lui assura
pendant des siècles sa prospérité. A cette période,
le travail de la peau des moutons des causses aveyronnais se faisait de
manière artisanale par de nombreux lodévois. C'est le cardinal de
Fleury, natif de la ville, qui fit de l'activité textile la
première grande activité « industrielle » de la ville
au XVIIIème siècle. En effet, il octroya à la ville la
fourniture en uniformes des armées françaises. Cependant, la
ville produisait des richesses par le biais de cette seule industrie textile,
qui de plus avait été développé par des facteurs
exogènes au territoire. C'est au début du XIXème
siècle que la ville de Lodève est promue sous-préfecture.
Le XIXème fut marqué par le déclin de l'activité
textile après 100 ans de prospérité et de richesse pour la
ville. De cette époque de prospérité, il subsiste encore
aujourd'hui les maisons de maîtres et hôtels particuliers
construits par les riches marchands facturiers. La reconversion de cette
industrie se fit pendant près de 50 ans autour des tanneries et des
mégisseries. Celle-ci fournissait notamment la ville de Millau
spécialisée dans l'industrie du
gant. Les anciens ateliers de fabriques et les mégisseries
cesseront donc entièrement leurs activités au début du
XXème siècle à la fin de la première guerre
mondiale.
Cette première industrie développée
à Lodève s'est cependant fait une réputation puisque la
ville a enregistré, en 1966, la création de l'Atelier National de
la Savonnerie rattaché à la manufacture des Gobelins à
Paris. Destinée à l'origine à fournir du travail aux
femmes des Harkis ayant quitté l'Algérie après
l'indépendance, les lissiers de Lodève y réalisent des
copies à l'identique de tapis anciens et tissent des ouvrages d'artistes
contemporains. Leur production est inscrite aux inventaires du Mobilier
National et demeure propriété de l'état.
Il fallut attendre longtemps aux lodévois pour voir
renaître une activité industrielle importante à
Lodève. En effet, durant plus de 50 ans, il n'y a pas eu de secteur
industriel suffisant pour enrichir la ville. Ce n'est qu'en 1966 que la ville
de Lodève décrète l'autorisation d'une concession pour
l'exploitation de l'uranium par la Cogema. Le territoire du Lodévois a
la particularité d'avoir l'ensemble de la série stratigraphique
au niveau géomorphologique du primaire de l'extrémité de
la montagne noire au quaternaire de la plaine héraultaise.
L'exploitation s'est donc toujours logiquement faite dans cette zone. La plus
récente et la plus importante ressource exploitée autour de la
ville de Lodève est l'uranium par la Cogema. Son extraction a
été l'une des richesses de ce territoire pendant près de
25 ans. Cependant, la durabilité de cette exploitation était
limitée (et connue d'avance) pour durer deux décennies. Or,
Lodève a appuyé son développement économique de
manière quasi exclusive sur cette mono activité exogène
(puisque entièrement gérée par la Cogema) rentable mais
pas durable. L'exploitation employait plus de 800 personnes pendant près
de 20 ans et a progressivement baissé son effectif même si
à l'arrêt d'exploitation en 1997, il restait « encore »
250 salariés.
Cette nouvelle et dernière crise de l'industrie dans la
région fut un coup critique pour l'économie et
l'expérience de la fermeture de l'usine de la Cogema avec les
licenciements qui en découlaient laisse des traces négatives pour
un éventuel renouveau industriel. Des leçons sont à en
tirer : une pluriactivité industrielle est fondamentale pour ne pas
retomber dans une crise.
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