2) La pertinence des objectifs
intermédiaires et de l'objectif final
La stratégie adoptée par la BEAC se
matérialise par le choix de deux objectifs intermédiaires et d'un
objectif opérationnel. Cette stratégie vise à atteindre le
taux de couverture extérieure de la monnaie voulu et à rester
dans les proportions d'inflation souhaitées. Les deux objectifs
intermédiaires sont : le taux de croissance des crédits
à l'économie et le taux de croissance de la masse
monétaire (M2 dans la zone CEMAC). L'objectif
opérationnel est l'objectif de refinancement
a. Les objectifs
intermédiaires
Le premier constat qu'on peut faire c'est que ces objectifs
intermédiaires appartiennent effectivement aux quatre types
d'indicateurs (ces indicateurs ont été précisés
dans la partie théorique) pouvant servir d'objectif
intermédiaire. D'autre part, les crédits à
l'économie et l'agrégat M2 sont effectivement
corrélés à l'inflation. Ils sont donc un bon
reflet de l'objectif final. Toutefois, leur pertinence est limitée.
En ce qui concerne les crédits à
l'économie, ils sont accordés par les établissements de
crédit qui raisonnent en terme de marge. Ces établissements de
crédit peuvent donc pratiquer un rationnement du crédit en
période de baisse des taux d'intérêt ou, inversement,
distribuer largement du crédit en période de restriction de taux
s'ils ont conscience que leurs marges vont s'améliorer. Leur
maîtrise par la BEAC pose donc des problèmes parce que le niveau
de crédit à l'économie qu'elle fixe (pour pouvoir
atteindre ses objectifs d'inflation) ne dépend pas en fin de compte
d'elle.
Le second objectif intermédiaire représente une
norme de progression de la masse monétaire (M2 dans la zone
CEMAC). Or, la zone BEAC est dans un régime de change fixe. De ce fait,
elle n'a pas le contrôle total de sa masse monétaire car celle-ci
est déterminée par les soldes de la balance des paiements. En
effet, dans les économies où la flexibilité du taux de
change est limitée, la balance des paiements est un facteur de
création ou de contraction de la masse monétaire. Elle permet
à l'offre de monnaie de s'adapter à la demande. Ainsi, l'offre de
monnaie est endogène car l'économie peut se refinancer à
l'extérieur. Le taux de progression de la masse monétaire n'est
donc pas non plus sous le contrôle total de la BEAC
Cependant, l'objectif opérationnel permet de surmonter
ces limites
b. L'objectif de refinancement.
i) L'encadrement de l'inflation dans la
Zone à travers l'objectif de refinancement
L'objectif de refinancement désigne le potentiel de
liquidités que l'Institut d'Emission peut injecter dans
l'économie des Etats membres, sans remettre en cause les grands
équilibres macroéconomiques. L'objectif de refinancement est un
objectif opérationnel. Il représente finalement
l'élément le plus important de la régulation de la
liquidité bancaire et le seul que la BEAC maîtrise et
contrôle pleinement. Il permet véritablement d'encadrer
l'inflation dans la zone BEAC. En effet, si on suppose que l'inflation à
une origine purement monétaire et que la détermination de
l'objectif de refinancement est bien faite, alors il ne pourra pas y avoir
d'inflation tant que ce seuil sera respecté.
Mais l'objectif de refinancement révèle deux
problèmes.
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