ii) Les
révélations de l'objectif de refinancement
L'analyse de l'objectif de refinancement montre les
disparités entre les économies de la CEMAC et le faible niveau de
refinancement
- Les disparités entre les économies de
la CEAMC
Quand on observe la répartition de l'objectif de
refinancement, on est surpris de constater, comme le montre le tableau
N°7, qu'il est assez disparate d'un pays à l'autre.
Tableau 7: Répartition
de l'objectif de refinancement (Montants en millions de FCFA)
PERIODE
PAYS
|
DEC 05
|
MARS 06
|
JUIN 06
|
SEP 06
|
DEC 06
|
CAMEROUN
|
6 000
|
6 000
|
6 000
|
6 000
|
6 000
|
CENTRAFRIQUE
|
8 000
|
8 000
|
8 000
|
8 000
|
8 000
|
CONGO
|
6 000
|
6 000
|
6 000
|
6 000
|
6 000
|
GABON
|
8 000
|
8 000
|
8 000
|
8 000
|
8 000
|
GUINEE EQUATORIALE
|
500
|
500
|
500
|
500
|
500
|
TCHAD
|
15 000
|
15000
|
15000
|
15000
|
15000
|
ZONE CEMAC
|
43 500
|
43 500
|
58 500
|
58 500
|
58 500
|
Source : Auteur sur la base des bulletins
du marché monétaire des mois d'octobre 2005, et de janvier,
avril, juillet, octobre 2006
L'objectif de refinancement au Tchad pendant le second
semestre de l'année 2006 était de 30 000 millions de francs
cfa pendant qu'en Guinée Equatoriale il était de 500 millions de
francs cfa. Le graphique N°1 nous donne une meilleure perception de cette
disparité considérable
Graphique 2:
Répartition de l'objectif de refinancement du troisième trimestre
2006
On se serait attendu à ce qu'il se dégage dans
une zone intégrée à peu près le même besoin
de liquidités mai, tel n'est pas le cas. Les disparités
observées dans la répartition de l'objectif de refinancement sont
dues au fait que le potentiel économique de ces pays est
différent d'un pays à l'autre, de sorte qu'ils ont donc des
besoins de liquidité distincts.
Toutefois, les écarts constatés dans
l'allocation de l'objectif de refinancement par pays montrent que la
régulation de la liquidité bancaire menée par la BEAC est
en cohérence avec leur cadre macroéconomique. Nous prendrons par
la suite le cas du Tchad, dont l'objectif de refinancement est passé de
15 000 millions de francs cfa (premier trimestre 2006) à
30 000 millions de francs cfa (deuxième trimestre 2006), pour
soutenir cette affirmation.
- Le faible niveau de refinancement
Le niveau d'utilisation de l'objectif de refinancement
révèle que les banques ne se refinancent presque pas. Le tableau
8 présente le taux d'utilisation de l'objectif de refinancement durant
le premier semestre de l'année 2006. Le taux d'utilisation de l'objectif
de refinancement est le rapport total des injections (Guichet A et B) sur
l'objectif de refinancement.
Tableau 8: Taux d'utilisation
de l'objectif de refinancement au cours de l'année 2006
PAYS
MOIS
|
CMR
|
RCA
|
CONGO
|
GABON
|
GE
|
TCHAD
|
ZONE
|
JANVIER
|
3,95%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
100,43%
|
35,18%
|
FEVRIER
|
4,08%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
101,24%
|
35,47%
|
MARS
|
4,50%
|
0,65%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
100,59%
|
35,43%
|
AVRIL
|
4,68%
|
2,73%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
90,66%
|
47,34%
|
MAI
|
5,00%
|
0,05%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
99,81%
|
51,71%
|
JUIN
|
4,98%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
83,00%
|
43,08%
|
JUILLET
|
4,72%
|
0,05%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
81,62%
|
42,41%
|
AOUT
|
5,08%
|
0,14%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
70,51%
|
36,70%
|
SEPTEMBRE
|
5,20%
|
0,21%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
46,63%
|
24,48%
|
OCTOBRE
|
5,30%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
46,46%
|
24,37%
|
NOVEMBRE
|
5,58%
|
4,03%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
40,83%
|
22,06%
|
DECEMBRE
|
6,02%
|
2,29%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
39,43%
|
21,15%
|
Source : Auteur, sur la base des bulletins
du marché monétaire des mois de janvier à décembre
2006
Le graphique N° 2 permet de visualiser la faible
utilisation de l'objectif de refinancement.
Graphique 3: Taux
d'utilisation de l'objectif de refinancement
Les banques de la Guinée Equatoriale n'ont d'ailleurs,
depuis l'ouverture du marché monétaire, jamais
soumissionnées aux appels d'offres positifs. Les montants de
refinancement utilisés pour ce tableau correspondent aux moyennes
mensuelles.
Les pourcentages supérieurs à 100 s'expliquent
par le mécanisme d'interventions ponctuelles. Ainsi par exemple, au
cours du mois de janvier 2006, deux interventions ponctuelles avaient eu lieu
en faveur d'une banque tchadienne. Cela confirme également que la
régulation de la liquidité bancaire tient compte du cadre
macroéconomique de chaque pays. En effet, durant le premier trimestre
2006, les banques tchadiennes étaient impliquées dans le
financement des campagnes cotonnières. L'économie tchadienne
avait donc un besoin élevé de liquidité et c'est en
réaction à ce besoin que l'objectif de refinancement au Tchad est
passé de 15 000 millions de francs CFA à 30 000
millions de francs CFA.
D'une manière générale, il y a une faible
utilisation de l'objectif de refinancement qui traduit le fait que les banques
de la zone sont pour la plupart « hors banque ». on peut
encore dire qu'elles n'ont pas besoin de refinancement parce que la
création monétaire est marginale à leur niveau. Cette
conclusion confirme encore que l'inflation qui règne dans la Zone ne
peut être attribuée uniquement à une origine
monétaire.
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