Analyse critique de la régulation de la liquidité bancaire par une banque centrale communautaire et sa contribution au processus d'intégration régionale: Le cas de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC)( Télécharger le fichier original )par Nina Madeleine Welakwe Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise en Economie de Gestion 2006 |
Section 2 : avantages, inconvénients, limites et contraintes de la régulation de la liquidité bancaire de la BEACLes développements porteront sur la réalisation de l'objectif final et la pertinence des objectifs intermédiaires (paragraphe 1), sur l'équilibre au sein du marché monétaire (paragraphe 2) et sur l'efficacité des instruments (paragraphe 3). Paragraphe 1 : L'impact du cadre institutionnel, les limites de la maîtrise de l'inflation et la pertinence des objectifs intermédiairesA- L'impact du cadre institutionnelParmi les principes de base qui constituent le cadre institutionnel de la politique monétaire de la BEAC, la parité fixe a un effet particulier sur la régulation de la liquidité bancaire. La parité fixe signifie que le franc CFA est rattaché à l'euro par un taux absolument fixe puisqu'il n'est pas côté sur le marché des changes. L'une des conséquences de la fixité du taux de change est que contrôle de la masse monétaire par la BEAC est restreint. En effet, la BEAC ne peut pas recourir à l'objectif du taux de change comme variable de régulation de la liquidité intérieure. En effet, en régime de change fixes, la masse monétaire est endogène (COMMISSION ECONOMIQUE DES NATIONS UNIES POUR LAFRIQUE, 2004). C'est donc la variation des prix qui entraîne une augmentation de la masse monétaire et non l'inverse. B- La maîtrise de l'inflation et la pertinence des objectifs intermédiaires1) La maîtrise de l'inflationL'objectif final de la politique monétaire de la BEAC, à l'instar de la majorité des banques centrales dans le monde, est la stabilité des prix. Or, la politique monétaire de la BEAC est menée à travers la régulation de la liquidité bancaire. En d'autres termes, la régulation de la liquidité bancaire faite par la BEAC a pour but de garantir la stabilité des prix. Les deux indicateurs qui sont suivis à cet effet sont : le taux de couverture extérieure de la monnaie29(*) qui doit être d'au moins 20% et la progression du niveau général des prix dont la norme communautaire est fixée à 3% au maximum. Ce second indicateur représente l'objectif annuel de la BEAC en terme d'inflation. On retrouve ainsi la première étape de la régulation de la liquidité bancaire, conformément à celle présentée dans la partie théorique. Toutefois, il faudrait voir si cet objectif est atteint. Le Tableau 5 présente l'évolution de l'inflation dans la Zone CEMAC de 2001 à 2006. Tableau 5: Taux d'inflation dans la CEMAC (2001-2006)
Source : Services de la BEAC On constate que dans certains pays, le taux d'inflation est supérieur à la norme communautaire de 3%. On pourrait donc conclure que la régulation de la liquidité bancaire menée par la BEAC ne permet pas de contenir l'inflation. Mais, il serait hâtif de faire une telle déduction. En effet, la faible distribution de crédit (cette affirmation sera justifiée par la suite) qui prévaut dans la zone BEAC fait que l'inflation qui se manifeste dans certains pays (Guinée Equatoriale) ne saurait avoir uniquement une origine monétaire. Elle peut-être une inflation importée et la régulation de la liquidité bancaire ne peut la contenir. Ceci confirme bien, comme nous l'a enseigné la théorie, que les autorités monétaires ne peuvent pas, à elles seules, lutter contre l'inflation. Dès lors, on pourrait comprendre pourquoi la BEAC associe à l'objectif d'inflation un objectif de stabilité externe de la monnaie. Le tableau 6 présente l'évolution du taux de couverture extérieure de la monnaie pour la période allant de 2001 à 2006. Tableau 6: Taux de couverture extérieure de la monnaie dans la CEMAC (2001-2006)
Source : Services de la BEAC Il apparaît dès lors que la stabilité externe de la monnaie est maîtrisée par la BEAC. En effet, le taux de couverture extérieur de la monnaie se situe (dans tous les pays) bien au dessus de la norme communautaire qui est de 20%. En définitive, l'objectif de stabilité monétaire est principalement réalisé à travers la stabilité externe de la monnaie. * 29 Le taux de couverture extérieure de la monnaie est le rapport entre les avoirs officiels bruts en devises (ils comprennent le solde créditeur en Compte-d'Opérations, les avoirs en devises, l'encaisse-or, les avoirs en DTS, la souscription de la quote-part au FMI en devises) et le total des engagements à vue de la Banque Centrale (circulation fiduciaire, solde débiteur en Compte-d'Opérations , compte-courants et dépôts des institutions financières et des Trésors publics). |
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