Paragraphe 3 : Economie politique de l'intégration
A- La profondeur de l'intégration
Dans une union douanière, le traitement des
consommations intermédiaires importées des pays tiers peut
induire des distorsions importantes de concurrence et nécessite la mise
en place de « règles d'origine » pour gérer
les échanges commerciaux à l'intérieur de l'union. Ces
règles qui ne sont pas nécessaires dans une union
douanière, conduisent à une augmentation des formalités
administratives aux frontières internes de l'union et influencent
négativement les flux commerciaux.
B- La mise en oeuvre des réformes et l'engagement
politique
La mise en oeuvre des réformes, en particulier en
matière de politique commerciale, est souvent entravée par la
croyance qu'elles peuvent être réversibles. L'adaptation aux
réformes comporte des coûts, notamment en terme d'investissements.
Ces investissements ne seront pas faits à moins que les investisseurs
soient assurés de l'irréversibilité de la réforme.
FERNANDEZ et PORTES (1998) soulignent toutefois que ces problèmes
peuvent être atténués si les pays disposent d'un «
mécanisme d'engagement » ayant pour objet de garantir la
durabilité de la réforme.
C- Intégration régionale et
multilatéralisme
L'AIR jusqu'ici a été appréhendé
en se plaçant du point de vue d'un pays membre. Mais, une perspective
plus large doit être adoptée si l'on veut juger
complètement de l'optimalité de ce type d'accord. Il faut noter
que l'existence même des AIR est une négation de l'un des
principes fondamentaux de l'OMC, à savoir « la clause de la
nation la plus favorisée » qui dispose que la politique
commerciale doit être non discriminatoire.
Toutefois, il convient de ne pas trop opposer
régionalisme et multilatéralisme. Les deux stratégies
peuvent coexister et même se renforcer pour promouvoir une
libéralisation des échanges profitables pour tous. C'est dans cet
esprit qu'il faudrait appréhender les dispositions adoptées dans
le cadre du GATT et reprises par l'OMC, pour faire des accords
régionaux une exception à l'application de la clause de la nation
la plus favorisée en veillant à ce que la conclusion de tels
accords n'engendre pas un renforcement du protectionnisme de la zone
concernée.
D- Intégration des marchés et harmonisation des
politiques
L'intégration économique internationale n'est
pas seulement le résultat d'accords entre pays. Des facteurs
technologiques, sociaux ou culturels y ont un rôle à jouer. Les
comportements de firmes transnationales, de banques ou d'institutions
financières y contribuent aussi, ne serait-ce qu'en cherchant à
contourner certains obstacles institutionnels. Néanmoins, ces
éléments demeurent insuffisants tant que les pouvoirs publics
maintiennent des dispositions qui limitent les opportunités d'arbitrage
entre les marchés. Ainsi, même si ce sont les comportements de
l'ensemble des agents économiques qui déterminent l'unification
de prix caractéristique d'un marché intégré, c'est
aux Etats nationaux qu'il appartient de prendre les décisions qui
permettent au processus d'intégration internationale de se
développer.
Conçue comme choix de politique économique,
l'intégration économique peut être évaluée en
termes d'aptitude à assurer une plus grande efficacité dans
l'utilisation des ressources, une plus grande stabilité du
système économique ou encore une plus grande équité
dans la répartition. Dans cette perspective, les choix en matière
d'intégration économique sont de deux types : d'un
côté, se trouve ce que TINBERGEN (1965) a dénommé
"l'intégration négative", d'un autre côté,
l'"intégration positive", selon la terminologie du même auteur. La
libéralisation des échanges implique donc des modifications de
politique économique, soit pour éliminer des formes indirectes de
discrimination, soit pour éviter l'apparition de distorsions au sein du
marché intégré, soit encore pour répondre aux
nouvelles contraintes résultant de l'ouverture des marchés.
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