CHAPITRE I
ÉVOLUTION DU CONTEXTE
ET SON IMPACT SUR LA MOBILITÉ
PROFESSIONNELLE EXTERNE
INTRODUCTION
La mobilité professionnelle d'une
manière générale est considérée comme la
facilité à se mouvoir, c'est à dire à changer de
place ou de position. Elle est pour certains (Jovanovic, 1979), une
manière de corriger les erreurs qui peuvent survenir dans la formation
des relations d'emploi.
La mobilité professionnelle
externe est la résultante de plusieurs phénomènes
socio-économiques se rapportant au contexte environnemental, aux
caractéristiques de la relation liant le salarié à son
entreprise, au niveau de la formation dispensée et au degré
d'engagement du postulant du poste de travail.
En outre, le contexte qui prévaut autour de
l'entreprise et les nouvelles données de l'environnement tant
intérieur qu'extérieur dictées par les lois du
marché a des effets certains sur la mobilité professionnelle.
Il est donc jugé utile dans ce premier chapitre
introductif de formuler les définitions des principaux concepts
relatifs à la mobilité professionnelle externe et d'examiner en
outre le contexte environnemental, les mutations organisationnelles et les
changements socio-économiques.
Dans ce contexte conflictuel et de grandes mutations,
l'entreprise d'une part et les salariés d'autre part confrontent un
défi majeur qui est la mobilité externe.
En effet, les entreprises qui cherchent de plus en plus
une performance confirmée dans un environnement de concurrence ont
besoin des ressources humaines plus compétentes ce qui les
amènent à investir davantage dans la formation.
Alors que les salariés cherchent de plus en plus
des opportunités de gain eu égard à leur potentiel de
compétences ce qui les incitent à quitter l'organisation pour
occuper d'autres postes de travail ailleurs.
Ce phénomène est devenu préoccupant
pour les économies en voie de développement qui ont entamé
depuis les années 80 du siècle passé des phases de
restructuration et de mise à niveau.
Le passage d'une économie administrée par
les pouvoirs publics à une économie de marché dans un
environnement de mondialisation et de libre échange, a bouleversé
en conséquence le paysage du marché de l'emploi.
La relation durable entre le salarié fidèle
et engagé et l'entreprise qui se sent protégé par l'Etat
en contrepartie de cette pérennité de l'emploi (politique de
lutte contre le chômage) loin de toute notion de performance et de
productivité est devenu alors de plus en plus instable et de courte
durée.
SECTION 1. L'ENTREPRISE FACE AUX
CHANGEMENTS ET AUX ALÉAS DU MARCHÉ.
Dans l'ère de la mondialisation,
l'entreprise confronte plusieurs problèmes à la fois dont
notamment l'évolution technologique, les exigences de la concurrence,
les changements organisationnels, les nouveaux modes de management, les
nouvelles normes de qualité, l'importance grandissante de
l'économie du savoir et des connaissances et les défis de
l'internationalisation des échanges.
L'environnement se caractérise désormais par
une instabilité croissante. Cette instabilité devenue
structurelle se traduit alors par des réorganisations permanentes et
accompagnées d'une visibilité stratégique de courte
durée conjuguée par une dérégulation des
marchés et au renforcement de la concurrence internationale et à
sa généralisation.
Le rythme d'évolution des technologies s'est accru
davantage mettant en péril l'emploi voire son contenu, sa
pérennité, ses formes et son sens.
Les entreprises sont confrontées au même
titre que les salariés à des nouvelles exigences de
rentabilité, de performance et de qualité. Les
compétences d'hier ne sont plus valables aujourd'hui.
Elles connaissent un cycle de vie très court dans
un contexte de grande instabilité et de changement rapide dans le monde
des connaissances et des savoirs.
En corrélation avec la complexité des
tâches, des techniques et des procédures, les compétences
s'élargissent et se diversifient davantage. Elles sont cognitives,
transversales, transférables, générales,
spécifiques et contextuelles.
I.1. DES NOUVELLES TECHNOLOGIES.
Les nouvelles technologies ont induit des changements au
niveau du système de production comme l'automatisation des processus,
l'informatisation des procédures voire même l'intégration
du robotisme. Les différents dispositifs de communication et
d'information ont bouleversé les relations et la notion du temps devient
un paramètre problématique.
Dans ce nouveau contexte de complexité et de
changement rapide des normes et des standards, les modes de gestion et les
rapports de force entre les agents économiques changent et prennent de
nouvelles dimensions. L'entreprise aura alors besoin d'une grande
flexibilité et de réactivité pour s'adapter au mieux
à la nouvelle donne.
Elle a besoin aussi d'une gestion dynamique des
ressources humaines disponibles et engagées à la stratégie
établie et animée d'une compétence reconnue et sans cesse
renouvelée et perfectionnée par le biais des programmes de
formation ciblés et orientés à partir des outils modernes
basés sur les principes de l'ingénierie de la formation.
De nouveaux métiers et de nouvelles formes d'emploi
émergent, d'autres disparaissent ou changent de contenu ce qui complique
davantage la tâche des responsables des ressources humaines et donne une
importance supplémentaire aux compétences.
L'entreprise devra résorber l'écart
constaté entre les qualifications et les compétences acquises et
celles requises et exigées par les nouvelles configurations des
métiers.
En effet, les métiers d'hier ne sont plus valables
aujourd'hui car ils deviennent obsolètes très vite et les
connaissances se renouvellent tous les jours dans tous les domaines du
savoir.
Le cycle de vie des produits et des services devient
très court compte tenu des nouvelles exigences des clients, de la
concurrence exacerbée entre firmes et l'introduction des normes de
qualité.
I.2. UNE CONCURRENCE ACHARNÉE.
L'entreprise vit aujourd'hui dans un environnement
où les lois du marché soient la règle et le principe.
Pour gagner le pari de la concurrence dans un
environnement changeant et incertain l'entreprise devra produire des biens et
services au moindre coût tout en respectant les normes de qualité
et les goûts et les préférences des consommateurs.
L'entreprise dans telles circonstances est en quête
d'innovation. Elle se donne toujours les moyens nécessaires en
technologie et en ressources humaines compétentes et performantes pour
anticiper, concevoir, construire et résoudre à temps et de
trouver les solutions adéquates sans délais, pour ne pas perdre
la part des marchés et les clients qu'elle fidélise davantage.
"Dans le contexte d'un régime de concurrence
où l'innovation tend à s'imposer comme une modalité
permanente de valorisation du capital, les firmes ne peuvent plus se contenter
de réagir aux évènements.
En régime d'innovation permanente, elles se
doivent aussi d'être proactives dans la mesure où le temps ne
s'impose plus seulement comme un délai de réponse mais aussi, et
peut être avant tout comme capacité d'action ayant pour
visée stratégique la vitesse de pénétration des
marchés avec des produits et des procédés normaux ".
(Delteil, V. et Dieuaide, P., 2000).
I.3. LES CHANGEMENTS ORGANISATIONNELS.
Les nouvelles technologies au niveau du
système de production et les nouveaux modes de gestion conjuguées
à un changement de l'environnement socio-économique et
l'émergence de nouvelles méthodes de management des ressources
humaines, l'entreprise devra développer sans cesse ses structures et son
organisation en devenant plus flexible, plus souple, plus réactive et
plus stratégique.
L'entreprise figée dans un système
d'organisation où les salariés sont cloisonnés dans une
logique de poste dont les tâches sont établies d'avance et
dictées par des procédures contraignantes et lourdes ne laissant
aucune initiative et autonomie aux acteurs.
La marge de manoeuvre laissée aux employés
est très minime quant à l'exécution des tâches les
plus élémentaires. Le travail routinier et non enrichissant
obéissant aux strictes règles hiérarchiques sans autonomie
et réactivité immédiate aux problèmes est le plus
dominant.
L'organisation de l'ère des compétences
cherche à donner à l'acteur toute sa capacité d'agir sans
retard et au bon moment aux différentes situations rencontrées
dans le contexte du travail.
C'est un nouveau paradigme qui s'invente aujourd'hui
comme déjà le phénomène de la qualité,
basé sur la réactivité du moment, l'adaptabilité
à toute éventualité et le dépassement de la gestion
selon le poste du travail à une gestion dynamique des
compétences.
Un tel comportement est en effet
générateur de performance dans une organisation ouverte aux
innovations, dynamique et qui s'adapte à temps aux mutations de
l'environnement et aux aléas d'un marché de plus en plus
concurrentiel.
C'est ainsi que sont développées en fin de
compte des formes d'externalisation qui font de l'entreprise une entité
économique et juridique aux frontières floues.
L'entreprise concentre son activité sur un
métier central et stratégique en externalisant tout ce qui n'est
pas au coeur de sa production.
Une des premières qualités de l'entreprise
moderne c'est sa réactivité en répondant sans
délais à tous les évènements induits par le
marché, les techniques de production et la demande des clients et des
consommateurs qui devient de plus en plus imprévisible et très
exigeante.
Cette réactivité implique une organisation
flexible, souple et décentralisée ce qui impose des relations
nouvelles entre les salariés et les entreprises. De nouveaux modes de
rémunération apparaissent, de nouveaux métiers seront
émergents et la mobilité tant interne qu'externe s'intensifie
alors que de nouveaux types et formes d'emplois naissent.
Les différents bouleversements qui affectent depuis
plusieurs années les relations de l'entreprise avec son environnement
devenu agressif, instable et concurrentiel, incitent les firmes à revoir
leurs plans d'action et leurs modes de fonctionnement à travers des
programmes de restructuration afin de s'y adapter le mieux possible.
Dans la littérature on trouve trois types de
restructuration à savoir :
-une restructuration numérique
qui a pour but de réduire les effectifs à court terme en
licenciant des salariés, incitant aux départs volontaires et
outplacement des travailleurs, encourageant les plus âgés de
quitter à la retraite.
-une restructuration fonctionnelle qui
à moyen terme vise à la redéfinition des tâches,
à la fusion des unités, la suppression et la reconversion des
fonctions et des métiers,..,etc.
-une restructuration stratégique
touchant les structures en place par une opération de reconfiguration
à long terme des responsabilités, du système de valeurs,
des frontières, du contenu. , etc. (Adapté de Cameron, Freeman
et Mishra, 1996), (cité par Xhauflair, V., 2003).
C'est alors que la forme traditionnelle d'un emploi
stable et durable tout le long de la vie active n'est plus à la mode.
L'emploi fidélisé et à log terme a connu des
transformations importantes (Zarifian, 1999) pour donner lieu d'autres formes
précaires (Abecassi, F. et Roche, P., 2001).
La flexibilité du travail est devenue à
l'ordre du jour en prenant plusieurs formes : mobilité externe,
mobilité interne, mobilité géographique,
télétravail, nomadisme, etc.
Les entreprises par ce changement radical cherchent une
grande efficacité et une meilleure performance de ses salariés en
développant leurs compétences déjà acquises pour
être à la hauteur des nouvelles exigences du marché au
travers des diverses modalités de formation.
Les modes de rémunérations changent aussi
pour être plus individuels et tenant compte de la réalisation des
objectifs, de la rentabilité et au mérite.
En conséquence, les pratiques de gestion des
ressourcent humaines changent aussi de forme et de contenu tenant compte de
plus en plus des nouvelles notions de compétences.
Le parcours professionnel du salarié se
conçoit de moins en moins au sein d'une seule entreprise. La
carrière est caractérisée par des changements de postes,
de responsabilités, de lieu et d'organisations avec une fréquence
de plus en plus accélérée.
Certains auteurs comme (Cadin, L., 1999) poussent le
raisonnement à l'extrême pour montrer l'existence des
carrières "nomades" grâce au développement des nouvelles
technologies de l'information et de la communication.
I.4. LES NOUVEAUX MODES DE MANAGEMENT.
Traditionnellement l'entreprise
gère d'une manière globale ses ressources humaines selon des
règles statutaires très contraignantes. Elle ne gère les
carrières qu'à l'occasion des forces majeures. La gestion des
postes du travail est le mode le plus répandu.
Les procédures fixent souvent les tâches les
plus élémentaires de chacun et l'hiérarchie constitue le
fil conducteur de l'information du haut en bas et une référence
incontournable puisqu'elle évalue le salarié même d'une
manière sommaire et arbitraire.
Une telle organisation du travail de type fordiste se
basant sur la stabilité, les normes, la structure, le poste, les
procédures et les qualifications techniques ne peut être
performante et efficace aujourd'hui.
Le nouveau contexte exige une grande flexibilité
fonctionnelle, un personnel compétent et adaptable aux changements, un
accent mis sur la qualité et une meilleure employabilité des
salariés.
Un nouveau mode de gestion des ressources humaines
apparaît alors compte tenu des nouvelles transformations
organisationnelles et managériales.
Les ressources humaines considérées comme un
coût auparavant deviennent aujourd'hui une richesse et les
compétences sont sources de rentabilité et de performance " les
compétences vues comme richesses, sont à la base de
l'élaboration des différentes stratégies" (Devos, V. et
Taskin, L., 1983).
Ainsi, avec la notion de compétence la place
même de l'individu au travail change de nature, de valeur et de sens
puisque ce sont la réactivité, l'autonomie et
l'adaptabilité qui constituent les sources de richesses et les facteurs
déterminants pour assurer la réalisation des objectifs et des
stratégies des entreprises.
Nous assisterons alors à une rupture avec une
forme traditionnelle de travail trop rigide, peu réactive, assez
laxiste, peu innovante et faiblement enrichissante et l'émergence de
nouvelles formes basées sur la compétence, l'autonomie, la
flexibilité, la mobilité, la responsabilité et
l'individualisation.
La gestion des ressources humaines est devenue aussi "une
véritable gestion d'un actif spécifique, la main d'oeuvre, qui
apparaît comme une variable stratégique caractérisée
et valorisée par des compétences individuelles " (Cadin, Guerin
et Pigeyre, 1977).
Dans ce nouveau modèle de gestion et de management,
l'individu est au coeur du système. Il est différencié
des autres semblables puisqu'il est détenteur d'une compétence
propre comme un label ou un signal de propriété manifesté
et visible au travail.
L'entreprise développe alors des outils de
valorisation des compétences des salariés via essentiellement des
programmes de formation continue après évaluation et diagnostic
sur le terrain.
Le salarié devient de plus en plus responsable de
ses actes au sein de l'organisation " son engagement affectif et
émotionnel à l'égard de l'entreprise, sa capacité
d'innovation, sa réactivité face aux mutations, son
adaptabilité aux changements, problèmes et crises, son devoir de
mettre à jour ses connaissances, de développer ses
compétences, s'orientent vers les personnes eux-mêmes".
(Le Boterf, 2000).
L'entreprise quant à elle, son rôle constitue
un soutien pour stimuler et inciter les individus à se former et
d'acquérir de nouvelles compétences selon les circonstances.
Les pratiques de gestion des compétences sont
basées sur la réactivité et la responsabilité
individuelle des salariés. Cette charge que supporte l'employé
peut être très lourde de conséquences eues égard
à l'effort de soutien de l'entreprise (Gollac et Volkoff, 1996,
2000 ; Fernex, 1998).
La gestion des compétences individuelles peut
poser le problème des compétences collectives au sein de
l'entreprise ce qui nécessite l'invention des outils de cohérence
et de transférabilité des connaissances.
Pour Reynaud (2001), la construction de compétences
collectives passe par des divergences de vues, des conflits, des rapports de
force, des rapports d'autorités et de concurrence.
Beffa, Boyer et Touffut (1999) proposent une
classification des salariés non pas selon les statuts mais selon les
types de compétences acquises. Ils avancent trois modèles :
le premier concerne "la stabilité polyvalente
"où les compétences transférables sont spécifiques
à l'organisation, le deuxième de la
"professionnalité"concerne les compétences
transférables à d'autres situations organisationnelles et le
troisième de "flexibilité"relatif aux
compétences standardisées et largement transférables.
L'appartenance à un type de modèle
particulier confère au salarié sa valeur intrinsèque sur
le marché de l'emploi. La notion de compétence devient alors une
source de différenciation entre les salariés comme une marque ou
label pour une marchandise.
I.5. LES NOUVELLES NORMES DE
QUALITÉ.
L'entreprise dans un nouvel
environnement de forte concurrence, cherche à fidéliser les
clients pour vendre plus afin de dégager le maximum de
bénéfices susceptibles de développer les performances
économiques et sociales.
Les consommateurs exigent de plus en plus des produits de
meilleures qualités. Les différentes formes de publicité
conjuguées à une offre diversifiée engendrent des
opportunités de choix très accentuées devant les clients
bien informés et disposant d'un revenu conséquent.
La mondialisation des échanges et l'ouverture des
économies locales sur l'extérieur va influencer l'offre vers des
multitudes de marques des biens et services.
La stratégie qualité comme moyen de
conquête des marchés et de toucher un grand nombre de clients et
de les fidéliser à des normes et marques données.
La qualité est le résultat d'une
convergence d'acteurs performants et compétents. Il est alors admis que
les compétences du personnel et l'existence d'une entreprise
qualifiante, influencent positivement la qualité des produits.
C'est cette combinaison convergente d'actes guidés
par les notions de compétences, de valeurs et de performances, qui sont
responsables d'une qualité meilleure.
La recherche de l'entreprise de la performance dans un
environnement concurrentiel, l'incite à mettre un dispositif de
qualité et ceci ne peut être réalisé que grâce
à une organisation compétente et en particulier des ressources
humaines compétentes.
I. 6. L'IMPORTANCE DES SAVOIRS ET DES
CONNAISSANCES.
Aujourd'hui, on est entré dans l'ère de
l'économie des savoirs et des connaissances.
L'économie immatérielle basée sur le
savoir constitue en effet, une source indéniable de création de
richesse, de la valeur ajoutée et de la performance. (Le Boterf,
2001).
Les grands défis de la concurrence ont
incité les entreprises à adopter une attitude adaptative et une
grande flexibilité pour être au diapason du nouveau contexte.
Dans ce nouvel environnement, le système de
production et de management donne une grande importance à
l'élément humain via des pratiques de gestion des ressources
humaines basées sur les compétences.
Une des composantes essentielles de la compétence
est le savoir théorique et pratique. Les attitudes comportementales sont
plutôt d'ordre cognitif et contextuel.
Toute organisation pour réussir son projet
stratégique dans un environnement en perpétuel changement devra
compter sur ses compétences, richesses inépuisables et
créatrices de valeur et de qualité.
I.7. LE DÉFI DE L'INTERNATIONALISATION
DES ÉCHANGES.
La mondialisation des échanges
entre pays rend les frontières perméables à tous les flux
de produits et services. L'entreprise se trouve alors en concurrence avec
d'autres firmes loin de la protection des règlements intérieurs
d'hier promulgués par l'Etat.
L'entreprise ne peut plus compter sur les subventions, les
aides et l'assistance du gouvernement local. En effet, les conventions de libre
échange interdisent toute ingérence de l'Etat dans les rouages
économiques et c'est les seules lois du marché qui
régulent l'activité économique.
L'entreprise locale doit entamer des changements en
profondeur au niveau des structures, de l'organisation, des modes de gestion et
de management.
Pour créer de la valeur génératrice
de performance et de rentabilité, l'organisation doit miser sur la
compétence de ses ressources humaines, de la développer
continuellement et de la fidéliser davantage pour une grande implication
et engagement
I.8. LA FLEXIBILITÉ DE L'ORGANISATION ET
LES NOUVELLES FORMES D'EMPLOI.
Pour s'adapter au nouveau contexte
économique et social, les entreprises cherchent une plus grande
flexibilité et souplesse dans la gestion de ses ressources et en
particulier ses ressources humaines. Elles veulent une réponse
immédiate et à temps à tout changement dans
l'environnement.
C'est les changements qui prévalent sur les
relations économiques, les exigences d'un marché concurrentiel,
les nouvelles normes de qualité, les mutations profondes au niveau
technologique et la recherche de rentabilité, qui poussent les firmes
à s'organiser autrement en misant sur les compétences et une
structure flexible.
I.8.1. Un environnement de plus en plus
instable.
L'économie locale et
internationale vit depuis deux décennies dans une période
d'instabilité et de mutations profondes surtout au niveau technologique
par le biais des nouvelles technologies de communications et d'informations et
de nouveaux modes de production basés sur l'informatique, la robotique
et l'automatisation des processus.
De même, l'organisation change en structure et en
technique de management pour s'adapter à la nouvelle donne qui se
caractérise par une concurrence acharnée sur des marchés
fluctuants et instables et une demande très exigeante en
qualité.
L'essor des connaissances dans une économie de
savoir rend les métiers très vulnérables et touchés
par l'obsolescence et le dépassement ce qui pousse les entreprises
à investir énormément dans les ressources humaines, seule
richesse inépuisable et créatrice de valeur.
Il y a en effet, un nouveau regard aux hommes de la part
de l'entreprise qui deviennent par la force des choses une richesse, un capital
et une ressource rare plutôt qu'un coût et une charge.
La flexibilité de l'entreprise pour faire face aux
mutations imposées par la conjoncture actuelle ne peut se
réaliser au bon escient que grâce à la flexibilité
et à l'adaptabilité de ses ressources humaines.
Le développement des compétences par le
biais de la formation professionnelle continue constitue alors une des
pièces maîtresses pour gagner le pari de la
compétitivité et de la performance.
I.8.2. Nouveau contexte, nouvelles formes
d'emploi.
L'instabilité que connaît le marché de
l'emploi et le passage dans une conjoncture de forte récession rend la
relation contractuelle fragile et de courte durée. Le nombre de
salariés sous des contrats à durée
déterminée ne cesse de croître.
Malgré que les contrats à durée
indéterminés représentent encore la norme, on assiste de
plus en plus à une nouvelle configuration où le travail
temporaire prend de la place.
Des formes de travail atypiques se multiplient comme les
intérims, le travail à temps partiel, la sous-traitance, etc.
En France par exemple, à la fin des années
80, les emplois flexibles représentent 52% des emplois non flexibles
contre 31% en 1970 (Allouche, 1991).
La mobilité professionnelle est
d'après les théories de l'organisation et de la gestion des
ressources humaines est le résultat d'interactions entre le
marché, l'entreprise comme organisation qui devait réaliser un
objectif et les ressources humaines qui sont capables de le convertir en
réalité tangible.
Les règles du marché changent au même
titre que l'environnement économique, le degré de
complexité des techniques et des technologies et des goûts des
consommateurs (nouvelles normes de qualités).
Ces changements poussent l'organisation pour qu'elle reste
en course et économiquement viable (performante et rentable) de se
réorganiser en fonction des paramètres du moment en cherchant
pour s'adapter au mieux au nouveau contexte.
Cette opération qui demande une grande
réactivité et une flexibilité plus importante est de
nature à avoir des effets certains sur la relation qui lie
l'organisation avec les individus.
Il va sans dire alors que toute opération de ce
genre peut vraisemblablement aboutir à des répercussions
négatives sur la durabilité des contrats de travail et des
affectations des postes et des taches.
La rupture est parfois inévitable entre les deux
partenaires débouchant alors à une mobilité externe selon
laquelle l'individu cherche à valoriser ses compétences ailleurs
et l'entreprise pourrait compter sur d'autres éléments.
SECTION 2. LA RESTRUCTURATION DES ORGANISATIONS ET LA
MOBILITÉ PROFESSIONNELLE EXTERNE.
La restructuration des entreprises est devenue un des
moyens les plus utilisés ces dernières années pour une
recherche d'efficacité et de compétitivité mais le plus
souvent, elle prend la forme d'une réduction des effectifs sans pour
autant changer les structures en place et qui ne sont pas adaptées
à la nouvelle donne.
On peut citer trois formes de restructuration à
savoir :
-Numérique : c'est la
réduction des effectifs selon les règles classiques où les
ressources humaines constituent un coût qu'on peut comprimer pour
dégager un excédent immédiat pour sauver l'entreprise
à court terme sans chercher les causes réelles du
problème.
-Fonctionnelle : c'est une
restructuration de moyen terme au niveau des processus de gestion et de
production pour améliorer la fonctionnalité de l'organisation en
mettant à jour les procédures et en luttant contre
l'inefficacité et le gaspillage des ressources.
-Stratégique : c'est la
restructuration la plus efficace qui constitue une reconfiguration de
l'édifice organisationnel et de ses frontières à long
terme moyennant une planification prévisionnelle et une
évaluation continue du processus.
Le processus de restructuration au même titre que la
flexibilité organisationnelle engendre des départs parfois
massifs des compétences vers le marché extérieur d'une
manière forcée, négociée ou choisie.
"Le processus de restructuration, de fusion -acquisition
et des réductions d'effectifs ont entraîné ces
dernières années une mobilité interne et externe accrue"
(Raymond, 1999).
II.1. LA FLEXIBILITÉ
ORGANISATIONNELLE.
Selon Linchtenberger Y. (1999), " On
peut définir la flexibilité d'une entreprise comme étant
sa capacité de s'adapter à un marché continuellement en
changement".
Il existe plusieurs formes de flexibilité dont
notamment :
-La flexibilité fonctionnelle : qui
renvoie à la capacité pour l'entreprise de redéfinir les
taches.
Cette flexibilité s'associe aux formes de
flexibilité organisationnelle et technique puisqu'elle impose aux
employés une grande polyvalence pour être en mesure de s'adapter
aux changements technologiques.
-La flexibilité organisationnelle et
technique : qui est basée sur la
capacité pour l'entreprise de s'adapter aux changements
du marché en utilisant de nouvelles méthodes de gestion et des
techniques nouvelles de communication et d'information.
- La flexibilité financière :
qui se réfère à la capacité de l'organisation
d'adapter ses coûts d'investissements aux aléas du
marché concurrentiel et instable.
-La flexibilité quantitative : qui
fait référence à l'introduction des
modifications dans le nombre d'employés en
conformité avec l'activité réelle, le degré de la
concurrence sur le marché et la conjoncture économique.
- La flexibilité temporelle :
qui renvoie à la capacité de l'entreprise de procéder
à une modification des horaires de travail pour s'adapter à la
demande parfois aléatoire et instable.
Pour El Akremi A., (2005), il y a deux catégories
de flexibilité :
1. Les flexibilités externes.
-Flexibilité quantitative
externe : qui consiste à faire évoluer le nombre de
salariés de l'entreprise en fonction des besoins. La conséquence
est la segmentation du marché du travail.
-Externalisation : l'organisation
confie à d'autres entreprises ou à des personnes
indépendantes une part de son activité compte tenu de la
conjoncture (sous-traitance).
2. Les flexibilités internes.
-Flexibilité quantitative
interne : qui permet de faire varier le nombre d'heures de
travail sans modifier le nombre de salariés.
-Flexibilité fonctionnelle : qui
consiste à changer les affectations des employés en se basant
sur la polyvalence, les compétences et la mobilité.
-Flexibilité salariale : c'est
d'adapter le coût du travail au salaire.
La flexibilité offre à l'entreprise une
marge de réactivité et
d'adaptabilité qui lui permet de s'adapter aux
changements et engendre des conséquences :
-développement d'emplois précaires, salaire
faible.
-sélectionner les salariés.
-augmenter le taux de mobilité externe et interne.
II.2. LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE.
La mobilité professionnelle est
l'un des concepts les plus importants en gestion des ressources humaines. Elle
se divise en deux grandes catégories totalement différentes en
contenu et en objectifs à savoir la mobilité interne et la
mobilité externe.
L'évolution des structures et des organisations en
fonction des changements de l'environnement économique et social et des
mutations rapides dans les relations avec le monde extérieur poussent
l'entreprise à la recherche de la flexibilité afin de s'adapter
au nouveau contexte à travers la mobilité professionnelle.
Les définitions données dans la
littérature en gestion des ressources humaines considèrent en
général la mobilité professionnelle comme un changement
d'entreprise ou un changement d'affectation, d'emploi, de poste dans la
même structure.
Béduwé C., (1992) la définit ainsi
"Celle-ci peut alors prendre plusieurs formes : mobilité
fonctionnelle, mobilité socioprofessionnelle et plus récemment
mobilité d'emploi et /ou d'entreprise lorsqu'il s'agit d'un
changement de statut.
Lorsque ses changements se produisent au sein de la
même entreprise, il s'agit de mobilité interne. Au contraire,
quand le changement de situation correspond également à un
changement d'entreprise ou d'employeur on parlera de mobilité
externe".
Pour Aman, A. (2001), " En gestion des ressources
humaines, on entend par mobilité la capacité d'accepter des
changements dans le temps, dans l'espace (interne et externe) à
l'organisation, dans les compétences et dans les statuts ".
Pour certains auteurs, les différents types de
mobilité possibles sont :
-La mobilité de progression
fonctionnelle dans un même emploi.
-La mobilité de redéploiement
fonctionnel ou géographique.
-La mobilité professionnelle ou
horizontale correspondant à un changement de métier.
-La mobilité d'environnement ou de
mutation.
-La mobilité catégorielle ou
verticale correspondant à une promotion.
On résume dans le tableau suivant les
différentes formes de mobilité :
Dimension du changement
|
Intensité du changement
|
Forme du changement
|
1-Statut hiérarchique
|
Changement d'ordre professionnel associé à une
promotion
|
Mobilité verticale
|
|
Changement d'ordre professionnel non associé à une
promotion
|
Mobilité horizontale
|
2-Nature du travail effectué
|
-Changement d'activité dans le même domaine
professionnel
-Changement d'activité correspondant à un
changement de fonction
|
-Mobilité thématique
-Mobilité fonctionnelle
|
3-Appartenance organisationnelle
|
Changement de poste de travail ou d'activité au sein d'une
même entreprise
|
Mobilité interne
|
|
Changement de poste de travail ou d'activité imposant un
changement de lien de résidence ou d'entreprise
|
Mobilité externe inter-entreprise
|
|
-Changement de lien du travail n'imposant pas un changement de
lien de résidence
-Changement de lien de travail imposant un changement de lien de
résidence
|
-Mobilité spatiale simple
-mobilité géographique
|
Source : Mucchielli-Marrius M-P, (1987), page 21.
Les raisons de mobilité que ce soit pour
l'entreprise ou pour le salarié sont multiples : si elle se fait en
interne en horizontal ou en vertical c'est pour la motivation, la promotion ou
même une sanction ; si elle se fait à l'extérieur des
périmètres de l'entreprise c'est soit voulue par le
salarié en cas de démission ou subie pour des raisons
disciplinaires par exemple.
Selon certains auteurs et loin de toutes
considérations causales, la mobilité est un état d'esprit
relatif à chaque individu. En effet, un salarié est mobile s'il
est prêt à accepter un emploi ou de nouvelles attributions au sein
de son entreprise ou dans une autre entreprise (Abraham, 2004).
De même, les restructurations des entreprises et
l'émergence de nouvelles formes d'emploi ont eu un effet sur la
mobilité des salariés comme le montre Seibel C. (2002) " Le
développement des statuts d'emploi précaires et les profondes
restructurations des entreprises industrielles au cours des deux
décennies précédentes ont provoqué une augmentation
des mouvements d'entrée et de sortie sur le marché du
travail".
Dans la théorie classique, il y a opposition entre
une mobilité choisie fondée sur des critères subjectifs
individuels et une mobilité subie fondée sur des critères
objectives comme les transformations socio-économiques. (Bailly A.F.,
Cadin L. et De saint Giniez, 1998).
II.2.1. LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE
INTERNE.
La mobilité professionnelle est
interne quand elle se déroule à l'intérieur de
l'entreprise. Elle se manifeste sous plusieurs formes :
II.2.1.1. La mobilité
géographique.
La mobilité géographique
est un changement de lieu de travail dans la même région, dans une
autre région ou éventuellement dans un autre pays.
II.2.1.2. La mobilité fonctionnelle.
La mobilité fonctionnelle est un changement de
fonction. Elle suppose un changement de poste, de métier ou encore de
statut pour le salarié.
II.2.2. LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE
EXTERNE.
Les changements au niveau de l'environnement
économique via un marché de plus en plus concurrentiel, des
clients plus exigeants et une recherche accrue de rentabilité et de
performance conjuguée à une grande mutation technologique ne
peuvent qu'affecter la relation jadis stable et durable entre les
salariés et leurs organisations.
La mobilité professionnelle que ce soit interne ou
externe, subie ou choisie est donc à l'ordre du jour. Elle est
considérée aujourd'hui comme une politique d'ajustement des
processus de gestion des ressources humaines à court et à moyen
terme.
La relation des salariés avec leurs entreprises
n'est plus durable comme auparavant " On est loin aujourd'hui du statut
unique de travailler salarié engagé à durée
indéterminée. Dans nombre d'entreprises, on observe une
montée des statuts précaires." (Abecassis et Roche, 2001).
Les mêmes auteurs affirment que la proportion de
travailleurs sous contrats à durée déterminée,
intérimaires, en stage rémunéré, en contrat
aidé, voire mêmes détachés d'autres organisations, a
augmenté de manière très significative.
" Le parcours se conçoit de moins en moins au sein
d'une seule et même organisation. Quelles qu'en soient les causes, la
carrière est caractérisée aujourd'hui par une
mobilité inter et intra-organisationnelle, et peut-être
fonctionnelle comme géographique. (Cadin et al., 1999).
I.2.2.1. Les cadres nomades.
Les recherches effectuées par
Arthur et Rousseau aux Etats-Unis sur la << Boundaryless career >>
traduit en France par Cadin L. (1998) en << carrière
nomade>> ont initié pour la première fois ce
phénomène nouveau.
Cette << carrière nomade >>peut
être définie comme une série d'opportunités d'emploi
qui dépasse les frontières d'un seul lieu de travail.
(Defileippi et Arthur,1996).
Cette notion de nomade suppose que l'individu soit
responsable de la gestion de sa carrière, s'attache à
développer des compétences transférables et prenne part
à l'apprentissage permanent.
Selon Sullivan, (1999), il y a une différenciation
des caractéristiques entre carrière traditionnelle et
carrière nomade :
caractéristique
|
traditionnelle
|
nomade
|
Relation avec l'employeur
|
Sécurité de l'emploi, loyauté à une
entreprise
|
Employabilité et flexibilité, plusieurs entreprises
|
Compétences
|
Compétences spécifiques
|
Compétences transférables
|
Mesure de la réussite professionnelle
|
Promotion statut
|
Intérêt du travail, salaire
|
Responsabilité de la gestion de sa carrière
|
entreprise
|
individu
|
Formation
|
Formation classique et évolution avec l'âge
|
Formation permanente liée à l'apprentissage
|
I.2.2.2. Le télétravail.
Le télétravail est
défini comme une activité où le salarié fait un
usage professionnel intensif de l'informatique, à l'extérieur de
son entreprise. (Coutrot T., 2004).
Selon la définition adoptée par le forum des
droits sur l'Internet, le télétravail salarié est " Le
travail qui s'effectue dans le cadre d'un contrat de travail,
régulièrement à distance de son environnement
hiérarchique et de son équipe à l'aide des technologies de
l'information".
On distingue quatre formes de télétravail
à savoir :
1. En réseau au sein de l'entreprise dans des locaux
distincts.
2. Dans des locaux partagés par plusieurs
entreprises.
3. Nomade n'appartenant à aucune structure de travail
4. A domicile pour le compte d'un employeur
Les télétravailleurs nomades sont de grands
utilisateurs de l'informatique et qui partagent leurs temps de travail entre
plusieurs lieux, sans travailler beaucoup à domicile.
I.2.2.3. La mobilité subie.
La mobilité subie est la
résultante de pressions exercées par l'entreprise sur l'individu
pour qu'il change de position, de poste de travail, de lieu, d'appartenance ou
le cas échéant de quitter l'organisation pour chercher un autre
emploi ou rester en chômage.
C'est une sorte de mobilité forcée où
l'individu ne peut plus contester que par des revendications
pécuniaires ou des dommages.
Les entreprises devant des contraintes de
restructurations, de nouvelles technologies, de recherche de rentabilité
et de performance ou éventuellement des difficultés
économiques et financières décident le plus souvent
à des nouvelles affectations et reconversions ou éventuellement
à des suppressions d'effectifs.
C'est sous la pression des mutations qui surviennent dans
le marché et dans l'environnement économique, technologique et
organisationnel que l'entreprise adopte une politique de rupture de la
relation.
Certaines compétences dont l'emploi est
supprimé et malgré leur engagement se trouvent contraint de
quitter les lieux et ainsi se développe un marché de
compétences où s'échangent de la matière grise et
de l'ingénierie entre les entreprises.
Cette configuration du marché des ressources rares
peut avoir un effet positif sur la performance des organisations dans la mesure
où les firmes peuvent combler leur déficit en compétences
et il n'y aurait plus de pénurie ou de chômage.
I.2.2.4. La mobilité choisie.
L'individu pour une raison ou une autre exprime son
désir de changer sa position au sein de l'organisation et c'est le cas
d'une mutation par exemple mais la décision ne lui revient pas.
Par contre s'il veut quitter l'organisation c'est sa
volonté personnelle qui s'exprime et l'employeur ne peut plus s'opposer
et c'est le cas par exemple d'une démission.
La mobilité choisie est le désir proprement
personnel de quitter l'organisation et d'aller chercher un autre travail
ailleurs.
Les raisons de ce type de cette mobilité externe
sont multiples : manque d'engagement organisationnel, conditions de
travail défavorables, raisons familiales, rémunération
insuffisante, pratiques de gestion de ressources humaines ne valorisant pas les
compétences, manque de motivation et de promotion, relations mauvaises
avec l'hiérarchie. , etc.
D'après les études, les changements
d'employeur sont très largement des mobilités volontaires qui
découlent de l'initiative du salarié dans 86 % des cas
(Fondeur Y. et Sauvlat C., 2002).
Les gens viennent chercher des opportunités dans
les entreprises et s'ils ne les trouvent pas les quittent. Ils sont prêts
à saisir toute opportunité sur le marché externe.
Tant que l'entreprise offre aux salariés des
récompenses et de développer leurs compétences, ils
restent sinon ils n'hésitent pas à les quitter (d'après
les travaux de Kerr, 1954 ; Becker, 1964 ; Doeringer et diore,
1971 ; Silvestre, 1982 et Marsden, 1991) (Cité dans Foundeur Y. et
Sauvlat C., 2002).
CONCLUSION
Dans ce premier chapitre nous avons
abordé tout d'abord le cadre socio-économique où
l'entreprise exerce son activité et les effets de l'environnement, du
marché et des mutations technologiques et organisationnelles sur la
relation liant le salarié à l'organisation.
Ensuite, nous avons examiné en détail la
notion de mobilité professionnelle compte tenu de la revue de la
littérature en explicitant la signification de chaque concept
utilisé selon les différents auteurs.
Nous avons abordé principalement les
différents points de vues pour chaque thème selon la position et
la vision des auteurs concernés pour l'enrichissement du concept en
puisant dans la théorie des uns et des autres.
Ce chapitre introductif nous paraît utile au moins
pour deux raisons :
-La première : de recenser des définitions
disparates dans la littérature en un seul document pour pouvoir
émettre un jugement ou des critiques.
-La deuxième : de limiter les contours de chaque
concept ce qui facilite énormément l'opération de mesure
ou l'utilisation des méthodes d'analyse.
Il est fort probable que nous avons omis quelques autres
définitions se rapportant au sujet de notre recherche parce qu'elles
sont considérées comme secondaires et sans effets sur le
phénomène étudié.
En outre, nous trouverons dans le second chapitre relatif
au développement des compétences d'autres concepts et d'autres
définitions.
CHAPTRE II
LE DÉVELOPPEMENT
DES COMPÉTENCES ET LA MOBILITÉ
PROFESSIONNELLE EXTERNE
INTRODUCTION
Comme on a vu auparavant, les changements qui affectent le
dispositif organisationnel et qui émanent des différentes
mutations de nature économique, technologique et organisationnelle
poussent les entreprises à développer le potentiel des
compétences de ses employés en utilisant essentiellement l'outil
le plus redoutable pour cette fin, la formation professionnelle.
L'entreprise cherche une meilleure performance et une
grande réactivité en investissant dans le domaine de la formation
ce qui est de nature à développer les compétences des
individus et par la même occasion d'améliorer leur
employabilité interne.
Mais les individus détenteurs de nouvelles
compétences, cherchent à améliorer leurs situations
pécuniaires ou autres (poste de responsabilité, travail plus
enrichissant, rayonnement, etc.) en interne d'abord puis dans d'autres
organisations.
Si la formation professionnelle peut constituer un moyen
efficace pour certains auteurs d'engager et d'impliquer davantage les
salariés pour rester fidèle à l'organisation et par
conséquent de diminuer les départs à l'extérieur
des frontières de l'entreprise, d'autres pensent que ceci dépend
aussi de la nature de la formation (générale ou
spécifique), des caractéristiques des salariés et des
firmes et de la conjoncture.
Nous aborderons dans ce deuxième chapitre
l'analyse critique de la relation entre la mobilité professionnelle et
le développement des compétences en s'appuyant sur une revue de
la littérature afin de dégager le corps des hypothèses
d'une part et les différentes variables explicatives d'autre part qui
peuvent nous être utiles par la suite au moment de la confection du
questionnaire support de l'enquête et de l'analyse statistique.
Nous donnerons tout au début de ce chapitre
certaines définitions importantes traitées par des auteurs pour
enlever toute ambiguïté par la suite au cours de notre discours.
SECTION 1. LA COMPÉTENCE.
La compétence d'un individu est la somme de ses
connaissances théoriques, pratiques et ses aptitudes cognitives et
attitudinales manifestées dans des situations diverses de travail. " La
compétence est l'ensemble de savoirs et de savoir-faire
intégrés et mobilisés par l'individu en fonction de sa
personnalité et son attitude dans un contexte évolutif de
socialisation, incertain et dynamique pour accomplir avec succès des
taches ou des missions afin de satisfaire les besoins des clients". (Chaabouni
J. et Jouini K., 2005).
Pour Zarifian (1999), " La compétence est la prise
d'initiative et de responsabilité de l'individu pour des situations
professionnelles auxquelles il est confronté."
La compétence est avant tout une sorte de label
comme une marque sur un produit reconnu par sa qualité et ses
caractéristiques intrinsèques " La
compétence renvoie avant tout à la personne, qu'elle met en avant
un savoir -faire opérationnel. " (Tanguy, 1996).
Elle se met en évidence dans les faits de la
réalité du travail " Elle désigne une capacité
d'action située qui ne s'acquiert, ne se développe et ne se
montre que dans son exercice effectif, par son usage, lequel doit être
reconnu et validé".
La compétence pour certains exige une
reconnaissance par les autres pour qu'elle soit valorisée " La notion
de compétence renvoie l'idée de rapport aux émotions
d'exercice d'une aptitude et celle d'une exigence de reconnaissance ".
Elle s'intègre au mieux dans le projet du collectif
et s'harmonise avec la réalité du groupe en trouvant des
solutions aux problèmes rencontrés " La compétence engage
la participation au traitement de problèmes qui se posent au collectif "
(Bertrand, 1996 ; Faverean, 1999).
La compétence constitue à nos jours une
source de l'avantage compétitif et de création de valeur
ajoutée pour l'entreprise et pour la nation.
Elle renvoie à des aptitudes d'agir dans des
situations difficiles et à problèmes.
Les savoirs sont les connaissances théoriques qui
portent sur les concepts, les liaisons entre les concepts et l'explication des
phénomènes.
Les savoirs-faire naissent de la confrontation entre les
connaissances théoriques et les situations réelles pratiques du
travail.
Les savoirs-être permettent une adaptabilité
et un comportement efficace aux situations problèmes dans le contexte du
travail, mesurant la réactivité envers un environnement
organisationnel.
En outre la notion de compétence a
été définie selon plusieurs approches telles que la
psychologie, la sociologie, l'éducation, la gestion, etc.
Le tableau suivant retrace les différentes
approches et conceptions de la compétence selon chaque discipline
(cité dans Chaabouni J. et Jouini K, 2005).
Approche compétence
|
Principaux auteurs
|
Spécificités
|
Psychologie
|
David Mc, Celland, Bouatzis,
Bernand,
|
La compétence fait référence
à des attitudes, des traits de la personnalité et
des connaissances.
|
Sociologie
|
Witorski, Zarifian, Stroqbants
|
La compétence se situe à l'intérieur des
trois champs : la formation, l'expérience, le parcours de
socialisation.
|
Education
|
Malgalaire,
|
La compétence est la capacité à faire usage
des savoirs.
|
-stratégique
Gestion
-GRH
|
Hamel, Prahalad,
Le Boterf, Martinet, Silem
|
La compétence comme source de l'avantage compétitif
/ création de la valeur ajoutée.
La compétence comme savoir agir face à des
situations problèmes en respectant des critères de
performance.
|
La compétence est en définitive "une
intelligence pratique des situations qui s'appuie sur des connaissances
acquises et les transforment avec d'autant plus de forme que la
diversité des situations augmente". (Chaabouni J. et Jouini K, 2005).
Elle est dynamique et se définit "comme la prise
d'initiative et de responsabilité de l'individu sur des situations
professionnelles auxquelles il est confronté. (Chaabouni J. et Jouini
K., 2005).
Le monde du travail a besoin aujourd'hui d'individus
capables d'appliquer leurs connaissances dans des contextes divers et des
conditions technologiques différentes et de réagir de
manière autonome et pour cela que la notion de compétence est
très importante.
Elle constitue une richesse fondamentale pour la survie de
l'entreprise et de sa pérennité dans un environnement changeant
et très instable où les techniques et les modes de production
ainsi que les normes et les exigences connaissent des mutations en profondeur.
D'après les études sur la relation entre les
compétences et la mobilité externe, on trouve une relation entre
la nature des compétences (spécifique ou générale)
et la mobilité externe.
En effet, lorsque la compétence est
spécifique à l'entreprise dans laquelle elle est utilisée,
les deux partenaires ont intérêt à stabiliser la relation
d'emploi.
La mobilité externe qu'elle soit subie ou choisie
est réduite pour les salariés détenant une
compétence spécifique parce que le salarié a peu de chance
de trouver un emploi d'un niveau comparable dans le marché
extérieur où les compétences générales sont
les plus prisées compte tenu de leur degré de
transférabilité dans des contextes différents et plus
adaptables aux situations d'emploi les plus variées. (Fondeur Y. et
Sauvlat C., 2002).
I.1. LES COMPÉTENCES GÉNÉRALES.
Ce sont des compétences qui ne
sont pas liées à une situation donnée du travail, à
un emploi particulier ou une organisation définie. Elles sont
transférables avec l'individu d'un milieu organisationnel à un
autre comme la connaissance des langues, de l'outil informatique, des
éléments de management ou d'autres disciplines théoriques
et pratiques en sus de la spécialité noyau de la profession
d'exercice.
Les compétences de ce type sont, selon plusieurs
auteurs, est à l'origine de la mobilité à
l'extérieur des frontières de l'entreprise et incitent les
employés qui ont bénéficié d'une formation par
exemple diplômante de quitter l'organisation si l'opportunité se
présente devant eux.
Dupray A. et Hanchane (2000), soulignent en ce sens que "
Le diplôme assurerait une plus grande capacité de
généralité à la formation en lui permettant
d'être reconnue et rétribuée en conséquence à
l'extérieur de la firme, qu'a organisée ".
I.2. LES COMPÉTENCES
SPÉCIFIQUES.
Les compétences spécifiques
se rapportent à la spécificité du travail auquel
l'individu exerce une profession ou un métier dans une organisation et
dans un contexte particulier.
Elles s'acquièrent par l'expérience
vécue au sein de l'entreprise au moment de l'exécution du
travail et en confrontant les différents problèmes et situations
ou en suivant des programmes de formation.
Les compétences de ce type sont de nature à
inciter les salariés de rester engagés et fidèles à
leurs entreprises " La formation qualifiée de spécifique
désavantage plus la mobilité que la formation qualifiée de
générale " (Dupray A. et Hanchane S., 2000).
I.3. LA TRANSFÉRABILITÉ DES
CONNAISSANCES.
Les connaissances d'après James
(1950) ; Polanyi (1962) ; Hedlund et Nonaka (1993) ; Nonaka et
Takeuchi (1995), se définissent comme l'ensemble des perceptions
cognitives, des compétences, du savoir-faire ou encore de l'expertise,
intégrés dans les produits ou services.
Les connaissances se divisent en deux catégories
à savoir :
-Les connaissances explicites : qui
regroupent les informations, faits et connaissances scientifiques qui peuvent
être articulés, codifiés et donc transférés
de façon formelle par le moyen des méthodes systématiques
telles que les règles et procédures. (Nonaka et Takeuchi,
1995 ; Pollanyi, 1962, 1966).
Ce type de connaissances peut être
transférable dans l'organisation elle-même et en dehors de
celle-ci au moment de mobilité que ce soit interne ou externe. C'est
à travers les compétences qui détiennent ce genre de
connaissances se fait le transfert d'un contexte à un autre.
C'est plutôt les connaissances explicites qui ont un
caractère général qui peuvent être
véhiculées par les compétences à l'extérieur
de l'organisation parce qu'elles ont des aspects communs et facilement
intégrables dans une situation différente.
-Les connaissances tacites : qui sont
acquises par l'expérience individuelle dans un contexte très
restreint et spécial. De ce fait, elles restent difficiles à
communiquer et à formaliser.
La connaissance tacite individuelle peut se trouver dans
des schémas mentaux, le savoir-faire, les habitudes, et la connaissance
abstraite des individus ( Lyles et Schwenk, 1992 ; Starbuck, 1992).
Szulanski G. propose un processus à quatre phases
pour un éventuel transfert des connaissances :
-L'initialisation : la connaissance
transférée est saisie et détectée par le
récepteur puis reconnue par l'entourage immédiat.
-L'adaptation : la connaissance est
modifiée selon le besoin du récepteur pour être
adapté au nouvel environnement.
-La mise en place : c'est au moment de
l'utilisation de la connaissance transférée et l'installation des
procédures.
-L'appropriation : la connaissance est
institutionnalisée pour devenir partie intégrante de
l'unité réceptrice.
I.4. LA FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE.
La formation professionnelle est
actuellement considérée comme un investissement de grande
importance à coté des investissements en équipements
puisqu'elle est le facteur le plus déterminant quant à la survie
et la pérennité des organisations.
En effet, la formation continue est le moyen le plus
efficace pour développer les compétences des ressources humaines
afin que l'entreprise gagne en compétitivité, en performance et
en rentabilité dans un environnement animé par une rude
concurrence et des mutations profondes qui ne cessent de bouleverser tous les
édifices mis en place et les normes et croyances suivies depuis
longtemps.
La formation professionnelle continue devant ces
changements et ces mutations tant organisationnelle que technologique ne peut
qu'être stratégique sous forme d'un processus de long terme pour
accompagner l'organisation et le personnel vers un progrès commun et
négocié.
Face à un besoin de développement continu
des compétences et des connaissances pour s'adapter le plus rapidement
possible aux changements dans un contexte où les connaissances seront
très vite dépassées, la formation occupe une place
privilégiée et centrale, dans un ensemble large et
diversifié de modalités d'acquisition et de développement
des capacités organisationnelles.
El Akremi A. et Oumaya Kalbous R., (2004), distinguent
deux types de formation :
-La formation d'adaptation : qui est
à caractère plutôt technique et se fait au service de la
compétitivité de l'entreprise. Elle accroît les
compétences opérationnelles et de savoir-faire du salarié,
liées à son travail et à son environnement.
Elle contribue plus à l'employabilité et la
mobilité internes parce que son contenu est orienté vers des
situations locales et spécifiques pour résoudre des
problèmes liés au contexte purement propre à l'entreprise
dont il est probablement difficile de l'approprier ailleurs.
-La formation d'employabilité :
est une formation à caractère général, comme les
langues, l'Internet, l'utilisation de l'outil informatique, les techniques de
communication et d'information. , qui se caractérise par un saut
qualitatif dans le réservoir des compétences d'un individu.
Elle accroît l'employabilité de l'individu
que ce soit au sein de
l'entreprise ou à l'extérieur et élargit le
champ des métiers.
I.4.1. LA FORMATION PROFESSIONNELLE D'ADAPTATION AUX
CHANGEMENTS.
L'entreprise après avoir
analysé et évalué les compétences internes compte
tenu des besoins dictés par l'évolution de la demande, les
exigences de la qualité et de la concurrence, les nouveaux modes et
technique de gestion et de production. , entame un programme de formation
professionnelle de mise à niveau de ses ressources humaines.
Le but de cette opération est d'adapter le
personnel à tout changement pour ne pas perturber la bonne marche de
l'entreprise afin de ne pas perdre au pire des cas le niveau actuel de
compétitivité et de performance sur le marché et de
sauvegarder une image positive aux yeux de ses clients.
La formation d'adaptation est conseillée au moment
du recrutement externe de nouveaux salariés. C'est une opération
d'intégration et de familiarisation des nouveaux venus au sein du rouage
de l'entreprise qui est considéré comme un élément
étranger même pour les plus expérimentés.
En effet, chaque entreprise détient une culture
propre, des procédures administratives adaptées à son
contexte, un mode de gestion particulier, ce qui peut engendrer des retards au
niveau de l'assimilation et diminuer en conséquence le degré
d'efficacité et ceci a un coût qui se transforme en une perte de
compétitivité sur le marché.
I.4.2. LA FORMATION PROFESSIONNELLE DE
DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES.
Ce type de formation vient du postulat
que les connaissances perdent son efficacité et sa signification au fur
et à mesure que le temps passe et les changements
s'accélèrent de plus en plus vite.
Il est en effet aujourd'hui admis que le
développement des compétences est une nécessité
incontournable pour rester au diapason des changements qui deviennent
très fréquentes et ne pas céder le pas aux concurrents.
Les compétences d'hier ne sont plus valables
aujourd'hui et celles de maintenant ne seront plus d'actualité demain
parce que les connaissances deviennent vite obsolètes et sans
utilité d'usage.
La formation continue est alors un atout majeur pour
développer les compétences des ressources humaines que se soient
générales ou spécifiques.
I.5. LE DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES ET
L'EMPLOYABILITÉ.
L'employabilité constitue en effet une
nécessité pour l'entreprise pour une meilleure performance
économique et une chance supplémentaire pour l'employé
pour développer ses compétences "Développer
l'employabilité est à la fois une nécessité pour
l'entreprise et une opportunité pour les salariés "
(Bader, F., 2005).
Bader F. (2005), ajoute dans son discours que "
L'entreprise, en développant chez son personnel des compétences
recherchées et diversifiées, aura à tout moment et
à sa disposition les compétences nécessaires pour suivre
l'évolution des technologies et des marchés du travail et cela
renforce sa performance
économique ".
"Les salariés peuvent aussi y trouver une
opportunité en développant des compétences
recherchées par les entreprises, ils accroissent un capital de
savoir-faire, qui leur donne une sorte de protection sociale et un
élément de sécurité sur le marché du
travail. " (Bader F., 2005).
Lepissier (2001) considère l'employabilité
comme une contrepartie que les organisations peuvent offrir à ses
salariés afin de maintenir un lien social qui répond en
particulier au besoin de sécurité de chacun.
L'enjeu aujourd'hui est de s'adapter au contexte ou de
laisser la scène aux plus performants " Pour les entreprises
aujourd'hui, c'est s'adapter ou disparaître" (Lepissier, 2001).
Les conditions et les pratiques de gestion en
matière des ressources humaines comme la formation professionnelle, la
mobilité et la motivation constituent un préalable pour
développer l'employabilité " Développer l'employa
bilié, c'est maintenir et développer les compétences des
salariés ainsi que les conditions de gestion des ressources humaines
leur permettant d'accéder à un emploi, à
l'intérieur ou à l'extérieur de l'entreprise, dans des
délais et des conditions favorables." (Lepissier, 2001).
De ce fait, l'employabilité qui
impérativement développe les compétences des individus
peut aboutir à une mobilité externe ce qui constitue un
investissement manqué et un handicap majeur pour les entreprises.
L'enjeu est comment préserver les
compétences rares pour qu'elles restent fidèles à la firme
sans pour autant négliger le développement de
l'employabilité facteur nécessaire de performance et
d'adaptabilité dans un environnement qui change sans cesse.
En outre, il est démontré qu'il y a une
relation positive entre l'employabilité et les compétences "
Il existe un lien de cause à effet entre le développement des
compétences et le développement de l'employabilité "
(Monbeig C. et al., 2005).
L'entreprise pour pouvoir gagner le pari
de la compétitivité et s'adapter au mieux aux différents
changements tant économiques qu'organisationnels et technologiques
devrait miser selon l'avis partagé de tous les auteurs sur les
compétences des ressources humaines.
C'est en effet, seules les compétences disponibles
au sein de l'organisation ou recrutées à partir du marché
extérieur peuvent aller de l'avant et réaliser les objectifs
dans de bonnes conditions vu leur savoir -faire et leurs aptitudes aux
différentes situations même les plus difficiles.
Les compétences d'aujourd'hui ne sont plus valables
demain compte tenu de l'obsolescence des connaissances ce qui exige de la part
des individus et des organisations un effort continu de développement
des compétences.
Il est fort admis que la formation professionnelle
constitue l'un des moyens les plus efficaces pour développer les
compétences des salariés.
La formation professionnelle continue pour qu'elle ait des
effets positifs sur les qualifications acquises devrait avoir une vision
stratégique c'est à dire selon une planification de moyen et long
terme.
I.6. L'ENTREPRISE ET LE DÉVELOPPEMENT DES
COMPÉTENCES.
Nous vivons actuellement des mutations sans
précédent à tous les niveaux technologiques,
organisationnels et environnementaux ce qui incite les entreprises à
promouvoir ses ressources afin de s'adapter au nouveau contexte.
Des nouveaux défis de concurrence et de
compétitivité dictés par les lois du marché
viennent perturber les règles mises en place, les structures classiques
et les modes de gestion des ressources humaines archaques.
Il est impérativement de changer les
références, l'horizon et la cadence pour épouser une
gestion stratégique envers les ressources humaines
considérées comme richesse et un atout principal pour gagner le
pari de la concurrence et de la compétitivité en misant beaucoup
plus sur les compétences que sur les qualifications..
I.6.1. LES BESOINS DE L'ENTREPRISE EN COMPÉTENCES.
L'entreprise dans le nouveau paradigme
change de stratégie et de pratiques de gestion de ses ressources. La
gestion des ressources humaines passe alors d'une gestion rigide des postes
à la gestion des compétences ou par les compétences.
L'organisation compte tenu des mutations de
l'environnement, des relations et des configurations des marchés des
biens et services et de l'emploi, cherche à favoriser davantage de
réactivité, de flexibilité et de mobilité des
salariés tant interne qu'externe.
Elle doit impérativement s'adapter aux changements
par le développement des compétences disponibles ou d'en recruter
les oiseaux rares à partir du marché externe.
I.6.1.1. Les besoins d'adaptation aux
changements.
Tout changement que ce soit
organisationnel, de structure, technologique ou autre nécessite une
période plus au moins longue d'adaptation et ce compte tenu du
degré de cette mutation, sa nature, ses effets immédiats ou non
sur les moyens de production, la réactivité de l'entreprise en
question et l'état des compétences de ses ressources humaines.
L'entreprise qui vit aujourd'hui dans un environnement de
plus en plus instable où les changements sont fréquents adopte
une position préventive en cherchant une grande flexibilité et
une réactivité en investissant dans son capital humain.
C'est en effet, les compétences humaines qui
peuvent trouver les solutions adéquates à tous les
problèmes posés à l'organisation afin de dépasser
les obstacles et les périodes de transitions sans perte de
compétitivité et de performance.
I.6.1.2. Les besoins de compétitivité et
de performance.
Toute entité économique
cherche à réaliser une performance viable pour dégager une
valeur ajoutée capable de développer l'organisation et
d'être compétitive sur le marché.
Pour réaliser cet objectif, l'entreprise a besoin
en plus des moyens techniques et technologiques, de la compétence de ses
ressources humaines qui peuvent par leur savoir -faire et leurs connaissances
renouvelées et ajustées suivre le rythme des changements et
s'adapter le plus rapidement possible aux nouvelles technologies et aux
différentes exigences du marché.
Les compétences sont donc nécessaires
pour augmenter la productivité de la firme et d'être plus flexible
aux changements et aux mutations tant organisationnelles que technologiques.
C'est pour cette raison que la majorité des
organisations investissent dans la formation professionnelle en
développant les compétences de ses employés parce que
c'est la seule voie de gagner en performance et de rester dans la course.
Pour rompre avec des modèles de gestion
traditionnels basés sur les postes de travail de type taylorien et de
tenir compte des changements et des circonstances de la nouvelle donne,
l'entreprise procède par le développement des
compétences.
Le développement des compétences est une
démarche stratégique de long terme visant à
réaliser une performance économique durable, de chercher des
capacités nouvelles de réaction à des
évènements imprévus ou une adaptabilité à
des situations de grande turbulence et d'incertitudes.
Hamel et Prahalad, (1989) affirment en analysant les
firmes américaines et japonaises durant les années 80 que les
entreprises qui ont réussi sont celles qui raisonnent en termes de
compétences.
L'entreprise vit actuellement dans un
environnement instable et concurrentiel en face de grands défis
économiques, organisationnels,
technologiques, socioculturels et stratégiques.
Elle cherche en conséquence à s'adapter au
nouvel environnement en développant les compétences disponibles
ou de les acquérir de l'extérieur.
La formation professionnelle continue constitue alors l'un
des moyens les plus redoutables pour développer les compétences
afin d'être à la hauteur des défis rencontrés et de
gagner le pari d'une rude concurrence.
Les salariés dans ce contexte de grandes mutations
tant technologiques qu'organisationnelles ne peuvent désormais plus
rester sur ces acquis continuellement dépassés et mis en cause.
Les compétences sont évaluées de
manière individuelle et les détenteurs se trouvent
confrontés à la réalité des faits pour conserver
l'emploi en question, de développer les acquis au travers des diverses
modalités de formation continue ou d'être muté ailleurs.
Les mutations que connaît le monde contemporain dans
tous les
domaines, ne laissent les entreprises neutres et sans
réactions face aux changements dans le système productif, les
pratiques de management, les métiers et la gestion des ressources
humaines.
Toute entreprise qui se veut concurrentielle et au
diapason de la nouvelle donne cherche à mieux rentabiliser son potentiel
confiance envers ses clients et partenaires par la diversification de ses
produits tout en misant sur la qualité et la performance.
Le pari stratégique ne se gagnera pas seulement
à travers l'intensification des moyens financiers et techniques mais
surtout par le biais des compétences des hommes.
Ainsi, l'entreprise d'aujourd'hui se trouve confronter
avec une réalité nouvelle à savoir l'acquisition des
compétences à partir du marché externe ou de les
développer intérieurement moyennant des programmes de formation
professionnelle continue ciblés.
S'il y a pénurie de compétences
constatée à un moment donné, quelle est la
réaction des entreprises face à ce problème
épineux : faut-il recruter ou développer les
compétences ?
Chacune des deux stratégies a ses raisons
d'être, ses méthodes de réalisation, ses risques et ses
logiques.
Seules les expériences vécues peuvent nous
renseigner sur le bien fondé des démarches prises en compte et
leur efficacité relative.
Les exigences du marché qui s'oriente vers la
diversification des produits pour satisfaire au mieux les clients dan un
environnement concurrentiel et des mutations technologiques sans
précédent que nous vivons actuellement ne laissent les
entreprises indifférentes face à ce fléau de
bouleversement
L'effort d'adaptabilité des entreprises
à l'égard de ses profonds changements venus secouer ses
quiétudes ne se mesure pas seulement en termes techniques et financiers
mais également et surtout en terme capital humain et portefeuille des
compétences. C'est fini l'ère de la protection de l'Etat avec
l'avènement de la mondialisation et son libéralisme
économique.
Et maintenant c'est en effet les ressources humaines qui
deviennent une source rare et stratégique autant sinon plus que le
capital et la technologie.
Le capital compétences détenu par chacun des
mortels est recherché et développé par la formation
continue.
L'entreprise qui se veut performante à long et
à moyen terme dans un environnement instable et concurrentiel doit
faire des prospections et des prévisions à partir des outils
appropriés compte tenu de scénarios et d'hypothèses afin
de prévoir d'avance les difficultés et les problèmes
qu'elle va les rencontrer dans son chemin.
On note entre autres la gestion prévisionnelle des
ressources humaines (GPRH) comme outil utilisé par les entreprises pour
dégager l'état des lieux dans un avenir proche et lointain.
Cet outil peut s'avérer efficace dans la gestion des
emplois et des compétences dans le sens d'une connaissance avant terme
des pénuries éventuelles en matière de qualifications et
de compétences demandées par l'activité ou en cas d'un
changement de structure.
L'entreprise dans son parcours cherche une grande
efficacité à travers l'élimination des
éléments de gaspillage comme le sureffectif et de
développer davantage son portefeuille en compétences, atout
majeur pour une performance certaine et durable.
L'adéquation entre les ressources en
compétences disponibles et les besoins est une opération
d'optimisation nécessitant des outils de prévision comme la GPRH
et une connaissance de tous les aspects
du personnel en matière de qualifications, de
compétences, des emplois, des postes et les parcours de carrières
du personnel.
Les parcours de compétences devraient être
définis à partir des référentiels de
métiers et des compétences.
Une grille de compétences actualisée est
nécessaire pour évaluer les qualifications des salariés et
leurs compétences disponibles et prévisionnelles.
Le besoin des entreprises en compétences est
optimisé grâce à tous les outils
énumérés ci-dessus. La bonne tenue, la mise à jour
et la richesse des informations tant qualitatives que quantitatives de ses
outils sont un gage de réussite et de bonne conduite.
L'évolution de l'activité de l'entreprise,
son expansion, son essor, son développement demande beaucoup de
personnel qualifié et compétent en plus des moyens financiers,
techniques et logistiques.
Les exigences manifestées par les clients en
présence d'une concurrence poussée nécessitent
inéluctablement de produire selon les normes de la qualité et de
la certification, poussent les entreprises à utiliser des personnes
qualifiées et compétentes.
Les mouvements à l'intérieur de l'entreprise
par l'occasion des diverses promotions et les départs pour motifs
de retraites, de licenciements, de démissions et autres risquent de
générer un vide momentané ou durable dans des postes
parfois stratégiques et qu'il est urgent de les combler sans
attendre.
L'aménagement des postes et des fonctions par la
fusion de certaines taches, la suppression d'activités ou
l'enrichissement du contenu pourrait
conduire à des reconversions et des mobilités dans
le corps du personnel moyennant un apport de compétences.
La réorganisation des services de l'entreprise
compte tenu des changements du système de gestion ou de
production serait à l'origine d'un éventuel acquisition de
compétences s'il s'avère qu'il y a un manque ou insuffisance.
Il est de même pour le cas d'une dispersion
géographique pour un besoin de la clientèle.
L'adaptation et la mise à niveau des ressources
humaines existantes à l'évolution technologique et
managériale comme l'acquisition de nouveaux matériels
informatiques où la venue de nouvelles machines de production et
l'adoption des techniques de gestion modernes nécessitent
l'accroissement du potentiel des compétences de l'entreprise.
Il va sans dire que toute restructuration au niveau de
l'entreprise et tout changement à l'échelle des objectifs et des
stratégies touchent au plein coeur la sphère des
compétences.
Donc, par l'intermédiaire des outils
évoqués plus haut comme les grilles des compétences, la
gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, le
référentiel des compétences et compte tenu des exigences
stratégiques et environnementales, l'entreprise fixe ses choix quant au
recrutement ou au développement des compétences.
L'entreprise peut satisfaire ses besoins en
compétences en développant les compétences existantes pour
plusieurs raisons comme le faible coût, la connaissance de l'entreprise
depuis plusieurs années, l'engagement organisationnel et
l'adhésion à une certaine culture déjà
enracinée depuis longtemps.
Le soutien organisationnel est nécessaire pour
développer les compétences surtout au niveau de la formation
continue, la motivation, la responsabilisation, l'enrichissement des
tâches et la mobilité interne.
Certaines compétences de grande valeur sur le
marché peuvent chercher des opportunités meilleures qui se
présentent devant elles pour émigrer à d'autres
organisations plus performantes et plus généreuses en
matière de rémunérations et conditions avantageuses de
travail.
La fidélisation des compétences aux projets
de l'entreprise passe par une vision dynamique et stratégique de la
relation contractuelle et un environnement de progrès technologique et
des modes de gestion renouvelés aidant la communication, l'écoute
et l'information.
De nouveaux outils de diagnostic, d'évaluation et
de gestion des compétences sont plus que nécessaires.
I.6.2. LE DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES
INTERNES.
L'entreprise après avoir pris connaissance d'une
pénurie de compétences compte tenu d'une logique
préventive basée sur un système de gestion
prévisionnelle des ressources humaines et d'une gestion dynamique des
grilles de compétences, lance un programme de développement des
compétences.
L'entreprise doit mettre en place un plan de formation
professionnelle continue pour pallier toutes les insuffisances et les
manquements en compétences.
Le plan de formation pluriannuel contient les
priorités, les types de qualifications à pourvoir, le budget, les
modalités pédagogiques, le niveau de la formation, l'achat de la
formation, les périodes, le personnel concerné, les dispositifs
de formation. , etc.
Le besoin immédiat sera comblé par des
compétences disponibles via des techniques de mobilité
professionnelle et de reconversion si le changement ne demande pas une
formation supplémentaire.
La promotion par des concours internes ou par liste
d'aptitude ne permet pas d'acquérir de compétences nouvelles. En
effet, ces deux modes de promotion ne tiennent pas compte des aptitudes
comportementales et relationnelles dans la réalité des faits des
candidats.
Les premières sont basées sur des
connaissances théoriques par contre les deuxièmes sont
subjectives.
Ainsi, le seul moyen crédible et accepté par
tout le monde pour développer les compétences au sein d'un
organisme est la formation professionnelle.
Mais pour engager un plan de formation réussi et
efficace afin de développer les compétences il y a lieu de bien
connaître les vrais besoins de l'entreprise et à temps pour ne pas
accumuler les retards d'ajustement et de financer inutilement des actions de
formation inadaptées.
La gestion prévisionnelle des ressources humaines
appuyée par une gestion des carrières et une évaluation
permanente du personnel constitue une démarche rationnelle pour
détecter les failles avant terme et d'en remédier à temps
efficacement.
Malheureusement, toutes les entreprises ne sont pas
outillées par ses dispositifs de gestion moderne. De ce fait, elles
trouvent en conséquence des difficultés énormes pour
s'adapter aux mutations technologiques, organisationnelles, institutionnelles
et socio-économiques d'aujourd'hui.
L'entreprise doit motiver par l'intermédiaire de la
formation en plus d'autres moyens pécuniaires et de promotion dans le
déroulement des carrières en enrichissant le contenu et en
responsabilisant davantage pour bien conserver les compétences et les
décourager de quitter pour un concurrent potentiel.
C'est pour cette raison qu'on parle actuellement de
gestion de compétences et encore mieux de la gestion par la
compétence.
L'entreprise pour certains comme le montre une
étude menée par un groupe de travail à l'école
nationale d'administration française est orientée vers
l'intérieur pour faire face aux pénuries de compétences.
Les raisons essentielles sont d'une part la faiblesse des
marchés professionnels et le dysfonctionnement du marché du
travail et d'autre part chaque entreprise à une culture
différente et il est difficile de trouver à partir des concours
externes basés sur des connaissances globales de nature
académiques les oiseaux rares surtout pour un besoin immédiat.
Les entreprises font souvent recours à la
formation, à la mobilité interne et aux reconversions des
salariés pour développer leurs compétences en rapport
avec un environnement connu et maîtrisé eu égard aux
nouveaux recrus malgré leurs qualifications et compétences
acquises ailleurs.
I.6.3. L'ACQUISITION DE NOUVELLES
COMPÉTENCES.
L'entreprise en cas de pénurie de main-d'oeuvre
qualifiée et compétente dans le marché interne, cherche
des candidats de valeur du marché extérieur après analyse
auparavant des besoins de la firme en compétences. L'entreprise doit
évaluer en premier les compétences existantes et si elles peuvent
combler le déficit constaté directement ou après des
actions de formation continue ciblées.
L'utilisation des compétences internes peut
être bénéfique en coût et surtout en
adaptabilité des personnes dans leur environnement et au contexte du
travail puisqu'elles sont habituées aux rouages, procédures et
à la culture et aux valeurs de l'entreprise.
Mais, la mobilité interne ne peut pas toujours
combler le déficit surtout dans un environnement de grande incertitude
et changeant d'une manière rapide.
Certaines compétences rares et indispensables
pour certaines activités de grande importance nécessitent un
recrutement d'urgence du marché extérieur.
Malgré le problème du coût qui peut
être excessif mais l'apport en rentabilité et performance peut
être décisif pour l'organisation afin de réaliser des
projets stratégiques.
Les nouvelles compétences venues de
l'extérieur peuvent créer un dynamisme, une concurrence et du
sang nouveau dans le groupe à travers de nouvelles expériences et
d'échanges qui peuvent être intéressants et constructifs.
L'adaptabilité des grandes compétences dans
un contexte particulier peut poser des problèmes mais cela ne constitue
pas un frein de taille.
Le point essentiel c'est l'implication et l'engagement des
compétences aux objectifs de l'entreprise d'une part et le soutien
organisationnel aux nouveaux venus.
En règle générale, l'entreprise ne
fait recours au recrutement des compétences à partir du
marché extérieur qu'après l'utilisation de toutes les
opportunités offertes intérieurement et ceci pour promouvoir les
ressources humaines existantes et d'en tirer profit des potentialités
internes avant de les chercher ailleurs.
Dans des cas de figure, les ressources demandées
ne sont pas disponibles à l'intérieur de l'entreprise ce qui la
contraint de recruter de l'extérieur moyennant des précautions
à prendre afin d'acquérir à bon escient
l'élément adéquat manquant au puzzle.
Cette tâche de dénicher l'oiseau rare
n'est pas une démarche facile dans un marché dysfonctionné
où la certification des compétences et des qualifications est mal
connue.
Pour pouvoir recruter des compétences du
marché externe sans risque d'erreur, il faudrait qu'il existe un
marché efficient des compétences et un système de
certification reconnu et fiable.
Certains auteurs pensent que l'environnement actuel
caractérisé par une grande mobilité dans le marché
du travail et une instabilité croissante des postes d'emploi
accompagné par une précarité sans précédent
favorise l'émergence d'un marché des compétences de plus
en plus performant.
Cette tendance est confirmée par l'étude
menée par Alain Bernard A., Besson D. et Haddadj S., (1999) sur le
système productif américain.
Selon cette étude, la plupart des entreprises
tendent à choisir la facilité en recrutant les compétences
à partir du marché extérieur en cas d'une pénurie
et seule une minorité vise à développer les
compétences afin de créer une dynamique interne à
l'organisation.
Il est communément admis qu'en court terme et
dans une situation d'urgence l'entreprise fera recours au marché
extérieur en risquant parfois de ne pas atteindre le cible mais
l'attente sans agir est parfois très coûteuse et dangereuse en
terme de crédibilité pour l'organisation.
Pour pouvoir recruter du marché externe dans de
bonnes conditions, il est recommandé de perfectionner les moyens de
recrutement.
Le concours externe organisé par l'entreprise
est souvent mal adapté pour sélectionner le candidat le mieux
compétent pour occuper le poste désigné.
En effet, le concours de contenu académique et
générique ne peut en aucun cas déceler les qualités
des candidats exigées par les postes dont notamment les capacités
relationnelles, comportementales, d'adaptabilité, de
créativité. , etc.
Seuls des professionnels du métier et
après essai et analyse pour chaque candidat en rapport avec des
situations réelles de travail peuvent nous renseigner avec certitude.
Malgré tout, le recrutement externe reste un
moyen parfois complémentaire et parfois de grande importance pour
l'entreprise.
Ce mode d'acquisition des ressources rares peut
constituer un élément d'enrichissement pour l'entreprise dans le
sens où il peut injecter du nouveau sang frais pour les ressources
existantes tout en créant un climat de concurrence et de dynamisme.
L'évolution du marché de l'emploi vers
une professionnalisation accrue et une grande mobilité des
compétences où les frontières sont devenues
perméables, l'achat des qualifications et des compétences
deviendra pour pas longtemps dans les cultures.
Il y a actuellement deux tendances
complémentaires et non contradictoires pour résoudre le
problème que rencontre chaque entreprise en situation de pénurie
en compétences à savoir de les développer à partir
des ressources humaines via la formation professionnelle continue ou de les
acquérir à partir du marché externe.
L'évolution d'aujourd'hui dans le monde du
travail connaît une tendance de plus en plus vive vers
l'instabilité et la précarité ce qui implique une
mobilité de plus en plus grande des compétences et ceci va
créer une nouvelle aire où se confronte l'offre et la demande
des qualifications compétentes d'où l'émergence d'un
nouveau marché qu'on peut l'appeler : marché des
compétences.
C'est un problème de société que
les entreprises françaises préfèrent encore
développer les ressources humaines disponibles en conformité avec
les principes de fidélité et de culture socialiste mais
hélas le vent de la mondialisation a tout secoué.
Ainsi, on connaît dans l'autre rive de
l'atlantique d'autres éthiques et d'autres considérations pour
enfin compter sur un marché de compétences.
L'entreprise pourrait en toute logique compter sur les
deux marchés selon les opportunités offertes devant elle compte
tenu de plusieurs considérations à savoir : la
professionnalisation du marché externe, l'urgence de l'opération,
la nature de l'action, les objectifs assignés, la stratégie
adoptée,...,etc.
Néanmoins, le marché des
compétences ne peut se développer loin des programmes de la
formation continue tout en commençant par une formation de base riche et
diversifiée orientée vers l'efficacité et la
performance.
SECTION 2. LE DÉVELOPPEMENT DES
COMPÉTENCES ET LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE.
Dans un contexte
caractérisé par des mutations profondes où les besoins des
uns et des autres changent du jour au lendemain et les relations deviennent
instables au fil des jours compte tenu de la conjoncture et des rapports de
force entre les acteurs en place, les désirs et les ambitions des
salariés compétents ne sont pas toujours convergents avec la
stratégie de l'entreprise.
S'il y a un écart significatif entre les attentes
du personnel et ce que l'entreprise offre en contrepartie, il y aura
vraisemblablement une rupture et un départ et c'est
précisément ce qu'on appelle la mobilité externe.
Le développement des
compétences ne peut jamais s'en passer de la formation professionnelle
durant toute la vie active du salarié.
En effet, les connaissances théoriques, pratiques
et techniques dans tous les domaines changent avec un rythme très
accentué. " La formation est le moyen le mieux appropriée d'une
adaptation à l'emploi, d'une reconversion, d'une promotion ou encore
d'un accès à une qualification supérieure " (Goux et
Maurin, 1997).
Celui qui ne s'adapte pas à temps aux
actualités de l'heure et à l'environnement du jour sera
devancé par les concurrents et très vite sera distancé en
conséquence de la course.
L'entreprise devra regarder attentivement de ce qui se
passe à ses frontières pour prendre les décisions qui
s'imposent et s'adapter à tout changement dans l'environnement et ce
grâce essentiellement aux compétences disponibles par le biais
d'une planification prévisionnelle à moyen et log terme en
utilisant des outils appropriés de gestion et de management.
La formation constitue alors le moyen le plus efficace
pour accroître les connaissances et améliorer les pratiques
contextuelles. La performance au bout du compte ce n'est qu'un résultat
généré par l'effort d'un personnel qualifié et
compétent.
Il y a eu en conséquence une forte liaison entre
formation professionnelle et développement des compétences
quoiqu'il soit difficile de faire des mesures pertinentes sur le sujet surtout
dans les pays en voie de développement où les enquêtes de
formation font défaut.
II.1. LES EFFETS DE LA FORMATION SUR LES
COMPÉTENCES INDIVIDUELLES ET COLLECTIVES.
Aujourd'hui, la formation professionnelle
continue fait l'unanimité dans le monde du travail et des
organisations. Ses effets sont le plus souvent difficiles à mesurer
parce qu'il y a d'autres phénomènes qui interfèrent
à la fois d'une manière implicite.
Le résultat dégagé comme la valeur
ajoutée par une activité dépend de plusieurs facteurs et
notamment les ressources humaines, les techniques utilisées et
l'organisation.
De ce fait, pour mesurer l'impact de la formation, il y a
lieu d'isoler ses effets par rapport aux autres facteurs et il s'avère
jusqu'à maintenant une tâche ardue que ce soit au niveau
méthodologique ou au niveau de la mesure.
De plus, le résultat d'une activité n'est
pas le fruit de l'effort des seuls agents formés mais aussi des autres
salariés qui n'ont peut- être jamais
bénéficié de formation.
Le résultat est un produit du collectif et il est
difficile de faire de la segmentation ou de l'expérimentation comme on
fait dans les laboratoires.
Ceci étant, et loin des considérations des
problèmes méthodologiques liés au passage de l'individuel
au collectif (agrégation des résultats), il est admis que la
formation professionnelle a des effets positifs sur la performance de
l'individu, son engagement professionnel, sa fidélité à
l'organisation, son parcours professionnel et plus particulièrement sur
le développement de ses compétences.
La formation professionnelle a deux effets essentiels sur
l'individu, l'un subjectif et émotionnel, l'autre est objectif et en
rapport avec le contexte du travail.
L'individu formé se sent considéré,
impliqué et valorisé par son organisation et sa hiérarchie
et par conséquent plus motivé pour doubler l'effort et appliquer
les consignes : c'est un sentiment interne qui le pousse à
travailler plus sans même attendre un gain salarial.
Le côté sentimental et qualitatif dans une
relation est très important pour qu'elle dure le plus longtemps possible
dans une harmonie et quiétude pour enfanter de bons résultats.
L'entreprise qui programme des actions de formation
à tout son personnel selon les aptitudes de chaque membre, les exigences
du contexte, les besoins et les moyens du travail et d'une manière
périodique et équitable, favorise en définitif le
développement des compétences collectives.
Un individu compétent entouré d'agents
démotivés et incompétents ne peut en aucune manière
valoriser ses compétences et ses aptitudes. De ce fait, une
compétence collective dans l'organisation est nécessaire pour
intégrer et harmoniser les compétences individuelles afin
d'obtenir de bons résultats.
II.2. LES EFFETS DE LA FORMATION SUR LA
TRANSFÉRABILITÉ DES CONNAISSANCES.
La définition de la
compétence renvoie d'une part aux situations réelles du travail
et d'autre part aux connaissances pratiques et théoriques acquises lors
des études scolaires et des actions de la formation professionnelle.
Ces dernières compétences qui
présentent un caractère de généralité donc
transférables dans d'autres situations en dehors de l'entreprise
formatrice peuvent en conséquence faciliter et inciter les
salariés à la mobilité externe.
Les premières quant à elles sont plus
attachées au contexte local et propre à l'entreprise donc elles
n'ont de sens que par rapport à l'environnement où elles
s'exercent.
Celles-ci ne peuvent pas en général
améliorer l'employabilité externe des salariés c'est
à dire dans un contexte nouveau voire dans une autre firme.
"Développer l'employabilité, c'est maintenir, et
développer les compétences des salariés et les conditions
de gestion des ressources humaines leur permettant d'accéder à un
emploi de l'intérieur ou à l'extérieur de l'entreprise,
dans des délais et des conditions favorables "(Finot, A., 2000).
La mobilité professionnelle à
l'extérieur des frontières de l'entreprise est de nos jours une
nouvelle forme de flexibilité et d'ajustement de l'emploi dans un
environnement caractérisé par des mutations profondes au niveau
des relations économiques et sociales.
L'entreprise cherche des arguments à travers
les compétences de ses ressources humaines pour convaincre ses clients
de plus en plus exigeants et se maintenir leader de son domaine sur des
marchés vulnérables et instables.
Le développement des compétences de ses
employés devenu une nécessité absolue devant les mutations
tant technologiques que managériales pour une adaptabilité rapide
à la nouvelle donne rend la formation professionnelle continue une
tâche privilégiée et un investissement de grande
importance.
Les salariés formés, devenus
détenteur d'un grand potentiel de compétences, seront
tentés dans un marché d'emploi concurrentiel d'une
mobilité externe. Une mobilité externe est d'autant plus
réalisable que les connaissances acquises soient plus
générales que spécifiques.
La mobilité externe prend de l'ampleur comme le
montre les statistiques dans les pays développés et il n'est pas
exclu de la voir s'instaurer dans les habitudes des entreprises des pays en
voie de développement quoiqu'il soit difficile de mesurer les
conséquences et le degré d'importance vu l'absence
d'enquêtes spécifiques sur le sujet de la mobilité
professionnelle externe.
En regardant de prés les demandes d'emploi
formulées par les entreprises tunisiennes sur les journaux, nous
remarquons qu'elles exigent sauf dans des cas rares une expérience de
plusieurs années dans des spécialités données.
Il est donc admis qu'il existe bel et bien un
marché de compétences où se confronte une offre de
candidats dotés de potentiel d'expériences et de qualifications
appréciables.
Il va sans dire que les salariés de valeur
quittent plus souvent qu'auparavant leurs entreprises pour occuper de nouveaux
postes plus riches en contenu et plus valorisants quant à leur parcours
professionnel dans un environnement plus dynamique.
Si les conséquences sont plus au moins
favorables au salarié, elles ne le sont pas pour l'entreprise qui voit
ses moyens les plus stratégiques s'envolent pour des concurrents
après d'énormes sacrifices et un manque à gagner issu du
non -retour sur investissements dans des programmes de développement
pour le compte de son personnel.
L'enjeu est de taille à tel point que
l'arbitrage pour investir dans la formation continue sera une équation
difficile à résoudre pour aboutir souvent à un
ralentissement de l'effort consenti à ce chapitre ou à une
différenciation au niveau des catégories des employés
bénéficiaires des actions de formation selon l'ancienneté
ou la fonction.
Le contenu de la formation sera aussi reformulé sur
de nouveaux principes en privilégiant la formation touchant des
connaissances spécifiques et propres à l'entreprise plutôt
que des connaissances générales pour la simple raison que les
premières ne sont pas transférables loin des frontières de
l'entreprise comparées aux deuxièmes.
La fidélité et l'engagement à
l'ère des compétences changent de forme et de signification.
Elles sont alors pour l'entreprise une stabilité dans l'organisation
synonyme de performance et de maîtrise des coûts salariaux et
autres.
Pour le salarié, l'engagement est avant tout au
projet qu'il conduit en se basant sur ses propres atouts et l'entreprise ne
constitue qu'un lieu où il manifeste ses compétences.
Si les attentes des uns et les exigences des autres ne
convergent pas, il y aura rupture du contrat psychologique et chacun cherchera
les moyens pour atteindre les objectifs assignés.
II.3. LA FORMATION PROFESSIONNELLE EST - ELLE UNE SOURCE
DE MOBILITÉ EXTERNE ?
L'entreprise dans une situation de
recherche de la performance va miser sur le développement des
compétences internes au premier lieu pour des raisons de coût et
d'adaptabilité au contexte local.
En effet, les ressources internes connaissent mieux que
quiconque la culture, les méthodes de gestion, les rouages et les
procédures de l'entreprise où elles exercent déjà
le travail.
De même, l'entreprise est en mesure de
maîtriser les coûts de son personnel et en particulier les
rémunérations qui dépendent à des
négociations où les salariés sont victimes d'une
asymétrie d'information et d'un pouvoir syndical limité.
Ainsi, l'entreprise commencera par former les
compétences internes pour mener de l'intérieur les changements
qui s'imposent. S'il y a un déficit à un niveau donné,
elle le comblera par des recrutements externes après une analyse des
besoins.
Les nouveaux venus ont droit à une formation
d'adaptation pour les familiariser avec la culture, l'organisation et les
règles tant administratives que contextuelles.
Les compétences dans un environnement de grande
instabilité cherchent à tirer profit de tout développent
de leur potentiel en rentabilisant leur valeur sur le marché du
travail.
Il est hasardeux pour elles d'attendre les pires des
risques de licenciements économiques, le chômage et la
précarité.
En effet, les lois du marché dans une concurrence
économique exacerbée n'épargnent personne tandis que la
protection des pouvoirs publics de l'emploi est levée et les pouvoirs
des syndicats se sont devenus éphémères.
Lors des dernières années, on a
assisté à des vagues de restructurations massives des
entreprises publiques et une mise à niveau de l'économie
nationale dans tous les pays et surtout ceux en voie de
développement.
Cette opération de grande envergure a
touché en profondeur la population active via des programmes de
licenciements, de retraite d'office, de départs forcés ou
incités, etc.
Les entreprises adoptent une logique de
rentabilité et de performance en conformité de la nouvelle donne
en utilisant davantage de technologie au détriment des ressources
humaines, considérées à tort comme un coût à
faire comprimer oubliant que les techniques toutes seules ne peuvent plus
dégager de valeur ajoutée.
En effet, seules les ressources humaines qui peuvent
s'adapter aux mutations et trouvent les solutions adéquates aux
problèmes. Les techniques n'ont pas la réactivité des
humains et ne peuvent pas ainsi dépasser les programmes installés
auparavant.
C'est cette faculté de dépassement à
toute épreuve qui fait la différence entre une machine inerte et
sans âme ni sentiment et l'être humain qui détient un
pouvoir cognitif capable de réagir et de s'adapter aux circonstances
aléatoires et incertaines.
L'effet de la formation sur la mobilité externe
pose toujours un problème de mesure. En effet l'analyse de la
mobilité est généralement fondée sur un historique
du parcours professionnel des salariés.
La plupart du temps, il leur est demandé de
saisir les mouvements professionnels inter-firmes de lister chronologiquement
les différents postes qu'ils ont occupés et de spécifier
les périodes passées en tenant compte de certaines
caractéristiques ou indicateurs tels que : âge, salaire,
diplôme, etc.
Beaucoup se contentent d'appréhender la
mobilité à travers le taux de mobilité des
salariés, mesuré par le rapport entre l'ancienneté dans
l'organisation et le nombre des postes occupés pendant cette
période.
Latack (1984 ), propose pour évaluer l'ampleur
d'une transition de carrière une mesure fondée sur une
combinaison de modifications concernant le poste, le statut
hiérarchique, la fonction, la tâche et le domaine
d'activité.
Certains auteurs pensent que la formation professionnelle
continue réduit la mobilité externe " Les résultats
montrent clairement qu'un stage de formation continue diminue le risque de
départ de l'entreprise." (Dupray A. et Hanchane S., 2000).
Au total, selon les deux auteurs, le risque de
départ diminue de 30 à 36% après un passage en formation
continue.
En outre, les deux auteurs affirment que l'effet de la
formation professionnelle sur la mobilité externe dépend aussi de
la spécificité de la formation dispensée, de la
durée des actions, de la taille de l'entreprise et des
caractéristiques de l'individu ( âge, compétence, situation
familiale, ...).
On peut présumer alors que plus une formation est
longue et spécifique, plus elle devrait manifester un effet
contre-incitatif.
"Au contrario, une formation ayant débouché
sur un diplôme devrait afficher un moindre pouvoir de rétention."
(Dupray A. et Hanchane S., 2000).
Pour Goux et Maurin (1977)," La formation continue est de
nature à décourager les salariés à quitter
l'organisation. Par ses effets, la formation remplit un rôle de
rétention de la main d'oeuvre ".
Il est donc clair qu'une formation spécifique au
poste du travail et au contexte propre de l'entreprise n'incite pas les
salariés à quitter du moins facilement leur employeur puisqu'il
est difficile pour eux de transférer des connaissances de nature non
générales.
Par contre la formation de type générale
voire diplômante où les connaissances peuvent être
appliquées et utilisées dans des situations d'emplois
différentes est de nature à inciter les salariés en vue de
chercher d'autres opportunités ailleurs.
La valorisation de la formation continue à travers
la motivation, la promotion ou l'augmentation salariale peut avoir des effets
tangibles sur la décision de l'individu quant à sa relation et
engagement avec son organisation :
" On peut supposer qu'à formations de nature
équivalentes, les salariés quittant leur employeur se distinguent
par la faiblesse des compensations salariales et professionnelles
perçues à la suite de leur passage en formation." (Dupray
A. et Hanchane S., 2000)
Il est évident que l'individu détenteur
d'une formation professionnelle continue est en mesure d'arbitrer entre la
valorisation de celle-ci et la perspective d'une relation stable et durable
avec son employeur.
Il est alors admis pour tous les auteurs que la formation
continue en entreprise relève d'une double préoccupation.
Pour l'entreprise, elle est un moyen pour améliorer
le système de gestion et de production afin de réaliser une
meilleure rentabilité financière et économique.
Pour le salarié, elle est un outil de construction
de son parcours professionnel et d'améliorer son potentiel de
compétences.
Certains auteurs pensent que la première
période de l'embauche se caractérise le plus souvent d'une forte
instabilité et d'une grande mobilité externe.
En effet, les jeunes diplômés cherchent un
emploi qui répond le plus à ses aspirations parfois
irréalistes en se fixant des idées et des préjugés
sur le monde du travail qui s'avèrent après expérience
sans fondements ce qui les incitent alors à chercher un autre emploi
ailleurs. " La période d'insertion professionnelle se définit
comme un moment spécifique au sens d'une intense mobilité."
(Lynch , 1991 ; Farber , 1994 ; Neumark , 1998).
Pour Dupray et Hanchane, (2000), pendant cette
période d'insertion professionnelle les individus reçoivent le
plus de formation continue et surtout les diplômés de
l'enseignement supérieur où on observe d'après les
enquêtes de mobilité et de formation un taux élevé
de départs. Ceci constitue alors pour eux un paradoxe dans la mesure
où l'entreprise utilise la formation professionnelle pour
fidéliser les nouveaux venus en son sein.
Tout cela peut nous permettre de se questionner sur le
contenu de la formation, de la validation et de valorisation, de la motivation
et des pratiques de gestion des ressources humaines suivies.
D'autres auteurs font une distinction entre une formation
faite par
l'employeur lui-même et selon ses règles propres et
une formation qui se fait en dehors du plan de formation." Les salariés
formés par l'employeur sont plus stables.
Une formation débordant du plan de formation de
l'entreprise engendre, au contraire, une plus forte mobilité entre
entreprises pour les ouvriers et les employés." (Laine F., 2002)
Cette formation hors de l'entreprise, permet en effet,
d'acquérir des compétences et qualifications plus
générales qu'on peut plus facilement valoriser dans un contexte
extérieur.
Et de ce fait, selon Goux et Maurin, (1977) ; Goux et
Zamora, (2001), l'entreprise à tendance à privilégier,
pour l'accès à la formation professionnelle, les individus
susceptibles de rester en son sein.
Laine, F. (2002) affirme en outre que les salariés
bénéficiaires d'une formation " éprouvent sans doute plus
le désir de rester dans l'entreprise puisqu'elle offre un cadre leur
permettant de maintenir ou de développer leur qualification".
II.4. LES AUTRES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA
MOBILITÉ EXTERNE.
Aucun ne peut ignorer ou sous-estimer les effets de la
formation professionnelle ou plus généralement le
développement des compétences tant transférables que
spécifiques sur la mobilité externe.
Le débat sur ce sujet est d'actualité et
passionne plusieurs chercheurs aux U.S.A, au Canada et en France. Les
enquêtes sur la mobilité et la formation se multiplient ces
dernières années en France et ailleurs.
Les auteurs penchent plus sur un effet positif de la
formation et du développement des compétences sur la
mobilité externe c'est à dire l'entreprise qui fournit à
ses employés de la formation continue développe chez eux une
implication et un engagement plus grands voire une fidélité
affective importante.
Certains autres auteurs donnent une ligne de
démarcation et des nuances à ce débat en signalant que
les effets du développement des compétences dépendent de
la nature (générales ou spécifiques ), du contenu, de la
valorisation, du climat qui prévaut entre collègues et
hiérarchies au sein de l'organisation et en particulier des
caractéristiques des salariés ( âge, situation familiale,
niveau hiérarchique, ancienneté, expérience. , etc.) et de
l'organisation ( secteur d'activité, taille, nature et contenu des
pratiques de gestion des carrières, existence d'un système
d'évaluation des compétences. , etc.).
Les autres causes explicatives du turnover sont
nombreuses et se divisent en trois catégories à savoir :
-Des variables individuelles : des
attitudes subjectives envers le travail et des caractéristiques
socio-démographiques.
-Des variables organisationnelles : des
déficiences des modes de fonctionnement et notamment des pratiques de
gestion des ressources humaines.
-Des facteurs de nature économique et
technologique : état favorable du marché de
l'emploi, changement des normes de qualité, mutation technologique,..,
etc.
II.4.1. Du côté du
salarié.
D'après les études de recherches et les
résultats des enquêtes surtout en France, il y a lieu de constater
que les caractéristiques de chaque individu et sa situation personnelle
influencent d'une manière non négligeable sa décision de
quitter l'organisation.
-Age : l'âge constitue un
indicateur important pour la mobilité professionnelle externe des
salariés au même titre que l'expérience professionnelle
puisqu'en effet il existe une corrélation positive entre eux.
Selon Dupray A. et Hanchane S., (2000) " l'âge et
l'expérience professionnelle sont défavorables à la
mobilité ". Cela suppose que les jeunes dans leur ensemble se
stabilisent à mesure qu'ils acquièrent de l'expérience
professionnelle et avec la maturité.
-Sexe : le sexe du salarié peut
avoir un effet sur la mobilité externe. Pour Dupray A. et
Hanchane S., (2000), les femmes ont une propension à la mobilité
plus forte que les hommes.
-Salaire : le salaire constitue un
stimulant important pour inciter les individus de changer l'emploi au profit
d'une autre organisation surtout en début de vie active.
Balsan, Hanchane et Wequin (1995) montrent, à
partir des enquêtes Emploi 1984-1987 que le comportement de recherches
d'un autre emploi pour des salariés déjà installés
est incité par la recherche d'un avantage salarial.
-Ancienneté : Il en ressort
d'après les enquêtes emploi que c'est en deçà de
4-5 ans d'ancienneté que se situe l'essentiel du turnover. Une fois
passée cette frontière, le taux de mobilité baisse
fortement.
Les personnes qui sont venues simplement pour chercher de
l'expérience partent rapidement et celles qui veulent s'engager
durablement et faire carrière restent.
Un nombre assez important d'années passées
dans une organisation (10 - 15 ans ou plus) est de nature à
augmenter le capital engagement tant affectif que normatif ce qui
réduira la mobilité externe. (Wils T., 2000).
Plusieurs études en effet (Wils, Saba et
Gérin, 1994 ; Bedeian, Kmery et Pizzolatto, 1991) ont trouvé
une corrélation négative entre l'attachement à la
l'organisation et l'intention de la quitter.
Pour Béret P. et Dupray A., (1998),
l'ancienneté et la mobilité externe sont corrélées
négativement " La mobilité externe décroît avec
l'ancienneté ".
Le lien de travail avec l'organisation se renforce avec
l'ancienneté à travers un engagement de plus en plus fort et une
implication.
-Responsabilité et niveau
hiérarchique : d'après les études et les
enquêtes sur la mobilité professionnelle, plus la
responsabilité hiérarchique est importante plus un fort
degré d'engagement se concrétise et de ce fait se crée une
forme de réciprocité et d'échange de services et de gains
entre l'individu et l'organisation ce qui est de nature à diminuer
fortement les intentions de rupture. (Fondeur, Y. et Sauvalt C., 2002,
Enquête APEC, 2002)
-Satisfaction : l'individu qui sent
satisfait des bénéfices et des récompenses reçus de
part de l'organisation en contrepartie des sacrifices fournis ne peut que
rester fidèle et impliqué comme le stipule la théorie de
l'engagement calculé.
Pour Dany F., (2002), " Le turnover semble fortement
rattaché à des sources d'insatisfactions ».
D'autres recherches montrent que cet effet
s'atténue avec l'âge
(Zeitz, 1990).
-Diplôme : Pour certains auteurs
comme Dupray et Hanchane (2000), le diplôme ne constitue apparemment pas
un critère pertinent sur lequel pourraient miser les individus pour
décider de changer l'emploi.
Pour d'autres, c'est au contraire, le type de
diplôme peut inciter les salariés de chercher un autre emploi
ailleurs surtout s'il y a une demande pressante au niveau du marché
comme le cas des informaticiens et des techniciens dans le domaine des
technologies de communication et de l'information
(Multimedia, e-learning, Webmaster. etc.)
II.4.2. Du côté de
l'entreprise.
Les relations de l'entreprise avec ses
ressources humaines et les pratiques de gestion et de développement des
compétences disponibles suivies et appliquées ont une incidence
sur la décision de quitter l'organisation. " La clef de lecture du
turnover serait donc constituée par des pratiques négatives de
gestion de carrière induisant une insatisfaction générale
" (Peyrat et Guillard, 2002).
Notons aussi, que l'environnement économique,
technologique et social peut influencer la mobilité externe. C'est par
exemple en cas d'une difficulté structurelle, d'une nouvelle
réorganisation ou d'un changement de processus de production,
l'entreprise licencie des salariés qui ne répondent pas aux
nouvelles conditions.
A part les départs pour mesure disciplinaire dont
le nombre est minime, la mobilité externe qui résulte de la
fermeture des entreprises ou des licenciements d'ordre économique et
technologique est la plus significative.
-Les pratiques de gestion de
carrière : la gestion des carrières et en
particulier celle des compétences est d'une grande importance pour
impliquer les individus et augmenter le crédit de confiance chez eux.
Cette relation de confiance et d'échange mutuel des
services et des gains est de nature à la faire durer et
d'améliorer au fil des temps, grâce aux compétences
acquises et des expériences, la performance individuelle et
collective.
D'après l'approche Resources Based, la performance
individuelle des salariés peut avoir un impact sur les résultats
économiques et financiers de l'organisation.
C'est en effet d'après cette théorie que"
les employés d'une entreprise constituent un avantage compétitif
difficile à dupliquer par les concurrents" (Wright et Mc Mahan,
1992).
Les pratiques de gestion des ressources humaines
influencent les compétences humaines des salariés à
travers l'acquisition et le développent du capital humain.
La stratégie de l'organisation est de provoquer
l'effort chez les individus pour générer des gains
supérieurs aux coûts engendrés par les pratiques
réalisées.
Les pratiques de gestion des ressources humaines affectent
donc la performance individuelle à travers les influences sur les
compétences, sur la motivation et les structures organisationnelles
mises en place.
On peut s'attendre en premier lieu à
l'amélioration des résultats et en second lieu à un fort
engagement organisationnel ce qui est de nature à diminuer le taux de la
mobilité externe.
-Le secteur d'activité :
d'après les études de mobilité et les enquêtes, on
remarque qu'il y a une nette différence entre le secteur public et le
secteur privé.
Le taux de mobilité observé dans le premier
secteur où l'emploi est historiquement plus stable et durable avec la
présence quasi totale des contrats à durée
indéterminée est inférieur à celui de l'autre
secteur connu par des relations très instables.
Dans le secteur public et surtout celui de
l'administration centrale et locale, il n'y a pas d'exigences de performance et
de rentabilité économique. C'est pour cela qu'il y a peu de
fluctuations et de régulations dans le marché interne du
travail.
Par contre, dans le secteur des affaires où le
résultat compte beaucoup et les exigences du marché et de la
concurrence sont de nature à pousser les firmes de faire les choix
décisifs quant au nombre de salariés compte tenu des
paramètres de la demande, de la conjoncture économique et de la
performance du moment.
-Durée de la formation : une
formation de longue durée et fréquente incite à un plus
grand niveau d'engagement susceptible de réduire la mobilité
à l'extérieur des frontières de l'organisation " Pour ce
qui est de la durée de la formation, la tendance supposée
à une pénalisation croissante de la mobilité avec la
durée" (Dupray A.et Hanchane S., 2000).
-Performance : la performance de
l'entreprise est de nature à développer une image positive sur
le marché susceptible d'attirer les candidats potentiels et de pratiquer
probablement une stratégie avant-gardiste de développement des
compétences au profit des salariés ce qui constitue un soutien
organisationnel important pour les fidéliser davantage.
La performance de l'organisation a un effet positif sur la
mobilité externe surtout dans une conjoncture défavorable
où le choix des candidats embauchés est très
sélectif.
-Image : Le prestige et l'image de
l'entreprise sont cités par les jeunes cadres français comme
critères majeurs susceptibles de fidéliser. Une enquête
effectuée en Europe par Universum International (1999) montre ainsi que
l'image de l'entreprise est un facteur déterminant dans le choix d'un
employeur effectué par les jeunes diplômés
français.
La notion de prestige externe perçu est liée
à la théorie de l'identité sociale
développée par Tajfel (1978) et prolongée par Turner
(1985). Il a été défini comme " la manière selon
laquelle un membre d'une organisation interprète et évalue la
réputation de son organisation " (Mael et Ashforth, 1992). (Cité
dans Guerrero, S. et Herrbach, O., 2005).
-Taille de l'entreprise :
d'après les enquêtes emplois (enquête Emploi 1991-2002,
Insee), les petites entreprises se caractérisent par un taux de
mobilité externe particulièrement élevé. Dans les
entreprises de moins de 50 salariés, on compte 14 % des salariés
ne travaillent plus pour le même employeur un an plus tard. Ce taux est
deux fois plus faible dans les entreprises de plus de 500 salariés.
II.4.3. Du coté de l'environnement et de la
conjoncture.
L'entreprise d'aujourd'hui vit dans un
environnement en perpétuel changement et au milieu des mutations tant
technologiques qu'organisationnelles qui exigent une grande
réactivité et d'énorme potentiel d'adaptabilité
tactique et stratégique.
En période de croissance
économique, on assiste selon
( Pipart R., 2001) à l'émergence de comportements
opportunistes. Les démissions ont tendance à augmenter en
période de croissance parce qu'il y a plus de chance de trouver un
autre emploi ce qui augmente le taux de mobilité externe.
Par contre, en période de crise, la mobilité
externe a tendance vers la baisse car il est plus difficile de trouver un
emploi.
De même, la mobilité externe diminue dans une
période où le taux de chômage est élevé. On
assiste donc à un recul des changements volontaires qui seront
remplacés par des mobilités forcées suite aux
difficultés économiques et financières.
De ce fait, le taux de turnover revêt une forte
dimension conjoncturelle, il augmente lorsque le marché du travail est
activé et diminue quand les opportunités s'estompent.
Pour maintenir sa compétitivité sur un
marché de plus en plus concurrentiel, l'organisation joue souvent sur la
masse des salaires versés et par conséquent diminuer les
effectifs ce qui a un effet certain sur la mobilité externe.
-Les mutations technologiques : Les
changements au niveau de la technologie affectent les modes de production et de
gestion. On est donc, dans un environnement de grande technicité et
complexité nécessitant des compétences nouvelles ou le cas
échéant une formation adéquate des ressources humaines.
L'opération d'adaptation aux changements
technologiques est de nature à augmenter le taux de mobilité dans
les deux sens, de l'entreprise vers le marché extérieur ou
inversement.
-La concurrence sur le
marché : L'entreprise moderne ne peut pas échapper
aux aléas du marché de plus en plus concurrentiel. Pour s'adapter
à la concurrence, l'entreprise peut faire recours pour une
maîtrise des coûts à une compression de l'effectif ce qui
engendre bien entendu un départ massif des salariés d'une
manière involontaire.
La concurrence peut avoir des incidences négatives
sur la rentabilité de la firme qui la pousse à faire des
restructurations en profondeur et de l'amener à licencier une partie de
son personnel.
Les salariés eux-mêmes qui sentent le danger
de perdre leur emploi, cherchent un autre par prévention dans le
marché extérieur.
-Les changements organisationnels :
L'organisation change et se renouvelle de temps à autre pour
s'adapter le plus à l'environnement devenu aujourd'hui changeant et
instable.
Certains salariés s'adaptent au mieux au nouveau
contexte et restent au sein de l'organisation. D'autres ne trouvent pas leur
place par manque de compétences ou suppression du poste, quittent pour
chercher un autre travail dans d'autres lieux qui correspondent le mieux
à leurs profils.
SECTION 3. LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE ET
L'ENGAGEMENT ORGANISATIONNEL.
Le salarié cherche à
travailler dans un contexte qui lui permet de développer davantage ses
compétences en plus de bonnes conditions de travail et une
rémunération valorisante et qui correspond à l'effort
consenti et ce dans un environnement qui lui offre confiance, stabilité,
responsabilité et une grande autonomie.
L'entreprise pour sa part, cherche à
réaliser avant tout de la performance, de la rentabilité et de la
valeur ajoutée comme toute entité économique.
L'individu guidé par ses attentes, ses
désirs et ses opportunités qui varient selon chaque personne et
dépendent de la conjoncture, de l'état du marché de
l'emploi et de ses aptitudes personnelles.
L'entreprise est guidée par les résultats
réalisés en tenant compte des lois du marché, de la
conjoncture du moment, de la concurrence et de l'environnement
socio-économique.
III.1. LES CONSÉQUENCES DE LA MOBILITÉ
EXTERNE.
La fidélisation et l'engagement à un projet
donné ne sont pas éternels dans un environnement instable et
changeant.
La mobilité externe devient de plus en plus un
phénomène qu'on observe très fréquemment. Si
l'individu estime que l'entreprise où il travaille ne valorise pas
suffisamment ses compétences et ne réalise pas assez ses
attentes, il cherche à la quitter (Frastier, 1995).
Tremblay (2003) constate que "la mobilité
professionnelle externe est généralement recherchée
lorsque les individus sentent que leur développement personnel et
technique est bloqué, que les projets qui leurs sont confiés
manquent de défis et que leur désir d'autonomie est
étouffé."
L'entreprise investit en formant son personnel afin
d'améliorer sa performance alors que le salarié améliore
son portefeuille de compétences. Sa valeur sur le marché de
l'emploi devient plus importante.
III.1.1. LES SALARIÉS : RECHERCHE DE
NOUVELLES OPPORTUNITES.
Les salariés
bénéficiaires de développement de leurs compétences
à partir des programmes de formation professionnelle aboutissant
à une élévation des connaissances que se soient
théorique ou pratique ont devant eux deux alternatives :
-rester fidèles et engagés pour poursuivre leur
parcours professionnel et ceci n'est valable que si leurs attentes se
réalisent au sein de l'entreprise voire une augmentation salariale, une
responsabilité importante, une meilleure valorisation des
compétences acquises,.., etc.
-quitter l'entreprise si l'opportunité se
présente devant eux pour valoriser davantage leurs compétences
dans d'autres organisations qui offrent des garanties meilleures, des
conditions plus favorables, un environnement plus performant et un niveau plus
élevé de technologie et d'apprentissage.
L'arbitrage se fait sur la base d'éléments
subjectifs tels que le désir de changer, les échos entendus par
les collègues, l'affectivité, l'appartenance au groupe, et
d'attributs objectifs comme la rémunération, le poste
fonctionnel, les gratifications, etc.
L'environnement économique et social peut aussi
influencer la décision de chacun.
En effet, dans une période de récession
économique et de faible croissance et de chômage les individus
essaient de ne plus s'aventurer et d'y rester dans leur poste en attendant des
jours meilleurs.
Les caractéristiques des individus peuvent aussi
marquer les décisions à prendre comme l'âge, la situation
familiale, le sexe, le niveau hiérarchique, l'ancienneté dans
l'organisation. , etc.
En effet, par exemple, les plus âgés (50 ans
et plus) préfèrent rester dans l'organisation que de la quitter
au même titre que ceux qui ont une ancienneté plus que 20 ans.
Les femmes quant à elles penchent vers la
stabilité et la continuité plus que les hommes.
Les jeunes cadres fraîchement
débarqués sont les plus aventuriers dans ce domaine probablement
parce qu'ils cherchent avant tout de l'expérience et n'ont encore
capitalisé que peu d'engagement et de fidélité envers
l'organisation.
III.1.2. LES ENTREPRISES : INVESTISSEMENT
MANQUÉ.
Les entreprises considèrent la
formation professionnelle comme un investissement en capital humain de
première importance puisqu'en effet, les ressources humaines constituent
aujourd'hui plus que jamais la seule ressource capable de dégager une
valeur ajoutée et par conséquent la richesse de
l'organisation.
La bataille de la compétitivité se joue
essentiellement sur l'ingéniosité des humains et les
compétences des employés et c'est pour cela que l'entreprise
moderne consacre des sommes considérables pour la formation de son
personnel.
Les machines toutes seules même les robots les plus
sophistiqués ne valent rien sans l'intervention de l'homme. C'est lui
seul qui peut donner un sens aux actes les plus élémentaires et
une signification sociale à tous les produits usinés.
Les entreprises encourent un grand risque en
développant les compétences de ses ressources humaines puisque
ces dernières peuvent quitter l'organisation pour travailler ailleurs
dans d'autres organisations parfois concurrentes.
Même si on peut supposer qu'il y a des conventions
et des règles législatives ou autres qui exigent le remboursement
des frais occasionnés par les salariés réfractaires cela
ne peut remédier aux préjudices d'un manque de performance et de
rentabilité surtout à court terme
L'entreprise trouve une grande peine de remplacer une
compétence rare et spécifique dans un temps très court
pour ne pas perturber le processus de la production et satisfaire la demande
dans un marché concurrentiel où chaque faux pas compte
beaucoup.
Les entreprises cherchent alors à spécifier
les personnes qui peuvent bénéficier de la formation
professionnelle et de fixer le contenu de la formation privilégiant
celle qui a trait à la spécificité de l'organisation en
recourant à des actions de formation en interne se rapportant le plus au
contexte du travail.
Cette façon de procéder peut nuire au climat
social qui constitue aussi un facteur déterminant d'harmonie et de
cohésion qui stimule la productivité et la rentabilité en
conformité de la responsabilité sociale de l'entreprise en plus
de sa responsabilité économique.
Une telle différenciation en privilégiant
certaines catégories (exemples les hauts cadres) et la formation non
diplômante et à caractère spécifique, l'entreprise
en croyant produire des compétences made in tuent les
compétences.
En effet, les compétences ne se résument pas
en un savoir-faire dans un contexte particulier mais les connaissances
théoriques et pratiques se développent tous les jours grâce
à la recherche et aucun ne peut fermer ses portes.
De plus, les interactions avec le monde extérieur
obligent le personnel et surtout les cadres de dialoguer avec leurs pairs sur
des méthodes et des procédures déjà connues
à l'échelle internationale.
Les langues étrangères à titre
d'exemple sont nécessaires pour tout le monde comme l'outil informatique
ou l'organisation. De ce fait, nul ne peut se passer de la formation à
caractère général pour développer les
compétences internes.
La mobilité externe se développe très
vite même dans les pays en voie de développement et le
marché des compétences est une réalité manifeste
où les entreprises recrutent les plus qualifiés et qui
répondent le plus à leurs besoins au moindre coût.
Les journaux et les sites d'Internet renferment des
demandes et des offres d'emploi montrant des exigences d'embauche quant au
niveau de qualifications, de compétences et d'expériences surtout
de la part des entreprises : plusieurs années d'expériences
(3 à 5 années et même 10 années), niveau scolaire
(rare au-dessous du Bac), très souvent des compétences
exigées en langues étrangères et en outil informatique. ,
etc.
Les conditions d'embauche varient logiquement en fonction
des caractéristiques de l'emploi en question.
Cette remarque tirée à partir des demandes
d'emploi formulé par les entreprises sur les pages des journaux et les
sites Web montre qu'il y a bel et bien un marché de compétences
où les employeurs viennent chasser les oiseaux rares malgré
qu'il existe des bureaux d'emploi qui ont cette vocation.
Exemples :
1-Importante société agroalimentaire cherche
à recruter de suite assistante de direction niveau universitaire,
expérience exigée 5 ans minimum dans un poste similaire,
maîtrise des langues (français et anglais ) ayant le sens de
responsabilité et de l'organisation, ambitieuse et dynamique,
maîtrise l'outil informatique, bureautique et Internet. (La presse du 17
décembre 2005).
2-Société commerciale recrute de suite un directeur
commercial, Bac+4, ayant 10 ans d'expérience minimum dans un poste
similaire, connaissances des techniques marketing et des stratégies
commerciales, grande personnalité, homme de terrain, dynamique,
rigoureux et organisé. (La presse du 17 décembre 2005).
3-Importante société spécialisée dans
le mobilier recherche un responsable vente, âgé de 25-45 ans,
niveau Bac+2 minimum, bonne élocution en français,
expérience minimum de 3 ans dans la vente en magasin, très bonne
présentation, contact facile. (La presse du 17 décembre 2005)
4-Importante société industrielle recrute un
responsable bureau d'études, formation ingénieur, esprit
pionnier, disponible et flexible, expérience de 10 ans en milieu
industriel souhaitée. (La presse du 17 décembre 2005).
5-Chaine hôtelière internationale recrute pour ses
hôtels un directeur d'hôtel, titulaire d'un diplôme
d'hôtellerie, maîtrise du français, anglais et allemand,
expérience 6 ans. (La presse du 17 décembre 2005).
6-Femme, 38 ans, Bac+3, droit, formation en outil informatique,
facilité de communication, expérience importante en bureautique,
communication et organisation, cherche un emploi dans une société
bien organisée. (La presse du 25 décembre 2005).
7-Responsable technique, 6 ans d'expérience, homme de
terrain, dynamique, compétent, sérieux, ayant le sens de la
responsabilité et de l'organisation, motivé pour le travail en
équipe, diplôme technicien supérieur en maintenance et
instrumentation cherche poste stable. (La presse du 25 décembre
2005).
8-Jeune femme maîtrisard en sciences de gestion
spécialité finance, dynamique motivée, sérieuse,
pratique l'outil informatique, et ayant une expérience significative
dans le domaine de l'assurance cherche poste stable et d'avenir.
(La presse du 25 décembre 2005).
9-Directeur d'usine, 20 ans d'expérience industrielle dans
des domaines variés, au sein des grands groupes tunisiens, gestion des
projets, management de production et d'équipes, formation universitaire
en France, cherche poste stable de responsabilité et d'encadrement dans
une entreprise performante.
10-Agé de 54 ans, grand capital de rigueur et
d'efficacité, longue expérience dans la gestion des entreprises
commerciales, industrielles et de services, cherche poste stable dans une
entreprise performante.
(La presse du 25 décembre 2005).
III.2. LES DIFFÉRENTS TYPES
D'ENGAGEMENT.
Dans la littérature les auteurs
utilisent soit le terme engagement ou le terme implication pour
désigner la même signification c'est à dire la
fidélité de travailler dans une organisation et de s'identifier
à ses valeurs et à ses normes culturelles et symboliques. "
L'implication organisationnelle traduit une interaction entre l'individu et
l'entreprise " (Thévenet M., 1992).
Pour Muller, Wallace et Price (1992), l'implication des
salariés n'est pas un concept global, il se décompose en trois
concepts :
l'implication organisationnelle (
organizational commitment ), l'implication dans la
carrière ( career commitment ) et l'implication dans
le travail (work commitment).
L'implication organisationnelle représente donc une
prédisposition à agir en faveur d'une organisation et
résulte d'échanges de gains et de bénéfices
à travers un processus d'attentes réciproques entre l'individu et
l'organisation.
Pour Monday et Seers (1974, 1979,1982), l'implication
organisationnelle est considérée comme une approche attitudinale
ou affective caractérisée par trois facteurs : une forte
croyance et acceptation des buts et valeurs de l'organisation, une
volonté d'exercer des efforts considérables pour l'organisation,
un fort désir de rester membre de l'organisation.
Pour March, Simone et Homans, (1958) ; Becker,
(1960), l'implication organisationnelle selon l'approche comportementale ou
calculée est fondée sur une évaluation coût
-bénéfice. Elle s'articule notamment autour de deux
théories à savoir la théorie de l'échange
réciproque et la théorie des avantages comparatifs.
Pour Jarnias S., (2004), le concept de l'implication
organisationnelle est centré sur le lien entre le salarié et
l'entreprise. Et toute gestion des compétences, de fait, va avoir des
conséquences sur ce lien.
L'auteur avance les différents modes
d'instrumentation de la gestion des compétences sur l'implication
organisationnelle :
-Les caractéristiques du
travail : étendue du poste, variété des
aptitudes, autonomie du poste, état des rôles, possibilité
de mobilité, développement des compétences, etc.
-Les instruments : utilisation du
référentiel des compétences, adéquation entre
compétences requises et compétences détenues, entretien
d'évaluation efficace, politique de formation adéquate,
objectiver le système de rémunération pour tenir compte
des compétences de chacun et du mérite.
Jarnias S., (2004), affirme que les pratiques de gestion
favorisant l'engagement sont de nature à diminuer la mobilité
externe " Les pratiques de gestion des compétences, en permettant la
création de conditions favorables au développement de
l'implication des salariés créent des conditions favorables
à une baisse du turnover ".
L'auteur poursuit " En effet, nombre de travaux de
recherche mettent l'accent sur la corrélation positive existant entre le
niveau d'implication organisationnelle et le turnover ".
L'auteur remarque aussi qu'un turnover faible est le gage
d'une ancienneté plus élevé dans l'entreprise c'est
à dire en quelque sorte un engagement professionnel plus fort.
L'auteur conclue donc que l'utilisation des
méthodes de gestion appropriées comme moyen de créer les
conditions de développement de l'engagement organisationnel et ainsi
obtenir un turnover peu élevé peut s'avérer hautement
stratégique, en particulier pour certains salariés ayant des
compétences très spécifiques ou en cas de pénuries
de certaines compétences rares.
Robinson et Rousseau, (1999), soulignent l'importance des
promesses et des obligations réciproques entre l'organisation et
l'individu qui constituent le contrat psychologique et qui ne sont pas incluses
dans le contrat formel d'emploi.
Le contrat psychologique appairait comme étant
fortement lié à l'affectivité des acteurs de
l'organisation.
Selon Brewer, (1996), l'engagement organisationnel peut
être défini comme étant la volonté des individus
à contribuer avec efforts au système collectif.
L'engagement organisationnel peut plus facilement se
construire au travers des relations, des implications sociales et des valeurs
et idées partagées avec les membres du groupe.
Selon Hiltrop, (1996), pour rester compétitives,
les entreprises doivent intégrer autant que possible les besoins et
valeurs de l'organisation et ceux de l'individu, afin que le succès de
la firme soit aussi interprété comme un succès
personnel.
C'est en effet vrai que les individus travailleront durs
s'ils sentent que réaliser les objectifs et valeurs de l'entreprise
signifie pour eux également atteindre et réaliser en même
temps leurs propres valeurs et attentes.
Actuellement comme le montre Bagatti F., (2003), une
nouvelle loyauté voit le jour chez l'individu non plus envers
l'organisation, mais à ses propres compétences et au projet ce
qui implique pour l'entreprise une gestion par les compétences.
Cela définit, souligne l'auteur, un nouveau type de
contrat psychologique qui assure également que l'individu se soucie plus
de son propre développement et son parcours professionnel sans attendre
les actions de l'organisation.
De ce fait, l'individu est plus autonome et peut en
conséquence transférer ses compétences ailleurs.
Il est aujourd'hui admis que le lien entre l'organisation
et les salariés peut être de nature affective, calculée ou
normative.
Par la suite Allen et Meyer vont définir les
attributs de l'implication organisationnelle et proposent trois
dimensions :
III.2.1. L'ENGAGEMENT AFFECTIF.
L'engagement affectif se
réfère à l'attachement émotionnel, à
l'identification et à l'implication des individus envers
l'organisation.
Les salariés de ce type éprouvent un grand
désir de rester fidèles à leur entreprise quoi qu'il
arrive.
L'engagement affectif s'inscrit dans la droite ligne de la
définition de Mowday, Porter et Steers (1982).
III.2.2. L'ENGAGEMENT CALCULÉ.
L'engagement calculé ou
raisonné fait référence à une connaissance qu'a
l'individu des coûts qu'il peut supporter en cas de départ de
l'organisation (coût d'opportunité).
C'est à partir d'un choix motivé
basé sur les gains et les pertes à court et à moyen terme
qu'occasionne sa décision qu'il juge opportun de rester ou de
quitter.
L'implication calculée a été
initialisée par les travaux de recherche de Becker (1960).
II.2.3. L'ENGAGEMENT NORMATIF.
L'engagement normatif
considéré comme un devoir moral se réfère au
sentiment d'obligation que ressent un individu pour rester travailler dans
l'organisation par loyauté au groupe ou le désir d'achever un
projet entamé qui compte beaucoup pour lui.
Elle représente selon Wiener (1982), une forme de
contrôle normatif sur les actions de la personne. La norme subjective du
modèle de Fishbein et Allen (1975) sert de cadre à cette
définition.
L'implication normative correspond en définitive
selon ce modèle à la totalité des pressions normatives
internalisées qui pousse l'individu à agir de manière
à satisfaire les buts et intérêts de l'organisation.
Selon Cadin et Pigeyre, (2002)cité
par Bagatti, F., (2003), l'engagement organisationnel est : "
l'ensemble des croyances ou convictions acquises par les individus au regard
des promesses faites, acceptées entre eux et autrui.
Il comporte des échanges d'argent, de
loyauté, de performance, d'apprentissage, de sentiment d'appartenance. ,
etc."
Robinson et Rousseau (1994), soulignent
l'importance des promesses et des obligations réciproques entre
l'organisation et l'individu qui constituent le contrat psychologique et qui ne
sont pas inclues dans le contrat formel de l'emploi.
Le contrat psychologique apparaît comme
étant fortement lié à l'affectivité des acteurs de
l'entreprise.
L'engagement organisationnel peut être
défini comme "étant la volonté de personnes à
contribuer avec efforts au système coopératif " (Brewer,
1996).
Meyer et Allen, (1997) cité par Bagatti, F.,
(2003) suggèrent que l'engagement organisationnel comporte trois
facteurs :
-affectif : lié à
l'identification de l'individu à l'organisation.
-normatif : engagement
influencé par les normes de la société au sujet du
degré auquel, les individus devraient être engagés envers
l'organisation.
-suivi : l'engagement suivi
concerne la nécessité pour l'individu de continuer à
travailler pour l'organisation.
Selon Meyer (1977), l'attachement affectif à
l'organisation est influencé par le degré auquel les besoins et
attentes de l'individu dans l'organisation s'harmonisent à ses
expériences réelles.
L'engagement normatif est une obligation perçue
à rester dans l'organisation. L'engagement suivi est
déterminé par la perception des coûts à quitter
l'organisation.
Meyer et al. (1989) ont démontré que la
performance d'un individu au travail ainsi que son potentiel de promotion
était positivement corrélés à son niveau
d'engagement affectif. Par contre, le niveau d'engagement suivi est
négativement corrélé à la performance et au
potentiel de promotion.
Les engagements affectif et normatif ont tous deux
liés à un comportement prosocial et de citoyenneté
organisationnelle.
De ce fait, les facteurs affectif et normatif de
l'engagement organisationnel apparaissent donc comme des éléments
significatifs à prendre en compte pour améliorer la performance
des individus ainsi que leurs comportements interindividuels au travail.
Pour (Jacobsen, 2000), un faible engagement affectif est
un prédicateur important du turnover.
Les changements rapides et inattendus qui affectent notre
réalité actuelle toujours plus complexe nécessitent de
développer un management des performances créatif, innovant et
adaptatif.
Le contrat psychologique et l'engagement organisationnel
sont étroitement liés à la gestion des carrières.
La gestion de carrière est étroitement liée à
l'environnement, c'est à dire aux valeurs de l'entreprise ou de
l'organisation.
"Actuellement, dans un marché où les
savoirs -faire sont rapidement obsolètes, le recrutement externe semble
favorisé dans de nombreuses organisations, ainsi que la mobilité
externe, avec une centration très forte sur l'évaluation des
compétences "(Bagatti, F., 2003).
Pour Cadin, (2002), la gestion de carrière semble
s'orienter dans nos sociétés vers le modèle des
multinationales américaines donnant lieu à des fonctionnements
fondés sur la notion de projet plutôt que sur l'attachement
organisationnel.
Pour Cadin, (2000), nous voyons se développer
toujours plus des «carrières nomades» où
l'évaluation repose sur les résultats atteints et où le
contrat de travail concrétise un échange entre
employabilité fournie par la structure et flexibilité attendue
par la personne.
Cela apporte créativité et dynamisme à
l'entreprise mais cela se fait au détriment de la fidélité
des collaborateurs qui risquent de quitter l'entreprise qui a investi des
sommes considérables dans leur formation.
Il y a également le risque qu'ils quittent
l'entreprise avec des informations qui pourraient être
intéressantes pour la concurrence.
Au niveau individuel, la gestion de carrière se
situe actuellement au carrefour de deux désirs contradictoires de
l'être humain : le désir de la stabilité et le
désir du changement.
" La stabilité rassure mais elle stagne,
l'insécurité fait peur mais elle ouvre à la
liberté". "Le deuil de l'assurance de l'emploi est à faire"
(Bagatti, F., 2002).
L'entreprise, n`est plus en mesure d'assurer la
sécurité de l'emploi à ses employés tout au long de
leur vie active, que peut-elle leur offrir en contrepartie de leur engagement
organisationnel.
Pour Morris et Steers, (1980) et autres, une communication
dans les deux sens, la décentralisation et une participation directe
dans les processus de décision cultivent un engagement plus
élevé des employés.
Une autre étude a montré que les managers
peuvent améliorer l'engagement des employés en leur permettant de
partager les risques et les récompenses (Lawler et Mohrman,
1989).
L'engagement organisationnel peut plus facilement se
construire au travers des réalisations, des implications sociales et des
valeurs et idées partagées.
Des efforts devraient ainsi être faits pour
concevoir des tâches et des structures qui permettent aux gens de
ressortir un sentiment d'accomplissement d'exprimer et d'utiliser leurs talents
et d'exercer leurs propres pouvoirs de prise de décision et une grande
responsabilité et d'autonomie.
En concevant des emplois qui favorisent des
opportunités de défi et le développement des
compétences du personnel, l'engagement organisationnel ainsi que
l'identification avec les objectifs et les orientations stratégiques de
l'organisation. (Hiltrop, 1996).
Développer davantage la fierté personnelle
et collective d'appartenance et construire une culture de reconnaissance des
valeurs personnelles et des compétences propres aux individus au sein de
l'organisation basée sur le mérite, les résultats
réalisés et l'engagement aux projets.
Pour rester compétitives, les entreprises doivent
intégrer autant que possible les besoins, les aspirations et les valeurs
et objectifs de l'organisation et des employés à la fois afin que
le succès en fin de compte de la firme soit aussi un signe de
mérite du salarié et un succès personnel et pour tous.
(Hiltrop, 1996).
Les travailleurs se sentent impliquer aux projets de
l'organisation et espèrent en conséquence réaliser
eux-mêmes leurs propres valeurs.
C'est alors que l'entreprise doit favoriser la
création de sens et de valeurs par les individus eux-mêmes tant
personnel que collectif via le développent des compétences et
qualifications de chacun selon ses besoins en conformité avec les
exigences contextuelles du travail et les objectifs de l'organisation.
L'employabilité comme résultat des actions
de formation professionnelle continue et du développement des
compétences constitue un moyen efficace susceptible de favoriser
l'engagement organisationnel, la loyauté et la fidélité
entre les deux partenaires.
En effet, la loyauté est nécessaire à
l'instauration de l'engagement organisationnel affectif qui permet par la suite
de réduire la mobilité externe, d'augmenter la performance des
employés et d'améliorer leurs comportements au sein des groupes
de travail.
Cette loyauté définie comme droiture,
honnêteté et engagement affectif de l'individu vis à vis de
l'organisation et qui est à la base du contrat psychologique relationnel
se construit pour le long terme et non pour le court terme.
Les résultats des enquêtes relatifs au
phénomène de la mobilité externe (réalisées
surtout en France) montrent que ce sont les jeunes recrus qui quittent
l'organisation au début de leurs carrières tandis que les
salariés plus âgés (après 40 ans) sont plus
fidèles.
Il est donc fort probable qu'une employabilité
assurée par l'employeur est de nature à rassurer les
employés et stimuler leur engagement affectif en même temps
qu'elle ait des répercussions concrètes sur les
possibilités d'emploi futures en dehors des frontières de
l'organisation.
Actuellement et selon certains auteurs, une nouvelle forme
de loyauté voit le jour compte tenu des nouveaux changements
vécus dans le monde du travail et affectant en profondeur les relations
et le degré d'engagement organisationnel à savoir que l'individu
compte plus sur ses propres compétences pour faire valoir ses aptitudes
et réaliser ses objectifs.
Il est lui-même porteur de richesse
intrinsèque et de connaissances tant spécifiques que
générales dont il peut les transférer ailleurs chez un
autre employeur.
On est donc devant une nouvelle vision du travail
où l'employé peut décider de son sort et de son parcours
professionnel indépendamment de l'organisation qui l'abrite et du poste
du travail qui l'immobilise et le matérialise.
C'est un nouveau contrat psychologique basé sur des
critères normatifs où l'individu se soucie plus de son propre
développement et de la gestion de sa carrière et que ses
compétences ne sont pas la propriété de l'unique
entreprise mais plutôt transférables à d'autres
organisations via le marché des compétences.
Les méra-analyses de Tett et Meyer (1993), de
Randall (1990), de Mathieu et Zadjac révèlent l'existence d'une
relation inverse significative entre l'intention de quitter l'organisation et
l'implication organisationnelle.
D'autres recherches ont identifié aussi une
corrélation positive entre l'attachement à l'organisation et le
développement des compétences (Aryee et Tan, 1992) d'une part et
l'engagement organisationnel et la performance d'autre part (Hampton et Howell,
1989).
D'un autre côté, Peyrat et Guillard (2002),
montre que malgré une forte implication organisationnelle, les
individus quittent l'organisation en cas d'une insatisfaction
générale c'est à dire qu'ils ne réalisent pas leurs
attentes " Une forte implication en matière de carrière est
susceptible d'entraîner du turnover si l'individu ne trouve pas dans la
structure des éléments de réponses."
III.3. VERS LA CRÉATION D'UN
MARCHÉ DE COMPÉTENCES INTER-ENTREPRISES.
La relation d'emploi entre l'organisation
et les salariés est devenue aujourd'hui dans un grand nombre
d'économies de courte durée compte tenu des mutations que
connaisse l'environnement tant technologique qu'organisationnel.
Les restructurations des entreprises pour la recherche de
performance, une grande flexibilité organisationnelle et une meilleure
rentabilité les poussent à réduire les effectifs ce qui
est de nature à augmenter les flux de la mobilité externe.
Les compétences quittent alors leurs entreprises
malgré eux pour chercher un emploi dans une autre structure où il
y a une pénurie et un déficit.
Cette forme de mobilité subie de plus en plus
fréquente en plus de celle choisie volontairement par les individus
constitue ce qu'on appelle un marché des compétences où se
confronte une demande et une offre.
Dans certains pays, se développent les "
carrières nomades " qui travaillent pour plusieurs organisations sans
pour autant appartenir à aucune structure.
D'autres formes de travail comme le
télétravail voient le jour pour s'adapter aux nouvelles mutations
technologiques avec l'avènement des outils de communications et
d'informations via l'informatique et surtout l'Internet.
Certains auteurs comme Hanchane et al. (2005), donnent une
autre appellation à ce marché dit de " compétences "
à savoir un marché professionnel où l'existence des
individus les plus mobiles en externe et qui détiennent les
qualifications les plus recherchées sur le marché.
Ces auteurs croient que la création de ce
marché est le résultat d'une dévalorisation salariale de
l'ancienneté au sein de l'entreprise au profit d'un gain en
rémunération plus important en cas d'une mobilité
externe.
Béret (1992) montre, à partir des "
Enquêtes Emploi" 1984-1987 que les mouvements de promotion sont plus
fréquents sur le marché externe que sur le marché
interne.
Contrairement aux marchés internes, les
marchés professionnels offrent à l'entreprise un grand choix sans
courir le risque d'asymétrie informationnelle et les méfaits de
l'incomplétude du contrat de travail.
Elle peut recruter directement la main-d'oeuvre qui
correspond aux compétences recherchées.
D'après Eyraud, Marsden et Silvestre, 1990, les
traits distinctifs des marchés internes et externes du travail sont les
suivants :
fonction
|
Marché professionnel
|
Marché interne du travail
|
formation
|
apprentissage
|
Expérience acquise dans l'entreprise
|
Formation en cours d'emploi
|
Normalisée selon les règles du métier
|
Non normalisée, spécifiques à l'entreprise
concernée
|
Transférabilité de la qualification
|
A l'échelle du métier
|
A l'échelle de l'entreprise
|
ancienneté
|
Aucun rôle reconnu dans l'acquisition de la qualification
et de la rémunération
|
Forte influence sur l'acquisition de la qualification et la
rémunération
|
Niveau de qualification
|
Maintien du niveau de qualification
|
Déclassement
|
Contrôle sur le contenu
|
Fondé sur la défense du métier
|
Fondé sur un système de règles applicables
à tous les salariés
|
Organisation des travailleurs
|
Fondé sur le métier
|
Fondé sur l'entreprise et la branche d'activité
|
Objet principal des négociations sur la flexibilité
|
Règles de démarcations entre les postes
|
Règles générales applicables à
l'ensemble de la main-d'oeuvre
|
CONCLUSION
D'après la revue de la
littérature commentée au cours des deux premiers chapitres de ce
travail, la plupart des auteurs soulignent l'importance du développement
des compétences par le biais de la formation professionnelle quant
à l'engagement des salariés au projet de l'organisation.
Il est tout de même important d'évoquer que
l'intensité de l'implication et de la fidélité à la
firme dépend de plusieurs variables liées aux
caractéristiques du salarié lui-même (âge, niveau
d'instruction, sexe, etc.) de l'entreprise (taille, pratiques de gestion des
ressources humaines, rémunération, etc.) et de l'environnement
socio-économiques (réglementation, concurrence,
compétitivité, etc.).
Ainsi, nous avons décidé
alors de proposer les hypothèses suivantes afin de tester leur
validité aux lumières des résultats de l'enquête que
nous comptons mener auprès d'un échantillon de salariés
tunisiens dont le contenu et les analyses font l'objet du troisième
chapitre de ce travail.
H1. Les cadres (dans l'administration
un cadre peut ne pas être diplomé de l'enseignement
supérieur) sont moins mobiles en externe que les non cadres.
H2. Les employés en
début de carrière sont plus mobiles en externe que les
adultes.
H3. La mobilité externe est
plus forte dans le secteur privé que le secteur public.
H4. Les plus diplômés
sont les plus mobiles en externes.
H5. La théorie dominante affirme que
la formation professionnelle et le développent des compétences
(surtout de type spécifique) diminuent la mobilité externe.
H6. La formation professionnelle de type
spécifique diminue la mobilité externe.
H7. La formation professionnelle de type
générale augmente la mobilité externe.
H8. La mobilité externe diminue avec
la taille de l'entreprise.
H9. La mobilité externe diminue avec
la rémunération.
H10. L'engagement professionnel diminue la
mobilité externe.
Nous présentons en fin pour
résumer notre démarche méthodologique le schéma
général suivant du modèle conceptuel retenu :
ENTREPRISE
-recherche d'adaptation
-recherche de flexibilité
-recherche de nouvelles compétences
-recherche de rentabilité
-recherche de performance
-mutations technologiques, ...
-concurrence
-exigences du marché et des clients
-restructuration
-conjoncture
SALARIÉ
-formation
-soutien
-fidélisation
-motivation
-rémunération,
-performance
-fidélité
-engagement
-employabilité
-polyvalence.
-âge
-expérience
-ancienneté
-sexe
-qualifications
-diplôme,
-opportunités
-rémunération insuffisante
-insatisfaction
-conditions défavorables
-licenciements,...
MOBILITÉ
EXTERNE
|