C Les
conséquences des nuisances sonores
L'exposition aux nuisances sonores émanant des
infrastructures routières relève d'un caractère durable
qu'il convient de prendre en compte lors d'une décision d'implantation
d'une telle infrastructure sur le territoire. Les principales
conséquences de l'exposition durable à une source de bruit ont
une incidence sur tous les aspects constitutifs d'un développement
durable qu'ils soient environnementaux, sociaux ou économiques. Mais
cette exposition fait également courir des risques de santé
publique.
1 Perte d'un
environnement de qualité
Une infrastructure routière entraîne
inévitablement des conséquences d'ordre environnemental que l'on
arrive à plutôt bien identifier et à traiter sinon à
compenser par des mesures d'accompagnement : traitement des rejets d'eau issue
de l'infrastructure, plantations compensatrices de défrichement,
création de zone humide complémentaire... Mais un environnement
de qualité ne se résume pas à une vision angélique
floristique, il s'apprécie à la qualité des
écosystèmes aussi constitués d'espèces animales. Or
une exposition durable au bruit perturbe certaines de ces espèces
notamment en ce qui concerne leur reproduction. Leur espace de nidification
peut être même déserté au seul motif du bruit et
contribuer dans une certaine mesure à leur disparition si elles ne
trouvent pas de lieux alternatifs à leur précédent lieu de
vie.
2
Dépréciation du bâti, fragilisation
socio-économique
La présence d'une source sonore
générée par une infrastructure routière à
pour effet de d'organiser les espace bâti de manière
discriminante. Une étude menée par la CADAS et validée par
le groupe de travail présidé par Marcelle Boiteux pour le compte
du commissariat général au plan a confirmé cet état
de fait par le constat que le prix du loyer est sensiblement moins
élevé aux abords d'une infrastructure bruyante et que
s'éloignant de celle-ci les loyers pratiqués tendent à
remonter. Il est estimé que le niveau de bruit peut être
corrélé avec la dépréciation du bâti. En
constatant que cette dépréciation n'est pas linéairement
proportionnelle au niveau de bruit subit mais va plutôt s'accentuant par
palier plus l'on progresse vers des classes de niveaux importants comme le
tableau suivant :
Leq de jour en façade en dB (A)
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55 à 60
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60 à 65
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65 à 70
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70 à 75
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Au-delà de 75
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% dépréciation /décibel
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0.4 %
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0.8 %
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0.9 %
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1 %
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1.1 %
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Cette dépréciation s'applique au prix moyen de
location par m². Ainsi par exemple pour un loyer d'un bien de 100 m²
exposé à un niveau de bruit dit plutôt normal (de l'ordre
de 55 dB(A)) dans une ville normalement dotée où le
propriétaire pourrait espérer en retirer 650€, si ce bien se
trouve à proximité d'une route générant 75 dB(A) il
ne pourrait plus en espérer que 20 % de moins soit 520€ .
Ainsi l'on assiste dans certaines régions
françaises et notamment en Ille de France à une occupation
territoriale atypique des logements selon des catégories
socio-économiques bien prononcées. Les logements aux abords de
nuisances sonores se voient dépréciés et donc
proposés à la location à des prix plus abordables ce qui
pour des catégories de populations défavorisées constitue
une aubaine d'accession au logement locatif. Ainsi le bruit non seulement
engendre une gêne environnementale mais aussi contribue à une
ségrégation territoriale des populations les plus
fragilisées.
L'on a vu que le marché locatif du logement pouvait
souffrir des nuisances sonores mais on peut également constater une
telle dépréciation sur le marché de l'acquisition
foncière où l'on considère que ces taux de
dépréciation pourraient également être
appliqués. Les études à ce niveau sont encore assez peu
développées car les nuisances sonores routières sont
insérées dans d'autres nuisances générées
par la route ( coupure visuelle, pollution atmosphérique) et il est
souvent difficile d'évaluer la part incombant au bruit dans une
dépréciation immobilière. Toutefois certaines
études basées sur la méthode hédoniste consistant
à demander aux individus le prix qu'il serait près à
consentir en plus pour échapper à la nuisance sonore donnes
quelques résultats mais sont encore perfectibles car la dispersion des
résultats s'en trouve encore importante (de l'ordre de 0.3 à 0.8%
par décibel).
La méthode la plus utilisé reste tout de
même l'observation du prix de l'immobilier aux abord de chaque
infrastructure et au-delà. Même si là également les
degrés de confort et les prix sont variables d'une région
à l'autre.
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