Les humains sont prévisibles de par les lois qui
les structurent.
Pour trouver la cause des phénomènes
résiduels présents dans la multitude des expériences ou
études à propos des phénomènes
étudiés par les méthodes statistiques, nous avons
formulé l'hypothèse suivante :
Les actes humains sont prévisibles non du fait de leurs
déterminations culturelles et de leurs environnements mais à
cause des lois les structurant.
. Les expériences réalisées pour
l'éprouver ont révélé la présence de lois
universelles gouvernant ces phénomènes.
Résolution de problème et lois de
communication
Le premier ensemble d'expériences
consiste, chez des individus réunis dans un groupe, à
activer leur système de traitement rationnel pour comprendre une
situation afin d'apporter des modifications susceptibles d'en réduire
les dysfonctionnements.
Les expériences se sont déroulées aussi
bien dans le cadre de formations continues que dans l'aide immédiate
à la résolution de problèmes en entreprise
Quels que soit les sujets de l'expérience et les lieux,
la consigne invite à résoudre des problèmes réels.
Les résultats de cette première partie de
l'expériences, stimulant le traitement rationnel créatif
(brainstorming par exemple) devaient manifester, selon toute
probabilité, une activité d'innovation. En fait dans toutes les
situations de problèmes impliquant des relations entre acteurs, les
sujets ne mettent jamais en oeuvre de façon spontanée les
fonctions cognitives qui leur permettraient d'être créateurs
imprévisibles : ils pensent et agissent selon les lois de la
communication spontanée. Ils s'approprient, en fonction de leur
expérience, les éléments de la situation
étudiée, ils les interprètent en se positionnant en centre
de vérité.
La poursuite de l'expérience, consiste à
dégager les sujets de l'emprise des lois de la communication
spontanée par l'activation des lois de la communication productive. Pour
atteindre cet objectif le premier temps consiste à mettre en
évidence les lois qui les ont dirigé dans les interrelations
communicationnelles. Puis, il s'agit de doter les sujets des méthodes
(l'explicitation des processus décisionnels) respectant les lois de la
construction d'un message et de son décodage par l'émetteur.
Enfin, il s'agit de les doter des techniques d'analyse de situations et de
décryptage des lois d'une situation en caractérisant les
relations entre les éléments simples déterminés par
les statuts de chaque élément simple au regard des autres.
(Michit, 2001).
Les résultats montrent que si le groupe utilise les
lois de la communication spontanée, pour résoudre des
problèmes où des acteurs sont en cause alors, il produit toujours
de la soumission à un compromis par les phénomènes de
polarisation. Ces phénomènes ne se produisent pas dans le cas de
résolution de problèmes déterminés uniquement par
des lois de la nature (création d'un objet ou découverte d'un
système de régulation ou d'une loi de la nature).
Si le groupe utilise les lois de la communication productive,
alors il se trouve nécessairement en situation de collaboration et
trouve une solution innovante sans soumission à un compromis
polarisé et porté par une partie du groupe.
Seul Quatre objectifs régissent les univers de
relations
La seconde expérience consiste -en
situation de formation comme en situation de gestion de conflits -de
prévoir toutes les actions-réactions que les individus peuvent
activer. Les résultats (relatifs à 100 situations
observées) mettent en évidence que seules quatre réactions
sont possibles: la mise en situation de production, la recherche du maximum
d'intérêt (en particulier les manifestations de défense
d'identité), la recherche d'échange d'être et la protection
des autres.
De cet observation, il est possible d'identifier la loi des
univers de relation de la façon suivante : seuls quatre objectifs de
relation peuvent être choisis par les personnes humaines quels que soient
leur culture et leur statut.
L'analyse des caractéristiques des conditions pour
respecter chacun de ces objectifs (règles de communication et prise en
compte de l'autre) conduit à tirer une autre loi corollaire : il est
impossible qu'un humain puisse être à la fois dans deux univers
différents. Il peut cependant passer de l'un à l'autre
rapidement.
Si on prend en compte que le partenaire d'une relation ne
révèle pas nécessairement avec précision son
objectif de relation, alors on est conduit à établir le principe
d'incertitude des relations humaines. Ce principe stipule qu'il est impossible
de connaître avec certitude et l'objectif de relation et la
stabilité de la dynamique du système des quatre objectifs
présents en chaque individu.
Ce principe réduit l'incertitude des actions humaines
à quatre réactions. De ce fait, la gestion des relations des
relations à quatre types de stratégies correspondantes au respect
des règles propres à chaque univers définis par les
objectifs de relation.
Caractériser un principe d'incertitude propre aux actions
humaines est capital car cela permet de construire les sciences humaines comme
les sciences de la nature lorsqu'elles rendent compte et maîtrisent les
phénomènes de l'infiniment petit déterminés par
l'incertitude énoncée par Heisenberg.
La loi d'action
La troisième expérience met en évidence que
quelle que soit l'action qu'un individu active au près d'un autre
partenaire en relation à un même objet alors obligatoirement il en
active dans le même temps cinq autres au minimum. Soit deux
professionnels dont le but est de réaliser un produit, lorsque le
premier interpelle le deuxième. Ce faisant, il utilise un moyen
(interpeller est un choix de moyen) et l'interpelle dans un but particulier (la
décision de but est multiple). S'il l'interpelle c'est à propos
d'un objet et dans le but de mieux le réaliser ou d'établir une
relation la mieux appropriée (décision de perfection). Le moyen
de cette réussite passe par une évaluation de l'état
d'avancée de l'objet (il réalise une
évaluation/observation). En réalisant tout cela, dans le
même temps, il poursuit un objectif pour lui-même et pour atteindre
cet objectif le concernant, il met en oeuvre un moyen (ce but et ce moyen sont
spécifique à l'acteur).
Afin d'éprouver la loi d'actions, il a été
conduit des entretiens d'explicitation des actions de professionnels en
situation de collaboration auprès de collaborateurs en situation de
parité et auprès de professionnels en position
hiérarchique différente (manager/collaborateur/équipe).
Aucune situation analysée ne présente un écart avec cette
loi d'actions. On constate que la condition « 6 actions concomitantes
» est rare. On observe généralement aux moins huit actions
concomitantes. En effet, les situations professionnelles présentent
généralement des actions vis à vis de l'équipe de
travail et des actions relatives à l'outil de travail en plus.
Ces trois expériences montrent que le sujet humain n'est
pas imprévisible. Il est soumis à des lois universelles qui
permettent de prévoir ses réactions. La nature de l'objet
d'étude (l'homme créatif, désirant, passionné et
intelligent) ne constitue donc pas une spécificité suffisante
pour établir une différence de nature entre les sciences de la
nature et les sciences humaines. Il nous faut interroger les méthodes
d'investigations pour découvrir o se loge la différence s'il en
existe.
Les méthodes d'investigation et les modèles
théoriques ne sont pas adaptés à l'objet d'étude
Au regard de l'histoire des sciences, nous formulons
l'hypothèse que « l'imprévisibilité des actions
humaines » relève d'une carence des méthodes d'analyse aussi
bien des techniques d'intervention sur l'objet à connaître que des
modèles théoriques spécifiques aux sciences de l'homme et
des organisations.
L'histoire des sciences de la nature montre que les
avancées scientifiques se réalisent par des changements tant au
niveau des méthodes d'observation qu'au niveau des modèles de
représentation.
Les ruptures opérées par Kepler, Copernic,
Galilée, Newton, Einstein, Heisenberg, Planck pour n'en citer que
quelques unes s'appuient sur ces deux modes de connaissances (le concept et les
techniques d'expérimentation). La science accède à une
connaissance plus proche du réel par des outils d'observation
adaptés à l'objet que le chercheur observe. C'est ainsi que la
connaissance parvient à se dégager des apparences et des
représentations sociales en place en utilisant des
référents théoriques, des modèles de
représentations et des outils d'observation adaptés à la
structure de l'objet. Les sciences de la nature sont passées d'une
soumission au bon vouloir imprédictible de variables cachées
(Dieu, Eléménts, Ether...) à une compréhension des
lois structurant la matière et la vie. C'est la découverte des
lois qui permet les anticipations précises même des
phénomènes perçus comme aléatoires
(interférence lumineuses, dynamique des fluides et des gaz,
électromagnétique et réaction nucléaire).
Ce parcours de la connaissance en science de la matière
nous conduit à poser l'hypothèse selon laquelle les conjectures
d'imprévisibilité en sciences humaines relèvent du
même mouvement. Autrement dit, si les maîtres des sciences humaines
trouvent que leurs productions sont assujetties à leur
subjectivité (Weber) ou à la subjectivité de l'objet
d'étude ( Morin et la théorie de la complexité), alors
leurs théories et leurs outils d'observation sont inappropriés.
Pour éprouver cette hypothèse et
démontrer que les conclusions de ces maîtres -stipulant que la
connaissance des phénomènes humains ne peut être que
singulière et que des lois générales en ce domaine ne
peuvent être qu'abstraites-sont exactes uniquement dans un
environnement cognitif particulier, nous a conduit à construire une
méthodologie d'analyse et une modélisation.12
Procédure expérimentale
Afin de valider ce corpus méthodologique et
théorique, nous avons conduit des expériences dans lesquelles les
comportements humains en situation d'activités sociales en milieu
naturel (relations interindividuelles ou intergroupes) étaient
anticipés, décrits avec précision et consignés par
écrit.
Sujets et composition des groupes
Ces expériences mettaient en jeu deux groupes de sujets
: des animateurs de réunion auxquels on donnait les
éléments théoriques et méthodologiques permettant
d'analyser les conditions initiales d'une situation donnée et dont ils
devaient prédire les événements qui
Développer un corpus de connaissances qui rendait
caduque les fondements théoriques et les méthodes d'analyse
classiques en sciences humaines est une tentative qui a déjà
été jugée de scientiste par certains mais sans qu'en soit
apportée une réfutation rationnelle détachée de l'a
priori fondateur. L'argumentation identique à toute argumentation
idéologique est la suivante : comme l'humain est libre et sujet de
désirs imprévisibles, il est donc imprévisible. C'est la
remise en cause la plus radicale de ce qui est une fonction première de
l'homo sapiens (celle de connaître) comme de celle de l'homo habilis
(celle d'être capable de construit des outils au service de sa
connaissance ou de ses besoins). Ici le besoin serait de connaître les
comportements futurs d'un individu ou d'un groupe. On voit par l'interdit de
cette connaissance, un interdit antique concernant l'interdit de dominer son
prochain. Mais il ne faudrait pas confondre l'aspect éthique de la
connaissance acquise avec la capacité à connaître. Ce n'est
pas parce qu'une connaissance est dangereuse et inductrice de manipulations
moralement dommageables que sa possibilité n'existe pas.
allaient se produire et conduire les événements
en fonction de leur prédiction. Ces sujets recevaient ces
éléments au cours d'une formation de 36h.
L'autre groupe de sujets agissait dans des situations
similaires sans avoir reçu les apports théoriques et
méthodologiques.
.Dans chacun des groupes étudiés la composition
des participants était la suivante :
Un animateur formé versus un animateur non formé
Des participants en accord avec l'objectif de production.
Des participants en maximum d'intérêt remettant
en cause soit l'objectif de la réunion, soit l'intégrité
des intentions de l'animateur.
Types de situation
Deux ensembles de phénomènes ont fait l'objet
d'observations : d'une part les situations de groupes de résolution de
problèmes dans le monde professionnels, d'autre part les situations
d'enseignant face à une classe difficile : soit en tout 230 situations
Résultats
Les résultats de ces expériences montrent que
les sujets formés ont anticipé l'atteinte de leur objectif
à 98% avec l'identification des stratégies à mettre en
oeuvre pour arriver à leur fin. Les écarts avec les
prévisions des sujets (4,35% = 5 situations sur les 115) sont survenus
lorsque les sujets avaient omis de suivre la procédure d'anticipation
avec rigueur.
Les sujets ne possédant pas ces apports
théorique et méthodologique ont anticipé les
événements pouvant survenir à 74,78% (86 situations sur
les 115). A la différence des premiers, sur ces prédictions
justes, 50% se déroulaient avec la certitude que les acteurs
n'atteindraient pas les objectifs fixés par la situation de travail.
Autrement dit dans 43 situations les acteurs n'étaient pas les
animateurs de leur réunion, ils étaient submergé par les
éléments parasites. 50% des prévisions étaient
exprimées avec une espérance forte d'atteindre leur objectif mais
sans savoir avec certitude sur la manière dont le travail de groupe
allait se dérouler. Ces acteurs se trouvaient dans une situation
d'incertitude face aux événements à venir,
déterminés à leurs yeux par des événements
extérieurs imprévisibles et donc pour eux non maîtrisable.
Si on ajoute les 29 erreurs de prévisions aux 43 incertitudes on se
retrouve avec 72 situations sans anticipation sûre soit 62,6%
d'incertitude.
Exemples de situation expérimentale
Exemple 1.
Un chef de service rassemble ses 7 chefs d'équipe
concernant la réorganisation du service pour une opération de
maintenance impliquant une totale disponibilité des employés avec
une impossibilité de réalisé des remplacements
générant des heures supplémentaires impliquant un
coût très élevé pour l'entreprise. Donc cet interdit
de remplacement pour la période induit une perte pour les
salariés.
Dans le groupe, le Chef de service est formé, un
participant est en rejet de la proposition et accuse d'intention cachée
et malveillante l'animateur, un est en situation de protection du chef, cinq
sont en production. Résultat l'ensemble du groupe bascule en production
et trouve une solution efficace.
Exemple 2
Une équipe de cadre de direction veut faire travailler
leurs chefs d'équipe au sujet de la question de l'évaluation de
leur compétence. Une réunion est organisée.
L'animateur de réunion ne maîtrise pas les
éléments théorique et méthodologique.
Les présents à la réunion : 7 chefs
d'équipe dont deux sont en rejet de la proposition et cinq sans avis. Le
groupe se retrouver à rejeter en bloc la proposition.
Eléments théoriques proposés
Chaque acteur est organisé dans son identité
psychosociale selon quatre dimensions définissant sa compétence
d'interaction (les facteurs de position sociale, de
système de valeurs, de système de
connaissance et de Potentiel d'action)
Toutes les interactions sont déterminées par les
4 objectifs de relation possibles : Production, Echange
d'identité, Protection,Maximum d'intérêt.
Les objectifs de relation structurels sont déterminés par
les statuts des personnes. Cependant les acteurs par décision peuvent
mettre en oeuvre un autre objectif de relation que celui-ci.
Il existe donc un principe d'incertitude stipulant
qu'il est impossible de connaître a priori sans explicitation, l'objectif
de relation d'un acteur.
Le modèle de l'identité psychosociale
Position sociale Système de valeurs
· Statut · Les cinq a priori fondamentaux
Rôle
· Les idéologies
· Groupe d'appartenance
· Les représentations sociales d'objets
Sociaux
Univers de relation
Ressources
Place dans l'espace et le temps
Système de connaissances
Potentiel d'action
Trois espaces de décisions en acte :
· L'identification stable des "objets"
Récupération d'énergie/
production/acceptation
· Puissance d'abstraction de
l'altérité
Pour chacun une compétence en fonction de la
· Les logiques de raisonnement
force du processus décisionnel déterminé
par 6 maîtrisés et leurs représentations.
Les outils de représentations
facteurs (perception/discernement des
importants/hiérarchisation/choix de moyens ajustés/ mise dans le
temps/ dépassement des obstacle et capacité d'apprentissage
Eléments méthodologiques proposés.
Première méthode : explicitation des
récits et des processus décisionnels
Tout récit énoncé entre des participants
à un groupe de travail est à interroger au niveau de sa
construction en demandant une explicitation s'appuyant sur un exemple concret,
suivi si nécessaire d'une explicitation des actions et décisions
mises en oeuvre par la personne dans l'exemple concret qu'elle énonce.
Deuxième méthode : la
schématisation en triades
Lors d'une résolution, tout problème sera
schématisé par un ensemble de triades composées de trois
éléments simples (acteurs, objets, outils). Ces
éléments simples sont reliés chacun par deux relations
structurelles. Les relations structurelles sont déterminées par
le statut de ces éléments simples. Les écarts entre les
relations structurelles et les relations réelles (relations mises en
oeuvre concrètement dans la situation exposée) constituent les
lieux problématiques. La causalité se découvre par
l'analyse de l'identité psychosociale des éléments.
Cette première schématisation permet
d'identifier l'état initial du système. La vérification
des états initiaux des acteurs se vérifie lors des
premières itérations communicationnelles.
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