B- Aspect des manifestations de
la pauvreté
D'ordinaire, c'est dans le processus d'appauvrissement
accéléré par une crise économique persistante que
les individus, notamment parmi les plus vulnérables sont coupés
des circuits leur permettant d'accéder aux ressources productives. Ce
manque de moyens propres favorise ensuite une détérioration
continuelle des conditions de vie, aggrave les inégalités et
mène, à terme, à l'extrême pauvreté. Cette
dynamique conduit à une rupture des liens sociaux et à
l'exclusion des couches les plus défavorisées. Un tel
déficit ou défaut de relations sociales pousse certains individus
aux pratiques ci-après :
La violence et la
délinquance : les personnes détenues sont pour
la plupart des jeunes. Les statistiques de la justice les plus récentes
indiquent un taux de criminalité de 1,8% marqué
par une progression rapide des infractions et une forte présence des
jeunes parmi la population carcérale. Cette montée de la
délinquance des jeunes peut être imputable au relâchement
des efforts des parents dans la prise en charge de l'éducation des
adolescents en perte de repères. En outre, la violence faite aux femmes
est devenue un fait courant dans les quartiers pauvres et dans les familles
démunies conduisant souvent à des drames.
La mendicité : les
talibés et mendiants (enfants et adolescents) sont estimés
à environ 100000 (DAS : direction action sociale).
Ce phénomène des talibés en quête quotidienne de
nourriture et d'argent pour leur propre survie que pour l'entretien de leur
marabout, et repérables au niveau des carrefours, des marchés,
des mosquées, des banques et autres endroits publics des centres villes,
est un véritable problème social.
La prostitution: les statistiques sur la
prostitution sont rares et souvent approximatives ou incomplètes.
Toutefois, une enquête de prévalence des infections sexuellement
transmissibles chez les prostituées clandestines de Dakar (IRD),
évolue l'âge médian des prostituées à
28 ans. Presque 20% d'entre elles n'avaient
pas l'âge légal (21 ans), alors que le tiers
était célibataires, la plupart était divorcée
(48%), mariée (12%) ou veuve
(6%). La prévalence de l'infection du VIH chez ces
prostituées est de l'ordre de 14% alors que se situe
entre 1 et 2% dans la population totale.
La dégradation de l'environnement :
le coût démographique élevé et les
longues années de sécheresse ont fortement contribué
à la fragilisation de l'environnement. En milieu rural, la faible
qualité de vie des populations continue de faire pression sur les
ressources naturelles expliquant ainsi le rythme inquiétant de la
déforestation malgré les efforts fournis dans ce domaine.
Par contre, selon les populations (EPPS) en 2001, les principaux
signes de la perception de la pauvreté sont dans l'ordre, la
difficulté à se nourrir, le manque de travail, le manque de
soins, le manque de logement décent. Ainsi, considèrent elles que
les priorités de l'Etat devraient être dans l'ordre :
l'emploi des jeunes (20,1%), la réduction des prix de
denrées de première nécessité (18,9%),
l'accès aux soins de santé de base
(17,7%), l'éducation des enfants
(11,3%).
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