C- Caractéristiques de
la pauvreté au Sénégal
Au sein des ménages eux même, la
pauvreté est aussi très répandue : une
majorité de 52,2% se considère comme pauvre.
Comme pour les communautés aussi, le sentiment d'être pauvre a
sensiblement baissé dans les ménages, au cours des quatre
dernières années. En 2001-2002, deux chefs de
ménage sur trois (65,7%) considèreraient leur
ménage comme pauvre, soit une baisse de 3 points de pourcentage
annuellement. La différence de niveau de pauvreté entre les
communautés et les ménages reflète simplement le fait
qu'on peut trouver des ménages non pauvres dans des quartiers ou
villages eux-mêmes déclarés très pauvres. Même
si l'incidence est légèrement moins forte qu'au niveau de la
communauté, les tendances sont les mêmes dans les
différents milieux de résidence. Les dakarois sont mieux lotis
avec une incidence de pauvreté déclarée de prés de
40% contre 43,4% dans les autres villes et
61,6% en milieu rural. Paradoxalement, même si les
proportions de ménages qui s'auto déclarent « un peu
riche » sont statistiquement faibles, elles sont très proches
entre la ville et la campagne (prés de 6% en milieu
rural contre 5,2% dans les autres villes et
4,9% à Dakar. L'insuffisance monétaire semble
poser le plus de problème aux ménages. En effet, à la
question de savoir si au cours des 12 derniers
mois, le ménage avait des revenus suffisants pour faire face
aux besoins de ses membres, plus de trois chefs de ménage sur quatre
(76,7%) ont répondu négativement (d'après
dossier ESPS 2005-2006). Cela peut paraître surprenant que le manque
d'argent soit plus ressenti que les autres manques, étant donné
que la satisfaction de la plupart de ces besoins dépend en
général de la disponibilité d'argent. Alors comment
peut-on avoir satisfait plus ces besoins si on a eu moins besoins ?
Intuitivement, cette situation peut être comprise en rapport avec le sens
et l'importance qu'on accorde généralement à l'argent en
espèce : au Sénégal, on dit presque toujours
« de l'argent, on en a pas assez ». Au delà de
cette hypothèse sur la sensibilité de tout ce qui touche
l'argent ; ce décalage peut s'expliquer par le fait qu'un bon
nombre de ménages reçoivent des transferts, ce qui réduit
les déboursements de leur part pour satisfaire des besoins tels que
l'éducation des enfants, les soins de santé et dans une moindre
mesure, le logement, la nourriture et l'habillement...
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