Chapitre I : la dimension de la pauvreté
Section 1 : Diagnostic de
général de la pauvreté
A :
Définition du concept
La pauvreté est un phénomène
multidimensionnel. Plusieurs définitions et approches existent pour la
cerner. En particulier, l'on distingue les approches fondées sur le bien
être, les besoins de base et les capacités.
La mesure de l'incidence de la profondeur et de la
sévérité de la pauvreté nécessite la
résolution des deux questions fondamentales que sont l'identification
des individus pauvres et la construction d'indicateurs pertinents sur la base
des informations disponibles. Dans la pratique, deux approches sont
généralement utilisées : l'une dite objective et
l'autre subjective.
L'approche objective s'appuie sur une information quantitative
résumée à travers un indicateur monétaire ou non
monétaire. Une ligne de pauvreté est alors définie comme
un seuil en deçà duquel le ménage (ou l'individu) est
considéré comme pauvre (ESAM I, 1994).
L'approche subjective est basée sur la perception par
les populations de leurs conditions d'existence. Les populations s'auto
désignent pauvres ou non pauvres selon des critères qui leur sont
propres. A cet égard, un proverbe africain définit la
pauvreté comme « l'absence d'avoir, de savoir et de
pouvoir ». Cette perception de la culture renvoie à la nature
des formes d'organisation sociale et politique des communications locales et
aux stratégies sous-jacentes. Ainsi, importe-t-il d'investir dans la
culture qui détermine la manière de vivre et de combattre la
pauvreté. L'analyse de la perception de la pauvreté au
Sénégal qui se lit à travers les langues nationales peut
s'articuler autour de quelques indicateurs dont les plus saillants se
retrouvent dans la définition suivante : « est pauvre
celui qui n'a rien, qui ne peut régler ses besoins sociaux primaires,
qui vit sans accès à des opportunités ». Ce type
extrême de la pauvreté est généralement
appelé « ndool » (wolof),
« baasdo » (pulaar), « seetan »
(bambara) etc.
Le pauvre vit dans un dénouement total
économique et social, il est sans soutien et ne compte que sur l'aide
que lui apporte son entourage pour survivre. Il est souvent qualifié de
déclassé social et plongé dans un état de
misère quasi-permanent. Son trait dominant est qu'il s'auto exclue
lui-même du tissu social.
Les ménages pauvres disposent de sources de revenus
assez précaires qui ne permettent pas de couvrir entièrement les
besoins en alimentation. Pour expliquer la pauvreté, les populations
évoquent les responsabilités individuelles exprimées
à travers le proverbe : « le paresseux est responsable de
son état d'indigence » mais aussi pour le manque de relations
sociales. Le tissu relationnel est ici une référence centrale.
Plus on élargit l'horizon de ses relations familiales,
confrériques, ethniques etc, plus ont fait face à la
pauvreté, au dénuement, à la
vulnérabilité.
Nous allons maintenant nous focaliser sur les aspects de
manifestations de la pauvreté avant d'attaquer ses
caractéristiques pour terminer sur le point de rupture.
|