Paix et Education chez Kant. Esquisse d'une pédagogie de la paix( Télécharger le fichier original )par Fatié OUATTARA Université de Ouagadougou - DEA 2007 |
Conclusion partielle : La pédagogie de la paix est une affaire collective.La paix est une exigence morale de fait et de raison. Elle veut que nous fournissions des efforts considérables pour l'établir, la rétablir, la fonder et l'entretenir. Elle constitue n souci majeur, pour ne pas dire le souci des soucis de l'humanité surtout quand elle se sent menacée par des guerres : elle est ce tout qui nous concerne tous. La pédagogie de la paix est pour la même raison une affaire de tous à l'égard de tous, pour le bien de tous dans la réalisation du règne des fins. Car il y a dans l'éducation à la paix une nécessité de devoir qui en appelle à une union des hommes autour des valeurs morales universelles, celle de l'humanité que possède tout un chacun de nous. C'est aussi l'idée d'une nécessité d'agir en faveur de l'éducation à la paix, non pas en vue d'un certain intérêt (économique pour un Clausewitz ou pour un John Kenneth Galbraith, ou politique pour les seigneurs de guerres), mais au du principe suprême du devoir moral qui fait de l'homme une fin en soi jamais un moyen ou une chose qui a une valeur marchande. L'éducation à la paix contrarie la violence, la guerre, s'oppose à elle comme source de dévalorisation de l'homme, de déshumanisation de l'humanité ou de la désacralisation des moeurs. C'est pourquoi nous devons « veiller à la moralisation. L'homme ne doit pas simplement être apte à toutes sortes de fins, mais il doit aussi acquérir une disposition (Gesinnung) à ne choisir que des fins bonnes. Des fins bonnes sont celles qui sont nécessairement approuvées par chacun et qui au même moment pourraient être les fins de chacun ».104(*) Car « la moralité est précisément la condition qui seule peut faire d'un être raisonnable une fin en soi ; elle seule rend possible à cet être devenir membre d'une législation dans le règne des fins. La moralité et l'humanité, en tant que capable de moralité, est donc ce qui de la moralité »105(*). L'être raisonnable est pour nous ici celui qui voit bien l'obstacle que constitue la violence pour la paix et qui se donne les moyens de le lever et de devenir par la même porteur de dignité. Accepter de répondre à l'appel international d'élever le plus hautement possible les défenses de la paix, c'est accepter d'investir et de s'investir en elle ; d'y croire. Si la fin justifie sûrement les moyens, nous disposons des moyens fiables, de méthodes efficaces et de stratégies louables pour nous afficher la paix comme idéal à réaliser par le biais de l'éducation. Un « idéal qui n'a pas pour fonction d'être (forcement) réalisé, mais d'être visé et voulu. Malheur à ceux qui n'ont pas d'idéal. Ils se préparent une existence médiocre et désespérée qui est, (...), une caricature de la paix »106(*) renchérit l'auteur De l'ennui à la joie. Les limites de l'impossible ou du scepticisme se trouvent ainsi repoussées au plus loin possible. * 104 Réflexions sur l'éducation, pp.111-112. * 105 Kant, Fondement de la Métaphysique des Moeurs, Hatier, Paris, 1963, p.53. * 106 Jean Laurain, p.181. |
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