0.6.3. Les données historiques
Le groupe (B40) est d'abord constitué des ethnies
installées aujourd'hui au nord de l'aire B40 d'où
arrivèrent les Bisir, les Ngubi, les Massango, suivi des Bapunu,
installés aujourd'hui dans la partie du sud. La plupart des
récits rapportent cet ordre séquentiel, parfois confirmé
par le témoignage de certains explorateurs. L'histoire des migrations
des Bisir et les conditions dans lesquelles elles se sont
déroulées sont rapportés différemment par les
récits oraux. Certains récits font venir les Bisir du sud et
où ils s'installèrent dans les plaines de la Ngounié,
d'autres en revanche suggère une migration au nord et au sud qui conduit
les Bisir au 18ème siècle vers leur territoire actuel.
Antérieurement, Raponda Walker (1936: 8-9) a
proposé une migration des Bisir en deux grandes phases. Une
première vague serait partie vraisemblablement du Haut-Ogooué en
même temps que les Massango, pour descendre vers la Ngounié,
où les Bisir laissèrent les Massango sur le versant oriental de
cette rivière et poursuivirent leur route jusqu'à l'Océan
Atlantique. A cette époque, il semble qu'ils aient pris contact avec les
Européens: Portugais et autres marchands d'esclaves. Sous la pression
des négriers et de leurs courtiers qui les traquaient sans cesse pour
les emmener en esclavages, les Bisir furent forcés de quitter la
côte pour se mettre à l'abri dans l'intérieur du pays. La
deuxième vague migratoire serait partie de la région des grands
lacs du Bas-Ogooué. Dans ladite région, les Bisir avaient pour
voisins une ethnie soeur: les Galwa. Les rapports de bon voisinage
s'étant depuis détériorés, les Bisir
résolurent de quitter la région pour remonter l'Ogooué.
Le séjour des Bisir dans le Bas-Ogooué est au coeur
d'une controverse qui oppose ceux qui pensent que la parenté entre les
Bisir et les Galwa est une affinité d'origine et ceux qui pensent qu'au
contraire ladite parenté est simplement due au voisinage. Pour des
auteurs comme Ambouroué Avaro (1969: 63-84), il s'agit d'une
parenté de voisinage, de proximité. Pour d'autres comme Raponda
Walker, il s'agirait d'une parenté d'origine. En effet, après
avoir été vaincus par les Mpongwé les Bisir se seraient
repliés en laissant entre les mains de leurs ennemis, une fraction du
groupe qui n'aura son salut qu'en s'assimilant linguistiquement et
culturellement aux vainqueurs. En d'autres termes, les membres de la fraction
restée en terre myéné (qu'on nommera plus tard Galwa)
auraient abdiqué progressivement leur langue pour adopter le
Mpongwé tout en gardant une kyrielle d'expressions gisir. Donc, les
Galwa seraient d'anciens Gisir. Cette thèse, celle de la substitution
linguistique, a depuis été battue en brèches par
Mouguiama-Daouda (1999).
Finalement, nous retenons, la position de Mouguima Daouda (2005:
91-92) qui a proposé que pour comprendre la thèse qui s'accorde
avec l'hypothèse qui rattache les migrations Bisir à celle des
Galwa, il faille distinguer deux phases dans les migrations Bisir.
Antérieurement au 18ème siècle, les Bisir,
venant du sud, s'installèrent dans les plaines de la Ngounié. Au
18ème siècle, interviennent les migrations des clans
Kamba et Mousonga qui vont conduire les Bisir progressivement dans la province
du Moyen-Ogooué. Des conflits se produisirent entre les
Akélé et les Galwa à la suite desquels les Bisir
retournèrent dans la Ngounié.
0.7. Méthodologie
0.7.1. Définition
La méthodologie est la science intégrée des
méthodes, la méthode étant la marche raisonnée de
l'esprit pour découvrir la vérité ou résoudre un
problème. Lorsque l'on travail sur un domaine, on peut établir
une suite des questions à se poser, des personnes à aller voir et
à interroger, d'informations à collecter, d'opérations
à effectuer, en vue de faire des choix. Cela permet de mener de
manière plus efficace une étude ou la résolution d'un
problème. La méthodologie est cette systématisation de
l'étude, indépendamment du thème à étudier
lui-même.15
0.7.2. Cadre de l'enquête Définition de
l'enquête
Selon Galisson et Coste (1976:188), l'enquête est une
« investigation motivée par le besoin de vérifier une
hypothèse ou de découvrir une solution à un
problème et consiste à aussi méthodologiquement que
possible un ensemble de témoignages susceptibles de répondre
à l'objectif visé ». Après avoir passé en
revue tous les travaux traitant de notre sujet, il s'est avéré
nécessaire de compléter les informations que nous avons pu
extraire de toutes nos lectures par notre enquête de terrain. Avec Dubois
et Candel (1994:182), « l'enquête de terrain est l'action
menée par le chercheur en vue de recueillir des informations dans un
lieu donné, en un temps donné, avec des informants, suivant des
méthodes et des techniques appropriées. »
15 R. Claude, Article de Wikipédia,
L'encyclopédie libre page: 1.
La pré-enquête
Toute recherche présuppose une phase préparatoire
au cours de laquelle, le chercheur procède à une reconnaissance
du terrain. Dans le cadre de notre pré-enquête, nous avons
commencé par réunir une documentation sur notre question
centrale. Après avoir constitué notre biographie, nous avons
recueilli sur le terrain un certain nombre d'informations de type
géographique et sociologique. Cette étape nous a notamment permis
de repérer à Libreville, les quartiers où l'on rencontre
le plus les populations gisir. Après avoir réalisé un
échantillonnage, il nous a été possible d'obtenir des
renseignements sur les personnes susceptibles de nous fournir des informations
sur les anthroponymes et les toponymes gisir. Pour les transcriptions, nous
sommes servi de l'Alphabet Scientifique des langues du Gabon (ASG, 1990).
Lieux et moments de l'enquête
Notre enquête s'est étalée sur deux
années environ. Elle a commencé en année de Licence (en
mars 2006) et s'est poursuivie en année de Maîtrise (2007). Elle
s'est déroulée à Libreville, Mouila et Fougamou en deux
étapes, que nous énumérons
comme suit :
La première étape a consisté à
relever auprès de nos informateurs, les anthroponymes et les toponymes
ainsi que le sens que les populations attribuent à ces
dénominations. La deuxième étape quant à elle, nous
a permis de nous familiariser au maximum avec
les récits historiques des migrations gisir.
Les conditions d'enquête
L'enquête s'est effectuée à chaque fois aux
domiciles de nos informateurs. Elle a été à la fois
extensive et intensive. Extensive, parce qu'elle nous a permis d'aborder le
sujet en différents lieux (villages, quartiers, villes). Intensive,
parce qu'elle a supposé le choix de personnes-ressources,
qualifiées sur des aspects de notre question de départ. En
introduisant notre recherche, nous avons toujours pris soins d'en exposer les
objectifs ou encore l'intérêt scientifique. Malgré ces
précautions, nous avons souvent rencontré chez nos informateurs
quelques résistances se traduisant parfois par une forme d'autocensure,
que nous nous efforcions de comprendre à la lumière des propos de
Massamakan Diabaté : « J'en dirai un peu et j'en garderai un peu
adage africain bien connu qui établit que "la parole ne s'épuise
pas, on la suspend" ». Par rapport à cette difficulté, il a
nous fallu user de tous les moyens pour parvenir à convaincre nos
informateurs de nous donner les significations des anthroponymes et des
toponymes qu'ils avaient appris des Anciens afin que la chaîne de
transmission ne soit pas brisée. Du point de vue financier, plusieurs
enquêtés demandaient à être payés ce que nous
ne pouvions faire. Dans ce qui suit, nous présentons la liste des noms
personnels chez Raponda-Walker (1995). La présentation de cette liste a
un objectif double. D'abord, elle nous permettra de mettre en lumières
les points forts et les points faibles du travail de Raponda-Walker (1995).
Ensuite, elle nous permettra de situer notre présente contribution.
Anthroponymes Gisir chez Raponda-Walker (1995)
|
Significations
|
Babika
|
Enfant venu au monde en l'absence de son père.
|
Babusi
|
Ils refusent, ils n'en veulent pas.
|
Bagafu
|
Ils meurent (tous).
|
Bagèli
|
Ils parlent mal (de moi).
|
Bagwèndi
|
Ils s'en vont (les uns après les autres).
|
Bakuyanga
|
Ba ku yanga, qu'ils te mangent (comme ils ont fait de mes autres
enfants).
|
Bamapagi
|
Ils me traitent (toujours ainsi).
|
Barana
|
Ba rara, ils ont (bien) gardé.
|
Batumuna
|
Ils m'ont cherché querelle.
|
Bavyoga
|
Les événements passés.
|
Bavyogi
|
Ils passent (les uns après les autres): tout passe !
|
Bibalu
|
Écorces médicinales.
|
Bigusala
|
Ce qui en restera.
|
Bika
|
Rencontrer quelqu'un chez lui
|
Birondu
|
Les amours.
|
Birungu
|
Matériaux de construction.
|
|
|
Bomba
|
Sauve-toi
|
Buka
|
Épousseter.
|
Buka
|
Qui est resté seul.
|
Bukamba
|
Manque, pénurie.
|
Bukwèntsi
|
Celui dont les dires sont sujets à caution, hâbleur.
|
Bunda
|
Sauce au chocolat indigène, sans viande ni poisson.
|
Busamba
|
Prières, supplications, conjurations (pour écarter
les influences malignes).
|
Busuki
|
Sans issue, impasse.
|
Bwanga
|
Emprunté aux Bapunu: nom de la première
mère.
|
Dibada
|
Pourriture, charogne (voir Gibotsi).
|
Dibadi
|
La guerre.
|
Dibaku
|
Achoppement, choc (sur une pierre, une racine, un tronc d'arbre).
|
|
|
Diberi
|
Une goutte d'eau.
|
Dibongi
|
Preneur.
|
Digondi
|
Un régime de grosses bananes (voir Magondi).
|
Dikumba
|
Voir Dikunba.
|
Dikunba
|
Garde-toi de faire cela.
|
Dikuri
|
Premières arrhes d'une dot coutumière
|
Dimbombi
|
Saccage, pillage.
|
Dintsinguli
|
Dis- le moi.
|
Dinyumba
|
Ce qui nous dépasse.
|
Dirèga
|
La première chose ou la première fois.
|
Diruga
|
Ce qui est arrivé, l'événement.
|
Disanami
|
Di sa na mi, ce n'est pas mon affaire, cela ne me regarde pas.
|
Disanemosi
|
Di sa ne (mutu) mosi, ce n'est pas le fait d'un seul homme.
|
|
|
Ditèngu
|
Fantôme, revenant, spectre: nom talisman.
|
Ditombi
|
Noise, chicane.
|
Ditubilyanu
|
Dévoilez ce secret.
|
Divasa
|
Le jumeau:donné comme nom propre au survivant de deux
jumeaux: synonyme de l'araméen « Thomas », du grec «
Didyme ».
|
Divinu
|
Haine, aversion.
|
Diyabi
|
Sache-le (bien), mets- toi cela dans la tête.
|
Diyupa
|
Pêche faite par les femmes dans les ruisseaux, les
étangs.
|
Difilu
|
Grande mortalité.
|
Dugwèkurombila
|
Du gwè ku rombila, ce que tu as (vraiment) cherché.
|
Dukabu
|
Partage, héritage.
|
Dukwèkèlè
|
Déformation de « dugègèli »,
petite feuille.
|
Dumabila
|
Nous l'avions (bien) dit.
|
Dumbingila
|
Nous suivons.
|
Dupambi
|
Personne audacieuse, qui risque tout.
|
Dyambugutsinga
|
Qui dévoile les secrets.
|
Dyau
|
C'est leur affaire.
|
Gibinga
|
Garçon né après deux enfants jumeaux.
|
Gibotsi
|
Pourriture, charogne (ce sont des chairs destinées
à pourrir dans le tombeau) : nom talisman.
|
Gidumi
|
Bruit de tonner: nom de jumelle.
|
Didyantsu
|
Le travail, l'ouvrage.
|
Gikomu
|
Travail forcé ou fin prématurée.
|
Gilandi
|
Qui sème la discorde (par ses rapportages).
|
Gilèndu
|
Un vain fantôme, une apparence trompeuse; nom protecteur.
|
Gimbègu
|
On me l'a rapporté.
|
Gindèndi
|
Sans domicile, vagabond : Gindèndi-ngoma.
|
|
|
Gipadi
|
Prodige, merveille.
|
Gipolu
|
Qui ne contient rien, vide.
|
Gipyèri
|
Genre de passereau.
|
Gisagiliba
|
Du côté du lac.
|
Gisasafu
|
Arbre mort.
|
Gisasako
|
Branche détachée d'un arbre.
|
Gisoni
|
Honte.
|
Gistuga
|
Termite en forme de champignon.
|
Givigu
|
Rivalité.
|
Gumanga
|
Essayer, goûter.
|
Gurana
|
Dernier né de triplé : petit animal carnassier.
|
Gusangèba
|
Gu sa ngèba, il n' y pas de pitié.
|
|
|
Gwaba
|
Pêche en vidant les ruisseaux, les étangs: nom de
jumelle.
|
Gyou
|
Gros champignon comestible.
|
Gyula
|
Écorcer.
|
Kanyangu
|
Colère que l'on manifeste en plein jour.
|
Kèbila
|
Aie pitié, pardonne.
|
Kèdina
|
Contraction de « kèbe-dina », cherche-lui un
nom.
|
Kèngèli
|
Chair, distinct;
|
Kobi
|
Boîte en écorce d'arbre.
|
Kola
|
Assez comme çà là.
|
Kombila
|
Action de racler, de gratter avec un outil.
|
Kugu
|
Nom de jumelle: ocre jaune
|
Kumba
|
Fille née après deux jumeaux.
|
Kwau
|
Nom d'origine étrangère (Accra).
|
Lèla
|
Porte (ton nourrisson) dans tes bras.
|
Lèngi
|
Facile, aisé.
|
Lubuganu
|
Soyer sur vos gardes.
|
Mabanda
|
Les débuts.
|
Mabika
|
Voir Babika.
|
Mabunda
|
Faux rapports.
|
Maduta
|
Qui attire les gens chez lui, hospitalier.
|
Magabandi
|
Ma ga bandi (n'agu), cela provient de toi.
|
Magambu
|
Altération de « Agambwè » (Nkomi):
orateur, arbitre.
|
Magaya
|
Les feuilles.
|
Magèna
|
Voir Ndzègu, ou Ndjègu.
|
Magondi
|
Des régimes des grosses bananes (voir Digondi).
|
Magulu
|
Choses anciennes.
|
Maguma
|
Les fromagers (Ceiba pentandra): mot emprunté aux
Omyènès.
|
Magumba
|
Marchandises, argent, femmes, enfants, esclaves ou animaux
domestiques laissés par un mort.
|
Magwangu
|
Premier père des Eshiras.
|
Makaga
|
Ancien chef de guerre.
|
Makandja
|
Fortifiant.
|
Makandu
|
Lacs, noeuds coulants pour prendre des oiseaux.
|
Makosu
|
(Emprunté à d'autres idiomes) au propre: amas
d'arbres abattus; au figuré: palabres.
|
Makungu
|
Chance, veine.
|
Makuya
|
Brigands, bandits.
|
Malabi
|
Qui voit tout ce qui se passe.
|
Malaga
|
Graine qui sème, semence.
|
|
|
Maluba
|
Remettre (une affaire) à plus tard.
|
Mamakola
|
A ma ma kola, ce dont on se fatigue, ce dont on se lasse.
|
Mambinga
|
Ce qui s'est passé en mon absence.
|
Mafoumbi
|
Les cadavres: nom talisman.
|
Manami
|
Imputation calomnieuse
|
Manga
|
Essaie, goûte.
|
Mangamisu
|
Manga ! misu ! de vains efforts.
|
Manguba
|
Batailleur.
|
Manima
|
Malchance, guigne.
|
Manyangu
|
Ce qui arrive pendant le jour.
|
Mapangu
|
Barres de porte, de fermeture.
|
Marumbetsi
|
Ma ru mbetsi, ces choses datent de loin.
|
Masabanga
|
Ma sa banga, cela n'a pas eu lieu; ou bien: cela n'existait pas
(autrefois).
|
Masagavu
|
Ma sa ga vu, ça n'en finit jamais.
|
Masagwambilu
|
Ma sa gwambilu, les choses dont on ne doit pas parler.
|
Masakimbu
|
Ma sa kimbu, c'est inévitable, cela devrait arriver.
|
Masuki
|
Tout à une fin.
|
Masutunami
|
Équivaut à « j'en ai trop le dos, j'en ai mare
».
|
Matoka
|
Cuit à point.
|
Matsanga
|
Les larmes.
|
Matsyèngi
|
Ce qui se passe sur terre.
|
Mavaku
|
Fourche d'arbre.
|
Mavyakena
|
Malentendu, parole ou action mal interprétée ou mal
|
|
comprise.
|
Mavyoga
|
Ma vyoga, ce qui s'est passé
|
Mayagi
|
Lieu où l'on délibère (sur les bords d'un
cours d'eau).
|
Mayila
|
Besoin, indigence, misère.
|
Mayinu
|
Il a bu (le poison d'épreuve) et il s'en est tiré.
|
Mayombu
|
Grand amomes à fruits acidulés, comestibles
(Aframomum gigangeum).
|
Mbana
|
Le partage, ou donner en partage.
|
Mbandza
|
Case commune, corps de garde.
|
MbéÏ
|
Contraction de « mbè di di », si cela avait eu
lieu, ver d'appât, lombric.
|
Mbilimanbu
|
Mbiti mambu ! que des choses ! que d'histoires !
|
Mbini
|
Adversaire, ennemi.
|
Mbitimanbu
|
Qui regarde à la dépense, qui s'occupe trop des
petits détails.
|
Mboga
|
Rancune.
|
Mbondzi
|
Femme qui berce un enfant.
|
Mbuga
|
Père nourricier, nourrice.
|
Mbula
|
Brise-le-moi (c'est-à-dire: tue-le, si tu peux) ironique.
|
Mbulukèli
|
Tessons, débris d'un vase, d'une bouteille.
|
Mbuminyanu
|
Laissez-moi donc tranquille (avec mes enfants).
|
Mbundu
|
Poison d'épreuve (Strychnos icaja): arbuste servant
à cet usage.
|
Mbundzi
|
Consolation: mbundzi-gvolu.
|
Mbutsu
|
Abréviation de « Mumbutsu » (Vernonia
Thomsoniana), quinine des Noirs.
|
Mfila
|
Grande mortalité, abondance.
|
|
|
Mfubu
|
Hippopotame: nom de jumeau.
|
Mindji
|
Second né des triplés: chacal.
|
Mirapu
|
Plaintes, gémissements.
|
Misamu
|
Les nouvelles.
|
Mitumba
|
Les ceintures.
|
Mokombo
|
Mauvais dessein, complot ourdi contre la vie de quelqu'un.
|
Mubamba
|
Nom de jumeau; gros serpent jaune (Dendrophis flavigularis).
Serpent des palmiers.
|
Mubata
|
Les épinards, des brèdes.
|
Mubè
|
Le deuxième.
|
Muduma
|
Nom de jumeau; gros serpent noir (Naja melamaleuca) Naja
d'Afrique.
|
Mugala
|
Qui l'habitude de nier.
|
Muganga
|
Nganga, sorcier, devin ou guérisseur.
|
|
|
Mugisi
|
L'esprit, le génie ou la fée.
|
Mugwèli
|
Méfie-toi de lui.
|
Mukala
|
Celui qui s'interpose entre deux adversaires.
|
Mukanimambou
|
Augure, présage, intuition, pressentiment, tiré de
certains mouvements nerveux et subits du corps.
|
Mukèmu
|
Herbe médicinale (Eclipta alba).
|
Mukula
|
Qui ne donne rien pour rien.
|
Mumbangu
|
En courant.
|
Mundunga
|
Grand fétiche des hommes: nom de jumeau.
|
Mundzègu
|
Tambour magique.
|
Munganbu
|
En courant.
|
Munombi
|
Noir, qui appartient à la race noire.
|
Munongu-dyambu
|
Une drôle d'affaire.
|
|
|
Muru
|
La tête.
|
Musavu
|
Première-née de deux jumelles :
bénédiction rituelle.
|
Musunda
|
Dernière-née de deux jumelles:
musunda-pèmbi, boule d'argile blanche, pétrie avec des
débris d'ossements humains.
|
Musyèma
|
Mère des triplés.
|
Mutèndi
|
Marteau de forge, nom de jumeau.
|
Mutsinga
|
En spirale, en colimaçon.
|
Mutula
|
Action de forger.
|
Muyèmè
|
Nom de jumelle.
|
Mvula
|
Pluie : nom de jumelle.
|
Mwanda
|
Piste, sentier sur un banc de roche: Mwanda-diamani
|
Mwèli
|
Petit poisson d'eau douce.
|
Mwiri
|
Autre appellation du fétiche Munduga: nom de jumeau.
|
|
|
Myanga
|
L'argent, la monnaie.
|
Myendu
|
Les voyages.
|
Myombu
|
Grand amomes à fruits acidulés, comestibles
(Aframomum gigangeum).
|
Ndèmbi
|
Cherche- moi chicane.
|
Ndjali
|
Fusil 'emprunté aux Nkomis).
|
Ndjambi
|
Altération de « Ndjambé » (mitsogo):
Dieu.
|
Ndjègu
|
Panthère : nom donné au premier des triplés.
|
Ndjiku
|
Garçon né un jour de bwiti.
|
Ndjumburu
|
Malaise et nausées qu'éprouvent parfois les gens de
l'intérieur venant sur le littoral; ce mot s'applique aussi au mal de
mer provoqué par le rougis ou le tangage.
|
Ndumbu-nyama
|
Foulée, piste, sentier d'une bête.
|
Ndzègo
|
Premier né des triplés: panthère.
|
Ndzigu
|
Chimpanzé: nom protecteur (n'y faites pas attention, ce
n'est qu'un vilain chimpanzé).
|
Ngèba
|
Pitié.
|
Ngosi
|
Selon la croyance des indigènes jeteurs de sorts dont les
menées secrètes sont dévoilées par une suite de
songes successifs, à divers membres de sa famille.
|
Ngotu
|
Silure à grande gueule (Chrisycthys granchii).
|
Nguba
|
Une grande guerre.
|
Ngudu
|
La force.
|
Nguimosi
|
Ngui imosi, même mère.
|
Nguma
|
Nguma-musosu, grand procès, affaire sérieuse.
|
Ngunga
|
Nom de jumeau: cloche.
|
Nguyi-Kita
|
Mère de jumeaux.
|
Ngwèsi
|
Petites tranches de manioc, cuites et lavées à
l'eau courante.
|
Nimadènga
|
Ni ma dènga, j'ai trouvé.
|
Nivu
|
Nivu-dyambu, demande d'explications.
|
Ntsabusa
|
Je ne refuse pas, je veux bien.
|
Ntsagubunga
|
Ntsa gu bunga, je ne gaspillerai rien.
|
Ntsagulèla
|
Ntsa gu lèla, je ne porterai pas (d'enfant dans mes bras).
|
Ntsaibanga
|
Je n'y étais pas.
|
Ntsalugu
|
Je ne donnerai (donc) mon nom à personne, je n'aurai pas
d'héritier.
|
Ntsangila
|
Réjouis-toi avec moi, félicite-moi.
|
Ntsau
|
Éléphant: nom de jumeau.
|
Ntsayabi
|
Je n'en sais rien.
|
Ntswèla
|
Situation du moribond qui va tout quitter.
|
Nyama
|
Animal, viande.
|
Nyambidyène
|
Nyambi di èna, Dieu a vu cela.
|
Nyangi
|
Fausse- aigrette (Bubulcus lucidus): première mère
des
|
|
Eshiras.
|
Nyègitsila
|
Laisse- moi donc tranquille.
|
Nyundu
|
Enclume: nom de jumeau.
|
Nzégo
|
Premier né des triplés.
|
Pambu
|
Nom de jumelle: sonnette à fer forgé encore.
|
Potutu
|
Boue, vase: nom protecteur.
|
Pugi
|
Fièvre infantile.
|
Puli
|
Terrain libre, non occupé.
|
Sadibi
|
Il n' y a pas de mal à cela.
|
Sakamènu
|
I l n' y a pas que moi.
|
Samwana
|
Sa mwana, ce n'est pas un enfant (que j'ai mis au monde) : nom
talisman.
|
Tandanu
|
Méfiez- vous.
|
Taru
|
Action de veiller sur un enfant.
|
|
|
Tènda
|
Nom de jumeau: fruit de « murènda » (Garcinia
Klaineana).
|
Tsalu
|
Appât (pour hameçon ou piège).
|
Tsambi
|
Battements de mains (pour applaudir)
|
Tsigi
|
Sonnailles de dois dont se servent les sorciers.
|
Tulu
|
Poitrine.
|
Vaba
|
Va aba, il y avait (alors)
|
Vombu
|
Maigreur extrême, cachexie.
|
Yabèmba
|
U ya bèmba, ne touche à rien.
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Yalandè
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N'y fais pas attention.
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Yambusa
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Ne refuse pas ce que je te demande, ne rejette pas me
prière.
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Yasonda
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Ne continue pas.
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Yèna
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Vois: nom de jumeau.
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Yènu-bèni
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Vous- même.
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Yulu
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Écoute: nom de jumeau.
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Tableau 1 : Les anthroponymes gisir chez Raponda-Walker (1995)
La grande force de travail de Raponda-Walker (1995) se situe au
niveau de l'utilisation d'un alphabet phonologique qui repose sur le principe
de bi-univocité (un son pour un symbole et vice versa). En effet, le son
[u] est rendu par la lettre « u », ce qui est conforme à la
prononciation des langues bantu : Tulu, Nyundu, Pambu, etc. Les travaux
antérieurs, par exemple Le Testu (1918), ont utilisé le digraphe
français ou (prononcé [u]) pour représenter la
voyelle gisir u. De même, la lettre « g » est utilisée
pour représenter la consonne fricative dorso-vélaire
[\u-4025É·], comme cela apparaît dans la liste de
Raponda-Walker (1995) : Ntsalugu, Gisoni, Gipadi, etc. Au plan orthographique,
[\u-4025É·] est souvent noté dans les langues africaines par
le digraphe gh. S'agissant des points faibles, tous les items lexicaux dans le
Tableau 1 ci-dessus présentent des lacunes à la fois segmentales
et suprasegmentales. Pour tous les travaux précurseurs, les
réserves généralement apportées à ces
contributions concernent l'absence de tons dans les transcriptions des mots.
Dans le nom personnel Yabèmba, par exemple, le signe diacritique qui
apparaît sur la voyelle « e » n'est pas une indication tonale
c'est un accent. Il s'agit précisément de l'accent grave du
français. A côté du problème des tons, il y a aussi
le fait l'auteur ne note pas la quantité vocalique. Dans les
anthroponymes Boviogi [\u-3998ÉÒÉÑ»».],
Bakuyanga [\u-3998ÉÒÉ°»
\u-4030ɲÉéÉßÉÉ·DÉÛÉåÉéÉÑ»ÉɾÉ×É°ÉÍÉzÉnBagafu
[\u-3998ÉÒÉ°»
\u-4025É·ÉÑÉÉÖÉå»ÉÍ,
l'allongement de la voyelle n'est pas attestée. Le nom personnel Boviogi
[\u-3998ÉÒÉÑ»».], pose
également le problème de la notation de la fricative bilabiale
orale
\u-4030ɲÉéÉßÉÉ·Dsonore
[\u-4030ɲ]. Dans les langues africaines, elle est souvent
notée orthographique par le digraphe vh. Les exemples Bakuyanga
[\u-3998ÉÒÉ°»»»
\u-3989ÉÛÉåÉéÉÑÉɾÉ×É°ÉÍÉzÉnBagafu
[\u-3998ÉÒÉ°É·ÉÑÉÉÖÉå»ÉÍÉnposent
aussi le problème de la notation du shva ou schwa. Enfin, dans toute sa
liste, Raponda-Walker (1995) ne distingue les voyelles [e] et
[\u-4027Éu] d'une part et [o] et [\u-4017É] d'autre part. Les
voyelles [e] et [\u-4027Éu] sont toutes les deux
représentées par e, et [o] et [\u-4017É] sont
toutes les deux représentées par o. Le Rapport Final
de la Session de Concertation sur l'Orthographe des Langues Gabonaises
(1999) s'est éloigné de cette approche en proposant l'usage de
signes diacritiques. Dans ledit rapport, le e souligné et le o
souligné sont utilisés pour transcrire [\u-4027Éu] et
[\u-4017É] respectivement.
Par rapport aux 256 anthroponymes de Raponda-Walker (1995), nous
avons 322, soit 66 de plus que Raponda-Walker (1995). La présente
contribution se situe aussi au niveau d'une recherche plus approfondie des
significations données aux noms personnels. Le tableau ci-dessus
résume la situation :
Anthroponymes Gisir chez Raponda-Walker (1995)
|
Significations
|
Mêmes antroponymes Gisir16 .
|
Transcriptions Phonétiques.
|
Significations revisitées.
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Bibalu
|
Écorce médicinale.
|
Bibalu
|
\u-4005ÉËÉÒD»ÉÒÉÑÉÜÉå»ÉÍ
|
Écorce d'arbres (il peut s'agir des écorces de
n'importe quel arbre, qu'il soit à usage médicinal ou non).
|
Bika
|
Rencontrer quelqu'un chez lui.
|
Bika
|
\u-4005ÉËÉÒDÉÛÉ°»ÉÍ
|
Aller chez quelqu'un en son absence (cf.
\u-4025É·ùbík\u-4032É°»ÉwÉ|
|
Buka
|
Épousseter.
|
Buka
|
\u-4005ÉËÉÒÉåÉÛÉ°»ÉÍ
|
Action de creuser; au sens
|
16
Ces anthroponymes sont transcris sur la base des
recommandations du Rapport Final de la Session de Concertation sur
l'Orthographe des Langues gabonaises (1999).
Anthroponymes Gisir chez Raponda-Walker (1995)
|
Significations
|
Mêmes antroponymes Gisir6 .
|
Transcriptions Phonétiques.
|
Significations revisitées.
|
|
|
|
|
figuré ce verbe
(\u-4025É·ùbúk\u-4032É°») signifie
« approfondir », aller au fond du problème.
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Divasa
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Le jumeau: donné comme nom propre au survivant de deux
jumeaux: synonyme de l'araméen « Thomas », du grec «
Didyme ».
|
Divasa
|
\u-4005ÉËÉÔD»É²ÉÑÉãÉ°»ÉÍ
|
Nom donné également aux enfants naissant avec des
malformations physiques: grosse tête ; bec de lièvre etc.
|
Gisagiliba
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Du côté du lac.
|
Ghisaghiliba
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\u-4005ÉËÉ·DÉãÉѻɷDÉÜDÉÒÉ°»ÉÍ
|
Ce dont on n'est pas prêt d'oublier (cf. le verbe
\u-4025É·ùlíb\u-4032É°»É·Éun\u-4032É°»).
|
Gyula
|
Écorcer.
|
Ghyuula
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\u-4005ÉËÉ·ÉéÉåÉÉÜÉ°»ÉÍ
|
Portion ; une partie de quelque chose. Par exemple,
\u-4025É·yú\u-3866ÉÉÜÉ°»
yí nú\u-3866Éɾgì « portion d'un
champ ».
|
Kugu
|
Nom de jumelle.
|
Kughu
|
\u-4005ÉËÉÛÉåÉÉ·Éå»ÉÍÉn/\u-4064ÉnÉËÉÛÉå»ÉÉ·Éå»ÉÍ
|
Selon le schème tonal, il peut s'agir du terme pour
proverbe (kú\u-4038ÉÉ·ù) ou du terme
désignant une partie de la forêt non propice aux cultures
(kù\u-4038ÉÉ·ù).
|
Mugala
|
Qui a l'habitude de nier.
|
Mughala
|
\u-4005ÉËÉÉå»É·ÉÑÉÉÜÉ°»ÉÍ
|
Longrine centrale de la charpente d'une maison, mais aussi enfant
né le jour d'un décès dans la famille. Par exemple,
mù\u-4025É·àl\u-4032É°»Énndá\u-4038ÉÉ·ù
syn. mùrwâl\u-4032É°»ÉzÉn
|
Anthroponymes Gisir chez Raponda-Walker (1995)
|
Significations
|
Mêmes antroponymes Gisir6 .
|
Transcriptions Phonétiques.
|
Significations revisitées.
|
|
|
|
|
mwâ\u-4038Én\u-4032É°»É²É°»mù\u-4025É·â\u-4038Él\u-4032É°»É|
|
Muganbu
|
En courant.
|
Mughaamba
|
\u-4005ÉËÉÉå»É·ÉÑÉÉÉÒÉ°»ÉÍ
|
Troupeau d'animaux sauvages.
|
Mukèmu
|
Herbe médicinale (Eclipta alba).
|
Mukemu
|
\u-4005ÉËÉÉå»ÉÛÉuÉÉå»ÉÍ
|
Décoction, breuvage d'herbe médicinale.
|
Musunda
|
Dernière née de deux jumeaux: musunda-pembi, boule
d'argile pétrie avec des débris d'ossements humains.
|
Musuunda
|
\u-4005ÉËÉÉå»ÉãÉåÉÉÞÉÔÉ°»ÉÍ
|
Enfant né par les pieds: musuunda kaanda.
|
Mutula
|
Action de forger.
|
Ghitula
|
\u-4005ÉËÉ·D»ÉäÉåÉÜÉ°»ÉÍ
|
Action de forger.
|
Muyèmè
|
Nom de jumelle.
|
Muyema
|
|
Nom donné aux femmes mûres (sages).
|
Ndzigu
|
Chimpanzé: nom protecteur (n'y faites pas attention, ce
n'est qu'un vilain chimpanzé).
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Nzighu
|
\u-4005ÉËÉÞÉêDÉ·Éå»ÉÍ
|
Médecin légiste, chirurgien traditionnel,
spécialiste des autopsies.
|
Pambu
|
Nom de jumelle: sonnette à fer forgé encore.
|
Paambu
|
\u-4005ÉËÉàÉÑÉÉÉÒÉå»ÉÍ
|
Espèce de ver de terre qu'on trouve en bordure des
rivières: lombric tropical. Ce nom est généralement
donné aux hommes.
|
Pugi
|
Fièvre infantile.
|
Pugha
|
\u-4005ÉËÉàÉåÉ·É°»ÉÍ
|
Fièvre infantile, souvent accompagnée de
convulsions.
|
Tandanu
|
Méfiez- vous.
|
Tandaanu
|
\u-4005ÉËÉäÉÑ»ÉÞÉÔÉÑÉÉÞÉå»ÉÍ
|
Mettez-vous ensemble !, Regroupez-vous !
|
Anthroponymes Gisir chez Raponda-Walker (1995)
|
Significations
|
Mêmes antroponymes Gisir6 .
|
Transcriptions Phonétiques.
|
Significations revisitées.
|
Taru
|
Action de veiller sur quelqu'un.
|
Taaru
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\u-4005ÉËÉäÉÑÉÉâÉå»ÉÍ
|
Ce terme polysémique renvoie selon le cas à la
témérité (tàrù). Ce terme est utilisé
pour qualifier une personne ayant de l'audace, une personne
déterminée.
|
Yalanda
|
N' y fait pas attention.
|
Yalanda
|
\u-4005ÉËÉéÉÑ»ÉÜÉÑÉÞÉÔÉ°»ÉÍ
|
Ne diffuse pas, ne propage pas (l'information).
Dérivé du verbe
\u-4025É·ùlá\u-4038Énd\u-4032É°»
« propager ». Par exemple :
yàlá\u-4038Énd\u-4032É°»
pê\u-4025É·ì.
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Tableau 2 : Quelques anthroponymes gisir de Raponda-Walker
(1995) revisités
Corpus
Selon Dubois (1994: 23), « Le corpus est l'ensemble
d'énoncés qu'on soumet à l'analyse. Ce pourra être
des mots, des phrases ou des groupes des phrases comprenant tel trait
phonétique, une terminaison ou une origine étrangère
». Notre corpus est composé de 79 toponymes ou noms de lieux et de
322 anthroponymes.
Les occurrences linguistiques gisir ont été
obtenues sur la base d'un questionnaire et nous avons également eu
recours aux enregistrements sonores et graphiques. Pour les
transcriptions, nous avons utilisé l'alphabet «
Africa ».
Cadre théorique
Quelques auteurs ont proposés des méthodes
d'analyse des anthroponymes et des toponymes. On peut citer Kwenzi-Mikala
(1988, 1990, 1998, 2004), Honorat Aguessi (1984) et Ntahombaye (1983). Mais
J.T. Kwenzi-Mikala est, à notre avis le seul à avoir
étudier d'une manière systématique l'onomastique dans le
cadre des différents groupes ethnolinguistiques du Gabon. Le cadre
théorique utilisé dans ce travail est donc largement
dérivé d'un certain nombre de publications de Kwenzi-Mikala,
linguiste gabonais. Mais bien que l'étude s'inscrive dans le sillage des
travaux réalisés par Kwenzi-Mikala, d'autres modèles
onomastiques (Aguessi, Lissimba, etc.), seront également testé et
adapté.
Au plan lexicographique strito sensu, nous nous
inscrivons dans le cadre théorique du lexicographe allemand Herbert
Ernest Wiegand (1984,1999). La contribution de Wiegand dans le champ de la
métalexicographie est considérable et couvre de nombreux aspects
de la production à la fois des dictionnaires monolingues et
dictionnaires de traduction, ainsi que l'histoire de la lexicographie et
l'utilisation des dictionnaires. Notre travail va consister à poser les
prémisses d'une modélisation théorique d'un dictionnaire
onomastique gisir/français.
Explicitation de la problématique La partie descriptive de
notre travail va faire émerger de nombreuses questions liées
à la relativité linguistique, la diversité culturelle,
à la notion de langue et vision du
monde, etc. Des thèmes chers à l'ethnolinguistique
et à l'anthropologie culturelle essentiellement. C'est à
Raponda-Walker (1993) que revient le premier début de travail de
conceptualisation de type onomastique sur les langues du Gabon. Les travaux de
Kwenzi-Mikala sont une synthèse critique des principaux travaux
menés par Raponda-Walker.
Malgré la vision plus ou moins claire et cohérente
que chacun peut avoir de la tradition orale, celle-ci ne manque pas
d'apparaître comme une sorte de fouillis dans lequel il convient de
mettre de l'ordre, grâce à une analyse typologique rigoureuse. Ce
point de vue personnel des chercheurs tels qu'Honorat Aguessi (1984), consiste
à proposer une démarche qui organise l'ordonnancement typologique
en partant des éléments culturels les plus communs tout en
progressant vers ceux qui sont le plus ésotériques. Il se propose
particulièrement d'aborder les questionnements de la tradition orale
à travers cinq secteurs, à savoir :
Le premier concerne les contes, les proverbes, les dictons, les
chansons, les parémies, les saynètes, les légendes, les
devises de familles, les histoires de familles et de villages. Il s'agit de la
catégorie des traditions orales qu'une culture populaire moyenne
pratique et qui concerne notre vie quotidienne, ainsi que les facteurs
indispensables de la socialisation de l'individu.
Le deuxième secteur est celui de la toponymie et de
l'anthroponymie avec les noms de familles, de personnes et de groupes familiaux
dont l'histoire est liée à la création de tel ou tel lieu,
ainsi que la désignation de lieux.
Le troisième secteur est celui de l'art et l'artisanat,
des danses, des instruments de musique, des costumes, de la cuisine, de la
peinture, du théâtre, de la vannerie, de la poterie, des
bas-reliefs. L'auteur identifie ici la consignation des traces cadre du langage
social.
Le quatrième secteur est celui de la
phytothérapie et de la psycho-thérapie dans le champ de la
pharmacopée et des guérisseurs.
Le cinquième secteur est celui des mythes et des
éléments culturels véhiculés par des récits
et rituels religieux, le langage des tambours culturels qui sont à
prospecter avec patience et minutie.
C'est le deuxième secteur (anthroponymie et toponymie) qui
nous intéresse ici dans la présente étude. En effet le
sujet sur lequel nous avons choisi de travailler s'intitule :
«Anthroponymes et Toponymes gisir: proposition d'un modèle de
dictionnaire ». L'intitulé de notre sujet nous conduit vers deux
orientations :
1) - une orientation anthroponymique qui devrait nous permettre
de faire émerger un ensemble d'événements ou de
circonstances liés aux différents noms donnés aux nouveaux
nés.
2)-une orientation toponymique qui devrait nous conduire vers une
connaissance de l'histoire liée à la création de tel ou
tel lieu gisir, ainsi que sa désignation. En d'autres termes, il s'agira
de poser la question des toponymes en partant des différentes
hypothèses existant sur la genèse des noms de lieux les plus
connus de la culture gisir, c'est-à-dire voir si la formation des noms
remonte ou non aux premières années du peuplement du lieu
considéré.
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