0.5.1. Aspects économiques
10 Cette synthèse a été
réalisée sur la base de Economie et société au
Gabon (Meteghe N'Nah, 1980).
L'agriculture est l'une des principales activités des
populations Bisir. Pratiquée presque durant toute l'année, elle
comporte trois phases qui sont exécutées suivant une division
technique et sociale bien établie. Il y avait d'abord les grands travaux
qui sont exécutés pendant la grande saison
sèche11. Ils débutent vers le mois de mai par le choix
et la délimitation des aires de cultures. À cet effet, les
forêts sont classées en trois catégories, à savoir:
la forêt primaire
\u-3984ÉàÉÑÉÉâD»ou
\u-4018ɾÉ×ÉåÉÉÞÉÔÉ°»(au
sous bois clairsemé et aux
grands arbres très durs); la forêt secondaire
\u-3996ÉÔD»» (touffue et difficilement
pénétrable);
\u-3975ÉéDÉ·D
et les anciennes plantations en jachères
\u-3998ÉÒÉå»ÉÖÉåÉÉÞÉÔÉ°»
(riches en espèces végétales
piquantes appelées
\u-3989ÉÛÉÕ»»É¾É×DÉäÉãD.
Après le choix de la délimitation des aires de culture
viennent successivement le débroussaillage à la
machette, l'abattage à la hache, le brûlage des espèces
déboisées et le partage des superficies à cultiver entre
les différentes cultivatrices, lorsqu'il y en a plusieurs.
Différentes cultures sont plantées. Le manioc, la banane, le
tarot, et les ignames sont les principales cultures. A ces cultures, il
convient également d'ajouter le maïs, la canne à sucre, les
ananas, le piment et une grande variété de légumes. Si les
rendements sont généralement bons la première
année, l'année suivante, on est obligé d'aller mettre en
valeur une autre partie de la forêt car épuisé, le sol de
l'ancienne plantation ne produit plus rien ou presque.
La chasse et la pêche se pratiquent le plus souvent en
groupe et les méthodes utilisées sont très variées.
La chasse est une activité masculine, tandis que la pêche est une
attribution féminine. Autrefois, les fusils étaient très
rares, on chassait soit à l'arc avec des flèches et des sagaies
empoisonnées au
\u-3987ÉÉå»ÉÞÉÑ»'aide
de
\u-4025É·É°. On chassait aussi à
l
meutes de chiens auxquels on attachait des grelots
\u-3986ÉÞÉÔD
\u-4038ÉÉÒÉå»en fer ou
taillés dans du bois ou alors avec des filets tissés à
l'aide de fibres végétales. On utilisait aussi des fosses pour le
gros gibier
\u-3996ÉÔÉå»ÉÒD»
\u-4038ÉÉÜÉ°ou pièges
creusés ou tendus, suivant les cas, sur les sentiers
fréquentés par le gibier. Quant à la pêche, les
femmes utilisent divers instruments, à savoir : les nasses
\u-3987ÉD»»»Å» (dans lesquels elles mettaient
des
\u-4038ÉÉäÉãD, les
\u-3986ÉÞÉÔDÉ·D; les
\u-3987ÉDÉ·ÉÉɾÉ×É°
11 Pendant la petite saison sèche
(mi-décembre à mi-février), on débroussaille
d'autres plantations, mais ces derniers sont de dimensions plus réduites
et exige par conséquent moins d'efforts.
appâts avant de les enfouir sous des roseaux pour prendre
des anguilles, des silures, des lottes ou des carpes). Un autre usage
était fait de ces nasses par les hommes qui les incorporaient à
des petits barrages construits aux embouchures de petites rivières au
moment de la montée ou de la descente des eaux
\u-3996ÉÔÉéÉåÉɲɰ»
. Les Bisir appellent ces ouvrages sur le lit des rivières
\u-3987ÉD»»
\u-4025É·ÉåÉɾÉ×D.
Dans ces ouvrages, on utilisait de préférence, les
«\u-3987ÉD»Å
\u-4025É·ÉÉɾÉ×É°».
Une partie des produits de l'agriculture, de la chasse et de la
pêche était consommée immédiatement tandis que
l'autre était gardée comme provisions à l'abri sur des
fumoirs \u-3998ÉÒD»» placés au dessus des foyers
dans les cuisines. Une infime partie
\u-3980ÉäÉÑÉÜÉ°
seulement de ces produits étaient commercialisées
et alimentait les échanges à
l'intérieure des différentes communautés ou
entre elles. A côté de la pêche, la chasse et l'agriculture,
on note également une activité artisanale jadis florissante mais
dont on a aujourd'hui que quelques vestiges. Les Gisir étaient
réputés pour la fabrication de tissus en raphia. Le métier
à tisser, qu'on suspendait entre deux arbres ou sur la façade
d'une maison, était selon DU CHAILLU, d'une élaboration assez
complexe. La matière première de cette « industrie textile
» était évidemment le raphia avec lequel on faisait des fils
que l'on utilisait pour tisser les étoffes et pour coudre les
vêtements. Les fils étant assez courts, les pièces
d'étoffes ne mesuraient jamais plus de trois pieds de long sur deux de
large. Pour nettoyer la toile à sa sortie du métier, on
l'enduisait de terre glaise et on la trempait dans de l'eau courante. Un jour
après, elle était retirée de l'eau et pour la teindre en
noir, on la faisait bouillir dans une grande marmite avec les fruits,
l'écorce et les feuilles d'un arbre appelé
\u-3987ÉÉå»ÉÒÉå»ÉÉÞÉêD»ÉÞD»Énchez
les Bisir. Pour lui donner des couleurs, on la frottait à nouveau avec
de la terre glaise et on la retrempait dans de l'eau courante avant de la
sécher12.Ce produit était destiné soit pour un
usage personnel ou pour la commercialisation.
12 Cf. Paul du Chaillu : Voyages et aventures dans
l'Afrique Équatoriale, p466.
0.5.2. Aspects politiques
Chez les Bisir, les chefs de clans
(\u-3989ÉÛÉÑ»'autorité des chefs
\u-4038ÉÉÞD) étaient placés
sous l
territoriaux
(\u-3987ÉÉÑ»ÉÉäÉ°) qui
régnaient sur chacun des quatre groupes de clans se partageant
le territoire occupé par cette ethnie. Les noms des trois
des chefs de terre qui régnaient sur le pays des Bisir vers le milieu du
18ème siècle sont connus (cf. Meteghe N'Nah, 1980
:page19). Il s'agit de Mayoulou, Dyaou et Mulenda. Mayoulou était le
chef des Bisir jusqu'à la frontière avec les Punu ; Dyaou, lui
était le chef des Bisir bi Kamba entre la rivière Doubigui et
Fougamou, sur la rive gauche du fleuve Ngounié. Enfin, Mulenda
commandait aux Bisir bi Ngosi dans le Haut-Doubigui et le Rembo-Nkomi. Le
quatrième groupe était celui des Bisir bi musoong13
(bìsír\u-4032É°» bì
\u-3987ÉÉå»ÉãÉÉɾÉ×É°), sur la rive
droite de la Ngounié, essentiellement entre la Luga et la
Waka. Les Bisir bi musoonga cohabitent harmonieusement avec les populations
Eviya.
Le chef de clan ou le chef de terre était
l'autorité suprême dans les limites du domaine de son clan ou
groupe de clans suivant le cas. Il était assisté, dans l'exercice
de ses fonctions, par le conseil des Anciens et des notables du clan parmi
lesquels on retrouvait les (\u-3989ÉÛÉÑ»
\u-3980ÉäÉãD) en temps que chefs de
lignages. En principe, les chefs de clan ou
chefs de terre étaient tout à fait
indépendant les uns vis-à-vis des autres, mais il faut noter que,
pour le règlement des affaires importantes concernant tout l'ethnie ou
branche de l'ethnie, des assises solennelles auxquelles tous les chefs de clan
ainsi que tous les chefs de villages se tenaient chaque année en un lieu
précis.
0.5.3. Les croyances religieuses et les pratiques
cultuelles
0.5.3.1. Les croyances religieuses
Comme c'est le cas dans bon nombre de sociétés
africaines et d'ailleurs, la société gisir est animiste et
possède un ensemble de rites. L'animiste est une croyance qui attribue
13
mús\u-4017É\u-3970Éî\u-4038Éɾg\u-4032É°»signifie
« allée ». Les Bisir bi musoonga qui appartiennent au
groupe des Bisir bi kaamba ont reçu ce nom parce qu'ils sont
allés s'établir le long du fleuve Ngounié.
une âme aux animaux, aux phénomènes et aux
objets naturels. Elle privilégie le culte des ancêtres. Toutefois,
elle croit en l'existence d'un Dieu qui serait à l'origine du monde
(\u-3986ÉÞÉéÉÑ»'univers et
\u-4038ÉÉÉÒD). Il existerait un lien
étroit entre lui et tous les êtres de ld'où la croyance aux
ancêtres.
0.5.3.2. Les pratiques cultuelles
Le rite est l'ensemble des pratiques en usage dans une
société donnée fixant le déroulement d'un
cérémonial quelconque. Selon Gilles Ferreol (1991, tel que
cité par Mavoungou, 1998:13), les rites sont définis comme:
« un ensemble de comportements codifiés et coercitifs »
imposés par le groupe social. Parmi les rites, nous pouvons citer
principalement le
\u-3986ÉÞÉéÉuÉÉÉÒÉ°»
et le
\u-3987ÉÉå»É·ÉåÉÜÉ°»
chez les femmes et le mwîrì chez les hommes. Nous tenons toutefois
à signaler qu'il existe plusieurs autres rites initiatiques comme le
\u-3987ÉÉ°»»»»»
réservé
\u-3998ÉÒÉÑÉÉÞÉêD,
\u-3998ÉÒDÉÜÉÉÉÉÒÉå»,
\u-3987ÉÉÒÉåÉÉÉÒÉ°,
réservés aux femmes et le
\u-3998ÉÒÉçDÉäDaux hommes à
l'origine. Aujourd'hui, il y a des hommes qui s'initient aux rites des femmes,
de même que les femmes s'initient aux rites aux rites des hommes. Dans le
cas du Bwiti Missoko, les femmes sont dites
\u-3975ÉéÉ»
\u-4038ÉÉÉÒÉå»
(amazones).
0.6. Aux origines du peuple Gisir
0.6.1. Généralités
La Gabon compte actuellement une cinquantaine d'ethnies, de
culture bantoue pour la plupart et n'ayant atteint leurs emplacements actuels
qu'à la suite de migrations plus ou moins récentes. Le sud-ouest
du Gabon est peuplé de populations ayant des affinités
linguistiques. Ils s'agit principalement des Bisir, parents des Sangu, qui ont
longtemps vécu avec les Myèné entre le confluant
Ogooué-Ngounié, et les Vungu originaires du Loango avec les
Varama, qui se sont d'abord établis sur les bords de la Ngounié
puis, avec l'arrivée des Punu, se sont retirés vers
l'ouest14. La question des origines gisir nous 14 In
Ratanga-Atoz (1999), Les peuples du Gabon occidental, p 145.
a amené à distinguer les origines mythiques et les
origines historiques de ce peuple.
0.6.2. Les données mythiques
Nos différentes sources orales sont unanimes sur un fait,
à savoir que les Bisir descendraient d'un couple des génies
humanisés. D'où l'expression idiomatique : «
Gisir-gi-Nyangui ne Musangu-me-Nyangui bane be Nyangui ne Megwangu », ce
qui veut dire que les Bisir et les Masangu sont descendants de Nyangui et de
Magwangu. Ceux-ci seraient descendus du ciel sur un fil d'araignée dans
les environs du lac Lombié. Nyangui fut capturé alors que le
couple céleste était surpris en train de voler des citrouilles
dans une plantation. La même origine mythique est également
évoquée dans l'expression suivante : « Gisir-gi- Nyangui ne
Megwangu, pembi ne ngoule, mebura ne melèle, mifunu ne mivagu »
signifie que les Bisir et les Masangu sont descendants de Nyangui (la
mère) et de Magwangu (le père), grâce à l'emploi du
kaolin et de la décoction de la poudre rouge de padouk, sont une ethnies
très prolifiques qui aspirent au bonheur.
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