UNIVERSITE OMAR BONGO FACULTE DES LETTRES ET DES
SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE
MEMOIRE DE MAITRISE
présenté par :
Paul Edwin MALEKOU Option : Linguistique française
Thème :
Sous la direction de :
Pr. J.T. KWENZI- MIKALA
Ethnolinguiste (Maître de conférence CAMES)
Et sous la co- direction de :
Dr. P. A. MAVOUNGOU
Linguiste et
Lexicographe
Libreville, Septembre 2007.
DEDICACE
Je dédie ce travail aux personnes suivantes :
?À notre père Paul Marie AUDAVAT et notre
mère SeraphineMAROUNDOU MBADINGA,
?À nos frères Jean Freddy MOMBO AUDAVAT, Juste
Parfait NDOMBI NDOMBI, Alain Cedric MAKANGUI NDIMINA, Aymar Davy GUIBINGA,
Prospère MIHINDOU,
?À notre compagne dans la vie, Ghislaine Rachel AKANA.
REMERCIEMENTS
Nos remerciements vont à l'endroit de :
-Notre directeur de recherche, monsieur le Professeurs
Jérôme Tangu KWENZI-MIKALA pour avoir accepté de diriger ce
travail. -Notre co-directeur, le docteur Paul Achille MAVOUNGOU Pour la
patience et la disponibilité dont il a fait preuve durant tout le temps
qu'a nécéssité l'élaboration du présent
travail.
- Nos frères en Christ Jean Bernard MOUGOUSSI et Bonis
PAMBO qui nous sont facilité le travail du point de vu impression.
- Notre frère Godefroid PISSAMA MOUGALA qui nous a
soutenu tout au long de ce travail.
Paul Edwin MALEKOU
Maîtrise (es- Lettres en Sciences du Langage)Option:
Linguistique Française
Université Omar BONGO.
Tel: 06.95.96.56/ 06.06.42.08. Libreville / Gabon.
0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. Préliminaires
Le présent Mémoire de Maîtrise est
l'aboutissement pratique d'un travail théorique et méthodologique
amorcé en année de Licence sous la forme d'un « rapport
» de recherche. Le sujet de cette recherche porte sur « Les
Anthroponymes et Toponymes gisir : proposition d'un modèle de
dictionnaire ». Axée sur la langue gisir, cette étude vise
à explorer les données de l'onomastique qui font comprendre, au
delà du sens littéral, les événements et les
attitudes qui justifient leurs choix et leurs usages. Il ne saurait y avoir une
étude des noms de lieu ou des personnes sans une confrontation de ces
lieux ou des personnes avec le réel historique et social dont ils sont
un élément. C'est pourquoi avant de décrire le
système onomastique du gisir, nous allons parcourir les aspects suivants
:
Présentation ou explication du sujet
Présentation des objectifs
Situation et classification linguistiques du parler gisir
Le pays gisir : aspects économique et politique
Aux origines du peuple Gisir
0.2. Présentation ou explication du sujetApproche
thématique
Les termes clés de notre sujet apparaissent comme suit
:Anthroponymes: ce sont les noms de personnes (noms de famille, prénoms,
surnomsetc.). L'anthroponymie, est la science qui étudie lesdits noms.
Avec la toponymie, ellefait partie de l'onomastique (étude des noms
propres).
Toponymes: ce sont les noms de lieux (noms de village, des cours
d'eau(hydronymie), d'entités spatiales comportant le trait « +
relief » (oronymes: sommets,
vallon, plaine etc.). La toponymie est la science qui
étudie lesdits noms, avecl'anthroponymie, elle fait partie de
l'onomastique.Gisir (B 41): c'est une langue du groupe Sira-Punu de la famille
bantu parlée au
Gabon.Proposition : au sens grammatical, une proposition dit
quelque chose d'un être ou d'un
objet et la plupart du temps un sujet et un verbe. Au sens
courant, la proposition estl'action de proposer quelque chose, qui par la suite
peut être agréée ou réfutée.Modèle :
ce qui est donné pour servir de référence, de
type.Dictionnaire : c'est un recueil de mots rangés par ordre
alphabétique et suivi de leur
définition ou de leur traduction dans une autre
langue.
0.3. Présentation des objectifs
L'objectif est défini comme un but qu'un individu cherche
à atteindre. Le travail que nous envisageons de faire veut s'inscrire
dans l'effort que font les chercheurs pour mettre en valeur les richesses du
Gabon. Pourquoi avons nous choisi d'étudier la langue gisir ? Il ne
s'agit pas pour nous de sortir une langue gabonaise de l'anonymat scientifique
puisque le gisir a déjà fait l'objet de plusieurs monographies
linguistiques (Raponda-Walker, 1994; Dodo-Bounguendza, 1992 ; entre autres).
Mais, il s'agit pour nous de réfléchir sur un sujet précis
et actuel: l'onomastique qui inclut à la fois la toponymie et
l'anthroponymie. Ce domaine vaste, qui s'inscrit traditionnellement dans les
formations de types ethnolinguistiques, nous intéresse ici sous l'angle
considéré mais également sous l'angle lexicographique.
Comme préalable à toute recherche scientifique, le choix d'un
sujet quelconque doit être innovant, c'est-à-dire qu'il ne doit
pas avoir été traité auparavant. C'est un fait
avéré les études lexicologiques et lexicographiques
constituent le parent pauvre des descriptions linguistiques sur les langues du
Gabon. Dans la présente étude, hormis la recherche sur les
significations, les étymologies et les transformations au fil du temps,
des noms propres, nous proposons également un modèle de
dictionnaire onomastique.
0.4. Situation et classification linguistique du parler
gisir
0.4.1. Situation linguistique
Le
\u-4025É·ìsír\u-4032É°» ou gisir,
couramment appelé éshira, est parlé par les
Bisir (sg. \u-4025É·isir) qu'on rencontre dans
les provinces de la Ngounié (principalement dans la région de
Fougamou) et de l'Ogooué-Maritime (principalement dans le Fernan-Vaz, le
Rembo-Nkomi et la lagune Ndugu1). Dans la Ngounié, les Bisir
vivent en symbiose avec les Eviya2, Apinji et les Akele. Dans
l'Ogooué-Maritime, les Bisir sont en contact avec les Balumbu (cf.
Blanchon, 1984:8), les Bavarama, les Bavungu (tous du même groupe
linguistique) et avec les populations
\u-4018ɾgwé-myéné (langue
omyéné, du groupe B.10).
0.4.2. Classification linguistique
Le parler gisir appartient à la famille bantu. Ce parler
est classé par M. Guthrie dans la zone B et le groupe B 40, soit B 41.
Ce groupe comprend :
1 Ndougou est la graphie administrative de
Ndugu. 2 Phonologiquement
/è-\u-4030ɲíyà/, sing.
/mò-\u-4030ɲíyà/ (cf. Van der Veen et
Bodinga-bwa-Bodinga, 2002 :1).
B 40
|
B 41 \u-4025É·isir
|
B 42 yisa\u-4018ɾgu
|
B 43 yipunu
|
B 44 yilumbu/\u-4025É·ilumbu
|
\u-4018ɾgubi
|
\u-4025ɷi\u-4030ɲarama
/yi\u-4030ɲarama
|
\u-4025ɷi\u-4030ɲu\u-4018ɾgu
/yi\u-4030ɲu\u-4018ɾgu
|
0.4.3. Présentation de la population gisir sur un plan
administratif
Du point de vue historique et administratif, les Bisir
dépendaient du Poste de Sindara, crée en 18993 . Mais
par son emplacement géographique et son ouverture vers l'Ogooué,
c'est au Poste de Mandji, à quelques kilomètres en amont du
fleuve Doubigui (dans le département actuel de Ndolou) que reviendra la
tutelle du peuple Gisir.
Au fil du temps, les postes de Sindara et de Mandji vont
être supprimés. Aujourd'hui, les Bisir de la Ngounié sont
gérés administrativement par Fougamou (ancien Maboula et actuel
Département de Tsamba-Magotsi). Tandis que ceux de
l'Ogooué-Maritime dépendent administrativement du Fernan-Vaz, du
Rembo-Nkomi et du Rembo-Ndougou.
Cette répartition géographique conduit à une
distribution dialectale en plusieurs
variantes et sous variantes confondues, à savoir :
-\u-4025É·ìsír\u-4032É°» yí
tà\u-4038Éndù (dont les locuteurs sont les Bisir bi
taandu, dans le canton Tandou, en amont du fleuve Ngounié),
3Cf. R. WALKER , dans
Élément de Grammaire Gisir,p 8 .
-\u-4025É·ìsír\u-4032É°»
yì bà\u-4038Énd\u-4032É°» (dont les
locuteurs sont les Bisir bi baanda maamba, dans le canton
Banda, en aval du fleuve Ngounié),
-\u-4025É·ìsír\u-4032É°» yí
kà\u-4038Émb\u-4032É°Én»(dont les
locuteurs sont les Bisir bi kaamba (sous groupe des Bisir bi
baanda maamba),
-\u-4025É·ìsír\u-4032É°»yì
\u-4018ɾgósì (dont les locuteurs sont les Bisir
bi \u-4018ɾgosi ou Bisir bi taandu
dubi\u-4025É·i4
(dans les environs de l'ancien Poste
Mandji),-\u-4025É·ìsír\u-4032É°»
yì \u-4018ɾgúbì5 (dont les
locuteurs sont les Bisir bi bidiba ou encore Bisir bi
\u-4018ɾgubi(dans la lagune Iguéla, dans
l'Ogooué-Maritime).
Appellations des groupes gisir : état des connaissances et
notes historiques.Etat des connaissances.Dans le cadre de son Mémoire de
D.E.A en linguistique africaine, Laurent
MOUGUIAMA a identifié deux principaux dialectes du
\u-4025É·D»»» et le
\u-3981ÉãDÉâÉ°, à
savoir : le
\u-4018ɾÉ×ÉßÉãDÉÛÉÑ»»»
\u-4038ÉÉÉÒÉ°. La
présentation très précise qu'il donne du
\u-4025É·DÉãDÉâÉ°
mérite d'être citée in extenso : « Le
\u-4025É·ìsír\u-4032É°» est une
langue bantu du Gabon, localisée dans la zone linguistique B, suivant la
classification de Malcom Guthrie et est classé B 41. Il comprend deux
dialectes : le \u-4018ɾgósì et le
kàmbà qui en dehors de quelques emprunts dûs à leur
voisinage avec d'autres groupes linguistiques, présentent un fonds
lexical en tout point identique. Les locuteurs du
\u-4025É·ìsír\u-4032É°»
eux-mêmes font état d'un troisième dialecte qu'ils
appellent tàndù « amont ». Selon toute vraisemblance,
il s'agit toujours du kàmb\u-4032É°» qui ne doit ce nom
de tàndù qu'au fait qu'il soit aussi parlé en amont d'un
fleuve de la région, le fleuve Ngounié par rapport à
l'aval du même fleuve où le dialecte est principalement
4 Doubigui est la graphie administrative de
dubi\u-4025É·i.
Ngoubi est la graphie administrative de
\u-4018ɾgubi. Comme autre orthographe administrative, on rencontre
également le terme Ngowé.
localisé. Du reste on dit
\u-4025É·ìsír\u-4032É°Én»yí
tàndù « le
\u-4025É·ìsír\u-4032É°» de l'amont
».
MOUGUIAMA, 1999 : INTRODUCTION Parmi les dialectes
recensés par Mouguiama (1999), il n' y a que le
\u-4025É·D»»»»
\u-3981ÉãDÉâÉ°É·DÉäÉÑÉÉÞÉÔÉå»Én«
le \u-4025É·ìsír\u-4032É°» de
l'amont » qui correspond à une des variantes principale de la
langue. Le
\u-4018ɾÉ×Éß»»»
\u-3981ÉãD et le
\u-3989ÉÛÉÑÉÉÉÒÉ°
présenté par l'auteur comme les deux dialectes principaux ne
sont en réalité que des sous dialectes. Par rapport à ce
point, il convient donc de noter que la distribution géographique des
Bisir en trois grandes régions coïncide en gros avec une
géolinguistique en trois grandes aires dialectales, à savoir: le
\u-4025É·ìsír\u-4032É°» du canton
Banda, en aval du fleuve Ngounié
(\u-4025É·ìsír\u-4032É°»»»
du canton Tandou, en amont du
yì bà\u-4038Énd\u-4032É°), le
\u-4025É·ìsír\u-4032É°fleuve
Ngounié
(\u-4025É·ìsír\u-4032É°» yí
tà\u-4038Éndù) et celle de la lagune Iguéla
(\u-4025É·ìsír\u-4032É°» yì
\u-4018ɾgúbì). Les dénominations
\u-4025É·ìsír\u-4032É°» yí
kà\u-4038Émb\u-4032É°» et
\u-4025É·ìsír\u-4032É°Én»yì
\u-4018ɾgósì ne sont respectivement que les sous
variantes dialectales des dialectes
bà\u-4038Énd\u-4032É°» (en aval du fleuve
Ngounié) et tà\u-4038Éndù (en amont du fleuve
Ngounié).
Le graphe arborescent ci-dessous, résume la situation :
\u-4025É·D»ÉãDÉâÉ°»
\u-4025É·D»ÉãDÉâÉ°»É·D»ÉÒÉÑ»ÉÉÞÉÔÉ°»É·D»ÉãDÉâÉ°»É·D»ÉäÉÑ»ÉÉÞÉÔÉå»É·D»ÉãDÉâÉ°»É·D»É¾É×ÉåÉÒD»
\u-4064ÉnÉnÉnÉ·D»ÉãDÉâÉ°»É·D»ÉÛÉÑÉÉÉÒÉ°»É·D»ÉãDÉâÉ°»É·D»É¾É×ÉßÉãD»
Notes historiques
Comme déjà mentionné plus haut, les
dénominations
\u-4025É·D»»É·D»ÉÒÉÑ»»«
le \u-4025É·ìsír\u-4032É°» de l'aval
» et
\u-4025É·D»»É·D»ÉäÉÑ»»
de l'amont »
\u-3981ÉãDÉâÉ°ÉÉÞÉÔÉ°ÉãDÉâÉ°ÉÉÞÉÔÉå»
« le \u-4025É·ìsír\u-4032É°sont
fonction du cours du fleuve Ngounié. La limite terrestre entre ces deux
grandes aires dialectales se situe au niveau de la localité de
Mourimatsiengui6 (qui regroupe les villages tels que Guilounga,
Guisambi, etc.). Cette frontière héritée de
l'époque coloniale a pour des raisons obscures été
déplacée vers Moudouma (c'est-à-dire plus en amont du
fleuve, en allant vers Mouila). Sous l'entremise des hommes politiques gisir de
l'époque, neuf villages du canton Tandou vont ainsi passer dans le
canton Banda. Il s'agit de: Guisambi, Guilounga, Tsienguipaga, Moutambaranda,
Nzambinatsiengui, Mounongoudiambou, Ngoumou, Nimalaba, et Dindimba (actuel
Moudouma).
Les traditions orales attestent donc l'existence de deux grandes
aires dialectales qui correspondent administrativement à deux cantons,
à savoir : les cantons Tandou et Banda. Ces deux cantons étaient
dirigés administrativement par deux grands chefs de canton :
Guikabanga gi Maganzi7 (Chef de canton des Bisir bi
taandu),
Makongo8 (Chef de canton des Bisir bi baanda).
L'appellation
\u-4025É·ìsír\u-4032É°» yí
kà\u-4038Émbprovient du terme «
\u-4025É·ùká\u-4038Émb\u-4032É°»»9
qui signifie « être
6 Terme composé de
mùrím\u-4032É°»« coeur » et
tsyé\u-4038Éɾgì «
sable ».7 Guikabanga gi Maganzi avait pour second Pouaty
Bousouka. 8 Makongo avait pour lieutenant Kengueli
Mbini. 9 Certaines sources orales font remonter l'appellation
\u-4025É·ìsír\u-4032É°»yí
kà\u-4038Émb\u-4032É°»au fait que
les Bisir bi kaamba sont degros mangeurs d'huîtres.
accablé ». Les Bisir bi kaamba sont ceux qui
ont manqué de s'embarquer pour l'autre rive du fleuve. Selon la
tradition orale, c'est au cours de leurs pérégrinations que les
Bisir bi taandu sont venir s'établir dans la région du Poste
Mandji (actuel Département de Mandji Ndolou). En ce temps là,
notamment à cause sa situation géographique et de son emplacement
en bordure de l'Ogooué, le Poste Mandji était le chef lieu de la
province de la Ngounié. Dans leurs nombreux déplacements, les
Bisir bi Ngosi seraient des éléments des Bisir bi taandu qui
s'étant installés dans la région du Haut Doubigui vont
prendre le nom de Bisir bi \u-4018ɾgosi pour se distinguer des
autres Bisir bi taandu. La
dénomination
\u-4025É·ìsír\u-4032É°» yì
\u-4018ɾgósì dériverait du nom d'un grand
chef gisir : Ngwesi Guitsola. Une autre étymologie explique que
l'appellation
\u-4025É·ìsír\u-4032É°» yì
\u-4018ɾgósì proviendrait d'un terme akele
\u-3988ÉÜÉÑ»
\u-4018ɾÉ×ÉÉãÉu»«
espèce d'herbe piquante ».
Pour les Bisir bi \u-4018ɾgosi, les anciens
utilisent également la dénomination Bisir bi taandu
Dùbí\u-4025É·ì. Cette appellation montre bien
que les Bisir bi \u-4018ɾgosi sont bien une fraction des Bisir bi
taandu restés en amont du fleuve Ngounié.
Dans leurs migrations, une partie des populations gisir vont
atteindre l'Ogooué Maritime (dans le Rembo-Ndougou et le Rembo-Nkomi) et
le Moyen-Ogooué, dans la région du Lac Anengué (où
le chef actuel - un gisir taandu - est Malouba). Le contact des Bisir et leurs
voisins dans l'Ogooué-Maritime va se traduire par l'émergence
d'une nouvelle variante dialectale, à savoir:
\u-4025É·ìsír\u-4032É°»
yì \u-4018ɾgúbì, parlé
dans la lagune Iguéla. Les Bisir bi \u-4018ɾgubi tirent
donc leur ethnonyme du nom de la lagune. Mais les autres fractions gisir les
appellent également Bisir bi bidiba (« les Bisir des Lacs »).
0.5. Le pays gisir: aspects économiques et
politiques10
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