Section1 : Les fondements
théoriques de l'intervention de l'Etat dans l'économie.
Entre défenseurs qui insistent sur le rôle de
redistribution et de régulation de l'Etat et détracteurs qui font
de la concurrence l'ultime condition pour garantir l'allocation optimale des
ressources, la question de l'interventionnisme étatique a
bénéficié d'un champ théorique riche et
consistant.
§1 : Libéralisme
économique versus interventionnisme étatique
Les théories qui blâment l'intervention de
l'Etat s'inscrivent dans le cadre du libéralisme. Cette doctrine qui
affirme la liberté individuelle et qui insiste sur la limitation de
l'action de l'Etat est née au 18ème siècle en
réaction à l'absolutisme royal. Ainsi face à
l'hégémonie des pouvoirs publics à l'époque,
Montesquieu (1689-1755) auteur du précepte « le pouvoir
arrête le pouvoir » revendiquât la séparation du
pouvoir en pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Depuis,
sont nés libéralisme politique et libéralisme
économique. Ce dernier soutient une vision selon laquelle, tout individu
est libre des biens qu'il possède, libre d'initier une activité
économique (tant qu'elle ne transgresse pas aux moeurs et à
l'ordre public) de bénéficier librement des profits tirés
de celle-ci et a pour conviction qu'un ordre naturel et spontané
assurant l'allocation optimale des ressources ne peut émaner que du
marché. Ladite doctrine s'est enrichie par l'apport de plusieurs
auteurs : Smith, Ricardo...et les travaux s'inscrivant dans le cadre de
plusieurs écoles : école classique, néoclassique,
l'école de Chicago.
Dans ce qui va suivre nous allons mettre en relief les
arguments d'un auteur qui appartient à l'école de Chicago en
l'occurrence : Coase.
1-1 : Coase et les externalités
négatives
Prix Nobel en sciences économiques en 1991, Coase va
élaborer un modèle basé sur le concept du coût
social dans lequel il va justifier les bienfaits de la non intervention de
l'Etat.
Le point de départ du modèle de Coase est le
coût social qui est défini comme le coût
généré par l'activité d'un agent et qui n'est pas
supporté par ce dernier mais par la société ou
l'entourage. Ainsi en effectuant une activité, l'agent
génère deux coûts : un que ce dernier support dit
coût privé (coût des facteurs de production du capital...)
et coût que la société supporte et que l'agent ne supporte
pas, intitulé coût social (pollution). Il est donc clair que si
l'agent ne supporte pas les coûts sociaux qu'induits sont activité
il continuera son action tant que la marge sur ses coûts privés
est positive.
Coase va donc poser l'interrogation suivante :
l'existence des coûts sociaux nécessite-elle une intervention de
l'Etat ? Et pour y répondre il va élaborer un modèle
retraçant la relation entre des agriculteurs possédant un champ
de blé franchi par les chemins de fer d'une société de
transport ferroviaire. Le trafic des trains cause des dommages au niveau des
cultures, et tant que la compagnie de transport ne supporte pas ces
externalités négatives et réalise des profits positifs,
elle
Continuera son activité. A 1ère vue
la situation nécessite une intervention publique pour dédommager
les agriculteurs ou contraindre la société à
réduire son activité voir le lui interdire.
Cependant Coase affirme qu'il serait préférable
d'éviter une telle intervention et de laisser les agriculteurs et les
propriétaires de la compagnie ferroviaire s'arranger entre eux.
En effet si l'Etat intervenait en dédommageant les
agriculteurs ou en interdisant l'activité de la compagnie, cela
risquerait d'aboutir à une baisse du bien être social, si on
renonçait aux profits réalisaient par l'activité de la
compagnie de transport (valeur ajoutée, postes de travail...) qui
pourraient excéder la valeur du dommage causé aux agriculteurs.
Si par contre les paries conflictuelles s'accordaient sur une solution qui
répondra à leurs intérêts respectifs, le bien
être social sera optimal et l'allocation marchande sera par
conséquent de même.
Cs/ð
Dans ce sens Coase va proposer un équilibre issu d'un
consensus entre les parties du conflit selon lequel la compagnie des chemins de
fer aura intérêt à continuer son activité tant que
le gain généré excède l'externalité
négative supportée par les agriculteurs, le cas
échéant la compagnie pourrait dédommager les agriculteurs.
Ainsi la fréquence de passage des trains sera intensifiée
jusqu'à l'atteinte d'une situation où les gains
générés par les propriétaires des chemins de fer
pourraient juste indemniser les pertes des agriculteurs. Cette dernière
situation correspond à l'équilibre.
Fréquence du trafic des trains
Cs
ð
Équilibre
Ð : profits réalisés par la compagnie
du transport ferroviaire.
Cs : coût social supporté par les
agriculteurs
D'après le modèle qu'on a vu
précédemment, l'intervention de l'Etat est à proscrire vue
que le marché est susceptible d'assurer l'équilibre, toutefois
plusieurs situations matérialisent l'échec de ce dernier dans la
réalisation de l'allocation optimale des ressources.
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