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Jésus-Christ, Résurrection et Vie pour le croyant Lobi en route pour l'au-delà. Lecture africaine de Jn 11,1-44.

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par Sansan Hervé POODA
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (U.C.A.O.), Unité Universitaire d'Abidjan (U.U.A.) - Licence Canonique (Maîtrise académique) en Théologie Biblique 2007
  

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2.3. Critique du genre littéraire du texte

Après avoir déterminé le genre littéraire de Jn 11,1-44, nous explorerons le Sitz im Leben dans lequel il aurait vu le jour43.

2.3.1. Le genre littéraire de notre texte

En Jn 11,1-44, nous sommes en présence d'un récit de résurrection, celle de Lazare. On peut faire la comparaison avec d'autres récits de résurrection des morts dans les

42 C.H. DODD, La tradition historique du quatrième évangile, Paris, Cerf, 1987, p. 296.

43 L'analyse du vocabulaire, du style et de la grammaire viendra par la suite à l'intérieur de l'analyse synchronique de notre texte.

Synoptiques (Mt 9,18-26 et par. ; Lc 7,11-17) dont l'intrigue est beaucoup plus simple. Dans notre récit, nous retrouvons bien le schéma classique de ce genre littéraire, proche du « récit de miracle » : description de la situation, demande de miracle à Jésus, obstacles à surmonter, exigence de la foi, puis miracle de résurrection opéré par Jésus. Mais saint Jean l'utilise de manière originale et particulière. Tout en suivant une logique narrative qui va de l'exposition au dénouement en passant par des péripéties de complications, il harmonise bien récits, dialogues et discours. Cela dédramatise certes la narration, mais ça lui permet d'anticiper sur la signification des faits rapportés. L'objectif de l'auteur est certainement moins de raconter que d'enseigner.

En effet, les discours, qui occupent une bonne place dans ce récit, sont kérygmatiques. Ils sont noués autour de dialogues entre Jésus et les principaux personnages du récit : Jésus et les disciples, Jésus et Marthe, Jésus et Marie, Jésus et Lazare. Jésus occupe bien le devant de la scène et son enseignement est bien mis en exergue dans le procédé de malentendu qui revient plusieurs fois et que saint Jean affectionne bien. Par d'autres artifices littéraires comme la prolepse, les gloses, les doublets, les inclusions, les chiasmes, les répétitions, saint Jean cherche à accrocher le lecteur sur l'essentiel de son message : la foi au Christ, Maître de la vie. Ce souci kérygmatique établit un décalage entre l'inévitable contingence du récit avec ses péripéties successives d'éloignements et de rapprochements, de pleurs et de frémissements devant la mort. Et la hauteur quasi temporelle de la Révélation de Jésus et la confession de foi même de Marthe conduisent bien de nombreux critiques à douter de l'homogénéité et de la cohérence du récit.

On peut remarquer que Lazare dont on raconte l'histoire de la résurrection est muet du début jusqu'à la fin. Sa résurrection même qui constitue le sommet du récit est comme relativisée à la fin. Bien plus, la confession de foi de Marthe forme dans le récit un sommet qui compromet le suspense entretenu depuis le début autour du destin particulier de Lazare. De même, les versets 1-3 présentent le malade en fonction de Marie pendant que la suite du récit donne une prééminence nette à Marthe. L'ordre de nomination même des deux soeurs est fluctuent : « Marie et sa soeur » (v.1), « Marthe et sa soeur » (v. 5). Au verset 39 Marthe est qualifiée de « soeur du défunt », précision qui surprend par son caractère tardif et inutile.

Toutes ces remarques viennent corroborer le fait que l'auteur de notre texte, tout en s'inscrivant dans les grandes lignes d'un genre littéraire donné, celui du récit de résurrection, se focalise sur un objectif kérygmatique bien net, si bien que les détails narratifs sont moins fignolés. Comme le dit Alain Marchadour, « l'union indissociable ici du kérygmatique et du

narratif est une des caractéristiques des récits johanniques et de l'épisode de Lazare 44». Cela à côté des thèmes théologiques (signe, gloire de Dieu, croire, voir, vie, résurrection, mort...) qui s'ajustent bien dans l'intrigue développée dans le récit, fait l'originalité du genre littéraire utilisé par l'auteur. Cela nous laisse à peine deviner le Sitz im Leben du récit.

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