2.2.2. L'hypothèse de M. -E. Boismard et A. Lamouille
(1977)40
Selon Boismard, l'évangile de Jean se serait
développé en quatre étapes successives, mais à
l'intérieur d'une école johannique. La rédaction la plus
ancienne constituerait déjà un évangile complet.
Appliquée à notre texte sur la résurrection de Lazare,
l'hypothèse de Boismard retrace les marques de ces quatre
sources41.
- Dans le premier document Doc C, Marthe a disparu totalement
ainsi que les disciples et les Juifs. Le champ sémantique « deuil
», si présent dans la séquence entre Jésus et Marie
est totalement absent aussi. Les notes interprétatives et les traits
d'énonciation disparaissent.
Le récit ainsi reconstitué est proche des
récits synoptiques. Nous retrouvons quelques éléments des
versets suivants : 11, 1. 2. 3. 4. 6. 7. 11. 17. 29. 32. 33. 34. 38. 39. 41.
43. 44. - Le document II-A introduit le motif du deuil de Marie autour de qui
sont placés des personnages anonymes. Le trouble et la prière
de Jésus y gagnent de la place. Une conclusion au récit est
trouvée en Jn 11,45.
- Le document II-B constitue chez Boismard l'étape
rédactionnelle la plus féconde : introduction de nombreux traits
d'énonciation, utilisation du malentendu comme procédé
littéraire, développement du suspense, apparition de personnages
nouveaux comme Marthe avec le thème de la foi, des Juifs avec une valeur
ambivalente et des disciples qui sont associés à la mort de
Jésus.
- Le dernier document, le document III, n'ajoute simplement les
versets 13 et 25b-26a dans notre texte déjà constitué
en majeur partie.
Boismard reconnaît bien que l'évolution
littéraire du récit de Lazare est bien complexe. Et la plupart
des exégètes sont d'avis avec lui que l'évangéliste
aurait utilisé un récit plus ancien. Les additions qui
proviendraient de l'évangéliste sont repérables dans les
versets suivants : Jn 11, 4-5, 7-10, 35-37, 39b-40, 41b-42.
Mais, les limites d'une telle approche pour un texte
écrit sur une période relativement brève comme c'est le
cas pour notre texte johannique ne manquent pas. Comme le remarque C.H. Dodd
« dans aucune autre partie de cet évangile peut-être les
tentatives faites pour dégager une structure écrite ou des
sources écrites ne se sont révélées aussi peu
convaincantes, et si l'évangéliste suit un récit
traditionnel conforme à son modèle déterminé, il a
su n'en rien laisser paraître42 ». C'est ici que l'aide
de la synchronie peut être utile pour résoudre un tant soit peu
les problèmes de compréhensions que soulève la critique
littéraire de la péricope. La critique du genre littéraire
nous le confirmera.
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