2.3.1. Action pastorale pour exorciser la peur de la mort
chez les chrétiens lobi
Beaucoup d'efforts pastoraux sont faits au niveau de l'Eglise
en milieu lobi afin que les chrétiens n'aient pas peur de la mort. Le
Christ leur maître est vainqueur de la mort (cf. 1Co 15, 55-58). Il est
hors de question que les chrétiens se mettent à interroger les
morts à la recherche de la cause cachée de la mort346.
Depuis l'Ancien Testament, toute évocation ou invocation des morts est
interdite par le Dieu révélé (cf. Lv 19,31 ; 20,6.27 ; Dt
18,11 ; 1S 28,9). Certes, l'attitude du chrétien devant la mort ne doit
pas être influencée par la peur, mais on ne peut ignorer
l'état psychologique fragile dans lequel toute disparition brutale met
l'homme de faible ou de sensible caractère. De nombreux
chrétiens, d'ailleurs, pallient à ce manque par un usage
désordonné des sacramentaux comme l'eau bénite ou le
chapelet, d'où le besoin d'une action pastorale plus efficace dans ce
domaine.
Il convient que les pasteurs soient attentifs à
l'état d'esprit de leurs ouailles, confrontées à la
réalité de la mort, pour les aider à vivre
chrétiennement ces moments d'épreuve avec foi. Il ne s'agit pas
de balayer d'un revers de main leurs craintes et leurs inquiétudes en
les renvoyant dire une dizaine de chapelets parce qu'elles nous ont
rapporté des songes ou des rêves sur les personnes défuntes
qui continuent de hanter leurs mémoires. C'est souvent parce que les
pasteurs se montrent incapables de les comprendre que ces chrétiens
déboussolés par l'épreuve de la mort se tournent vers les
devins et autres gourous de la région. Bien des pasteurs continuent
à penser comme les premiers Missionnaires, parce que eux aussi sont
animés de l'esprit occidental qui tend à dénier toute
vérité aux expériences supra-sensorielles ou aux
phénomènes paranormaux. Il nous faut, comme pasteurs, rejoindre
nos ouailles dans leur champ sémantique des peurs et des angoisses du
quotidien pour leur présenter des paraboles inculturées sur le
Royaume de Dieu tout comme le faisait le Maître Jésus pour les
auditeurs de son temps. Un tel souci nous permettra de trouver les gestes et
les sacramentaux, qui peuvent montrer aux Lobi chrétiens en cheminement
de conversion, la main de Jésus, le Maître de la vie, qui vient
les toucher pour les apaiser347.
2.3.2. La foi en Christ vainc la peur de la
mort
Dans l'épisode de Jésus marchant sur les eaux
(cf. Mc 6,45-52 ; Jn 6,16-2 1 ; Mt 14,22- 33), les disciples ont aussi connu la
peur en voyant Jésus au milieu de la nuit et au milieu de la mer
hostile. « Les disciples, le voyant marcher sur la mer, furent
troublés : ``c 'est un fantôme'', disaient-ils, et pris de peur
ils se mirent à crier » (Mt 14,26). Jésus les rassure
que c'est bien lui qui les rejoint. Il invitera Pierre à le rejoindre et
il étendra sa main pour le soutenir quand il commencera à douter.
Il s'agit pour tous les pasteurs d'imiter la sollicitude du Maître le
Christ devant la peur des chrétiens. Beaucoup ont encore peur des
fantômes de toutes sortes. Il ne sied pas de banaliser leurs craintes et
leurs peurs. Jésus ne l'a pas fait à l'égard de ses
disciples. Il s'est montré rassurant. Les pasteurs sont invités
à être ces voix rassurantes et ces mains secourables du Christ qui
vient encore apaiser et conduire à la foi ses disciples. La finale de
l'épisode de Jésus marchant sur les eaux ne conclut-elle pas sur
une superbe confession de foi des disciples apeurés mais apaisés
? « Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent
devant lui, en disant : vraiment, tu es le Fils de Dieu ! » (Mt
14,33). Notre mission pastorale sera de conduire tous les chrétiens,
au-delà de toutes leurs peurs, à se prosterner devant le Fils de
Dieu qui vient leur apporter la paix véritable.
Mais l'effort est toujours demandé aux chrétiens
de dépasser les peurs et les angoisses devant la mort par une
véritable vie de foi348. La foi en Christ vainc la peur de la
mort, car le Christ a vaincu la mort. Sur lui la mort n'a plus aucun pouvoir.
C'est cette foi qui pousse le chrétien apeuré à se confier
à la prière et à l'écoute de ses frères de
communauté. Un manque d'ouverture aux responsables et aux frères
de communauté accentuent souvent nos peurs de chrétiens devant la
réalité de la mort. De même, les chrétiens devraient
se montrer touj ours proches des personnes éplorées par le deuil
afin de les rassurer dans leurs angoisses et de les soutenir dans
l'épreuve. Nous pensons qu'il faudrait que cela puisse être
automatique dans les C.C.B. ou C.E.B. afin qu'il y ait toujours une
chrétienne ou un chrétien pour accompagner pendant le temps du
veuvage les personnes concernées par le deuil. Cela réduirait les
tentations et les harcèlements dont sont objet les pauvres veufs ou
veuves en situation de fragilité psychologique. Cela est
nécessaire pour une véritable libération des Lobi de
toutes les forces sociales oppressantes et angoissantes.
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