1.3. Pour une vie sacramentaire des malades alités
ou impotents
Les malades et les personnes âgées vivent souvent
en marge de la vie ecclésiale et sacramentaire. Nous devons les prendre
en compte dans notre vie d'Eglise-famille où les personnes fragiles
devraient être prises en charge par tous.
1.3.1. La visite des malades
La visite des malades et des personnes âgées est
un geste fraternel que le chrétien devrait pratiquer souvent. Dans une
perspective de foi, visiter un malade, c'est visiter le Christ, car celui-ci a
voulu s'identifier à tous ceux qui souffrent : « J'étais
malade, et vous m 'avez visité » (Mt 25,36). Certes, de
nombreux malades ou personnes âgées en milieu lobi
reçoivent les visites des chrétiens. Mais cela ne suffit pas. Il
faut qu'on aide les malades et les personnes âgées à
communier à la vie sacramentaire de l'Eglise s'ils sont
chrétiens. S'ils ne sont pas encore chrétiens, un tel apostolat,
motivé par l'amour chrétien, ne peut passer inaperçu. Il
peut être un chemin de conversion pour plus d'un en situation de
souffrance. Il est un puissant réconfort pour les croyants vivant
l'épreuve de la maladie et souvent de la solitude. « La visite
se situe d'abord au plan humain : manifestation d'une sympathie attentive
à ce qui pourrait être utile ou agréable, souci de
prévenir les désirs muets du malade ou de l 'handicapé.
Mais celui-ci attend du messager de la communauté chrétienne un
geste de réconfort dans la foi, un mot d'espérance en
Jésus, une invitation à prier ensemble
324». Il ne suffit donc pas de
s'inquiéter de l'état de santé du malade seulement
à l'occasion de cette visite, il faut lui dire des paroles de
réconfort inspirées de la Parole de Dieu. On peut lui faire
goûter la Parole de Dieu de la liturgie du jour. On peut lui donner des
conseils sur sa vie spirituelle ou sur sa vie sacramentaire. On peut lui
conseiller la réception des sacrements de l'Eglise. C'est ainsi que le
Christ rejoindra véritablement chaque homme dans sa `Béthanie'
d'épreuve de la maladie et de menace de la mort, pour se
révéler à lui comme la vie en plénitude. On peut
donner au malade les nouvelles de la communauté chrétienne. En
Afrique, on ne quitte pas un malade sans lui prodiguer des souhaits et des
bénédictions divines. Le Christ doit être clairement la
source de toutes ces grâces en pareille circonstance. C'est en communion
avec lui, surtout dans les sacrements de l'Eglise, que le malade peut
espérer la guérison et la vie éternelle.
1.3.2. L'Onction des malades
L'onction des malades est le sacrement de la maladie grave.
Par ce sacrement, le Christ vient vers le malade pour l'apaiser, lui donner
confiance, lui pardonner ses faiblesses et le fortifier ainsi moralement face
à la maladie. Ce sacrement trouve en Jc 5, 4-15 ses fondements
bibliques. Au Moyen-Âge, il sera appelé Extrême-onction,
l'onction de ceux qui vont mourir. Donnée après le viatique, elle
constituait la dernière étape de la pénitence. Il faut
attendre le concile Vatican II dans sa constitution liturgique pour voir
évoluer la terminologie et la pratique en la matière. «
"L 'extrême-onction ", qu 'on peut appeler aussi et mieux l'onction
des malades, n'est pas seulement le sacrement de ceux qui se trouvent à
toute extrémité. Aussi, le temps opportun pour le recevoir est
déjà certainement arrivé lorsque le fidèle commence
à être en danger de mort par suite d'affaiblissement physique ou
de vieillesse. 325» L'onction des malades est
donc destinée à la vie des malades et non à leur mort. A
ceux qui vont quitter cette vie, l'Eglise offre l'Eucharistie reçue en
viatique (c'est-àdire en provision pour la route) pour les aider
à assumer leur propre mort afin d'en faire une pâque avec le
Christ. « C'est l 'Eucharistie qui est, à proprement parler, le
sacrement des mourants 326». Il faut donc
conscientiser les chrétiens afin qu'ils ne restent pas à
l'ancienne notion du sacrement des malades comme extrême-onction. Bien
des malades ont touj ours repoussé la réception de ce sacrement
à cause de la crainte de la mort attachée à la
réception de ce sacrement. En effet, d'aucuns pensent que le sacrement
des malades est touj ours un passeport pour partir, c'est-à-dire pour
mourir. Dans les prédications et la catéchèse, il faut
donc que les agents pastoraux éclairent tous les chrétiens sur le
sujet. L'occasion d'une célébration communautaire de ce sacrement
peut être mise à profit dans ce sens.
1.3.3. Pour une célébration communautaire
des sacrements en faveur des malades
Il convient de développer la célébration
communautaire des sacrements en faveur des malades. On peut choisir un vendredi
dans le mois où on peut faire une célébration
communautaire pour tous les malades. Nous avons proposé ce jour en lien
avec la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ le vendredi saint. Cette
Messe en faveur des malades rassemblera les malades et les bien-portants de la
communauté chrétienne. Il est souhaitable de préparer les
malades à l'Eucharistie en leur proposant le sacrement de la
réconciliation. A l'occasion de cette Messe, on pourra conférer
l'onction des malades à ceux qui en expriment le désir et
qui en ont besoin. Cette célébration
communautaire du sacrement des malades est plus que avantageuse. «
Elle aide, en plus, à faire évoluer les mentalités,
encore marquées par l 'usage qui faisait de l'Extrême-Onction le
sacrement des mourants. Quand les malades ou des personnes âgées
ont participé à une célébration communautaire de l
'Onction, ils sont mieux préparés à s 'entendre proposer
ultérieurement la célébration individuelle, si leur
maladie s 'aggrave ou si leurs forces déclinent.
327»
Mais il importe d'accorder une bonne place à la Parole
de Dieu et à la révélation du mystère du salut
chrétien lors d'une telle célébration communautaire des
sacrements pour les malades. Comme jadis à Marthe, le Christ vient se
révéler comme la vie véritable de ceux qui croient en lui.
Et c'est dans sa Parole qu'il continue de se révéler à
tout homme malade et désemparé face à la souffrance ou
à l'épreuve humaine. C'est là que le Christ le rejoint et
l'accompagne sur le chemin de ses luttes contre la mort et pour la vie. A
l'occasion, il se révèle même comme viatique pour le malade
en fin de vie.
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