2.2. Justification du recours à la ruse.
La ruse semble contribuer d'une manière ou d'une autre
à la conservation du pouvoir du prince. Dans un monde où tous les
hommes sont, comme l'affirme Machiavel (sans hésitation) « ingrats,
changeants, dissimulés, ennemis du danger, avides de gagner » , le
prince n'a pas à compter sur la loyauté de ses sujets. Les hommes
sont comme enchaînés par le flux de leurs intérêts
égoïstes. Consciemment ou inconsciemment, ils baignent dans la
lâcheté. Ils sont susceptibles d'une inconstance dans la prise de
position.
Aussi, deviennent-ils incapables de pactiser jusqu'au moment
suprême de leur vie. C'est au prince de prendre des précautions
à cet égard. Il n'a pas à attendre « d'avoir
été trompé pour tromper ». La ruse est l'une des
tactiques, des stratégies propices à l'efficacité de
l'acte politique. La ruse en politique pourrait conduire donc à la
meilleure fin, à la réalisation de la stabilité et de la
perpétuation de la chose publique.
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