CHAPITRE.III:
FONDEMENT DE L'EFFICACITE POLITIQUE.
1. L'homme, le politique et la nécessité
d'Etat.
Le projet entrepris par le politique
machiavélien peut se résumer en un seul propos: la
nécessité d'Etat. Par conséquent, le politique comme tout
bon conducteur doit emmener son entreprise vers la fin politique attendue de
tout le peuple : conserver l'Etat. La nécessité d'Etat exige une
bonne dose d'efficacité politique. Cependant, l'efficacité
politique demeure un objet de désir dont la réalisation doit se
concrétiser à travers chaque action utile des acteurs
politiques.
1.1 L'homme.
La conception de l'homme chez Machiavel prend forme dans un
contexte où se déploie le vrai sens de son réalisme
politique. En s'éloignant de toute utopie politique, Machiavel arrive
à une connaissance approfondie de l'essence de l'homme. En outre, la
conception de l'homme qui se profile derrière la pensée de
machiavel reste, comme d'ailleurs la plus part de ses affirmations, le fruit de
ses nombreuses lectures des anciens. Au départ de toutes
réflexions politiques, les hommes sont à supposer d'avance,
méchants.
En effet, l'homme chez Machiavel est toujours prêt
à faire preuve de sa méchanceté. Si jamais il venait d'en
manquer, cela se justifierait par le manque d'occasion à sa
portée. Il faudrait donc s'y attendre avec le temps qui semble
être « le père de toute vérité ». La
méchanceté de l'homme est tellement avide si bien que s'il
s'acharnait sur une victime, il la pourchasserait au point de ne plus
apercevoir l'ennemi qui lui tend piège pour l'anéantir. Ainsi se
révèle l'insatiabilité du désir humain. Le paradoxe
du désir et celui du pouvoir d'acquisition en l'homme, le plonge dans un
profond mécontentement, où il semble n'être plus
habité que par le dégoût qui « lui fait blâmer
le présent, louer le passé, désirer l'avenir, et tout cela
sans aucun motif raisonnable » .
Aussi, pense Machiavel, les hommes « oublient plus
tôt la mort de leur père que la perte de leur patrimoine » .
Pour lui, les hommes tiennent fortement au respect de leur être et de
leurs avoirs. Une vision qui exhume le caractère des hommes qui
s'attachent à l'inessentiel. Cependant, l'on ne doit pas oublier que
l'homme est tout d'abord un être de raisonnement. Au fondement de son
expérience, l'homme est aussi celui qui sait distinguer l'essentiel de
ce qui est superflu. Aussi pensons-nous, qu'au-delà d'une lecture de
l'homme faite sans complaisance, Machiavel croit en la capacité humaine
de gérer, avec efficacité, les affaires d'Etat. Malgré
cela, un prince expérimenté doit savoir que d'une offense
réitérée à l'égard de ses sujets et de leurs
biens ne peut que résulter (tôt ou tard) haine et trahison.
Voilà deux choses qui ne contribuent guère à l'idée
de la conservation d'Etat.
Toutefois, sa vision quelque peu généraliste de
l'homme, s'avère être équilibrée et même
réaliste en ce qu'il reconnaît que: « Les hommes ne savent
être ni tout bons ni tout mauvais ; jamais il n'arrive qu'un capitaine,
après la victoire, veuille quitter l'armée, puisse s'effacer avec
modestie ou sache embrasser les partis violents qui comportent quelque honneur
; toujours il tergiverse, et ses tergiversations même le font
écraser » . Machiavel ne voulait pas offrir un discours
achevé dans son appréciation de l'homme. C'est à juste
titre, qu'il invite de saisir l'homme dans sa réalité où
celui-ci se caractérise par un embarras de choix.
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