e 104 à Paris en 2008: Un projet de transversalité artistique et sociale ?( Télécharger le fichier original )par Elsa Gobert Université Paris III - Master 1 2007 |
c : Le médiateur est-il nécessaire ?Un médiateur « sert d'intermédiaire, d'arbitre, de conciliateur » 50(*), la médiation est « une entremise destinée à apporter un accord »51(*). Plus que d'apporter un accord, les médiateurs dans l'art ont pour mission de servir d'intermédiaire entre le spectateur et ce qu'il voit. Ils doivent rendre l'art accessible au spectateur, réussir à placer les deux sur un même plan, une même transversalité. C'est, toujours dans cette idée de rapprocher l'art de la vie et du quotidien que le médiateur intervient pour faciliter le rapport à l'art, le rendre visible par tous. Il intervient pour permettre au spectateur de trouver un chemin de compréhension devant une oeuvre. Dans un lieu qui pousse à l'échange et à la rencontre, il paraît logique qu'il y ait des personnes pour provoquer cet échange s'il ne va pas forcément de soi. Mais devant certaine oeuvre, le médiateur s'avérait inutile. C'est le cas de Pierrick Sorin qui pour cet événement propose une création vidéo participative dans la Nef Curial. Son projet consiste à diffuser un « tableau animé » ultra-panoramique, constitué par juxtaposition de cinq projections synchronisées. Le tableau représente un paysage de chantier, réalisé par photomontage à partir de prises de vues effectuées sur le site du 104 en travaux. Dans ce paysage circulent des personnages, à califourchon ou assis sur divers objets eux-mêmes issus de chantier (sac de ciment, marteau piqueur, tractopelle...). Ces personnages ce sont les visiteurs qui, rapidement photographiés dans un petit espace studio à proximité des images projetées, se voient mis en mouvement dans le paysage. Ceci par un procédé de montage où l'image est traitée en moins de cinq minutes. Le spectateur, étonné de voir son image projetée aussi rapidement, engage de lui-même un échange avec autrui, pour partager sa surprise. J'ai travaillé plus tard sur une installation de ce même artiste à la Maison des Arts de Créteil. L'oeuvre Warming seat est un petit préfabriqué en bois dans lequel le visiteur entre seul. Il s'assied en face d'un écran dans lequel il se regarde de profil et appuie sur un bouton. Se regardant dans l'écran, il voit un homme (Pierrick Sorin) venir derrière lui et allumer un feu sous son tabouret. Le visiteur réagit (joie, peur pour les enfants, surprise, cris...) et ressort de la boîte. Il aperçoit alors sa réaction projetée en grand écran au milieu de l'exposition, dans un espace plus solennel. Il y a dans les deux installations un effet de surprise, mais la réception est différente suivant le lieu et le contexte. Au 104, on ne peut passer qu'un par un pour faire cette oeuvre participative. Il y a alors un phénomène de file d'attente, les spectateurs attendent et engagent la discussion. Il faut faire attention, car il y un esprit plus populaire (type fête foraine) qui s'installe entre les gens et beaucoup oublient qu'ils vont voir une « oeuvre d'art ». La limite ici entre l'art et la vie diminue donc mais avec un aspect péjoratif pour l'art qui se rapproche alors de l'attraction, phénomène que les critiques d'art qualifient d'entertainement. Il est accessible par tous, mais certains oublient qu'il s'agit d'une installation élaborée par un artiste. Il en fut de même à la MAC, avec les groupes de lycéens qui se bousculaient pour se faire prendre en photo une fois le dispositif connu. Dans ces moments-là, il me semble que la présence d'un médiateur est utile pour développer le fonctionnement et rappeler au public qu'il s'agit bien d'une oeuvre d'art. * 50 op. cit. article médiateur. p. 632. * 51 ibid. article médiation.p.632. |
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