2.1.2.2. Impacts sociaux
Dans les secteurs sociaux, les répercussions
générales de la crise sont très graves.
L'environnement en RDC se caractérise par une absence
virtuelle d'investissement et par d'énormes difficultés à
obtenir un régime alimentaire équilibré, des soins de
santé de base, une éducation, une eau potable et un logement
décent. Tout ceci constitue un terrain extrêmement fertile pour
des épidémies comme celle du VIH/SIDA et pour la propagation des
infections opportunistes. Les coûts du VIH/SIDA s'étendent
à toute la société étant donné que la
majorité des victimes de cette épidémie laisse en moyenne
4 à 6 enfants derrière elle en moyenne en RDC. Ces enfants sont
pour la plupart mal-nourris, non éduqués, formant ainsi un
capital humain très faible pour la future génération. Par
ailleurs, la maladie touche toutes les couches de la population, et
décime des catégories dont la fonction sociale est d'une
importance particulière tels que les professeurs ou les personnels
médicaux.
Le VIH/SIDA oeuvre contre l'accumulation du capital humain
futur puisque les décès humains prématurés ont
tendance à augmenter le nombre d'orphelins qui sont moins susceptibles
de développer pleinement leur capacité intellectuelle et
physique. Le choc émotionnel suscité par la perte des parents,
difficile à mesurer et à quantifier, contribue très
certainement aussi à réduire les chances des enfants orphelins du
sida. En RDC, on estime qu'il y a aujourd'hui plus 5 millions d'orphelins du
sida. En ce qui concerne les coûts directs seuls évalués
à $ 225 par cas de VIH/SIDA en 1990 à Kinshasa (Bertozzi et
Coll), les dépenses supportées par les familles, les
communautés et le pays pour les soins se chiffrent chaque année
entre $90 millions et $125 millions, et davantage si on prend en compte la
thérapie anti-rétrovirale.
Corrélation entre le VIH/SIDA et la
pauvreté
S I D A
- 50% dépenses d'éducation
- 41 % consommation alimentaire
Aggrave pauvreté
des ménages
(Une malade dans une famille) X 4
dépenses de Santé Accélère la propagation
du VIH
Pauvreté
Source : ONUSIDA : Equipe Interpays pour l'Afrique
de l'Ouest et du Centre, Juin 2002
2.1.2.3. Impacts
économiques
Le VIH/SIDA affecte l'économie en désorganisant
le processus d'accumulation humain. Le VIH/SIDA affecte aussi bien la
quantité que la qualité de la main d'oeuvre du pays. En premier
lieu, une plus forte mortalité et une plus grande morbidité
affectent négativement la quantité et la productivité de
la main d'oeuvre actuelle. Les décès prématurés
représentent non seulement des pertes au niveau du facteur productif
mais aussi des pertes en termes de connaissances et d'expériences au
niveau de cette main d'oeuvre. Un plus fort taux de morbidité peut
également réduire la productivité de la main d'oeuvre, par
exemple en raison de l'absentéisme (baisse de la production) et des
dépenses de santé plus élevées.
Le VIH/SIDA a un impact néfaste sur la survie des
entreprises en raison de la non-disponibilité (due à
l'absentéisme) et de la perte définitive de main d'oeuvre
qualifiée et expérimentée que cette maladie occasionne.
Une étude menée au niveau des entreprises et ayant porté
sur 48 unités de productions congolaises indique clairement les pertes
de productivité dues à la maladie, à la morbidité,
à l'absentéisme et aux décès. La plupart des
malades accusent une absence allant de 1 à 6 mois. De même, les
frais médicaux occasionnés par le développement de
maladies opportunistes et la prise en charge des frais d'enterrement
représentent un lourd fardeau pour les entreprises.
En outre, l'étude montre que les compagnies qui ne
fournissent pas d'assistance médicale ont vu environ 70 pour cent de
leurs travailleurs infectés mourir ces 5 dernières années.
A titre d'exemple, au Kasaï Oriental, alors que le taux
de contamination dans les entreprises est faible, presque 80 pour cent des
personnes atteintes par le virus sont décédées durant les
5 dernières années. Dans les entreprise du Bas-Congo, 54 pour
cent des personnes contaminées sont mortes depuis 1999. A l'inverse,
l'enquête montre que la politique de prise en charge médicale
spécifique et systématique des personnes contaminées par
le VIH/SIDA est payante. Au Katanga, alors que le taux des personnes
contaminées est 3 fois plus élevé que
dans le Kasaï Oriental, le taux de décès est trois fois
moindre grâce à une politique de prise en charge
spécifique.
En moyenne, les entreprises ont dépensé $6 397
par agent décédé alors qu'une prise en charge
médicale appropriée d'une personne contaminée par le
VIH/SIDA coûte entre $975 et $2 360 par an. La politique de prise en
charge spécifique permet d'éviter les coûts brusques
provoqués par un décès et de préparer le
remplacement des agents de manière graduelle.
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