Section 2 : La
portée de la JNP
Au delà des réserves émises à
l'occasion de l'organisation de la JNP, l'opinion public burkinabé l'a
perçue comme une initiative louable (§ 1) malgré les
divergences de point de vue sur la procédure devant conduire à sa
tenue (§ 2).
§ 1 - Une initiative
louable
Tous les acteurs de la scène sociopolitique
burkinabé sont d'avis que le pardon est un passage obligé pour
toute réconciliation, gage indispensable pour envisager l'avenir
ensemble, dans la paix.
Ils croient à la valeur du pardon comme une chose
sacrée, consistant à remettre à Dieu ce qui s'est
passé, à tout le moins accepter ce qui s'est passé au nom
de l'intérêt supérieur de la nation.
Dans toutes les traditions, des différentes ethnies qui
peuplent le Burkina Faso, le pardon joue une fonction de régulation
sociale qui permet de réintégrer le déviant qui aurait
troublé l'ordre social. Il n'y avait donc pas de raison qu'à une
étape aussi critique de l'histoire du Faso, cet instrument de gestion
social des conflits ne puisse pas être mis à profit pour asseoir
la paix et la réconciliation. Toutefois, l'importance d'un tel outil
requiert, pour son utilisation des précautions pour ne pas biaiser les
résultats escomptés.
§ 2 - Une divergence de
procédure
Pour les opposants de la journée nationale du pardon,
celle-ci est prématurée. Elle devrait se tenir bien plus tard,
après des conditions optimales du pardon ; autrement dit après
que les coupables aient été identifiés puis jugés.
Cette vision présente la JNP comme une tribune d'expiation des
péchés, où les coupables obtiendraient après
confession de leur crime, le pardon des victimes. Cette vision selon eux est
respectueuse de la trilogie : justice, vérité et
réconciliation telle que préconisée par le Collège
de Sages ; le pardon faisant partie de la dernière étape.
Si la JNP n'avait pas pour but d'absoudre les coupables sans confession, mais
de ramener la paix sans laquelle la vie politique, sociale de la nation se
dégradait dangereusement et irrémédiablement, il ne
demeure pas moins que certaines familles de victimes se sont senties exclues ou
se sont exclues de la célébration. Ce qui fait dire à
certains que cette journée est née de la volonté
unilatérale du régime en place.
En tout état de cause, les contradictions nées
de la célébration de la JNP, montrent à suffisance que
certains burkinabé restent attachés à la manifestation de
la vérité comme condition sine qua none pour l'obtention du
pardon. Pour eux, les engagements pris par le chef de l'Etat sous forme de
serment, n'ont aucune valeur juridique, étant entendu que celui-ci a
déjà prêté serment sur la constitution le jour de
son investiture. Selon eux, le plus important est, dans ce genre de profession
de foi, moins le repentir que la vérité; c'est-à-dire
l'aveu et le ferme propos.
La tenue de la JNP est supposée avoir permis la
réconciliation et le retour de la paix sociale et surtout de la
quiétude chez les victimes. Dès lors, la question des
réparations se pose du moment où, l'Etat doit assumer
l'entière responsabilité de ces quarante années de
violences.
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