Enjeux politiques et sociaux d'un changement spatial( Télécharger le fichier original )par Audrey LELONG Université de Rouen - Master 2001 |
Cet espace délimité géographiquement par les boulevards extérieurs et les quais (et donc facilement identifiable) recèlent 80% du potentiel historique de Rouen. L'inventaire des sites classés donne 76 sites patrimoniaux répertoriés. Un patrimoine donc dense dans le centre historique et plus diffus hors de celui-ci. L'avantage mais aussi l'inconvénient de cette répartition est que les visiteurs ne font que très rarement l'effort de s'aventurer hors des « sentiers battus » de l'offre patrimoniale mondialement connue à Rouen.Notons également le nombre important d'édifices classés dans la région et dans le département :
LES MONUMENTS CLASSES HISTORIQUES EN 1991 (unité : nombre) Source : Direction Régionale des Affaires Culturelles. Comme on peut le voir dans ce tableau, la loi instaure deux niveaux de protection complémentaires : l'inscription et le classement. Le classement est une protection forte qui correspond à la volonté de maintenir les caractères du site ayant justifié sa protection. Les sites classés ne peuvent êtres ni détruits, ni modifiés dans leur état ou leur aspect sans autorisation spéciale. L'inscription sur la liste des sites est une mesure plus souple. Elle constitue une garantie minimale de protection. Elle impose d'informer l'administrateur de tout projet de travaux de nature à modifier l'aspect du site. Notons qu'il y a environ deux fois plus de monuments inscrits que classés en Seine-Maritime. La différence est moins significative pour les objets mobiliers mais il y a tout de même plus d'objets mobiliers inscrits que classés. Le patrimoine culturel qui comprend les monuments et objets immobiliers inscrits et classés implique quelque chose qui nous a été transmis par ceux qui nous ont précédés. Ce patrimoine culturel ne peut plus aujourd'hui être ni vendu, ni donné à des particuliers, ni détruit. Telle est la différence essentielle entre le patrimoine familial et culturel38(*). L'inscription d'un monument sur la liste des sites à protéger demande de suivre une procédure :
Qu'ils soient inscrits ou classés les monuments demeurent des symboles qu'il faut respecter. Salué par de nombreux auteurs, on voit le symbolique historique prégnant de Rouen. Victor Hugo l'avait surnommée « la ville aux cent clochers » et Stendhal « l'Athènes du gothique »39(*). Enfin, Maupassant écrivait « c'est là un des horizons les plus magnifiques qu'ils soient au monde. Derrière nous, Rouen, la ville aux églises, aux clochers gothiques, travaillés comme des bibelots d'ivoire, en face, Saint Sever, le faubourg aux manufactures, qui dresse ses mille cheminées fumantes sur le grand ciel vis-à-vis des mille clochers de la vieille cité. Ici, la flèche de la cathédrale, le plus haut sommet des monuments humains ; et là-bas, la « Pompe à feu » de la « Foudre », sa rivale presque aussi démesurée et qui dépasse d'un mètre la plus géante des pyramides d'Egypte »40(*). De nombreux édifices ont été endommagés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, mais il reste heureusement quelques bâtiments remarquables, religieux ou non. La Cathédrale Notre-Dame, d' architecture gothique, inspira particulièrement Claude Monet. Elle possède, à la croisée du transept, une « tour-lanterne » surmontée d'une flèche en fonte qui culmine à 151 mètres de hauteur (la plus haute de France). La façade occidentale est encadrée de deux tours, la tour Saint-Romain et la Tour de Beurre. La valeur de la ville est dans son coeur historique, à travers ses monuments rares et non reproductibles41(*), c'est pour cela que je me pencherai longuement sur le terme patrimoine, pour comprendre l'attachement plus ou moins fort des habitants aux valeurs de leur ville. La ville de Rouen a-t-elle une identité de ville historique ? Les habitants l'identifient-elle comme cela ? Il ne faut pas voir une séparation entre les habitants d'une part et les monuments de l'autre mais il faut toujours prendre en compte la dialectique entre le bâti et les rapports sociaux qui se fondent à travers eux car une ville historique constitue en soi un monument mais elle est également un tissu vivant42(*). Les habitants portent-ils un intérêt aux monuments ? Ont-ils des repères qui leur sont propres, qu'ils ont construits ? Selon les actes du colloque intitulé « Des bâtiments au public », - Il y a une relation de sens entre les habitants et leur patrimoine car ils aiment reconnaître un bâtiment et même le dater. - Les personnes ont des choix esthétiques, elles aiment donner leur avis, discuter l'image43(*). * 38 Sciences Humaines, « Qu'est-ce que transmettre ? Savoir, mémoire, culture, valeurs », Hors série n°36, mars- avril- mai 2002. * 39 Site wikipédia. * 40 Rouen vue par Guy de Maupassant dans le journal Un Normand. * 41 Melissinos A., « La ville vaut d'être vécue », Urbanisme, hors- série n°24, mars- avril 2005. * 42 Choay F., op.cit.,1992. * 43 Actes du colloque « Des bâtiments au public » organisé par la Direction générale de l'Urbanisme, de l'Habitat et de la construction, Ministère de l'Equipement, des Transports et du logement, 4ème semestre 1998, pp. 96-98. |
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